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Rugby et Coronavirus
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/international/article/2020/03/29/l-ue-fera-face-a-des-questions-existentielles-si-elle-n-est-pas-unie-face-au-covid-19_6034824_3210.html
L’UE fera face à des « questions existentielles » si elle n’est pas unie face au Covid-19
« Nous devons absolument préparer ensemble la sortie de crise », a déclaré dimanche la secrétaire d’Etat française aux affaires européennes, Amélie de Montchalin.
L’Union européenne sera confrontée à des questions « existentielles », y compris sur la place de certains en son sein, si elle ne sort pas unie de la crise du Covid-19, a déclaré, dimanche 29 mars, la secrétaire d’Etat française aux affaires européennes, Amélie de Montchalin.
« Nous devons absolument préparer ensemble la sortie de crise, la relance, préparer l’après et nous devons montrer qu’on est efficace parce qu’on sera ensemble », a averti Mme de Montchalin dans l’émission « Questions politiques » de la radio France Inter, du journal Le Monde et de France Télévisions. L’ancien président de la Commission européenne Jacques Delors a averti samedi que le manque de solidarité faisait « courir un danger mortel à l’Union européenne ».
« Aujourd’hui, on se maintient à flot et on se maintient à flot ensemble en étant solidaires », a jugé la secrétaire d’Etat, en évoquant les mesures adoptées collectivement par les Vingt-Sept face à la crise sanitaire et ses conséquences économiques, une fois passé un premier réflexe de repli sur soi.
« Comment on repart ? »
« La Banque centrale européenne a lancé un programme de 750 milliards d’euros de soutien aux Etats, c’est inédit. Nous avons levé les règles du pacte de stabilité sur les déficits », a-t-elle noté, citant également un plan de 40 milliards d’euros de la Commission européenne.
« Maintenant la question c’est : comment on repart ? Et c’est là où nous mettons, nous France, énormément d’énergie (…) à bien faire comprendre qu’il n’y aura pas de sortie si chacun retourne à son chez soi, à son repli nationaliste. »
Différents « outils techniques » sont envisageables pour relancer l’économie post-crise, « cela peut être un plan de relance européen, cela peut passer par la Commission », a-t-elle poursuivi. « Mais nous ne pouvons pas nous exonérer de cette solidarité (…). Si certains pensent qu’ils peuvent s’exonérer, cela aura des conséquences majeures sur le projet européen. » « Notre Europe, c’est celle de l’action, de la solidarité. Et si certains n’en veulent pas, il se posera la question de leur place, de ce qu’on doit encore faire à 27 et c’est une question existentielle, fondamentale », a-t-elle averti.
Les 27 pays membres de l’UE ont accepté jeudi, sous la pression de l’Italie, où la pandémie a fait le plus de morts, d’examiner sous quinze jours des mesures plus fortes pour faire face à la récession annoncée. La chancelière allemande, Angela Merkel, a fait part de son opposition à l’idée d’émettre des « coronabonds », comme souhaité par les dirigeants français et italiens notamment, afin de disposer d’un instrument de dette commun pour répondre à la crise liée au coronavirus.
L’UE fera face à des « questions existentielles » si elle n’est pas unie face au Covid-19
« Nous devons absolument préparer ensemble la sortie de crise », a déclaré dimanche la secrétaire d’Etat française aux affaires européennes, Amélie de Montchalin.
L’Union européenne sera confrontée à des questions « existentielles », y compris sur la place de certains en son sein, si elle ne sort pas unie de la crise du Covid-19, a déclaré, dimanche 29 mars, la secrétaire d’Etat française aux affaires européennes, Amélie de Montchalin.
« Nous devons absolument préparer ensemble la sortie de crise, la relance, préparer l’après et nous devons montrer qu’on est efficace parce qu’on sera ensemble », a averti Mme de Montchalin dans l’émission « Questions politiques » de la radio France Inter, du journal Le Monde et de France Télévisions. L’ancien président de la Commission européenne Jacques Delors a averti samedi que le manque de solidarité faisait « courir un danger mortel à l’Union européenne ».
« Aujourd’hui, on se maintient à flot et on se maintient à flot ensemble en étant solidaires », a jugé la secrétaire d’Etat, en évoquant les mesures adoptées collectivement par les Vingt-Sept face à la crise sanitaire et ses conséquences économiques, une fois passé un premier réflexe de repli sur soi.
« Comment on repart ? »
« La Banque centrale européenne a lancé un programme de 750 milliards d’euros de soutien aux Etats, c’est inédit. Nous avons levé les règles du pacte de stabilité sur les déficits », a-t-elle noté, citant également un plan de 40 milliards d’euros de la Commission européenne.
« Maintenant la question c’est : comment on repart ? Et c’est là où nous mettons, nous France, énormément d’énergie (…) à bien faire comprendre qu’il n’y aura pas de sortie si chacun retourne à son chez soi, à son repli nationaliste. »
Différents « outils techniques » sont envisageables pour relancer l’économie post-crise, « cela peut être un plan de relance européen, cela peut passer par la Commission », a-t-elle poursuivi. « Mais nous ne pouvons pas nous exonérer de cette solidarité (…). Si certains pensent qu’ils peuvent s’exonérer, cela aura des conséquences majeures sur le projet européen. » « Notre Europe, c’est celle de l’action, de la solidarité. Et si certains n’en veulent pas, il se posera la question de leur place, de ce qu’on doit encore faire à 27 et c’est une question existentielle, fondamentale », a-t-elle averti.
Les 27 pays membres de l’UE ont accepté jeudi, sous la pression de l’Italie, où la pandémie a fait le plus de morts, d’examiner sous quinze jours des mesures plus fortes pour faire face à la récession annoncée. La chancelière allemande, Angela Merkel, a fait part de son opposition à l’idée d’émettre des « coronabonds », comme souhaité par les dirigeants français et italiens notamment, afin de disposer d’un instrument de dette commun pour répondre à la crise liée au coronavirus.
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Re: Rugby et Coronavirus
Scalp a écrit:https://www.lemonde.fr/planete/live/2020/03/29/coronavirus-suivez-en-direct-la-journee-du-dimanche-29-mars_6034801_3244.html
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Les limites et c'est peu de le dire, de la théorie de l'immunité collective et maintenant les Pays-bas font appel à la solidarité Européenne (1), après avoir refusé la solidarité financière à ses partenaires, à travers les Coronabonds...
(1) Les Pay-bas sont sur la même ligne, sur les Coronabonds, que les allemands et c'est bien sur à eux qu'ils demandent de l'aide en priorité, pour l'instant...
Ces pays sont également absents, lors d'interventions armées, hors des frontières européennes, pour combattre le terrorisme, à des couts enormes, alors que nous sommes souvent en première ligne... Alors on peux arborer 25000 lits de réa.. sans nous défausser de nos erreurs bien sur...
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Re: Rugby et Coronavirus
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La cagnotte : https://www.leetchi.com/c/maillots-ubb-chu-pellegrin
Les lots : https://ubb.link/We3K37
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Dernière édition par Scalp le Mar 31 Mar 2020 - 17:27, édité 2 fois
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/international/article/2020/03/30/coronavirus-doutes-sur-l-estimation-du-nombre-de-deces-en-chine_6034871_3210.html
Coronavirus : doutes sur l’estimation du nombre de décès en Chine
Des dizaines de milliers de Chinois, à Wuhan, tentent de récupérer les urnes funéraires, alors que 2 535 personnes seraient mortes du virus.
Par Frédéric Lemaître
Combien de personnes sont-elles mortes du Covid-19 à Wuhan, principale ville du Hubei et point de départ de l’épidémie ? 2 535 comme l’affirment les statistiques officielles du gouvernement chinois… ou davantage ?
Le magazine économique Caixin qui, depuis le début de la crise, fait un remarquable travail d’investigation, a semé le doute en indiquant que, mercredi 25 et jeudi 26 mars, des camions avaient livré environ 2 500 urnes chaque jour dans l’un des sept crématoriums de cette ville de 11 millions d’habitants. Par ailleurs, alors que les familles peuvent récupérer les cendres de leurs proches depuis le lundi 23, des photos montrent d’immenses files, silencieuses, devant les crématoriums. Certains témoignages font état de six heures d’attente. La Fête des morts chinoise tombant le 5 avril, les crématoriums se sont engagés à restituer les cendres avant cette date, même si, jeudi 26 mars, les autorités ont interdit les rassemblements dans les cimetières avant la fin du mois d’avril.
Sur les réseaux sociaux, certains ont fait leurs calculs. L’ensemble des sept crématoriums pouvant restituer 3 500 urnes par jour, cela fait 42 000 urnes en douze jours. Un habitant de Wuhan a fait remarquer au site américain Radio Free Asia (RFA) que les sept crématoriums peuvent procéder chaque jour à environ 2 000 crémations, et que le chiffre officiel de victimes du Covid-19 n’est pas crédible. De nombreux habitants de Wuhan seraient convaincus que plus de 40 000 personnes seraient mortes dans la ville depuis le début de la quarantaine instaurée le 23 janvier, affirme RFA. En partie levée mardi 24 mars, dans le Hubei, elle ne devrait l’être à Wuhan que le 8 avril.
Examens simplifiés
Or, selon l’agence Bloomberg, il y a eu 56 007 crémations à Wuhan, au dernier trimestre 2019 – donc, avant l’épidémie –, 1 583 de plus qu’au dernier trimestre de 2018. Alors que les familles n’ont pas été autorisées à se rendre aux crématoriums durant la quarantaine, il n’est pas forcément anormal qu’il y ait plusieurs dizaines de milliers d’urnes à récupérer. Attribuer la cause d’un décès n’est pas toujours facile.
La Chine a changé à plusieurs reprises, pendant l’épidémie, ses modes de calcul. Débordées, les autorités du Wuhan avaient, durant quelques jours, accepté de déclarer des personnes malades, à l’issue d’une simple radiographie et non d’un test à l’acide nucléique.
En vingt-quatre heures, le 12 février, le nombre de personnes atteintes du Covid-19 avait bondi de 14 000 cas dans le Hubei. Une méthode abandonnée la semaine suivante. Caixin cite une femme, Mme Liu, dont le père était hospitalisé en janvier en raison d’un cancer du cerveau. Comme il fallait libérer les lits pour les malades contaminés par le SARS-CoV-2, il a dû rentrer chez lui, en janvier. Réadmis à l’hôpital début mars, il est décédé quelques jours plus tard. Pour sa fille « le Covid-19 l’a tué indirectement ».
La Chine a changé ses modes de calcul à plusieurs reprises, pendant l’épidémie
A ces difficultés pratiques, que l’on retrouve un peu partout dans le monde, s’ajoutent, dans le cas de la Chine, des doutes provoqués par la nature du régime. Peu après sa nomination, en février, comme nouveau secrétaire du Parti communiste à Wuhan, Wang Zhonglin avait donné l’ordre à des équipes médicales d’aller visiter chaque foyer de la ville et de placer en quarantaine toute personne présentant des symptômes. « Si un seul cas est trouvé après [ces tournées d’inspection], les responsables de district seront tenus pour responsables », avait-il ajouté. Des décès à domicile ont donc pu ne pas être attribués au coronavirus, alors que les personnes présentaient certains symptômes de la maladie.
Selon le témoignage – anonyme – d’un médecin hospitalier de Wuhan, au site japonais Kyodo News, de nombreux patients ont été renvoyés chez eux, avant le 10 mars, jour de la visite de Xi Jinping à Wuhan, à la suite d’examens simplifiés. Selon la chaîne de télévision hongkongaise RTHK, depuis qu’une dizaine d’hôpitaux provisoires ont été fermés à Wuhan et que les autorités déclarent tout au plus un nouveau cas quotidien, des personnes présentant divers symptômes se voient renvoyées chez elles sans être testées. « C’est un traitement politique et non médical », dit un anonyme.
Selon la presse britannique, des scientifiques auraient informé Boris Johnson que la Chine pourrait avoir minimisé le nombre de cas confirmés « dans un facteur de quinze à quarante ». Le premier ministre britannique, lui-même positif et accusé d’avoir pris très tardivement les mesures de confinement de son pays, aurait déclaré que la Chine allait devoir rendre des comptes et pourrait devenir un « Etat paria ». Le premier ministre pourrait même revenir sur sa décision d’autoriser l’équipementier de télécommunications Huawei à contribuer au développement du réseau 5G au Royaume-Uni.
Coronavirus : doutes sur l’estimation du nombre de décès en Chine
Des dizaines de milliers de Chinois, à Wuhan, tentent de récupérer les urnes funéraires, alors que 2 535 personnes seraient mortes du virus.
Par Frédéric Lemaître
Combien de personnes sont-elles mortes du Covid-19 à Wuhan, principale ville du Hubei et point de départ de l’épidémie ? 2 535 comme l’affirment les statistiques officielles du gouvernement chinois… ou davantage ?
Le magazine économique Caixin qui, depuis le début de la crise, fait un remarquable travail d’investigation, a semé le doute en indiquant que, mercredi 25 et jeudi 26 mars, des camions avaient livré environ 2 500 urnes chaque jour dans l’un des sept crématoriums de cette ville de 11 millions d’habitants. Par ailleurs, alors que les familles peuvent récupérer les cendres de leurs proches depuis le lundi 23, des photos montrent d’immenses files, silencieuses, devant les crématoriums. Certains témoignages font état de six heures d’attente. La Fête des morts chinoise tombant le 5 avril, les crématoriums se sont engagés à restituer les cendres avant cette date, même si, jeudi 26 mars, les autorités ont interdit les rassemblements dans les cimetières avant la fin du mois d’avril.
Sur les réseaux sociaux, certains ont fait leurs calculs. L’ensemble des sept crématoriums pouvant restituer 3 500 urnes par jour, cela fait 42 000 urnes en douze jours. Un habitant de Wuhan a fait remarquer au site américain Radio Free Asia (RFA) que les sept crématoriums peuvent procéder chaque jour à environ 2 000 crémations, et que le chiffre officiel de victimes du Covid-19 n’est pas crédible. De nombreux habitants de Wuhan seraient convaincus que plus de 40 000 personnes seraient mortes dans la ville depuis le début de la quarantaine instaurée le 23 janvier, affirme RFA. En partie levée mardi 24 mars, dans le Hubei, elle ne devrait l’être à Wuhan que le 8 avril.
Examens simplifiés
Or, selon l’agence Bloomberg, il y a eu 56 007 crémations à Wuhan, au dernier trimestre 2019 – donc, avant l’épidémie –, 1 583 de plus qu’au dernier trimestre de 2018. Alors que les familles n’ont pas été autorisées à se rendre aux crématoriums durant la quarantaine, il n’est pas forcément anormal qu’il y ait plusieurs dizaines de milliers d’urnes à récupérer. Attribuer la cause d’un décès n’est pas toujours facile.
La Chine a changé à plusieurs reprises, pendant l’épidémie, ses modes de calcul. Débordées, les autorités du Wuhan avaient, durant quelques jours, accepté de déclarer des personnes malades, à l’issue d’une simple radiographie et non d’un test à l’acide nucléique.
En vingt-quatre heures, le 12 février, le nombre de personnes atteintes du Covid-19 avait bondi de 14 000 cas dans le Hubei. Une méthode abandonnée la semaine suivante. Caixin cite une femme, Mme Liu, dont le père était hospitalisé en janvier en raison d’un cancer du cerveau. Comme il fallait libérer les lits pour les malades contaminés par le SARS-CoV-2, il a dû rentrer chez lui, en janvier. Réadmis à l’hôpital début mars, il est décédé quelques jours plus tard. Pour sa fille « le Covid-19 l’a tué indirectement ».
La Chine a changé ses modes de calcul à plusieurs reprises, pendant l’épidémie
A ces difficultés pratiques, que l’on retrouve un peu partout dans le monde, s’ajoutent, dans le cas de la Chine, des doutes provoqués par la nature du régime. Peu après sa nomination, en février, comme nouveau secrétaire du Parti communiste à Wuhan, Wang Zhonglin avait donné l’ordre à des équipes médicales d’aller visiter chaque foyer de la ville et de placer en quarantaine toute personne présentant des symptômes. « Si un seul cas est trouvé après [ces tournées d’inspection], les responsables de district seront tenus pour responsables », avait-il ajouté. Des décès à domicile ont donc pu ne pas être attribués au coronavirus, alors que les personnes présentaient certains symptômes de la maladie.
Selon le témoignage – anonyme – d’un médecin hospitalier de Wuhan, au site japonais Kyodo News, de nombreux patients ont été renvoyés chez eux, avant le 10 mars, jour de la visite de Xi Jinping à Wuhan, à la suite d’examens simplifiés. Selon la chaîne de télévision hongkongaise RTHK, depuis qu’une dizaine d’hôpitaux provisoires ont été fermés à Wuhan et que les autorités déclarent tout au plus un nouveau cas quotidien, des personnes présentant divers symptômes se voient renvoyées chez elles sans être testées. « C’est un traitement politique et non médical », dit un anonyme.
Selon la presse britannique, des scientifiques auraient informé Boris Johnson que la Chine pourrait avoir minimisé le nombre de cas confirmés « dans un facteur de quinze à quarante ». Le premier ministre britannique, lui-même positif et accusé d’avoir pris très tardivement les mesures de confinement de son pays, aurait déclaré que la Chine allait devoir rendre des comptes et pourrait devenir un « Etat paria ». Le premier ministre pourrait même revenir sur sa décision d’autoriser l’équipementier de télécommunications Huawei à contribuer au développement du réseau 5G au Royaume-Uni.
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Re: Rugby et Coronavirus
https://sport24.lefigaro.fr/rugby/top-14/fil-info/coronavirus-les-joueurs-inquiets-des-risques-cardiaques-en-cas-de-reprise-de-l-entrainement-998141
Coronavirus : les joueurs inquiets des risques cardiaques en cas de reprise de l’entraînement
Les études l’ont démontré. En cas d’efforts intenses, le risque cardiaque est élevé pour des sportifs porteurs asymptomatiques du coronavirus. Dans Midi Olympique, Robins Tchale-Wtachou, le président du syndicat des joueurs professionnels (Provale), révèle que ce sujet est source de forte inquiétude chez les joueurs en cas de reprise du Top 14. La commission médicale de Provale, dirigée par le docteur Alexis Savigny, va ainsi adresser un courrier à la commission médicale de la Ligue. «Cette question médicale des risques encourus à la reprise d’une activité physique intense revient constamment. Nous leur avons déjà présenté les études réalisées sur ce sujet des complications à l’effort, même pour des joueurs porteurs sains. Nous allons aussi saisir la commission médicale de la Ligue en demandant ceci : y aura-t-il un protocole médical spécifique avant la reprise des entraînements ? Concernera-t-il l’ensemble des joueurs ou seulement les joueurs qui ont été infectés ? Quel sera le protocole ? Nous prenons ces risques cardiaques très au sérieux. C’est une question centrale. Quand on connaît le passif récent du rugby sur la question médicale, il faut affirmer dès à présent le risque zéro», développe Robins Tchale-Watchou.
Coronavirus : les joueurs inquiets des risques cardiaques en cas de reprise de l’entraînement
Les études l’ont démontré. En cas d’efforts intenses, le risque cardiaque est élevé pour des sportifs porteurs asymptomatiques du coronavirus. Dans Midi Olympique, Robins Tchale-Wtachou, le président du syndicat des joueurs professionnels (Provale), révèle que ce sujet est source de forte inquiétude chez les joueurs en cas de reprise du Top 14. La commission médicale de Provale, dirigée par le docteur Alexis Savigny, va ainsi adresser un courrier à la commission médicale de la Ligue. «Cette question médicale des risques encourus à la reprise d’une activité physique intense revient constamment. Nous leur avons déjà présenté les études réalisées sur ce sujet des complications à l’effort, même pour des joueurs porteurs sains. Nous allons aussi saisir la commission médicale de la Ligue en demandant ceci : y aura-t-il un protocole médical spécifique avant la reprise des entraînements ? Concernera-t-il l’ensemble des joueurs ou seulement les joueurs qui ont été infectés ? Quel sera le protocole ? Nous prenons ces risques cardiaques très au sérieux. C’est une question centrale. Quand on connaît le passif récent du rugby sur la question médicale, il faut affirmer dès à présent le risque zéro», développe Robins Tchale-Watchou.
Dernière édition par Scalp le Lun 30 Mar 2020 - 16:04, édité 1 fois
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Re: Rugby et Coronavirus
https://sport24.lefigaro.fr/rugby/top-14/fil-info/pour-le-syndicat-des-joueurs-du-top-14-une-baisse-des-salaires-si-c-est-30-c-est-non-!-si-c-est-2-pourquoi-pas-998138
our le syndicat des joueurs du Top 14, «une baisse des salaires, si c’est 30 %, c’est non ! Si c’est 2 %, pourquoi pas…»
Dans un entretien accordé à Midi Olympique, le président de Provale, le syndicat des joueurs, annonce que, si les joueurs du Top 14 étaient prêt à consentir un effort vu la crise que traverse actuellement le rugby français, il y aura des limites à ne pas dépasser. «Les joueurs, comme l’ensemble des acteurs du rugby professionnel, contribueront aux efforts à faire pour préserver notre écosystème. Mais avant de prendre une décision quelconque, il faut savoir quel sera l’impact exact de la situation sur chaque club. Il faut également d’abord bien analyser toutes les mesures mises en place par l’État, pour savoir ce qu’il reste à payer dans chaque club. Ensuite, nous participerons à l’effort nécessaire. Les joueurs ne se défileront pas, conscients de la situation d’exception», assure Robins Tchale-Watchou. Avant de fixer les limites. «Nous sommes ouverts à tout ce qui est raisonnable. Toucher à des jours de congé, par exemple. Mais, concernant la baisse des salaires, Si c’est 30 %, c’est non ! Si c’est 2 %, pourquoi pas.» Le dirigeant s’emporte quand il fait état d’un projet d’une baisse globalisée des salaires des joueurs de 15%. «Ce truc-là commence à sérieusement m’énerver ! C’est une connerie, une rumeur de poubelle et je vais y répondre une bonne fois pour toutes : je n’ai eu aucun échange à ce sujet. Ni formel, ni informel. Avec personne. Le sujet n’est jamais venu sur la table des réunions, ni dans les discussions de couloir. Il n’y a rien.»
our le syndicat des joueurs du Top 14, «une baisse des salaires, si c’est 30 %, c’est non ! Si c’est 2 %, pourquoi pas…»
Dans un entretien accordé à Midi Olympique, le président de Provale, le syndicat des joueurs, annonce que, si les joueurs du Top 14 étaient prêt à consentir un effort vu la crise que traverse actuellement le rugby français, il y aura des limites à ne pas dépasser. «Les joueurs, comme l’ensemble des acteurs du rugby professionnel, contribueront aux efforts à faire pour préserver notre écosystème. Mais avant de prendre une décision quelconque, il faut savoir quel sera l’impact exact de la situation sur chaque club. Il faut également d’abord bien analyser toutes les mesures mises en place par l’État, pour savoir ce qu’il reste à payer dans chaque club. Ensuite, nous participerons à l’effort nécessaire. Les joueurs ne se défileront pas, conscients de la situation d’exception», assure Robins Tchale-Watchou. Avant de fixer les limites. «Nous sommes ouverts à tout ce qui est raisonnable. Toucher à des jours de congé, par exemple. Mais, concernant la baisse des salaires, Si c’est 30 %, c’est non ! Si c’est 2 %, pourquoi pas.» Le dirigeant s’emporte quand il fait état d’un projet d’une baisse globalisée des salaires des joueurs de 15%. «Ce truc-là commence à sérieusement m’énerver ! C’est une connerie, une rumeur de poubelle et je vais y répondre une bonne fois pour toutes : je n’ai eu aucun échange à ce sujet. Ni formel, ni informel. Avec personne. Le sujet n’est jamais venu sur la table des réunions, ni dans les discussions de couloir. Il n’y a rien.»
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.liberation.fr/france/2020/03/30/on-depasse-a-chaque-seconde-les-limites-de-ce-qu-on-croyait-impossible_1783641
«On dépasse à chaque seconde les limites de ce qu’on croyait impossible»
Par Nathalie Raulin
Si le manque de lits et de médicaments l’inquiète, le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, salue la mobilisation des soignants. Selon lui, cette crise transforme profondément le monde hospitalier.
Cinq jours après avoir lancé «plus qu’un appel à l’aide», et dans la foulée du nouvel afflux de patients Covid-19 dans les hôpitaux d’Ile de France ce week-end, le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch, fait le point sur la situation et les nombreuses initiatives des soignants pour affronter la vague. Selon lui, avec cette crise, «tout l’hôpital a changé».
Mercredi sur France Info, vous indiquiez n’avoir que trois jours de visibilité devant vous sur les places disponibles en réanimation dans les hôpitaux d’Ile-de-France. Après ce week-end très chaud, qu’en est-il ?
Lundi, nous n’avions plus qu’une journée de visibilité mais on n’avait pas un jour de retard. Grâce au coup de collier des trois jours précédents, on a gardé un petit peu d’avance. On a construit des éléments de solidarité nationale, avec quelques transferts et des renforts. L’Ile-de-France est la région la plus peuplée, avec un nombre important de patients. On sera à notre tour en renfort d’autres régions dans les semaines qui viennent. On a réussi à garder un chouïa d’avance, cela fait toute la différence.
Mon appel de mercredi correspondait à une réalité. Cela a aidé à la prise de conscience de tous. J’ai pour volonté qu’il n’y ait pas de décalage entre notre réalité et la connaissance que l’on a de notre environnement. Cela a permis de nous mobiliser et de faire passer les messages sur les recrutements dont nous avons besoin, et d’avancer sur les équipements et les médicaments. Ce qui caractérise cette crise, c’est que les projections se font au jour le jour. Il faut donc qu’on partage tous le même électrochoc au même moment. C’est à cette condition qu’on dépasse à chaque seconde les limites de ce que tout le monde considérait comme impossible.
Avec plus de 1 700 patients en réanimation, a-t-on atteint, selon vous, le pic de la vague en Ile-de-France ?
Non. Je ne sais pas quand il arrivera. Le pic serait le moment où on verrait diminuer jour après jour le nombre de patients dans les services de réanimation. Or il augmente encore. Peut-être un peu moins vite depuis dimanche qu’auparavant. Mais lundi soir, il y avait plus de patients en réanimation que la veille au soir. Il y avait aussi plus de lits ouverts. Lundi, aucune limite n’a été atteinte.
Les hospitaliers se plaignent de lenteurs administratives, notamment dans les transferts de patients graves de l’Ile-de-France vers des régions moins chargées, comme le Centre-Val de Loire ou la Bretagne…
Je ne crois pas que le problème soit d’ordre administratif. Les transferts d’Ile-de-France vers d’autres régions concernent par définition celles dont les capacités en lits de réanimation sont moins importantes qu’en Ile-de-France, et donc susceptibles d’être plus vite saturées. Si elles sont aujourd’hui moins touchées que le Grand Est, l’Ile-de-France ou les Hauts-de-France, elles ont vu que la dynamique de l’épidémie est très rapide. Elles peuvent se dire que dans quelques jours, elles auront à leur tour besoin de faire face. Il est logique que leurs décisions soient pesées. Il peut y avoir aussi, et c’est logique, des balancements de doctrine pour savoir s’il vaut mieux transférer des malades ou transférer des équipes et du matériel. De surcroît, ces opérations sont extrêmement lourdes logistiquement et humainement, pour éviter que les transferts n’entraînent des pertes de chances pour les malades. Cela ne se fait pas en un claquement de doigts.
Risque-t-on une rupture de stocks de médicaments, qu’il s’agisse des hypnotiques (curare, morphine) ou des antibiotiques, comme le craignent les médecins ?
Oui, cela fait partie des points cruciaux sur lesquels on alerte et on travaille. Des patients en réanimation pour détresse respiratoire ont des besoins sur certains médicaments plus importants que ceux habituellement réanimés. La hantise, c’est de ne pas avoir les médicaments nécessaires. On a quelques jours de consommation en stock seulement. On n’est pas dans la sérénité complète. On raisonne avec quelques jours d’avance, c’est flippant pour les soignants. On a des jours d’avance, pas de retard. Même si pas encore suffisamment. On fait face à des alertes immédiates d’égale priorité en permanence.
Avez-vous suffisamment de respirateurs et autre matériels de réanimation ?
On a réussi à amoindrir les problèmes. On a quelques approvisionnements. La fabrication monte en cadence. On est toujours à devoir compter sur des respirateurs qui ne sont pas les plus adaptés [il en existe plusieurs types, avec des efficacités variables en fonction de la gravité des symptômes, ndlr]. Les équipes font un travail pour commencer la réanimation sur un respirateur jusqu’à temps qu’on puisse basculer le malade sur un autre. C’est de l’acrobatie permanente qui nécessite un très grand professionnalisme.
Où en est-on sur les masques ?
Dans les hôpitaux de l’AP-HP, on a un mois devant nous avec la protection qui est estimée adaptée par les hygiénistes. Tout personnel en contact avec les patients, y compris les prestataires de l’AP-HP, en dispose. On ne conserve pas plus d’un mois de stock pour pouvoir répartir des masques sur d’autres structures hors Assistance publique, pour éviter qu’elles ne soient en souffrance. Dimanche soir, lors d’une visite à l’hôpital de Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, on a constaté qu’ils étaient en tension sur les surblouses. On regarde comment on peut les aider.
Le parc d’imprimante 3D que vous constituez pourra-t-il pallier le manque ?
Cela correspond à l’état d’esprit général. On fait des retours d’expérience permanents. Il y a des idées productives qu’on essaye de mettre en œuvre de façon accélérée. Sur l’utilisation de l’impression 3D, on ne s’est pas engouffrés dans les initiatives sur les respirateurs, qui relèvent plus des consortiums industriels. En revanche, pour les petits matériels de protection, par exemple des visières, des surblouses, des tubulures et des pousse-seringues cela peut avoir un intérêt immédiat (lire page 11). C’est un outil utile pour réduire notre dépendance.
Vous avez lancé un appel vibrant à la mobilisation de tous les soignants en leur demandant de se faire connaître via la plateforme #Renforts-Covid. Avec succès ?
Nos appels conjoints ont conduit à ce que cette plateforme mise en place par l’Agence régionale de santé recueille 12 000 inscriptions. Toutes volontaires mais très hétérogènes. Sur nos besoins les plus pressants, qui sont des infirmiers ayant des compétences en réanimation, on a au maximum quelques centaines de candidats, et seulement quelques dizaines disponibles. On donne suite à tous ceux qui ont ces compétences. Dimanche, on a constaté qu’on disposait de tout le matériel pour ouvrir encore des lits de réanimation mais qu’on n’avait pas les trois infirmières présentes 24 heures sur 24 pour s’occuper de chaque patient. Du coup, on a contacté les autres régions pour savoir si dans les établissements publics, on pouvait trouver des infirmières disponibles. On a regardé aussi avec les acteurs du privé si, hors Ile-de-France, ils avaient la capacité de mobiliser. On a relayé des appels de professionnels, comme Olivier Youinou, infirmier anesthésiste et cosecrétaire général de SUD santé AP-HP, qui a repris le chemin des réanimations. Avec tout cela, nous avions plus de lits ouverts lundi soir que nous n’en avions le matin ou la veille.
Quel écho rencontre l’application Covidom, solution de télésuivi à domicile pour les patients porteurs ou suspectés d’être positifs au Covid-19, que vous avez lancée ?
Cette application permet à environ 24 000 patients d’être suivis à domicile, parce qu’ils sont atteints du Covid ou qu’ils présentent une suspicion de contamination. Cela permet de concilier le fait qu’ils n’aient pas à se déplacer et que les hôpitaux n’aient pas à les recevoir. Ils sont connectés à un centre hospitalier et à leur médecin traitant. Cela permet un traitement des alertes. C’est une application très précieuse. D’autres régions sont en train de la développer. On en a eu l’idée il y a quatre semaines. Elle a été testée dès la première semaine, déployée la semaine suivante et elle monte en puissance depuis.
Selon nos informations, vous testez depuis dimanche, «Covidom 02», soit la possibilité d’oxygénation des patients à domicile sous surveillance médicale à distance… Dans quel but ?
C’est une initiative prise pour commencer à préparer la suite : faire en sorte que des patients puissent sortir de médecine aiguë plus rapidement de sorte à pouvoir en accueillir d’autres, par exemple sortant de réanimation. On teste s’il est possible de suivre leur état de santé et leur niveau de saturation en oxygène à domicile.
Lors de sa visite à l’hôpital militaire déployé à Mulhouse, Emmanuel Macron a notamment promis «un plan massif d’investissement et de revalorisation pour l’hôpital». Savez-vous ce que recouvre cette annonce ?
A l’heure ou je vous parle, non. Ce qui sera très important dans cette phase, ce sera aussi de parler de l’après. On a tous changé. Y compris ceux qui refusaient le changement. C’est assez extraordinaire. Reviendra le temps des critiques entre les uns et les autres probablement. Mais il y a, en ce moment, quelque chose qui n’a rien d’artificiel, c’est que nos modes de fonctionnement, les relations entre soignants ou avec les tutelles sont transformées. Les interactions ont changé. Tout le monde va avoir envie de rester sur cette manière de faire qui n’est pas celle d’hier. Le plan annoncé ne pourra pas être un plan parachuté. Ce sera plutôt un plan co-élaboré dans des conditions jamais vues jusqu’à présent. Tout le monde se prépare à être co-acteur de ce plan massif.
Pensez-vous que cela passera par une revalorisation des salaires des personnels paramédicaux ?
Je l’ai dit et je l’ai même écrit il y a trois ans déjà dans un livre : il y a un problème sur les salaires des paramédicaux. Cette question ne s’est qu’à peine atténuée. L’extraordinaire, c’est que ceux qui considéraient qu’ils n’avaient pas été entendus lors du récent conflit hospitalier n’ont, face à la pandémie, fait preuve ni de rancune ni de petitesse, mais au contraire de générosité et de largesse. Cela nous oblige encore plus. C’est quelque chose dont je serai, à la place où je suis, le garant, avec toute la force dont je peux être capable, proportionnelle à l’engagement des équipes.
La barre des 3 000 décès à l’hôpital (3 024) a été franchie lundi en France, dont 418 enregistrés au cours des dernières 24 heures, soit la plus forte augmentation depuis le début de l’épidémie. Le nombre total de personnes hospitalisées est désormais proche de 21 000, dont 5 056 en réanimation.
Nathalie Raulin
«On dépasse à chaque seconde les limites de ce qu’on croyait impossible»
Par Nathalie Raulin
Si le manque de lits et de médicaments l’inquiète, le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, salue la mobilisation des soignants. Selon lui, cette crise transforme profondément le monde hospitalier.
Cinq jours après avoir lancé «plus qu’un appel à l’aide», et dans la foulée du nouvel afflux de patients Covid-19 dans les hôpitaux d’Ile de France ce week-end, le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch, fait le point sur la situation et les nombreuses initiatives des soignants pour affronter la vague. Selon lui, avec cette crise, «tout l’hôpital a changé».
Mercredi sur France Info, vous indiquiez n’avoir que trois jours de visibilité devant vous sur les places disponibles en réanimation dans les hôpitaux d’Ile-de-France. Après ce week-end très chaud, qu’en est-il ?
Lundi, nous n’avions plus qu’une journée de visibilité mais on n’avait pas un jour de retard. Grâce au coup de collier des trois jours précédents, on a gardé un petit peu d’avance. On a construit des éléments de solidarité nationale, avec quelques transferts et des renforts. L’Ile-de-France est la région la plus peuplée, avec un nombre important de patients. On sera à notre tour en renfort d’autres régions dans les semaines qui viennent. On a réussi à garder un chouïa d’avance, cela fait toute la différence.
Mon appel de mercredi correspondait à une réalité. Cela a aidé à la prise de conscience de tous. J’ai pour volonté qu’il n’y ait pas de décalage entre notre réalité et la connaissance que l’on a de notre environnement. Cela a permis de nous mobiliser et de faire passer les messages sur les recrutements dont nous avons besoin, et d’avancer sur les équipements et les médicaments. Ce qui caractérise cette crise, c’est que les projections se font au jour le jour. Il faut donc qu’on partage tous le même électrochoc au même moment. C’est à cette condition qu’on dépasse à chaque seconde les limites de ce que tout le monde considérait comme impossible.
Avec plus de 1 700 patients en réanimation, a-t-on atteint, selon vous, le pic de la vague en Ile-de-France ?
Non. Je ne sais pas quand il arrivera. Le pic serait le moment où on verrait diminuer jour après jour le nombre de patients dans les services de réanimation. Or il augmente encore. Peut-être un peu moins vite depuis dimanche qu’auparavant. Mais lundi soir, il y avait plus de patients en réanimation que la veille au soir. Il y avait aussi plus de lits ouverts. Lundi, aucune limite n’a été atteinte.
Les hospitaliers se plaignent de lenteurs administratives, notamment dans les transferts de patients graves de l’Ile-de-France vers des régions moins chargées, comme le Centre-Val de Loire ou la Bretagne…
Je ne crois pas que le problème soit d’ordre administratif. Les transferts d’Ile-de-France vers d’autres régions concernent par définition celles dont les capacités en lits de réanimation sont moins importantes qu’en Ile-de-France, et donc susceptibles d’être plus vite saturées. Si elles sont aujourd’hui moins touchées que le Grand Est, l’Ile-de-France ou les Hauts-de-France, elles ont vu que la dynamique de l’épidémie est très rapide. Elles peuvent se dire que dans quelques jours, elles auront à leur tour besoin de faire face. Il est logique que leurs décisions soient pesées. Il peut y avoir aussi, et c’est logique, des balancements de doctrine pour savoir s’il vaut mieux transférer des malades ou transférer des équipes et du matériel. De surcroît, ces opérations sont extrêmement lourdes logistiquement et humainement, pour éviter que les transferts n’entraînent des pertes de chances pour les malades. Cela ne se fait pas en un claquement de doigts.
Risque-t-on une rupture de stocks de médicaments, qu’il s’agisse des hypnotiques (curare, morphine) ou des antibiotiques, comme le craignent les médecins ?
Oui, cela fait partie des points cruciaux sur lesquels on alerte et on travaille. Des patients en réanimation pour détresse respiratoire ont des besoins sur certains médicaments plus importants que ceux habituellement réanimés. La hantise, c’est de ne pas avoir les médicaments nécessaires. On a quelques jours de consommation en stock seulement. On n’est pas dans la sérénité complète. On raisonne avec quelques jours d’avance, c’est flippant pour les soignants. On a des jours d’avance, pas de retard. Même si pas encore suffisamment. On fait face à des alertes immédiates d’égale priorité en permanence.
Avez-vous suffisamment de respirateurs et autre matériels de réanimation ?
On a réussi à amoindrir les problèmes. On a quelques approvisionnements. La fabrication monte en cadence. On est toujours à devoir compter sur des respirateurs qui ne sont pas les plus adaptés [il en existe plusieurs types, avec des efficacités variables en fonction de la gravité des symptômes, ndlr]. Les équipes font un travail pour commencer la réanimation sur un respirateur jusqu’à temps qu’on puisse basculer le malade sur un autre. C’est de l’acrobatie permanente qui nécessite un très grand professionnalisme.
Où en est-on sur les masques ?
Dans les hôpitaux de l’AP-HP, on a un mois devant nous avec la protection qui est estimée adaptée par les hygiénistes. Tout personnel en contact avec les patients, y compris les prestataires de l’AP-HP, en dispose. On ne conserve pas plus d’un mois de stock pour pouvoir répartir des masques sur d’autres structures hors Assistance publique, pour éviter qu’elles ne soient en souffrance. Dimanche soir, lors d’une visite à l’hôpital de Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, on a constaté qu’ils étaient en tension sur les surblouses. On regarde comment on peut les aider.
Le parc d’imprimante 3D que vous constituez pourra-t-il pallier le manque ?
Cela correspond à l’état d’esprit général. On fait des retours d’expérience permanents. Il y a des idées productives qu’on essaye de mettre en œuvre de façon accélérée. Sur l’utilisation de l’impression 3D, on ne s’est pas engouffrés dans les initiatives sur les respirateurs, qui relèvent plus des consortiums industriels. En revanche, pour les petits matériels de protection, par exemple des visières, des surblouses, des tubulures et des pousse-seringues cela peut avoir un intérêt immédiat (lire page 11). C’est un outil utile pour réduire notre dépendance.
Vous avez lancé un appel vibrant à la mobilisation de tous les soignants en leur demandant de se faire connaître via la plateforme #Renforts-Covid. Avec succès ?
Nos appels conjoints ont conduit à ce que cette plateforme mise en place par l’Agence régionale de santé recueille 12 000 inscriptions. Toutes volontaires mais très hétérogènes. Sur nos besoins les plus pressants, qui sont des infirmiers ayant des compétences en réanimation, on a au maximum quelques centaines de candidats, et seulement quelques dizaines disponibles. On donne suite à tous ceux qui ont ces compétences. Dimanche, on a constaté qu’on disposait de tout le matériel pour ouvrir encore des lits de réanimation mais qu’on n’avait pas les trois infirmières présentes 24 heures sur 24 pour s’occuper de chaque patient. Du coup, on a contacté les autres régions pour savoir si dans les établissements publics, on pouvait trouver des infirmières disponibles. On a regardé aussi avec les acteurs du privé si, hors Ile-de-France, ils avaient la capacité de mobiliser. On a relayé des appels de professionnels, comme Olivier Youinou, infirmier anesthésiste et cosecrétaire général de SUD santé AP-HP, qui a repris le chemin des réanimations. Avec tout cela, nous avions plus de lits ouverts lundi soir que nous n’en avions le matin ou la veille.
Quel écho rencontre l’application Covidom, solution de télésuivi à domicile pour les patients porteurs ou suspectés d’être positifs au Covid-19, que vous avez lancée ?
Cette application permet à environ 24 000 patients d’être suivis à domicile, parce qu’ils sont atteints du Covid ou qu’ils présentent une suspicion de contamination. Cela permet de concilier le fait qu’ils n’aient pas à se déplacer et que les hôpitaux n’aient pas à les recevoir. Ils sont connectés à un centre hospitalier et à leur médecin traitant. Cela permet un traitement des alertes. C’est une application très précieuse. D’autres régions sont en train de la développer. On en a eu l’idée il y a quatre semaines. Elle a été testée dès la première semaine, déployée la semaine suivante et elle monte en puissance depuis.
Selon nos informations, vous testez depuis dimanche, «Covidom 02», soit la possibilité d’oxygénation des patients à domicile sous surveillance médicale à distance… Dans quel but ?
C’est une initiative prise pour commencer à préparer la suite : faire en sorte que des patients puissent sortir de médecine aiguë plus rapidement de sorte à pouvoir en accueillir d’autres, par exemple sortant de réanimation. On teste s’il est possible de suivre leur état de santé et leur niveau de saturation en oxygène à domicile.
Lors de sa visite à l’hôpital militaire déployé à Mulhouse, Emmanuel Macron a notamment promis «un plan massif d’investissement et de revalorisation pour l’hôpital». Savez-vous ce que recouvre cette annonce ?
A l’heure ou je vous parle, non. Ce qui sera très important dans cette phase, ce sera aussi de parler de l’après. On a tous changé. Y compris ceux qui refusaient le changement. C’est assez extraordinaire. Reviendra le temps des critiques entre les uns et les autres probablement. Mais il y a, en ce moment, quelque chose qui n’a rien d’artificiel, c’est que nos modes de fonctionnement, les relations entre soignants ou avec les tutelles sont transformées. Les interactions ont changé. Tout le monde va avoir envie de rester sur cette manière de faire qui n’est pas celle d’hier. Le plan annoncé ne pourra pas être un plan parachuté. Ce sera plutôt un plan co-élaboré dans des conditions jamais vues jusqu’à présent. Tout le monde se prépare à être co-acteur de ce plan massif.
Pensez-vous que cela passera par une revalorisation des salaires des personnels paramédicaux ?
Je l’ai dit et je l’ai même écrit il y a trois ans déjà dans un livre : il y a un problème sur les salaires des paramédicaux. Cette question ne s’est qu’à peine atténuée. L’extraordinaire, c’est que ceux qui considéraient qu’ils n’avaient pas été entendus lors du récent conflit hospitalier n’ont, face à la pandémie, fait preuve ni de rancune ni de petitesse, mais au contraire de générosité et de largesse. Cela nous oblige encore plus. C’est quelque chose dont je serai, à la place où je suis, le garant, avec toute la force dont je peux être capable, proportionnelle à l’engagement des équipes.
La barre des 3 000 décès à l’hôpital (3 024) a été franchie lundi en France, dont 418 enregistrés au cours des dernières 24 heures, soit la plus forte augmentation depuis le début de l’épidémie. Le nombre total de personnes hospitalisées est désormais proche de 21 000, dont 5 056 en réanimation.
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« L'avenir, tu n'as pas à le prévoir, mais à le permettre » Saint-Exupéry
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/30/claude-le-pen-en-2007-la-france-avait-su-mettre-au-point-un-dispositif-de-protection-tres-ambitieux-contre-des-pandemies_6034911_3232.html
Coronavirus : « En 2007, la France avait su mettre au point un dispositif de protection très ambitieux contre des pandémies »
Tribune. La pandémie de coronavirus, d’ampleur totalement inédite, a pris de court la plupart des pays. Peu d’entre eux étaient prêts à encaisser une vague épidémique majeure. Il en existe pourtant au moins un qui avait su mettre au point un dispositif de protection très ambitieux contre des pandémies de cette ampleur. Et ce pays c’est… la France de 2007 ! Malheureusement, ce dispositif a été progressivement désarmé pour diverses raisons. Retour sur un épisode et une institution peu connue de notre histoire récente, l’établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus).
Des faiblesses révélées par la crise H5N1
A la suite de l’épidémie de grippe aviaire (H5N1) de 2006 et à l’initiative du sénateur Francis Giraud (1932-2010), le gouvernement de l’époque a fait adopter, en mars 2007, une loi au titre prémonitoire : « Loi relative à la préparation du système de santé à des menaces sanitaires de grande ampleur ».
Elle comportait deux dispositions essentielles. D’abord, la création du fameux corps de réserve sanitaire, sur lequel on ne s’attardera pas ici, et, ensuite, celle d’un nouvel établissement public, l’établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus), dont la mission principale était « l’acquisition, la fabrication, l’importation, le stockage, la distribution et l’exportation des produits et services nécessaires à la protection de la population face aux mesures sanitaires graves », y compris bien sûr les vaccins et les fameux masques chirurgicaux et FFP2 ! La crise H5N1 avait en effet mis en évidence diverses faiblesses dans la réponse logistique de l’Etat.
Les moyens dévolus à cette toute petite structure (17 agents en 2007 et 30 en 2015), cofinancée par l’Etat et l’Assurance-maladie, étaient considérables. On ne résiste pas à l’envie de citer l’inventaire estimé à un milliard d’euros qu’en fait l’exposé des motifs de la loi :
70 millions de vaccins antivarioliques et autant d’aiguilles, embouts et pipettes ; 81,5 millions de traitements d’antibiotiques en cas d’attaque bioterroriste de charbon, peste ou tularémie ; 11,7 millions de traitements antiviraux et 11,5 tonnes de substance active (oseltamivir) en cas de pandémie grippale ; 285 millions de masques de filtration de type FFP2 et 20 millions de boîtes de 50 masques chirurgicaux (soit le milliard de masques après lequel le ministre de la santé, Olivier Véran, court aujourd’hui) ; 2 100 respirateurs et bouteilles d’oxygène ; 20 équipements de laboratoires d’analyse (automates PCR et extracteurs ADN/ARN) ; 11 000 tenues de protection NRBC et accessoires.
Lors de ses vœux à la presse, le 22 janvier 2007, Xavier Bertrand, alors ministre de la santé et des solidarités, ne manquait pas de le faire savoir : « Nous poursuivons nos efforts de préparation à la survenue d’une éventuelle pandémie, grâce à la constitution de stocks de masques et de vaccins. Nous serions, d’après certains observateurs, parmi les pays les mieux préparés au monde. » Son successeur Olivier Véran aurait du mal à tenir le même discours avec son stock d’Etat réduit à 120 millions de masques chirurgicaux et à zéro masque FFP2 !
« Le budget de l’Eprus a été drastiquement réduit, passant de 281 millions en 2007 – avant la crise H1N1 – à 25,8 millions en 2015 »
Comment est-on passé de la pléthore à la pénurie ? L’événement majeur est, à mon sens, la crise du H1N1 de 2008-2009. Au-delà des critiques politiques virulentes et souvent injustes adressées à la ministre de l’époque, Roselyne Bachelot, elle a fait naître dans une partie de la haute administration de la santé le sentiment d’en avoir trop fait, d’avoir surestimé la crise et, finalement, d’avoir inutilement gaspillé des fonds publics au profit des laboratoires pharmaceutiques. L’horreur ! La Cour des comptes a estimé à près de 450 millions d’euros l’ensemble des dépenses d’achat spécifiquement liées à la lutte contre la grippe H1N1, y compris une indemnisation de 48,5 millions due aux laboratoires pour rupture unilatérale de contrat.
L’Etat s’est ainsi convaincu qu’une réduction de la voilure était nécessaire, d’autant que le déficit de la Sécurité sociale avait atteint ces années-là des records « abyssaux » : 27 milliards d’euros en 2010 ! Le budget de l’Eprus a donc été drastiquement réduit, passant de 281 millions en 2007 – avant la crise H1N1 – à 25,8 millions en 2015 (10,5 pour l’Etat et 15,3 pour l’Assurance-maladie) selon un rapport du sénateur Francis Delattre. Parallèlement, les stocks ont été considérablement réduits en ne renouvelant pas, par exemple, des marchés concernant des biens arrivés à leur date de péremption. Estimée à 992 millions d’euros en 2010, la valeur du stock avait été réduite de moitié en 2014, à 472 millions, avant la disparition de l’établissement.
Par ailleurs, en 2011, un changement doctrinal de l’Etat a conduit à distinguer deux types de stocks pour les produits médicaux de précaution (médicaments, dispositifs, petit matériel), les stocks dits « stratégiques », à vocation nationale, détenus par l’Etat, avec l’Eprus, et les stocks dits « tactiques », confiés aux établissements de santé pour couvrir en priorité des besoins locaux. Sans que ce soit nécessairement une mauvaise idée, cela a fragmenté le dispositif. Les masques chirurgicaux relèvent désormais des stocks stratégiques, financés par l’Eprus, alors que les masques FFP2 sont inclus dans les stocks tactiques, financés par des hôpitaux, eux-mêmes soumis à une très forte pression budgétaire. On a certainement perdu de la lisibilité dans cette réforme.
Un établissement sous tutelle du ministère
Outre ces questions économiques, la crise due au H1N1 a poussé à une réflexion sur la gouvernance du système de réponse aux crises sanitaire. Le ministère de la santé a toujours confiné l’Eprus dans une simple fonction logistique, sans aucune marge d’autonomie. La convention-cadre avec l’Etat précise que celui-ci ne peut réaliser aucune opération d’acquisition de produits de santé sans en avoir préalablement reçu l’ordre par le ministre chargé de la santé.
C’est un point qui a cristallisé les critiques de la Cour des comptes : « Prises dans le climat d’urgence où s’est développée la gestion de la lutte contre la menace de grippe H1N1, ces nombreuses et substantielles interventions du ministre chargé de la santé et de son cabinet ont considérablement restreint le champ des responsabilités et les marges de manœuvre dont disposait l’Eprus pour conduire et conclure les négociations dont il était chargé en titre. »
En clair, le gouvernement aurait mieux fait de laisser l’Eprus négocier et contracter avec les fournisseurs plutôt que de nouer des contacts directs et de négocier des contrats juridiquement faibles, dépourvus par exemple de clause de révision. La Cour, comme le rapport parlementaire du sénateur Jean-Jacques Jégou en 2009, a recommandé d’accorder une plus grande autonomie à l’Eprus, en distinguant mieux les responsabilités politiques de l’Etat et les responsabilités opérationnelles de l’agence.
L’Eprus noyé dans Santé publique France
Mais c’est une direction inverse qui va être prise, avec la disparition pure et simple de l’Eprus, qui est intégré en 2016 dans le nouvel Institut national de prévention, de veille et d’intervention en santé publique, plus connu sous son nom « commercial » de Santé publique France. Il rejoignait ainsi l’Institut de veille sanitaire (InVS) et l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes).
Sans à nouveau que ce soit nécessairement une mauvaise idée, cette intégration a fait naître quelques interrogations, exprimées par le sénateur Delattre, qui s’inquiétait en 2015 du projet de fusion. Que va peser le « petit » Eprus – et ses 30 collaborateurs – dans les 500 personnes de Santé publique France ? Comment faire cohabiter des cultures institutionnelles très différentes entre les logisticiens de l’Eprus et les chercheurs en santé publique du reste de l’institution ? L’Eprus ne risque-t-il pas de perdre en agilité et en capacité de réponse rapide ? Le regroupement n’aurait-il pas un effet de réduction budgétaire, sous prétexte de mutualisation des dépenses de fonctionnement ?
D’où les deux recommandations principales qu’il formule : d’abord, préserver une certaine autonomie des fonctions de réponse aux crises sanitaires actuellement assumées par l’Eprus au sein de la nouvelle agence ; ensuite, réaliser la fusion à « coût constant » et stabiliser, en volume, pour les trois années à venir, le niveau des subventions versées par l’Etat et l’Assurance-maladie.
« Un mélange complexe de considérations doctrinales, politiques, économiques, institutionnelles a conduit à démanteler un remarquable dispositif de préparation à une crise sanitaire majeure »
Les craintes du sénateur Delattre étaient-elles justifiées ? Il est encore trop tôt pour le dire, l’heure n’est pas encore au bilan de cette intégration, mais certains points inquiètent toutefois. Le rapport d’activité de Santé publique France de 2018, dernier paru, traite de toute une série de questions importantes de santé publique (salmonellose, Nutriscore, maladies nosocomiales, tabac, rougeole, VIH, noyades, vague de chaleur de l’été 2018, etc.), mais pas de menaces virales. La question est expédiée en deux courts paragraphes sur la « stratégie de lutte contre une pandémie grippale », qui se contentent de rappeler que les vaccins antigrippaux, dont la composition varie chaque année, ne se stockent pas et que les stocks « stratégiques » d’antiviraux sont suffisants. Et de conclure : « C’est donc un statu quo que préconisent les experts. » Un peu court, et nul doute que les prochains rapports seront plus explicites quant aux fonctions de l’ex-Eprus au sein de l’Agence.
On en est là aujourd’hui. Un mélange complexe de considérations doctrinales, politiques, économiques, institutionnelles, dont nous n’avons donné ici qu’un rapide aperçu, a conduit à démanteler un remarquable dispositif de préparation à une crise sanitaire majeure conçu il y a treize ans par un sénateur visionnaire. A l’issue de la crise actuelle, l’Etat disposera vraisemblablement d’un stock de produits de santé équivalent à celui de 2007. Il faudra éviter que l’histoire se répète. Il faudra reconstituer des stocks, renouveler des doctrines, redéfinir les responsabilités et préserver dans la longue, voire la très longue période, ce véritable capital pour la santé publique. Cela ne sera pas le plus facile.
Claude Le Pen est professeur à l’université Paris-Dauphine où il dirige le master « Economie et gestion de la santé ».
Coronavirus : « En 2007, la France avait su mettre au point un dispositif de protection très ambitieux contre des pandémies »
Tribune. La pandémie de coronavirus, d’ampleur totalement inédite, a pris de court la plupart des pays. Peu d’entre eux étaient prêts à encaisser une vague épidémique majeure. Il en existe pourtant au moins un qui avait su mettre au point un dispositif de protection très ambitieux contre des pandémies de cette ampleur. Et ce pays c’est… la France de 2007 ! Malheureusement, ce dispositif a été progressivement désarmé pour diverses raisons. Retour sur un épisode et une institution peu connue de notre histoire récente, l’établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus).
Des faiblesses révélées par la crise H5N1
A la suite de l’épidémie de grippe aviaire (H5N1) de 2006 et à l’initiative du sénateur Francis Giraud (1932-2010), le gouvernement de l’époque a fait adopter, en mars 2007, une loi au titre prémonitoire : « Loi relative à la préparation du système de santé à des menaces sanitaires de grande ampleur ».
Elle comportait deux dispositions essentielles. D’abord, la création du fameux corps de réserve sanitaire, sur lequel on ne s’attardera pas ici, et, ensuite, celle d’un nouvel établissement public, l’établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus), dont la mission principale était « l’acquisition, la fabrication, l’importation, le stockage, la distribution et l’exportation des produits et services nécessaires à la protection de la population face aux mesures sanitaires graves », y compris bien sûr les vaccins et les fameux masques chirurgicaux et FFP2 ! La crise H5N1 avait en effet mis en évidence diverses faiblesses dans la réponse logistique de l’Etat.
Les moyens dévolus à cette toute petite structure (17 agents en 2007 et 30 en 2015), cofinancée par l’Etat et l’Assurance-maladie, étaient considérables. On ne résiste pas à l’envie de citer l’inventaire estimé à un milliard d’euros qu’en fait l’exposé des motifs de la loi :
70 millions de vaccins antivarioliques et autant d’aiguilles, embouts et pipettes ; 81,5 millions de traitements d’antibiotiques en cas d’attaque bioterroriste de charbon, peste ou tularémie ; 11,7 millions de traitements antiviraux et 11,5 tonnes de substance active (oseltamivir) en cas de pandémie grippale ; 285 millions de masques de filtration de type FFP2 et 20 millions de boîtes de 50 masques chirurgicaux (soit le milliard de masques après lequel le ministre de la santé, Olivier Véran, court aujourd’hui) ; 2 100 respirateurs et bouteilles d’oxygène ; 20 équipements de laboratoires d’analyse (automates PCR et extracteurs ADN/ARN) ; 11 000 tenues de protection NRBC et accessoires.
Lors de ses vœux à la presse, le 22 janvier 2007, Xavier Bertrand, alors ministre de la santé et des solidarités, ne manquait pas de le faire savoir : « Nous poursuivons nos efforts de préparation à la survenue d’une éventuelle pandémie, grâce à la constitution de stocks de masques et de vaccins. Nous serions, d’après certains observateurs, parmi les pays les mieux préparés au monde. » Son successeur Olivier Véran aurait du mal à tenir le même discours avec son stock d’Etat réduit à 120 millions de masques chirurgicaux et à zéro masque FFP2 !
« Le budget de l’Eprus a été drastiquement réduit, passant de 281 millions en 2007 – avant la crise H1N1 – à 25,8 millions en 2015 »
Comment est-on passé de la pléthore à la pénurie ? L’événement majeur est, à mon sens, la crise du H1N1 de 2008-2009. Au-delà des critiques politiques virulentes et souvent injustes adressées à la ministre de l’époque, Roselyne Bachelot, elle a fait naître dans une partie de la haute administration de la santé le sentiment d’en avoir trop fait, d’avoir surestimé la crise et, finalement, d’avoir inutilement gaspillé des fonds publics au profit des laboratoires pharmaceutiques. L’horreur ! La Cour des comptes a estimé à près de 450 millions d’euros l’ensemble des dépenses d’achat spécifiquement liées à la lutte contre la grippe H1N1, y compris une indemnisation de 48,5 millions due aux laboratoires pour rupture unilatérale de contrat.
L’Etat s’est ainsi convaincu qu’une réduction de la voilure était nécessaire, d’autant que le déficit de la Sécurité sociale avait atteint ces années-là des records « abyssaux » : 27 milliards d’euros en 2010 ! Le budget de l’Eprus a donc été drastiquement réduit, passant de 281 millions en 2007 – avant la crise H1N1 – à 25,8 millions en 2015 (10,5 pour l’Etat et 15,3 pour l’Assurance-maladie) selon un rapport du sénateur Francis Delattre. Parallèlement, les stocks ont été considérablement réduits en ne renouvelant pas, par exemple, des marchés concernant des biens arrivés à leur date de péremption. Estimée à 992 millions d’euros en 2010, la valeur du stock avait été réduite de moitié en 2014, à 472 millions, avant la disparition de l’établissement.
Par ailleurs, en 2011, un changement doctrinal de l’Etat a conduit à distinguer deux types de stocks pour les produits médicaux de précaution (médicaments, dispositifs, petit matériel), les stocks dits « stratégiques », à vocation nationale, détenus par l’Etat, avec l’Eprus, et les stocks dits « tactiques », confiés aux établissements de santé pour couvrir en priorité des besoins locaux. Sans que ce soit nécessairement une mauvaise idée, cela a fragmenté le dispositif. Les masques chirurgicaux relèvent désormais des stocks stratégiques, financés par l’Eprus, alors que les masques FFP2 sont inclus dans les stocks tactiques, financés par des hôpitaux, eux-mêmes soumis à une très forte pression budgétaire. On a certainement perdu de la lisibilité dans cette réforme.
Un établissement sous tutelle du ministère
Outre ces questions économiques, la crise due au H1N1 a poussé à une réflexion sur la gouvernance du système de réponse aux crises sanitaire. Le ministère de la santé a toujours confiné l’Eprus dans une simple fonction logistique, sans aucune marge d’autonomie. La convention-cadre avec l’Etat précise que celui-ci ne peut réaliser aucune opération d’acquisition de produits de santé sans en avoir préalablement reçu l’ordre par le ministre chargé de la santé.
C’est un point qui a cristallisé les critiques de la Cour des comptes : « Prises dans le climat d’urgence où s’est développée la gestion de la lutte contre la menace de grippe H1N1, ces nombreuses et substantielles interventions du ministre chargé de la santé et de son cabinet ont considérablement restreint le champ des responsabilités et les marges de manœuvre dont disposait l’Eprus pour conduire et conclure les négociations dont il était chargé en titre. »
En clair, le gouvernement aurait mieux fait de laisser l’Eprus négocier et contracter avec les fournisseurs plutôt que de nouer des contacts directs et de négocier des contrats juridiquement faibles, dépourvus par exemple de clause de révision. La Cour, comme le rapport parlementaire du sénateur Jean-Jacques Jégou en 2009, a recommandé d’accorder une plus grande autonomie à l’Eprus, en distinguant mieux les responsabilités politiques de l’Etat et les responsabilités opérationnelles de l’agence.
L’Eprus noyé dans Santé publique France
Mais c’est une direction inverse qui va être prise, avec la disparition pure et simple de l’Eprus, qui est intégré en 2016 dans le nouvel Institut national de prévention, de veille et d’intervention en santé publique, plus connu sous son nom « commercial » de Santé publique France. Il rejoignait ainsi l’Institut de veille sanitaire (InVS) et l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes).
Sans à nouveau que ce soit nécessairement une mauvaise idée, cette intégration a fait naître quelques interrogations, exprimées par le sénateur Delattre, qui s’inquiétait en 2015 du projet de fusion. Que va peser le « petit » Eprus – et ses 30 collaborateurs – dans les 500 personnes de Santé publique France ? Comment faire cohabiter des cultures institutionnelles très différentes entre les logisticiens de l’Eprus et les chercheurs en santé publique du reste de l’institution ? L’Eprus ne risque-t-il pas de perdre en agilité et en capacité de réponse rapide ? Le regroupement n’aurait-il pas un effet de réduction budgétaire, sous prétexte de mutualisation des dépenses de fonctionnement ?
D’où les deux recommandations principales qu’il formule : d’abord, préserver une certaine autonomie des fonctions de réponse aux crises sanitaires actuellement assumées par l’Eprus au sein de la nouvelle agence ; ensuite, réaliser la fusion à « coût constant » et stabiliser, en volume, pour les trois années à venir, le niveau des subventions versées par l’Etat et l’Assurance-maladie.
« Un mélange complexe de considérations doctrinales, politiques, économiques, institutionnelles a conduit à démanteler un remarquable dispositif de préparation à une crise sanitaire majeure »
Les craintes du sénateur Delattre étaient-elles justifiées ? Il est encore trop tôt pour le dire, l’heure n’est pas encore au bilan de cette intégration, mais certains points inquiètent toutefois. Le rapport d’activité de Santé publique France de 2018, dernier paru, traite de toute une série de questions importantes de santé publique (salmonellose, Nutriscore, maladies nosocomiales, tabac, rougeole, VIH, noyades, vague de chaleur de l’été 2018, etc.), mais pas de menaces virales. La question est expédiée en deux courts paragraphes sur la « stratégie de lutte contre une pandémie grippale », qui se contentent de rappeler que les vaccins antigrippaux, dont la composition varie chaque année, ne se stockent pas et que les stocks « stratégiques » d’antiviraux sont suffisants. Et de conclure : « C’est donc un statu quo que préconisent les experts. » Un peu court, et nul doute que les prochains rapports seront plus explicites quant aux fonctions de l’ex-Eprus au sein de l’Agence.
On en est là aujourd’hui. Un mélange complexe de considérations doctrinales, politiques, économiques, institutionnelles, dont nous n’avons donné ici qu’un rapide aperçu, a conduit à démanteler un remarquable dispositif de préparation à une crise sanitaire majeure conçu il y a treize ans par un sénateur visionnaire. A l’issue de la crise actuelle, l’Etat disposera vraisemblablement d’un stock de produits de santé équivalent à celui de 2007. Il faudra éviter que l’histoire se répète. Il faudra reconstituer des stocks, renouveler des doctrines, redéfinir les responsabilités et préserver dans la longue, voire la très longue période, ce véritable capital pour la santé publique. Cela ne sera pas le plus facile.
Claude Le Pen est professeur à l’université Paris-Dauphine où il dirige le master « Economie et gestion de la santé ».
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.liberation.fr/depeches/2020/03/29/virus-evacuation-d-ampleur-des-hopitaux-du-grand-est-vers-la-nouvelle-aquitaine_1783459
Coronavirus: nouvelle évacuation d’ampleur en TGV de 36 patients du Grand Est vers la Nouvelle-Aquitaine
Opération «libérer des lits»: les 36 patients du Covid-19 partis dans la matinée du Grand Est dans deux TGV médicalisés sont arrivés dimanche en milieu d’après-midi, à Bordeaux et à Poitiers, après un voyage de plusieurs centaines de kilomètres sous très haute surveillance.
L’embarquement de ces patients en réanimation avait débuté aux premières heures du jour dans les deux gares de Mulhouse et de Nancy où des norias d’ambulances se sont succédé, jusqu’au départ vers 10H45.
L’objectif est de désengorger les hôpitaux du Grand Est, l’une des régions les plus lourdement touchées par l’épidémie qui comptait samedi 3.777 personnes hospitalisées, dont 786 en réanimation, et 757 décès.
Le train parti de Nancy avec 24 malades est entré peu après 15H00 en gare de Bordeaux dont certains accès avaient été bouclés par un important dispositif policier.
Une vingtaine d’ambulances et des dizaines de personnels soignants en blouse blanche intégrale les y attendaient pour les diriger vers des établissements de la capitale girondine, mais aussi de Libourne, Pau et Bayonne.
L’autre train parti de Mulhouse est arrivé vers 15H45 dans la gare du Futuroscope de Poitiers, où 12 patients devaient ensuite être acheminés par hélicoptère ou ambulances vers des hôpitaux de cette ville, Niort, Angoulême et La Rochelle.
Au total, la Nouvelle-Aquitaine aura accueilli 54 patients du Grand Est depuis vendredi, les évacuations les plus importantes conduites depuis le début de l’épidémie en France, après le tout premier transfert ferroviaire médicalisé jeudi vers les Pays-de-Loire de 20 patients, dans le cadre de l’opération Résilience lancée par Emmanuel Macron.
«Il faut libérer des lits, il faut absolument donner de l’air aux services de réanimation. On est toujours dans une augmentation continue du nombre de patients», a exhorté le chef des urgences du centre hospitalier régional (CHR) de Metz, François Braun.
Les patients transférés sont atteints d’un «syndrome de détresse respiratoire modéré à sévère, (...) qui ne sont pas dans la phase la plus aiguë, qui viennent juste d’arriver en réanimation» et sont âgés de «60 ans en moyenne voire un peu moins», a précisé le Dr Lionel Lamhaut, du Samu de Paris, qui coordonnait les opérations à Nancy.
Des dizaines de malades ont déjà été évacués ces dernier jours du Grand Est par des moyens civils et militaires, terrestres et aériens, vers des hôpitaux d’autres régions françaises mais aussi d’Allemagne, de Suisse et du Luxembourg.
- Avant la vague -
Et de nouveaux moyens sont sans cesse mis en oeuvre, notamment par l’armée qui a engagé pour la première fois un hélicoptère samedi pour transporter deux malades entre Metz et Essen (ouest de l’Allemagne).
A bord des TGV, - baptisés «Chardon 2» et «Chardon 3» et aménagés en hôpital roulant-, chaque voiture pouvait accueillir quatre patients et une équipe composée d’un anesthésiste-réanimateur ou un urgentiste senior, un interne, une infirmière anesthésiste, trois infirmières et éventuellement un logisticien, selon le ministère des Solidarités et de la Santé.
«Les patients arrivent comme s’ils étaient en réanimation avec des respirateurs, ils sont intubés, ventilés, sédatés pour leur permettre de supporter ce transport», a expliqué Hélène Junqua, directrice générale adjointe de l’ARS Nouvelle-Aquitaine.
Avec 490 hospitalisations comptabilisées samedi, dont 127 en réanimation ou soins intensifs, la Nouvelle-Aquitaine figure parmi les régions les moins touchées par l’épidémie.
Selon des chiffres de vendredi, 188 lits de réanimation sont disponibles sur 561 places, une marge de manœuvre qui lui permet de participer à ce «grand mouvement d’accueil» même si, ici aussi, on s’attend à «la vague».
«Nous avons pensé que le fait de les accueillir tout de suite nous permettrait de faire en sorte que la plupart sortent en bonne forme avant que l’essentiel de la vague ne nous frappe (en Nouvelle-Aquitaine)», expliquait vendredi Michel Laforcade, directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine.
«La guerre, nous la gagnerons probablement sur la question des lits de réanimation, avec notre capacité au niveau du territoire national à bien utiliser, de manière intelligente, bien coordonnée, nos moyens en réanimation, en se soutenant les uns les autres à l’intérieur d’une région et entre les régions», a souligné la directrice générale du CHR de Metz, Marie-Odile Saillard.
Coronavirus: nouvelle évacuation d’ampleur en TGV de 36 patients du Grand Est vers la Nouvelle-Aquitaine
Opération «libérer des lits»: les 36 patients du Covid-19 partis dans la matinée du Grand Est dans deux TGV médicalisés sont arrivés dimanche en milieu d’après-midi, à Bordeaux et à Poitiers, après un voyage de plusieurs centaines de kilomètres sous très haute surveillance.
L’embarquement de ces patients en réanimation avait débuté aux premières heures du jour dans les deux gares de Mulhouse et de Nancy où des norias d’ambulances se sont succédé, jusqu’au départ vers 10H45.
L’objectif est de désengorger les hôpitaux du Grand Est, l’une des régions les plus lourdement touchées par l’épidémie qui comptait samedi 3.777 personnes hospitalisées, dont 786 en réanimation, et 757 décès.
Le train parti de Nancy avec 24 malades est entré peu après 15H00 en gare de Bordeaux dont certains accès avaient été bouclés par un important dispositif policier.
Une vingtaine d’ambulances et des dizaines de personnels soignants en blouse blanche intégrale les y attendaient pour les diriger vers des établissements de la capitale girondine, mais aussi de Libourne, Pau et Bayonne.
L’autre train parti de Mulhouse est arrivé vers 15H45 dans la gare du Futuroscope de Poitiers, où 12 patients devaient ensuite être acheminés par hélicoptère ou ambulances vers des hôpitaux de cette ville, Niort, Angoulême et La Rochelle.
Au total, la Nouvelle-Aquitaine aura accueilli 54 patients du Grand Est depuis vendredi, les évacuations les plus importantes conduites depuis le début de l’épidémie en France, après le tout premier transfert ferroviaire médicalisé jeudi vers les Pays-de-Loire de 20 patients, dans le cadre de l’opération Résilience lancée par Emmanuel Macron.
«Il faut libérer des lits, il faut absolument donner de l’air aux services de réanimation. On est toujours dans une augmentation continue du nombre de patients», a exhorté le chef des urgences du centre hospitalier régional (CHR) de Metz, François Braun.
Les patients transférés sont atteints d’un «syndrome de détresse respiratoire modéré à sévère, (...) qui ne sont pas dans la phase la plus aiguë, qui viennent juste d’arriver en réanimation» et sont âgés de «60 ans en moyenne voire un peu moins», a précisé le Dr Lionel Lamhaut, du Samu de Paris, qui coordonnait les opérations à Nancy.
Des dizaines de malades ont déjà été évacués ces dernier jours du Grand Est par des moyens civils et militaires, terrestres et aériens, vers des hôpitaux d’autres régions françaises mais aussi d’Allemagne, de Suisse et du Luxembourg.
- Avant la vague -
Et de nouveaux moyens sont sans cesse mis en oeuvre, notamment par l’armée qui a engagé pour la première fois un hélicoptère samedi pour transporter deux malades entre Metz et Essen (ouest de l’Allemagne).
A bord des TGV, - baptisés «Chardon 2» et «Chardon 3» et aménagés en hôpital roulant-, chaque voiture pouvait accueillir quatre patients et une équipe composée d’un anesthésiste-réanimateur ou un urgentiste senior, un interne, une infirmière anesthésiste, trois infirmières et éventuellement un logisticien, selon le ministère des Solidarités et de la Santé.
«Les patients arrivent comme s’ils étaient en réanimation avec des respirateurs, ils sont intubés, ventilés, sédatés pour leur permettre de supporter ce transport», a expliqué Hélène Junqua, directrice générale adjointe de l’ARS Nouvelle-Aquitaine.
Avec 490 hospitalisations comptabilisées samedi, dont 127 en réanimation ou soins intensifs, la Nouvelle-Aquitaine figure parmi les régions les moins touchées par l’épidémie.
Selon des chiffres de vendredi, 188 lits de réanimation sont disponibles sur 561 places, une marge de manœuvre qui lui permet de participer à ce «grand mouvement d’accueil» même si, ici aussi, on s’attend à «la vague».
«Nous avons pensé que le fait de les accueillir tout de suite nous permettrait de faire en sorte que la plupart sortent en bonne forme avant que l’essentiel de la vague ne nous frappe (en Nouvelle-Aquitaine)», expliquait vendredi Michel Laforcade, directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine.
«La guerre, nous la gagnerons probablement sur la question des lits de réanimation, avec notre capacité au niveau du territoire national à bien utiliser, de manière intelligente, bien coordonnée, nos moyens en réanimation, en se soutenant les uns les autres à l’intérieur d’une région et entre les régions», a souligné la directrice générale du CHR de Metz, Marie-Odile Saillard.
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Re: Rugby et Coronavirus
Coronavirus : des calendriers de plus en plus flous
https://www.lequipe.fr/Rugby/Actualites/Coronavirus-des-calendriers-de-plus-en-plus-flous/1123869
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Re: Rugby et Coronavirus
Scalp a écrit:https://www.ubbrugby.com/actualites/7371-les-joueurs-de-l-ubb-lancent-une-cagnotte-pour-soutenir-le-chu-de-bordeaux.html
La cagnotte : https://www.leetchi.com/c/maillots-ubb-chu-pellegrin
Les lots : https://ubb.link/We3K37
Plus que 9 jours pour participer, à votre bon cœur
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Re: Rugby et Coronavirus
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Re: Rugby et Coronavirus
Et maintenant, une menace cardiaque ?
https://www.rugbyrama.fr/rugby/coronavirus/2020/coronavirus-et-maintenant-une-menace-cardiaque_sto7716676/story.shtml
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Re: Rugby et Coronavirus
https://rmcsport.bfmtv.com/rugby/top-14-eviter-la-catastrophe-la-saison-prochaine-1885699.html
"Tout le monde a compris que le plus énormissime problème, c’est l’année prochaine." Laurent Marti
"On a beaucoup réfléchi à comment on allait finir la saison, mais là on a déjà basculé à l’année prochaine"
"La catastrophe, c’est l’année prochaine, nous a-t-il expliqué. On va être obligé de creuser la réflexion pour que tout le monde participe à ces efforts, y compris les joueurs. C’est comme si on disait qu’on continue de faire des spectacles et à vous payer, mais qu’il n’y a plus de spectateurs. Comment on fait?"
"Comment voulez-vous aller voir des partenaires actuellement? On ne peut tout simplement pas, répond Marti. Imaginons que le 30 avril, tout le monde soit 'déconfiné' et que tout le monde se mette un peu au travail. Vous avez un peu plus de deux mois pour faire votre partenariat, mai, juin, voire début juillet. Vous allez rencontrer des entreprises qui essaient de ne pas déposer le bilan et vous allez leur dire: 'Vous voulez une loge?' Cela va être terrible. Il faut une prise de conscience générale. Seuls les clubs soutenus par des milliardaires ou des multinationales vont s’en sortir… Les autres vont perdre des millions et des millions d’euros Laurent Marti
"Tout le monde a compris que le plus énormissime problème, c’est l’année prochaine." Laurent Marti
"On a beaucoup réfléchi à comment on allait finir la saison, mais là on a déjà basculé à l’année prochaine"
"La catastrophe, c’est l’année prochaine, nous a-t-il expliqué. On va être obligé de creuser la réflexion pour que tout le monde participe à ces efforts, y compris les joueurs. C’est comme si on disait qu’on continue de faire des spectacles et à vous payer, mais qu’il n’y a plus de spectateurs. Comment on fait?"
"Comment voulez-vous aller voir des partenaires actuellement? On ne peut tout simplement pas, répond Marti. Imaginons que le 30 avril, tout le monde soit 'déconfiné' et que tout le monde se mette un peu au travail. Vous avez un peu plus de deux mois pour faire votre partenariat, mai, juin, voire début juillet. Vous allez rencontrer des entreprises qui essaient de ne pas déposer le bilan et vous allez leur dire: 'Vous voulez une loge?' Cela va être terrible. Il faut une prise de conscience générale. Seuls les clubs soutenus par des milliardaires ou des multinationales vont s’en sortir… Les autres vont perdre des millions et des millions d’euros Laurent Marti
le radis- Team modo
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Humeur : le radis noir ou blanc est d'or
Re: Rugby et Coronavirus
Malheureusement c'est ce que je dis, comme d'autres, depuis un petit moment, en mettant en garde sur la saison prochaine. La seule chose positive à court terme, serait qu'on trouve des molécules actives contre le virus, on verra pour l'efficacité de la chloroquine, entre autres...
Par contre imaginons qu'une molécule soit efficace, bloque l’évolution du virus, cela peut tout changer en attendant un vaccin. On n'est pas à l’abri aussi d'avoir de bonnes nouvelles...
Par contre imaginons qu'une molécule soit efficace, bloque l’évolution du virus, cela peut tout changer en attendant un vaccin. On n'est pas à l’abri aussi d'avoir de bonnes nouvelles...
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Scalp- Team modo
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.liberation.fr/planete/2020/03/31/l-amerique-de-trump-rattrapee-par-le-coronavirus_1783758
L'Amérique de Trump rattrapée par le coronavirus
Par Isabelle Hanne, Correspondante à New York
Après avoir nié les dangers de la pandémie, le président-candidat évoque désormais un minimum de «100 ou 200 000 morts» et tente d’apparaître comme un capitaine dans la tempête. Mais les errements de la Maison Blanche et le manque d’anticipation qui en a découlé risquent de peser lourdement dans le bilan humain catastrophique qui s’annonce.
Alors que les Etats-Unis sont durement frappés par le coronavirus, avec 165 000 cas identifiés et 3 500 morts, le président américain girouette. Un œil sur la Bourse, un œil sur les audiences de son briefing quotidien à la Maison Blanche, il a tout de même fini par loucher sur les projections établies par sa coronavirus taskforce dimanche, anticipant entre 100 000 et 200 000 morts dans le pays. Après avoir annoncé sa volonté de «rouvrir le pays» pour Pâques, promettant des «églises pleines» et répétant, au nom de la protection de la première économie du monde, que le «remède ne [devait] pas être pire que le problème lui-même», le président américain a finalement prolongé jusqu’à fin avril les mesures de distanciation sociale.
Mais pas question pour Trump de perdre la face. Oubliées, ses prédictions d’il y a un mois, selon lesquelles le nombre de cas allait bientôt être «proche de zéro», et le coronavirus, «disparaître comme par miracle». Désormais, et alors que les pires scénarios évoquent 2,2 millions de morts sans aucune mesure d’adaptation, il juge que «si on a entre 100 et 200 000 morts, on aura fait du très bon boulot», semblant préparer le pays à un bilan plus lourd. Cette fourchette tient uniquement «si 100 % des Américains font précisément ce qui est requis» en termes de distanciation sociale, a précisé à NBC Deborah Birx, coordinatrice du groupe de travail sur le coronavirus de la Maison Blanche.
«Hors-bord»
Avec une Bourse erratique, trois millions d’Américains inscrits au chômage en une semaine et le spectre d’une récession, Donald Trump, qui joue sa réélection en novembre sur la santé de l’économie américaine, a dû s’adapter. Il a signé un colossal plan de relance de 2 200 milliards de dollars, résultat d’un intense travail bipartisan au Congrès. Mais Trump n’omet pas de tirer la couverture à lui : selon le Wall Street Journal, il souhaite que sa signature apparaisse sur les chèques qui seront envoyés aux Américains. Sa cote de popularité est en augmentation, avec 48 % d’entre eux qui approuvent son action, deux points de plus que ceux qui la critiquent. Mais la popularité des présidents s’envole traditionnellement en temps de crise : quand Lyndon Johnson s’installe à la Maison Blanche après l’assassinat de Kennedy, sa cote est à 78 %.
Donald Trump aura cependant du mal à faire oublier les errements de son administration dans la gestion de la crise sanitaire. L’absence, puis la défaillance des tests de dépistage ont rendu impossible une cartographie de la propagation de l’épidémie pendant des semaines. Le Dr Anthony Fauci, membre du groupe de travail de la Maison Blanche, a reconnu «l’échec» des dépistages, et «un système qui n’est pas au niveau des besoins». Devant le discours volontiers rassurant des autorités jusqu’à la semaine dernière, plusieurs élus ont maintenu certains rassemblements, des jeunes spring breakers de tout le pays convergeant vers les plages de Floride aux célébrations de Mardi gras à La Nouvelle-Orléans, catalyseurs de la propagation de l’épidémie à travers les Etats-Unis. Aujourd’hui, plus de 20 Etats américains comptent des foyers de plus de 1 000 cas. «En retard pour les dépistages, en retard dans l’acceptation et la communication de ce qu’il se passait, en retard pour mettre en place la distanciation sociale… résume à Libération Andy Slavitt, ancien conseiller santé de Barack Obama et l’un des initiateurs d’une campagne de sensibilisation à la distanciation sociale. Avec un virus qui se propage de manière exponentielle, le paramètre du temps est essentiel, et il est impossible de le rattraper : c’est comme nager derrière un hors-bord. L’histoire jugera que nous avons été trop en retard, et que ce retard a coûté des vies humaines.»
Bible
Trump a également renâclé à se servir du Defense Production Act, une ordonnance datant de la guerre de Corée permettant de contraindre les entreprises à produire certains équipements, malgré l’insistance de nombreux gouverneurs. Il l’a finalement utilisé vendredi pour pousser General Motors à fabriquer des respirateurs. Tout en continuant à nier les besoins criants de certains Etats, prédisant même que le pays allait bientôt exporter des respirateurs en Europe. Quant à la pénurie de matériel de protection, dénoncée par médecins et infirmières de nombreux hôpitaux, il a sousentendu dimanche qu’elle s’expliquait par le fait que les soignants volaient masques et gants…
Voilà le lot d’une campagne électorale à l’ère Trump et au temps du coronavirus. Alors que le Président fuyait la salle de presse de la Maison Blanche depuis son élection, il apparaît désormais tous les jours aux briefings sur le coronavirus, palliatifs à ses meetings de campagne annulés à cause de la pandémie. Refusant de répondre aux questions des journalistes qu’il juge «méchantes» ou «ricanantes», il se sert de cette plateforme pour des considérations purement électorales, parler à sa base ou faire mousser ses soutiens. Lundi, il a donné le micro à son grand ami et fréquent visiteur de Mar-a-Lago Michael Lindell, fondateur d’une entreprise de fabrication d’oreillers du Minnesota, qui a salué «le plus grand président de l’histoire» et exhorté les Américains à utiliser leur confinement pour lire la Bible.
Alors qu’un navire-hôpital de l’US Navy a dû être envoyé à New York, que des hôpitaux temporaires sont construits à la hâte pour soulager les établissements déjà saturés à trois semaines du pic de l’épidémie, le président américain, lui, se félicite du nombre de téléspectateurs suivant ses briefings sur le coronavirus. «Les audiences de mes conférences de presse sont si bonnes […] que les médias deviennent FOUS», a-t-il tweeté dimanche, les comparant à celles d’une finale du Bachelor.
«Depuis qu’il est au pouvoir, Trump a perfectionné l’art du mensonge, tout en purgeant au fil du temps son administration des personnes avec une vraie expertise, écrit Stephen Walt, professeur en relations internationales à Harvard, dans la revue Foreign Policy. La mauvaise gestion de Trump, comme son refus de prendre ses responsabilités, étaient inévitables. Cette direction défaillante est sans précédent dans l’histoire américaine, et elle arrive au pire moment.»
Isabelle Hanne Correspondante à New York
L'Amérique de Trump rattrapée par le coronavirus
Par Isabelle Hanne, Correspondante à New York
Après avoir nié les dangers de la pandémie, le président-candidat évoque désormais un minimum de «100 ou 200 000 morts» et tente d’apparaître comme un capitaine dans la tempête. Mais les errements de la Maison Blanche et le manque d’anticipation qui en a découlé risquent de peser lourdement dans le bilan humain catastrophique qui s’annonce.
Alors que les Etats-Unis sont durement frappés par le coronavirus, avec 165 000 cas identifiés et 3 500 morts, le président américain girouette. Un œil sur la Bourse, un œil sur les audiences de son briefing quotidien à la Maison Blanche, il a tout de même fini par loucher sur les projections établies par sa coronavirus taskforce dimanche, anticipant entre 100 000 et 200 000 morts dans le pays. Après avoir annoncé sa volonté de «rouvrir le pays» pour Pâques, promettant des «églises pleines» et répétant, au nom de la protection de la première économie du monde, que le «remède ne [devait] pas être pire que le problème lui-même», le président américain a finalement prolongé jusqu’à fin avril les mesures de distanciation sociale.
Mais pas question pour Trump de perdre la face. Oubliées, ses prédictions d’il y a un mois, selon lesquelles le nombre de cas allait bientôt être «proche de zéro», et le coronavirus, «disparaître comme par miracle». Désormais, et alors que les pires scénarios évoquent 2,2 millions de morts sans aucune mesure d’adaptation, il juge que «si on a entre 100 et 200 000 morts, on aura fait du très bon boulot», semblant préparer le pays à un bilan plus lourd. Cette fourchette tient uniquement «si 100 % des Américains font précisément ce qui est requis» en termes de distanciation sociale, a précisé à NBC Deborah Birx, coordinatrice du groupe de travail sur le coronavirus de la Maison Blanche.
«Hors-bord»
Avec une Bourse erratique, trois millions d’Américains inscrits au chômage en une semaine et le spectre d’une récession, Donald Trump, qui joue sa réélection en novembre sur la santé de l’économie américaine, a dû s’adapter. Il a signé un colossal plan de relance de 2 200 milliards de dollars, résultat d’un intense travail bipartisan au Congrès. Mais Trump n’omet pas de tirer la couverture à lui : selon le Wall Street Journal, il souhaite que sa signature apparaisse sur les chèques qui seront envoyés aux Américains. Sa cote de popularité est en augmentation, avec 48 % d’entre eux qui approuvent son action, deux points de plus que ceux qui la critiquent. Mais la popularité des présidents s’envole traditionnellement en temps de crise : quand Lyndon Johnson s’installe à la Maison Blanche après l’assassinat de Kennedy, sa cote est à 78 %.
Donald Trump aura cependant du mal à faire oublier les errements de son administration dans la gestion de la crise sanitaire. L’absence, puis la défaillance des tests de dépistage ont rendu impossible une cartographie de la propagation de l’épidémie pendant des semaines. Le Dr Anthony Fauci, membre du groupe de travail de la Maison Blanche, a reconnu «l’échec» des dépistages, et «un système qui n’est pas au niveau des besoins». Devant le discours volontiers rassurant des autorités jusqu’à la semaine dernière, plusieurs élus ont maintenu certains rassemblements, des jeunes spring breakers de tout le pays convergeant vers les plages de Floride aux célébrations de Mardi gras à La Nouvelle-Orléans, catalyseurs de la propagation de l’épidémie à travers les Etats-Unis. Aujourd’hui, plus de 20 Etats américains comptent des foyers de plus de 1 000 cas. «En retard pour les dépistages, en retard dans l’acceptation et la communication de ce qu’il se passait, en retard pour mettre en place la distanciation sociale… résume à Libération Andy Slavitt, ancien conseiller santé de Barack Obama et l’un des initiateurs d’une campagne de sensibilisation à la distanciation sociale. Avec un virus qui se propage de manière exponentielle, le paramètre du temps est essentiel, et il est impossible de le rattraper : c’est comme nager derrière un hors-bord. L’histoire jugera que nous avons été trop en retard, et que ce retard a coûté des vies humaines.»
Bible
Trump a également renâclé à se servir du Defense Production Act, une ordonnance datant de la guerre de Corée permettant de contraindre les entreprises à produire certains équipements, malgré l’insistance de nombreux gouverneurs. Il l’a finalement utilisé vendredi pour pousser General Motors à fabriquer des respirateurs. Tout en continuant à nier les besoins criants de certains Etats, prédisant même que le pays allait bientôt exporter des respirateurs en Europe. Quant à la pénurie de matériel de protection, dénoncée par médecins et infirmières de nombreux hôpitaux, il a sousentendu dimanche qu’elle s’expliquait par le fait que les soignants volaient masques et gants…
Voilà le lot d’une campagne électorale à l’ère Trump et au temps du coronavirus. Alors que le Président fuyait la salle de presse de la Maison Blanche depuis son élection, il apparaît désormais tous les jours aux briefings sur le coronavirus, palliatifs à ses meetings de campagne annulés à cause de la pandémie. Refusant de répondre aux questions des journalistes qu’il juge «méchantes» ou «ricanantes», il se sert de cette plateforme pour des considérations purement électorales, parler à sa base ou faire mousser ses soutiens. Lundi, il a donné le micro à son grand ami et fréquent visiteur de Mar-a-Lago Michael Lindell, fondateur d’une entreprise de fabrication d’oreillers du Minnesota, qui a salué «le plus grand président de l’histoire» et exhorté les Américains à utiliser leur confinement pour lire la Bible.
Alors qu’un navire-hôpital de l’US Navy a dû être envoyé à New York, que des hôpitaux temporaires sont construits à la hâte pour soulager les établissements déjà saturés à trois semaines du pic de l’épidémie, le président américain, lui, se félicite du nombre de téléspectateurs suivant ses briefings sur le coronavirus. «Les audiences de mes conférences de presse sont si bonnes […] que les médias deviennent FOUS», a-t-il tweeté dimanche, les comparant à celles d’une finale du Bachelor.
«Depuis qu’il est au pouvoir, Trump a perfectionné l’art du mensonge, tout en purgeant au fil du temps son administration des personnes avec une vraie expertise, écrit Stephen Walt, professeur en relations internationales à Harvard, dans la revue Foreign Policy. La mauvaise gestion de Trump, comme son refus de prendre ses responsabilités, étaient inévitables. Cette direction défaillante est sans précédent dans l’histoire américaine, et elle arrive au pire moment.»
Isabelle Hanne Correspondante à New York
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/31/ne-pas-porter-de-masque-pour-se-proteger-du-coronavirus-est-une-grande-erreur-affirme-un-haut-scientifique-chinois_6035064_3232.html
Ne pas porter de masque pour se protéger du coronavirus est une « grande erreur », affirme un scientifique chinois haut placé
George Gao, le directeur général du Centre chinois de contrôle et de préventions des maladies, a répondu aux questions du journaliste Jon Cohen, qui le sollicitait depuis deux mois. Dans cet entretien publié par la revue américaine « Science », il revient notamment sur la gestion de la crise par la Chine.
Propos recueillis par Jon Cohen
Les scientifiques chinois, en première ligne de la lutte contre l’épidémie de coronavirus 2019 (Covid-19) dans leur pays, ne sont guère accessibles pour les médias étrangers. Comprendre l’épidémie et lutter contre elle est une tâche écrasante, et répondre aux sollicitations de la presse, et surtout à celles des journalistes hors de Chine, n’est pas une priorité. Cela faisait deux mois que Science tentait d’interroger George Gao, le directeur général du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies. La semaine dernière, il a donné suite [à la mi-mars].
George Gao est à la tête d’une agence de 2 000 employés (soit un cinquième des effectifs des Centers for Disease Control and Prevention [son équivalent aux Etats-Unis]), et il reste lui-même un chercheur très actif. En janvier, l’équipe dont il faisait partie a été la première à isoler et à séquencer le SARS-CoV-2, ou coronavirus 2, du syndrome respiratoire aigu sévère, qui cause la maladie appelée Covid-19. Il est le coauteur de deux études publiées dans la prestigieuse revue New England Journal of Medicine (NEJM) qui ont eu un large retentissement : elles fournissaient pour la première fois des aspects épidémiologiques et cliniques détaillés de l’infection. Il a aussi publié trois articles sur le Covid-19 parus dans [la revue scientifique médicale britannique] The Lancet.
« Personne, nulle part dans le monde, n’aurait pu prédire que ce virus allait entraîner une pandémie. C’est la première pandémie de l’histoire qui ne soit pas causée par un virus de la grippe »
Son équipe a également apporté une importante contribution à une mission conjointe formée de chercheurs chinois et internationaux qui, sous l’égide de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a publié un rapport décisif après avoir effectué une tournée en Chine pour mieux comprendre la réponse donnée à l’épidémie.
Après des études vétérinaires, George Gao a obtenu un doctorat en biochimie à Oxford et s’est spécialisé en immunologie et en virologie comme postdoctorant dans cette université britannique puis à Harvard. Ses travaux de recherche portent sur les virus à enveloppe (entourés d’une fragile membrane lipidique protectrice), dont fait partie le SARS-CoV-2, et leurs mécanismes d’entrée dans les cellules et de transmission interespèces.
George Gao a répondu à nos questions sur plusieurs jours et par divers moyens (SMS ainsi que messagerie et conversations téléphoniques). L’entretien qui suit en est le condensé, édité à des fins de clarté et de concision.
Quels enseignements peuvent tirer les autres pays de la gestion du Covid-19 par la Chine ?
La distanciation sociale est la stratégie fondamentale dans le contrôle de toutes les maladies infectieuses, et plus encore des infections respiratoires. D’abord, nous avons déployé des « stratégies non pharmacologiques », dans la mesure où nous ne disposons d’aucun inhibiteur ou médicament spécifique, ni de vaccin. Deuxièmement, il faut faire en sorte d’isoler tous les malades. Troisièmement, placer en quarantaine les cas contacts : nous avons consacré beaucoup de temps à leur identification et à leur isolement. Quatrièmement, interdire tous les rassemblements. Et cinquièmement, restreindre les déplacements, d’où l’instauration de la quarantaine, ou « cordon sanitaire », comme on dit en français.
Le confinement a débuté en Chine le 23 janvier à Wuhan puis fut étendu à des villes voisines de la province du Hubei. D’autres provinces chinoises ont mis en place des mesures moins strictes. Comment la coordination de ces dispositifs s’est-elle faite, et quel rôle ont joué les « contrôleurs » de quartier chargés de surveiller leur application localement ?
Il faut avant tout que les mesures soient comprises et fassent consensus. Pour cela, il faut une forte volonté politique, aussi bien à l’échelon local que national. Il faut que contrôleurs et coordinateurs impliquent étroitement la population. Les contrôleurs doivent connaître l’identité des cas contacts, mais aussi des cas présumés. Les contrôleurs de proximité doivent être très vigilants, leur rôle est essentiel.
Quelles sont les erreurs commises actuellement par d’autres pays ?
La grande erreur aux Etats-Unis et en Europe est, à mon avis, que la population ne porte pas de masque. Ce virus se transmet par les gouttelettes respiratoires, de personne à personne. Les gouttelettes jouent un rôle très important, d’où la nécessité du masque – le simple fait de parler peut transmettre le virus. De nombreux individus atteints sont asymptomatiques, ou ne présentent pas encore de symptômes : avec un masque, on peut empêcher les gouttelettes porteuses du virus de s’échapper et d’infecter les autres.
Il existe d’autres mesures de lutte contre l’épidémie. La Chine fait ainsi un usage intensif des thermomètres à l’entrée des commerces, des immeubles et dans les stations des transports en commun.
En effet. Partout où vous allez en Chine, il y a des thermomètres. La prise de température généralisée permet de ne pas laisser entrer quiconque présente de la fièvre. Car la stabilité de ce virus dans l’environnement est une question-clé, qui reste à ce jour sans réponse. S’agissant d’un virus à enveloppe, on est tenté de penser qu’il est fragile et particulièrement sensible à la température ou à l’humidité des surfaces. Cependant, des résultats obtenus aux Etats-Unis et des études chinoises laissent penser qu’il serait très difficile à détruire sur certaines surfaces. Il pourrait être capable de survivre dans de nombreux environnements. Sur ce point, nous attendons des réponses scientifiques.
A Wuhan, des personnes testées positives mais peu atteintes par la maladie ont été placées en quarantaine dans des infrastructures ad hoc, avec interdiction de recevoir la visite de leurs proches. Est-ce une démarche dont devraient s’inspirer les autres pays ?
Les personnes infectées doivent être isolées. Le Covid-19 ne peut être enrayé qu’à condition de faire disparaître les sources d’infection. C’est pour cela que nous avons construit des hôpitaux de campagne et aménagé des stades en hôpitaux.
De nombreuses questions demeurent autour de l’émergence de la maladie en Chine. Des chercheurs chinois font état d’un premier cas apparu le 1er décembre 2019. Que dites-vous de l’enquête du « South China Morning Post » [quotidien hongkongais] qui estime, sur la base d’un rapport interne de l’Etat chinois, que des cas s’étaient déclarés en novembre déjà, avec un premier cas le 17 novembre ?
Il n’existe aucune preuve solide de l’existence de foyers épidémiques dès le mois de novembre. Nous poursuivons nos recherches pour mieux comprendre les origines de la maladie.
Les autorités sanitaires de Wuhan ont établi un lien entre de nombreux cas et le marché de fruits de mer de Huanan, qu’elles ont fait fermer le 1er janvier. Leur hypothèse était qu’un virus s’était propagé chez l’homme à partir d’un animal ayant été vendu, et peut-être découpé aussi, sur ce marché. Dans votre article paru dans la « NEJM » cependant, où vous faites notamment un historique de la maladie, vous affirmez que quatre des cinq premiers patients infectés n’avaient aucun lien avec le marché de Huanan. Considérez-vous ce marché comme le berceau probable de la maladie, ou bien comme une fausse piste, une chambre d’amplification plutôt que le foyer premier ?
C’est une excellente question. Vous travaillez comme un véritable détective. D’emblée, tout le monde a pensé que ce marché était à l’origine de la maladie. Aujourd’hui, je ne sais pas si c’est là que le virus est apparu, ou seulement un endroit où il a trouvé à se propager. Deux hypothèses subsistent, c’est à la science de trancher.
La Chine a été critiquée également pour avoir tardé à partager le génome du virus. C’est le « Wall Street Journal » qui, le 8 janvier, a rendu publique l’existence d’un nouveau coronavirus ; l’information n’est pas venue des équipes de chercheurs de l’Etat chinois. Pourquoi ?
Le Wall Street Journal avait vu juste. L’OMS avait été informée du séquençage, et je crois que quelques heures seulement se sont écoulées entre la parution de l’article et l’annonce officielle. Pas plus d’une journée en tout cas.
Pourtant, on peut voir dans une base de données de génomes viraux en accès libre que le premier séquençage proposé par des scientifiques chinois date du 5 janvier. Trois jours se sont donc écoulés pendant lesquels vous saviez forcément qu’il s’agissait d’un nouveau coronavirus. Cela ne changera plus le cours de l’épidémie aujourd’hui, mais il faut reconnaître que quelque chose est arrivé avec l’annonce du séquençage.
Je ne le crois pas. Nous nous sommes empressés de partager l’information avec la communauté scientifique, mais c’est un sujet de santé publique, et nous devions donc attendre l’annonce des pouvoirs publics. Personne ne veut provoquer une panique, n’est-ce pas ? Et personne, nulle part dans le monde, n’aurait pu prédire que ce virus allait entraîner une pandémie. C’est la première pandémie de l’histoire qui ne soit pas causée par un virus influenza [virus de la grippe].
Il a fallu attendre le 20 janvier pour que des équipes chinoises déclarent officiellement avoir des preuves d’une transmission interhumaine. Pourquoi, selon vous, les épidémiologistes en Chine ont-ils eu tant de mal à voir ce qu’il se passait ?
Nous n’avions pas encore de données épidémiologiques détaillées. Et nous étions confrontés depuis le début à un virus violent et sournois. C’est la même chose en Italie et dans le reste de l’Europe, et aux Etats-Unis. « C’est juste un virus », voilà ce que les scientifiques, comme tous les autres, se sont dit au début.
La propagation est aujourd’hui extrêmement ralentie en Chine, où les nouveaux cas seraient pour l’essentiel importés. Vous confirmez ?
Tout à fait. Pour l’heure, nous n’avons plus de transmission locale, mais notre problème vient désormais des cas importés. Un très grand nombre de personnes infectées arrivent désormais en Chine.
Que se passera-t-il quand la vie normale reprendra son cours en Chine ? Pensez-vous qu’une part suffisante de la population a été infectée, de telle sorte qu’une immunité collective éloigne le virus ?
L’immunité collective n’est pas encore atteinte, c’est une certitude. Mais nous attendons des résultats plus probants des recherches d’anticorps, qui nous diront exactement combien de personnes ont été infectées.
Quelle stratégie, alors ? Gagner du temps en attendant que des traitements efficaces soient mis au point ?
Exactement, et nos scientifiques planchent à la fois sur un vaccin et sur des médicaments.
Pour de nombreux chercheurs, le remdesivir serait le plus prometteur des médicaments actuellement à l’étude. Quand pensez-vous avoir des résultats d’essais cliniques pour la Chine ?
En avril.
Des équipes chinoises ont-elles mis en place des modèles animaux suffisamment solides pour l’étude de la pathogenèse et les tests de médicaments et de vaccins ?
Pour l’heure, nous utilisons à la fois des singes et des souris transgéniques possédant des récepteurs de l’ACE2, qui sont les points d’entrée du virus chez l’homme. La souris est un modèle très largement utilisé en Chine dans l’évaluation des traitements médicamenteux et des candidats vaccins, et je crois que deux études chez le singe devraient paraître prochainement. Je peux vous dire en tout cas que notre modèle simien est au point.
Que pensez-vous du nom de « China virus », ou « Chinese virus » [virus chinois, de Chine], employé par le président américain Donald Trump pour désigner le nouveau coronavirus ?
Parler de virus chinois est vraiment une mauvaise idée. Ce virus vient de la planète Terre. Il n’est pas l’ennemi d’un individu ou d’un pays en particulier : c’est notre ennemi à tous.
(Article traduit de l’anglais par Julie Marcot)
Jon Cohen est journaliste au magazine Science. Spécialisé dans la biomédecine, il est reconnu pour sa couverture des épidémies (VIH/sida, SRAS, Ebola). Il a également fait de nombreux reportages sur la génétique, la recherche sur les primates, l’évolution, le bioterrorisme, le financement de la recherche, l’éthique, la biologie reproductive, les batailles de crédit et les médias eux-mêmes. Ses articles ont été récompensés notamment par l’Académie nationale des sciences des Etats-Unis et la Société américaine de microbiologie.
La référence exacte de cet article initialement paru dans la revue américaine Science est : « Not wearing masks to protect against coronavirus is a ‘big mistake’, top Chinese scientist says », Jon Cohen, 27 mars 2020, Science (doi : 10.1126/science.abb9368), https://www.sciencemag.org/news/2020/03/not-wearing-masks-protect-against-coronavirus-big-mistake-top-chinese-scientist-says. Nous le republions avec la gracieuse autorisation de l’Association américaine pour l’avancement des sciences (AAAS), qui édite cette revue. Cette traduction n’est pas une version officielle du texte, elle n’a pas été relue par le personnel de l’AAAS, ni jugée conforme par l’AAAS. Pour fin de vérification, merci de se reporter à la version originale anglaise publiée par l’AAAS.
Jon Cohen(Journaliste scientifique)
Ne pas porter de masque pour se protéger du coronavirus est une « grande erreur », affirme un scientifique chinois haut placé
George Gao, le directeur général du Centre chinois de contrôle et de préventions des maladies, a répondu aux questions du journaliste Jon Cohen, qui le sollicitait depuis deux mois. Dans cet entretien publié par la revue américaine « Science », il revient notamment sur la gestion de la crise par la Chine.
Propos recueillis par Jon Cohen
Les scientifiques chinois, en première ligne de la lutte contre l’épidémie de coronavirus 2019 (Covid-19) dans leur pays, ne sont guère accessibles pour les médias étrangers. Comprendre l’épidémie et lutter contre elle est une tâche écrasante, et répondre aux sollicitations de la presse, et surtout à celles des journalistes hors de Chine, n’est pas une priorité. Cela faisait deux mois que Science tentait d’interroger George Gao, le directeur général du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies. La semaine dernière, il a donné suite [à la mi-mars].
George Gao est à la tête d’une agence de 2 000 employés (soit un cinquième des effectifs des Centers for Disease Control and Prevention [son équivalent aux Etats-Unis]), et il reste lui-même un chercheur très actif. En janvier, l’équipe dont il faisait partie a été la première à isoler et à séquencer le SARS-CoV-2, ou coronavirus 2, du syndrome respiratoire aigu sévère, qui cause la maladie appelée Covid-19. Il est le coauteur de deux études publiées dans la prestigieuse revue New England Journal of Medicine (NEJM) qui ont eu un large retentissement : elles fournissaient pour la première fois des aspects épidémiologiques et cliniques détaillés de l’infection. Il a aussi publié trois articles sur le Covid-19 parus dans [la revue scientifique médicale britannique] The Lancet.
« Personne, nulle part dans le monde, n’aurait pu prédire que ce virus allait entraîner une pandémie. C’est la première pandémie de l’histoire qui ne soit pas causée par un virus de la grippe »
Son équipe a également apporté une importante contribution à une mission conjointe formée de chercheurs chinois et internationaux qui, sous l’égide de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a publié un rapport décisif après avoir effectué une tournée en Chine pour mieux comprendre la réponse donnée à l’épidémie.
Après des études vétérinaires, George Gao a obtenu un doctorat en biochimie à Oxford et s’est spécialisé en immunologie et en virologie comme postdoctorant dans cette université britannique puis à Harvard. Ses travaux de recherche portent sur les virus à enveloppe (entourés d’une fragile membrane lipidique protectrice), dont fait partie le SARS-CoV-2, et leurs mécanismes d’entrée dans les cellules et de transmission interespèces.
George Gao a répondu à nos questions sur plusieurs jours et par divers moyens (SMS ainsi que messagerie et conversations téléphoniques). L’entretien qui suit en est le condensé, édité à des fins de clarté et de concision.
Quels enseignements peuvent tirer les autres pays de la gestion du Covid-19 par la Chine ?
La distanciation sociale est la stratégie fondamentale dans le contrôle de toutes les maladies infectieuses, et plus encore des infections respiratoires. D’abord, nous avons déployé des « stratégies non pharmacologiques », dans la mesure où nous ne disposons d’aucun inhibiteur ou médicament spécifique, ni de vaccin. Deuxièmement, il faut faire en sorte d’isoler tous les malades. Troisièmement, placer en quarantaine les cas contacts : nous avons consacré beaucoup de temps à leur identification et à leur isolement. Quatrièmement, interdire tous les rassemblements. Et cinquièmement, restreindre les déplacements, d’où l’instauration de la quarantaine, ou « cordon sanitaire », comme on dit en français.
Le confinement a débuté en Chine le 23 janvier à Wuhan puis fut étendu à des villes voisines de la province du Hubei. D’autres provinces chinoises ont mis en place des mesures moins strictes. Comment la coordination de ces dispositifs s’est-elle faite, et quel rôle ont joué les « contrôleurs » de quartier chargés de surveiller leur application localement ?
Il faut avant tout que les mesures soient comprises et fassent consensus. Pour cela, il faut une forte volonté politique, aussi bien à l’échelon local que national. Il faut que contrôleurs et coordinateurs impliquent étroitement la population. Les contrôleurs doivent connaître l’identité des cas contacts, mais aussi des cas présumés. Les contrôleurs de proximité doivent être très vigilants, leur rôle est essentiel.
Quelles sont les erreurs commises actuellement par d’autres pays ?
La grande erreur aux Etats-Unis et en Europe est, à mon avis, que la population ne porte pas de masque. Ce virus se transmet par les gouttelettes respiratoires, de personne à personne. Les gouttelettes jouent un rôle très important, d’où la nécessité du masque – le simple fait de parler peut transmettre le virus. De nombreux individus atteints sont asymptomatiques, ou ne présentent pas encore de symptômes : avec un masque, on peut empêcher les gouttelettes porteuses du virus de s’échapper et d’infecter les autres.
Il existe d’autres mesures de lutte contre l’épidémie. La Chine fait ainsi un usage intensif des thermomètres à l’entrée des commerces, des immeubles et dans les stations des transports en commun.
En effet. Partout où vous allez en Chine, il y a des thermomètres. La prise de température généralisée permet de ne pas laisser entrer quiconque présente de la fièvre. Car la stabilité de ce virus dans l’environnement est une question-clé, qui reste à ce jour sans réponse. S’agissant d’un virus à enveloppe, on est tenté de penser qu’il est fragile et particulièrement sensible à la température ou à l’humidité des surfaces. Cependant, des résultats obtenus aux Etats-Unis et des études chinoises laissent penser qu’il serait très difficile à détruire sur certaines surfaces. Il pourrait être capable de survivre dans de nombreux environnements. Sur ce point, nous attendons des réponses scientifiques.
A Wuhan, des personnes testées positives mais peu atteintes par la maladie ont été placées en quarantaine dans des infrastructures ad hoc, avec interdiction de recevoir la visite de leurs proches. Est-ce une démarche dont devraient s’inspirer les autres pays ?
Les personnes infectées doivent être isolées. Le Covid-19 ne peut être enrayé qu’à condition de faire disparaître les sources d’infection. C’est pour cela que nous avons construit des hôpitaux de campagne et aménagé des stades en hôpitaux.
De nombreuses questions demeurent autour de l’émergence de la maladie en Chine. Des chercheurs chinois font état d’un premier cas apparu le 1er décembre 2019. Que dites-vous de l’enquête du « South China Morning Post » [quotidien hongkongais] qui estime, sur la base d’un rapport interne de l’Etat chinois, que des cas s’étaient déclarés en novembre déjà, avec un premier cas le 17 novembre ?
Il n’existe aucune preuve solide de l’existence de foyers épidémiques dès le mois de novembre. Nous poursuivons nos recherches pour mieux comprendre les origines de la maladie.
Les autorités sanitaires de Wuhan ont établi un lien entre de nombreux cas et le marché de fruits de mer de Huanan, qu’elles ont fait fermer le 1er janvier. Leur hypothèse était qu’un virus s’était propagé chez l’homme à partir d’un animal ayant été vendu, et peut-être découpé aussi, sur ce marché. Dans votre article paru dans la « NEJM » cependant, où vous faites notamment un historique de la maladie, vous affirmez que quatre des cinq premiers patients infectés n’avaient aucun lien avec le marché de Huanan. Considérez-vous ce marché comme le berceau probable de la maladie, ou bien comme une fausse piste, une chambre d’amplification plutôt que le foyer premier ?
C’est une excellente question. Vous travaillez comme un véritable détective. D’emblée, tout le monde a pensé que ce marché était à l’origine de la maladie. Aujourd’hui, je ne sais pas si c’est là que le virus est apparu, ou seulement un endroit où il a trouvé à se propager. Deux hypothèses subsistent, c’est à la science de trancher.
La Chine a été critiquée également pour avoir tardé à partager le génome du virus. C’est le « Wall Street Journal » qui, le 8 janvier, a rendu publique l’existence d’un nouveau coronavirus ; l’information n’est pas venue des équipes de chercheurs de l’Etat chinois. Pourquoi ?
Le Wall Street Journal avait vu juste. L’OMS avait été informée du séquençage, et je crois que quelques heures seulement se sont écoulées entre la parution de l’article et l’annonce officielle. Pas plus d’une journée en tout cas.
Pourtant, on peut voir dans une base de données de génomes viraux en accès libre que le premier séquençage proposé par des scientifiques chinois date du 5 janvier. Trois jours se sont donc écoulés pendant lesquels vous saviez forcément qu’il s’agissait d’un nouveau coronavirus. Cela ne changera plus le cours de l’épidémie aujourd’hui, mais il faut reconnaître que quelque chose est arrivé avec l’annonce du séquençage.
Je ne le crois pas. Nous nous sommes empressés de partager l’information avec la communauté scientifique, mais c’est un sujet de santé publique, et nous devions donc attendre l’annonce des pouvoirs publics. Personne ne veut provoquer une panique, n’est-ce pas ? Et personne, nulle part dans le monde, n’aurait pu prédire que ce virus allait entraîner une pandémie. C’est la première pandémie de l’histoire qui ne soit pas causée par un virus influenza [virus de la grippe].
Il a fallu attendre le 20 janvier pour que des équipes chinoises déclarent officiellement avoir des preuves d’une transmission interhumaine. Pourquoi, selon vous, les épidémiologistes en Chine ont-ils eu tant de mal à voir ce qu’il se passait ?
Nous n’avions pas encore de données épidémiologiques détaillées. Et nous étions confrontés depuis le début à un virus violent et sournois. C’est la même chose en Italie et dans le reste de l’Europe, et aux Etats-Unis. « C’est juste un virus », voilà ce que les scientifiques, comme tous les autres, se sont dit au début.
La propagation est aujourd’hui extrêmement ralentie en Chine, où les nouveaux cas seraient pour l’essentiel importés. Vous confirmez ?
Tout à fait. Pour l’heure, nous n’avons plus de transmission locale, mais notre problème vient désormais des cas importés. Un très grand nombre de personnes infectées arrivent désormais en Chine.
Que se passera-t-il quand la vie normale reprendra son cours en Chine ? Pensez-vous qu’une part suffisante de la population a été infectée, de telle sorte qu’une immunité collective éloigne le virus ?
L’immunité collective n’est pas encore atteinte, c’est une certitude. Mais nous attendons des résultats plus probants des recherches d’anticorps, qui nous diront exactement combien de personnes ont été infectées.
Quelle stratégie, alors ? Gagner du temps en attendant que des traitements efficaces soient mis au point ?
Exactement, et nos scientifiques planchent à la fois sur un vaccin et sur des médicaments.
Pour de nombreux chercheurs, le remdesivir serait le plus prometteur des médicaments actuellement à l’étude. Quand pensez-vous avoir des résultats d’essais cliniques pour la Chine ?
En avril.
Des équipes chinoises ont-elles mis en place des modèles animaux suffisamment solides pour l’étude de la pathogenèse et les tests de médicaments et de vaccins ?
Pour l’heure, nous utilisons à la fois des singes et des souris transgéniques possédant des récepteurs de l’ACE2, qui sont les points d’entrée du virus chez l’homme. La souris est un modèle très largement utilisé en Chine dans l’évaluation des traitements médicamenteux et des candidats vaccins, et je crois que deux études chez le singe devraient paraître prochainement. Je peux vous dire en tout cas que notre modèle simien est au point.
Que pensez-vous du nom de « China virus », ou « Chinese virus » [virus chinois, de Chine], employé par le président américain Donald Trump pour désigner le nouveau coronavirus ?
Parler de virus chinois est vraiment une mauvaise idée. Ce virus vient de la planète Terre. Il n’est pas l’ennemi d’un individu ou d’un pays en particulier : c’est notre ennemi à tous.
(Article traduit de l’anglais par Julie Marcot)
Jon Cohen est journaliste au magazine Science. Spécialisé dans la biomédecine, il est reconnu pour sa couverture des épidémies (VIH/sida, SRAS, Ebola). Il a également fait de nombreux reportages sur la génétique, la recherche sur les primates, l’évolution, le bioterrorisme, le financement de la recherche, l’éthique, la biologie reproductive, les batailles de crédit et les médias eux-mêmes. Ses articles ont été récompensés notamment par l’Académie nationale des sciences des Etats-Unis et la Société américaine de microbiologie.
La référence exacte de cet article initialement paru dans la revue américaine Science est : « Not wearing masks to protect against coronavirus is a ‘big mistake’, top Chinese scientist says », Jon Cohen, 27 mars 2020, Science (doi : 10.1126/science.abb9368), https://www.sciencemag.org/news/2020/03/not-wearing-masks-protect-against-coronavirus-big-mistake-top-chinese-scientist-says. Nous le republions avec la gracieuse autorisation de l’Association américaine pour l’avancement des sciences (AAAS), qui édite cette revue. Cette traduction n’est pas une version officielle du texte, elle n’a pas été relue par le personnel de l’AAAS, ni jugée conforme par l’AAAS. Pour fin de vérification, merci de se reporter à la version originale anglaise publiée par l’AAAS.
Jon Cohen(Journaliste scientifique)
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Re: Rugby et Coronavirus
Scalp a écrit:Malheureusement c'est ce que je dis, comme d'autres, depuis un petit moment, en mettant en garde sur la saison prochaine. La seule chose positive à court terme, serait qu'on trouve des molécules actives contre le virus, on verra pour l'efficacité de la chloroquine, entre autres...
Par contre imaginons qu'une molécule soit efficace, bloque l’évolution du virus, cela peut tout changer en attendant un vaccin. On n'est pas à l’abri aussi d'avoir de bonnes nouvelles...
Je pense que c'est surtout des tests sérologiques rapides produits en masse qui sont fondamentaux de manière à pouvoir interrompre le confinement de manière intelligente, en laissant travailler les personnes déjà exposées au virusm et (on l'espère!!!) immunisées, et en pouvant tester régulièrement et massivement les autres... ce qui permettra d'atténuer les dégâts en attendant le vaccin.
Là aussi il vaut mieux prévenir que guérir, et une molécule efficace contre le virus aurait le (gros) désavantage de donner l'impression aux personnes que le virus est moins dangereux, et les inciterait à baisser la garde et ne plus appliquer les mesures de préventions. Il suffit de voir l'effet des trithérapies contre le sida sur la diminution de l'usage du préservatif chez les gens....
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Re: Rugby et Coronavirus
krahknardz a écrit:Scalp a écrit:Malheureusement c'est ce que je dis, comme d'autres, depuis un petit moment, en mettant en garde sur la saison prochaine. La seule chose positive à court terme, serait qu'on trouve des molécules actives contre le virus, on verra pour l'efficacité de la chloroquine, entre autres...
Par contre imaginons qu'une molécule soit efficace, bloque l’évolution du virus, cela peut tout changer en attendant un vaccin. On n'est pas à l’abri aussi d'avoir de bonnes nouvelles...
Je pense que c'est surtout des tests sérologiques rapides produits en masse qui sont fondamentaux de manière à pouvoir interrompre le confinement de manière intelligente, en laissant travailler les personnes déjà exposées au virusm et (on l'espère!!!) immunisées, et en pouvant tester régulièrement et massivement les autres... ce qui permettra d'atténuer les dégâts en attendant le vaccin.
Là aussi il vaut mieux prévenir que guérir, et une molécule efficace contre le virus aurait le (gros) désavantage de donner l'impression aux personnes que le virus est moins dangereux, et les inciterait à baisser la garde et ne plus appliquer les mesures de préventions. Il suffit de voir l'effet des trithérapies contre le sida sur la diminution de l'usage du préservatif chez les gens....
Il est encore trop tôt pour savoir si on peut être immunisé vraiment contre ce virus après l'avoir eu et si oui, combien de temps, mais je suppose que c'est ce que tu veux dire par (on l’espère !!!).
Je pense surtout à la situation dans les hôpitaux et aux vies qu'on pourrait sauver si on trouvait une molécule efficace contre ce virus, c'est ça le plus important dans l’immédiat...
Dernière édition par Scalp le Mer 1 Avr 2020 - 6:09, édité 1 fois
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/01/douglas-kennedy-le-capitalisme-americain-s-effondrera-t-il-comme-un-chateau-de-cartes-quand-le-covid-19-sera-dompte_6035109_3232.html
Douglas Kennedy : « Le capitalisme américain s’effondrera-t-il comme un château de cartes quand le Covid-19 sera dompté ? »
Dans une tribune au « Monde », l’auteur de « La Poursuite du bonheur », confiné dans le Maine, explique ce que le désastre sanitaire et politique en cours aux Etats-Unis doit à Donald Trump et, avant lui, à quarante ans de conservatisme social et de libéralisme économique.
Par Douglas Kennedy Publié aujourd’hui à 01h07, mis à jour à 05h40
Il y a une semaine, je me suis juré de ne plus regarder les nouvelles à la télé. Parce que j’en suis venu à la conclusion qu’en temps de crise, le flot incessant de l’information continue devient un peu comme la roue d’un hamster dans votre tête. Ça tourne et tourne et tourne en vous submergeant d’images d’un présent catastrophique, en vous répétant indéfiniment ce que vous savez déjà, en suscitant une panique existentielle tous azimuts. Et, comme la roue du hamster, ça ne vous mène nulle part. C’est le mythe de Sisyphe en version électronique, exacerbé par notre époque surconnectée.
Mais, il y a quelques jours, j’ai trahi ma promesse lorsqu’un ami écrivain m’a envoyé un texto de New York : « Allume la télé. Trump est en train de battre ses propres records de démence. »
Trente secondes plus tard, j’étais planté devant le seul et unique poste de télé de ma maison dans le Maine (où je suis « confiné », pour utiliser ce nouveau terme à la mode, avec ma fille de 23 ans, Amelia, et son petit ami, Zach, depuis que l’épidémie a déferlé sur nos vies). Et là, sur CNN [reprenant Fox News], pérorait ce bonimenteur de promoteur immobilier reconverti en star de la télé-réalité puis en chef nominal du prétendu monde libre. En l’occurrence, on aurait dit un animateur de jeu télévisé très mal maquillé et encore plus mal perruqué. Il s’efforçait de rassurer la nation en affirmant que cet épisode viral serait balayé par les vents d’ici au dimanche de Pâques [le 12 avril]. D’ailleurs il espérait bien que les églises aux quatre coins du pays seraient combles lors de cette célébration annuelle de la résurrection du Christ après son mauvais quart d’heure sur la croix.
Même à l’aune des critères de la folie trumpienne, cette déclaration était totalement irrationnelle. Trump est un New-Yorkais. Moi aussi. Or l’avancée implacable du Covid-19 a fait de notre ville natale commune l’épicentre américain du virus, avec un nombre de cas qui double tous les trois jours. Le gouverneur de l’Etat de New York, Andrew Cuomo – dont la voix revêt un réalisme rageur et un puissant leadership local en ces temps vertigineux – avertissait ce même jour de l’imminence d’une catastrophe sanitaire pour la ville. Et expliquait que New York avait besoin de 30 000 respirateurs artificiels mais n’en possédait que 400 et attendait les 7 000 promis par le gouvernement fédéral. Tout comme il déclarait que les 3,8 milliards de dollars affectés à New York dans le plan d’urgence du Sénat étaient insuffisants, compte tenu de la dévastation qui était en train de s’abattre sur la ville. C’étaient, selon lui, 15 milliards qu’il fallait.
Trump, cet enjôleur invétéré
Mais le plus fascinant dans le fantasme pascal de Trump est la façon dont il ciblait astucieusement les évangéliques agitateurs de Bible qui ont adopté cet homme des plus farouchement vénal et dévergondé comme un de leurs compagnons de croisade. Trump a eu pour maîtresses des stars du porno, dont l’une a raconté que le sexe avec lui « était les pires quatre-vingt-dix secondes de [sa] vie ». Trump traite les femmes comme des objets jetables. Mais Trump s’est présenté aux élections de 2016 en tant que conservateur social. Et il a choisi pour vice-président Mike Pence : un fondamentaliste chrétien, homophobe et antiféministe avoué, qui a la « charmante » habitude d’appeler son épouse « Mère ». Le choix de Pence était un coup de génie, permettant de rallier la base évangélique à la cause de Trump. Et l’histoire d’amour de cette dernière avec cet enjôleur invétéré aux accents chrétiens douteux atteignit de nouveaux sommets lorsqu’il nomma à la Cour suprême deux juges profondément conservateurs : Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh, accusé d’agression sexuelle. Ces hommes ne se cachent pas d’être contre l’avortement, et la majorité républicaine à la Cour signifie désormais que l’arrêt Roe v. Wade – rendu en 1973 par la Cour suprême et légalisant l’avortement au niveau national – pourrait être renversé dans les années à venir. Or l’éradication de Roe v. Wade est le Saint Graal des évangéliques dans la guerre culturelle qui divise les Etats-Unis depuis 1968.
Même dans ce moment de grave crise mondiale, Trump continu[e] à cultiver dans notre discours national les profondes divisions qu’il a lui-même allègrement amplifiées et aggravées
A vrai dire, le besoin qu’a eu Trump de lier Pâques à la promesse d’une renaissance commerciale était un clin d’œil assumé aux chrétiens blancs conservateurs qui ont contribué à le faire élire contre toute logique il y a presque quatre ans et qui resteront fidèles à cet homme qu’ils savent être un parfait hypocrite si la prochaine élection a bien lieu en novembre de cette année (mais comme tout est sujet à annulation ces temps-ci, je ne serais pas surpris que cet ultime symbole de choix démocratique soit également suspendu sous peu). Cependant, c’était aussi un rappel que même dans ce moment de grave crise mondiale – laquelle a révélé l’impréparation totale du gouvernement fédéral américain pour aider ses citoyens à survivre à ce « crépuscule des dieux » virologique –, Trump continuait à cultiver dans notre discours national les profondes divisions qu’il a lui-même allègrement amplifiées et aggravées.
Petite leçon d’histoire : Richard Nixon a remporté la Maison Blanche en 1968 grâce à sa « stratégie du Sud » fondée sur la haine des Etats du Sud contre la législation des droits civiques (qui garantissait les droits des Afro-Américains en tant que citoyens égaux dans le corps politique national), votée par le Congrès sous l’impulsion du démocrate texan Lyndon Johnson. Nixon avait également joué sur la peur qu’inspiraient aux mâles blancs les minorités, les femmes, les radicaux et les hippies prônant l’amour libre (on était en 68, après tout), affirmant qu’il existait aux Etats-Unis une « majorité silencieuse » qui rejetait le progressisme éduqué de New York, de la Californie et des grandes villes du Nord. Il dénigrait aussi publiquement tout ce qui pouvait être perçu comme intellectuel et cultivé (bien qu’il fût en privé fan de jazz et historien amateur). Mépriser les choses de l’esprit est une vieille habitude américaine… surtout parmi les populistes. Ronald Reagan à son tour courtisa la droite chrétienne en 1980, laquelle acquit soudain un immense capital politique durant sa présidence. Et les deux Bush – Junior étant lui-même devenu un « born again » pour guérir de son alcoolisme – donnèrent également aux évangéliques ce qu’ils voulaient.
Le cauchemar qui attend des millions de personnes
Ainsi Trump parlait-il à sa base quand il a joué la carte du « retour au boulot pour Pâques ». Tout comme il essayait de convaincre Wall Street et les grandes entreprises que le « business as usual » n’était pas loin. Quelques heures avant d’écrire cet article, j’ai eu au téléphone une amie de l’Institut Pasteur, à Paris. Elle m’a dit : « Notre état actuel de confinement, de fermeture des frontières, d’arrêt de la vie quotidienne (à part pour les stricts besoins alimentaires ou médicaux) durera, au mieux, six semaines supplémentaires… et encore, c’est l’estimation optimiste. » Les dégâts économiques vont être colossaux. Et avec la dévastation fiscale viendra la dévastation personnelle. Aux Etats-Unis – où il ne reste presque plus rien du filet de protection sociale après des décennies de coupes, et où l’Obamacare est un système de santé national largement inadéquat (bien qu’essentiel) –, le cauchemar qui attend des millions de personnes sera terrible.
Depuis les « reaganomics » [la politique économique libérale du président Reagan] des années 1980, la classe moyenne américaine, autrefois prospère et stable, a été détruite. Mon île natale de Manhattan était jadis habitée par des familles des classes populaires (je suis bien placé pour le savoir, ayant grandi dans une famille de quatre dans un appartement de 60 m2). A présent, Manhattan n’est accessible qu’aux nantis. Pour être un jeune artiste dans n’importe quelle grande ville américaine aujourd’hui, il faut soit être rentier, soit avoir deux ou trois jobs à la fois. Et dans les Etats-Unis profonds, la lutte pour la survie économique est rude dans le contexte de la monoculture hypermercantile. Le capitalisme américain s’effondrera-t-il comme un château de cartes quand le Covid-19 sera dompté ? Mes amis de la gauche américaine voient un espoir dans le carnage imminent ; l’espoir qu’il puisse provoquer un revirement de pensée radical, un New Deal, afin de sortir le pays d’une immense dépression. Bien entendu, j’adorerais moi aussi assister à une telle volte-face nationale. Tout comme j’ai regardé avec consternation la majorité républicaine au Sénat essayer de tordre le plan de sauvetage des grandes multinationales aux dépens des travailleurs américains qui sont désormais en chute libre économique.
Je ne vais pas jouer les savants politiques et affirmer que le seul effet collatéral positif du Covid-19 sera la mort de la présidence Trump. Surtout qu’il est le Raspoutine des politiciens modernes. Vous vous souvenez comment ce charlatan mystique russe, atteint d’une balle par les ennemis qui voulaient mettre un terme à son infamie, réussit à se relever et à leur bondir dessus ? Trump possède la même résilience toxique. Etant donné qu’il y a maintenant deux Amérique – qui se détestent sincèrement –, il ne serait pas étonnant que la base de Trump continue à le soutenir… même si cela suppose de voter contre ses propres intérêts.
La guerre culturelle n’est jamais très loin
J’écris ces mots à quelques mètres d’un littoral somptueux dans un Etat gouverné par une femme progressiste formidable (Janet Mills), où le mariage gay comme le cannabis sont légalisés, où l’on trouve autant de bière artisanale qu’on veut, des merveilleux festivals de musique classique, des cinémas d’Art & Essai, des universités prestigieuses et des restaurants bio. Le Maine, tout au long de sa majestueuse côte atlantique, incarne tout ce que nous, Américains éduqués de gauche, chérissons. De la même façon qu’il existe une partie de l’Etat rurale, conservatrice, économiquement rudoyée, qui vote Trump et considère les habitants de la côte comme l’incarnation de l’élitisme snob. La guerre culturelle n’est jamais très loin de votre porte dans l’Amérique contemporaine. Ni, désormais, la perspective de terribles difficultés. Juste avant de quitter New York, je suis allé écouter un ami pianiste dans un petit club de jazz. Divorcé, père de deux enfants, il vivote de concert en concert en complétant ses revenus par des cours de musique.
« Nous sommes à quelques jours d’un confinement général, m’a-t-il dit autour d’un verre entre deux sets. Quand ce sera le cas, les clubs de jazz seront fermés, mes élèves ne pourront plus venir chez moi… et l’argent se tarira. En étant pianiste à New York, je n’ai aucunes économies. Comment je vais faire ? »
Je n’ai pas su quoi répondre à sa question désespérée. J’ai pourtant entendu une bonne douzaine de mes amis artistes se la poser au cours des deux dernières semaines à New York et ailleurs. Même s’ils reçoivent une aide financière symbolique du gouvernement fédéral, ils savent que lorsque l’Amérique reprendra le travail, ils seront endettés jusqu’au cou. Et une fois que le moratoire sur les expulsions sera passé, ils risquent de se retrouver à la rue. Grâce aux partisans de l’économie de l’offre et aux adorateurs de Milton Friedman, qui ont dicté la politique fiscale américaine depuis quarante ans, nous vivons désormais dans une version high-tech du capitalisme du XIXe siècle… alimentée par un puissant sous-texte de darwinisme social. Dans quelque temps, quand nous serons tous poussière, je ne serais pas surpris que les historiens du futur écrivent : « Lorsqu’une menace virale invisible déferla sur le pays au début de l’année 2020, elle montra avec une clarté impitoyable à quel point le rêve américain autrefois tant vanté était devenu moribond. »
Traduit de l’anglais par Julie Sibony
Douglas Kennedy est écrivain. Ce New-Yorkais d’origine (né en 1955, il a grandi dans l’Upper West Side) a commencé à écrire pour le théâtre, avant de composer son premier livre – un récit de voyage – tout en menant une carrière de journaliste. Après Cul-de-sac (1994) – repris dans une nouvelle traduction sous le titre de Piège nuptial chez Belfond, éditeur de tous ses livres, en 2008 –, celui qui a pour maîtres Graham Greene et Somerset Maugham connaît son premier grand succès public et critique avec son deuxième roman, L’homme qui voulait vivre sa vie (1998). Suivront Les Désarrois de Ned Allen (1999), qui boucle une trilogie de thrillers psychologiques, puis La Poursuite du bonheur (2001), qui l’installe définitivement, en Europe et tout particulièrement en France, comme un auteur de best-sellers. Après La Symphonie du hasard (2017-2018) – triptyque familial dans l’Amérique des années 1970-1980, son prochain roman, Isabelle, l’après-midi, devrait paraître courant mai-juin.
Douglas Kennedy : « Le capitalisme américain s’effondrera-t-il comme un château de cartes quand le Covid-19 sera dompté ? »
Dans une tribune au « Monde », l’auteur de « La Poursuite du bonheur », confiné dans le Maine, explique ce que le désastre sanitaire et politique en cours aux Etats-Unis doit à Donald Trump et, avant lui, à quarante ans de conservatisme social et de libéralisme économique.
Par Douglas Kennedy Publié aujourd’hui à 01h07, mis à jour à 05h40
Il y a une semaine, je me suis juré de ne plus regarder les nouvelles à la télé. Parce que j’en suis venu à la conclusion qu’en temps de crise, le flot incessant de l’information continue devient un peu comme la roue d’un hamster dans votre tête. Ça tourne et tourne et tourne en vous submergeant d’images d’un présent catastrophique, en vous répétant indéfiniment ce que vous savez déjà, en suscitant une panique existentielle tous azimuts. Et, comme la roue du hamster, ça ne vous mène nulle part. C’est le mythe de Sisyphe en version électronique, exacerbé par notre époque surconnectée.
Mais, il y a quelques jours, j’ai trahi ma promesse lorsqu’un ami écrivain m’a envoyé un texto de New York : « Allume la télé. Trump est en train de battre ses propres records de démence. »
Trente secondes plus tard, j’étais planté devant le seul et unique poste de télé de ma maison dans le Maine (où je suis « confiné », pour utiliser ce nouveau terme à la mode, avec ma fille de 23 ans, Amelia, et son petit ami, Zach, depuis que l’épidémie a déferlé sur nos vies). Et là, sur CNN [reprenant Fox News], pérorait ce bonimenteur de promoteur immobilier reconverti en star de la télé-réalité puis en chef nominal du prétendu monde libre. En l’occurrence, on aurait dit un animateur de jeu télévisé très mal maquillé et encore plus mal perruqué. Il s’efforçait de rassurer la nation en affirmant que cet épisode viral serait balayé par les vents d’ici au dimanche de Pâques [le 12 avril]. D’ailleurs il espérait bien que les églises aux quatre coins du pays seraient combles lors de cette célébration annuelle de la résurrection du Christ après son mauvais quart d’heure sur la croix.
Même à l’aune des critères de la folie trumpienne, cette déclaration était totalement irrationnelle. Trump est un New-Yorkais. Moi aussi. Or l’avancée implacable du Covid-19 a fait de notre ville natale commune l’épicentre américain du virus, avec un nombre de cas qui double tous les trois jours. Le gouverneur de l’Etat de New York, Andrew Cuomo – dont la voix revêt un réalisme rageur et un puissant leadership local en ces temps vertigineux – avertissait ce même jour de l’imminence d’une catastrophe sanitaire pour la ville. Et expliquait que New York avait besoin de 30 000 respirateurs artificiels mais n’en possédait que 400 et attendait les 7 000 promis par le gouvernement fédéral. Tout comme il déclarait que les 3,8 milliards de dollars affectés à New York dans le plan d’urgence du Sénat étaient insuffisants, compte tenu de la dévastation qui était en train de s’abattre sur la ville. C’étaient, selon lui, 15 milliards qu’il fallait.
Trump, cet enjôleur invétéré
Mais le plus fascinant dans le fantasme pascal de Trump est la façon dont il ciblait astucieusement les évangéliques agitateurs de Bible qui ont adopté cet homme des plus farouchement vénal et dévergondé comme un de leurs compagnons de croisade. Trump a eu pour maîtresses des stars du porno, dont l’une a raconté que le sexe avec lui « était les pires quatre-vingt-dix secondes de [sa] vie ». Trump traite les femmes comme des objets jetables. Mais Trump s’est présenté aux élections de 2016 en tant que conservateur social. Et il a choisi pour vice-président Mike Pence : un fondamentaliste chrétien, homophobe et antiféministe avoué, qui a la « charmante » habitude d’appeler son épouse « Mère ». Le choix de Pence était un coup de génie, permettant de rallier la base évangélique à la cause de Trump. Et l’histoire d’amour de cette dernière avec cet enjôleur invétéré aux accents chrétiens douteux atteignit de nouveaux sommets lorsqu’il nomma à la Cour suprême deux juges profondément conservateurs : Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh, accusé d’agression sexuelle. Ces hommes ne se cachent pas d’être contre l’avortement, et la majorité républicaine à la Cour signifie désormais que l’arrêt Roe v. Wade – rendu en 1973 par la Cour suprême et légalisant l’avortement au niveau national – pourrait être renversé dans les années à venir. Or l’éradication de Roe v. Wade est le Saint Graal des évangéliques dans la guerre culturelle qui divise les Etats-Unis depuis 1968.
Même dans ce moment de grave crise mondiale, Trump continu[e] à cultiver dans notre discours national les profondes divisions qu’il a lui-même allègrement amplifiées et aggravées
A vrai dire, le besoin qu’a eu Trump de lier Pâques à la promesse d’une renaissance commerciale était un clin d’œil assumé aux chrétiens blancs conservateurs qui ont contribué à le faire élire contre toute logique il y a presque quatre ans et qui resteront fidèles à cet homme qu’ils savent être un parfait hypocrite si la prochaine élection a bien lieu en novembre de cette année (mais comme tout est sujet à annulation ces temps-ci, je ne serais pas surpris que cet ultime symbole de choix démocratique soit également suspendu sous peu). Cependant, c’était aussi un rappel que même dans ce moment de grave crise mondiale – laquelle a révélé l’impréparation totale du gouvernement fédéral américain pour aider ses citoyens à survivre à ce « crépuscule des dieux » virologique –, Trump continuait à cultiver dans notre discours national les profondes divisions qu’il a lui-même allègrement amplifiées et aggravées.
Petite leçon d’histoire : Richard Nixon a remporté la Maison Blanche en 1968 grâce à sa « stratégie du Sud » fondée sur la haine des Etats du Sud contre la législation des droits civiques (qui garantissait les droits des Afro-Américains en tant que citoyens égaux dans le corps politique national), votée par le Congrès sous l’impulsion du démocrate texan Lyndon Johnson. Nixon avait également joué sur la peur qu’inspiraient aux mâles blancs les minorités, les femmes, les radicaux et les hippies prônant l’amour libre (on était en 68, après tout), affirmant qu’il existait aux Etats-Unis une « majorité silencieuse » qui rejetait le progressisme éduqué de New York, de la Californie et des grandes villes du Nord. Il dénigrait aussi publiquement tout ce qui pouvait être perçu comme intellectuel et cultivé (bien qu’il fût en privé fan de jazz et historien amateur). Mépriser les choses de l’esprit est une vieille habitude américaine… surtout parmi les populistes. Ronald Reagan à son tour courtisa la droite chrétienne en 1980, laquelle acquit soudain un immense capital politique durant sa présidence. Et les deux Bush – Junior étant lui-même devenu un « born again » pour guérir de son alcoolisme – donnèrent également aux évangéliques ce qu’ils voulaient.
Le cauchemar qui attend des millions de personnes
Ainsi Trump parlait-il à sa base quand il a joué la carte du « retour au boulot pour Pâques ». Tout comme il essayait de convaincre Wall Street et les grandes entreprises que le « business as usual » n’était pas loin. Quelques heures avant d’écrire cet article, j’ai eu au téléphone une amie de l’Institut Pasteur, à Paris. Elle m’a dit : « Notre état actuel de confinement, de fermeture des frontières, d’arrêt de la vie quotidienne (à part pour les stricts besoins alimentaires ou médicaux) durera, au mieux, six semaines supplémentaires… et encore, c’est l’estimation optimiste. » Les dégâts économiques vont être colossaux. Et avec la dévastation fiscale viendra la dévastation personnelle. Aux Etats-Unis – où il ne reste presque plus rien du filet de protection sociale après des décennies de coupes, et où l’Obamacare est un système de santé national largement inadéquat (bien qu’essentiel) –, le cauchemar qui attend des millions de personnes sera terrible.
Depuis les « reaganomics » [la politique économique libérale du président Reagan] des années 1980, la classe moyenne américaine, autrefois prospère et stable, a été détruite. Mon île natale de Manhattan était jadis habitée par des familles des classes populaires (je suis bien placé pour le savoir, ayant grandi dans une famille de quatre dans un appartement de 60 m2). A présent, Manhattan n’est accessible qu’aux nantis. Pour être un jeune artiste dans n’importe quelle grande ville américaine aujourd’hui, il faut soit être rentier, soit avoir deux ou trois jobs à la fois. Et dans les Etats-Unis profonds, la lutte pour la survie économique est rude dans le contexte de la monoculture hypermercantile. Le capitalisme américain s’effondrera-t-il comme un château de cartes quand le Covid-19 sera dompté ? Mes amis de la gauche américaine voient un espoir dans le carnage imminent ; l’espoir qu’il puisse provoquer un revirement de pensée radical, un New Deal, afin de sortir le pays d’une immense dépression. Bien entendu, j’adorerais moi aussi assister à une telle volte-face nationale. Tout comme j’ai regardé avec consternation la majorité républicaine au Sénat essayer de tordre le plan de sauvetage des grandes multinationales aux dépens des travailleurs américains qui sont désormais en chute libre économique.
Je ne vais pas jouer les savants politiques et affirmer que le seul effet collatéral positif du Covid-19 sera la mort de la présidence Trump. Surtout qu’il est le Raspoutine des politiciens modernes. Vous vous souvenez comment ce charlatan mystique russe, atteint d’une balle par les ennemis qui voulaient mettre un terme à son infamie, réussit à se relever et à leur bondir dessus ? Trump possède la même résilience toxique. Etant donné qu’il y a maintenant deux Amérique – qui se détestent sincèrement –, il ne serait pas étonnant que la base de Trump continue à le soutenir… même si cela suppose de voter contre ses propres intérêts.
La guerre culturelle n’est jamais très loin
J’écris ces mots à quelques mètres d’un littoral somptueux dans un Etat gouverné par une femme progressiste formidable (Janet Mills), où le mariage gay comme le cannabis sont légalisés, où l’on trouve autant de bière artisanale qu’on veut, des merveilleux festivals de musique classique, des cinémas d’Art & Essai, des universités prestigieuses et des restaurants bio. Le Maine, tout au long de sa majestueuse côte atlantique, incarne tout ce que nous, Américains éduqués de gauche, chérissons. De la même façon qu’il existe une partie de l’Etat rurale, conservatrice, économiquement rudoyée, qui vote Trump et considère les habitants de la côte comme l’incarnation de l’élitisme snob. La guerre culturelle n’est jamais très loin de votre porte dans l’Amérique contemporaine. Ni, désormais, la perspective de terribles difficultés. Juste avant de quitter New York, je suis allé écouter un ami pianiste dans un petit club de jazz. Divorcé, père de deux enfants, il vivote de concert en concert en complétant ses revenus par des cours de musique.
« Nous sommes à quelques jours d’un confinement général, m’a-t-il dit autour d’un verre entre deux sets. Quand ce sera le cas, les clubs de jazz seront fermés, mes élèves ne pourront plus venir chez moi… et l’argent se tarira. En étant pianiste à New York, je n’ai aucunes économies. Comment je vais faire ? »
Je n’ai pas su quoi répondre à sa question désespérée. J’ai pourtant entendu une bonne douzaine de mes amis artistes se la poser au cours des deux dernières semaines à New York et ailleurs. Même s’ils reçoivent une aide financière symbolique du gouvernement fédéral, ils savent que lorsque l’Amérique reprendra le travail, ils seront endettés jusqu’au cou. Et une fois que le moratoire sur les expulsions sera passé, ils risquent de se retrouver à la rue. Grâce aux partisans de l’économie de l’offre et aux adorateurs de Milton Friedman, qui ont dicté la politique fiscale américaine depuis quarante ans, nous vivons désormais dans une version high-tech du capitalisme du XIXe siècle… alimentée par un puissant sous-texte de darwinisme social. Dans quelque temps, quand nous serons tous poussière, je ne serais pas surpris que les historiens du futur écrivent : « Lorsqu’une menace virale invisible déferla sur le pays au début de l’année 2020, elle montra avec une clarté impitoyable à quel point le rêve américain autrefois tant vanté était devenu moribond. »
Traduit de l’anglais par Julie Sibony
Douglas Kennedy est écrivain. Ce New-Yorkais d’origine (né en 1955, il a grandi dans l’Upper West Side) a commencé à écrire pour le théâtre, avant de composer son premier livre – un récit de voyage – tout en menant une carrière de journaliste. Après Cul-de-sac (1994) – repris dans une nouvelle traduction sous le titre de Piège nuptial chez Belfond, éditeur de tous ses livres, en 2008 –, celui qui a pour maîtres Graham Greene et Somerset Maugham connaît son premier grand succès public et critique avec son deuxième roman, L’homme qui voulait vivre sa vie (1998). Suivront Les Désarrois de Ned Allen (1999), qui boucle une trilogie de thrillers psychologiques, puis La Poursuite du bonheur (2001), qui l’installe définitivement, en Europe et tout particulièrement en France, comme un auteur de best-sellers. Après La Symphonie du hasard (2017-2018) – triptyque familial dans l’Amérique des années 1970-1980, son prochain roman, Isabelle, l’après-midi, devrait paraître courant mai-juin.
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Re: Rugby et Coronavirus
Si les courbes vous interessent : https://aspofrance.files.wordpress.com/2020/03/covideurope-us30mars-2.pdf
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2 hypothèses pour la France : 5000 ou 10.000 victimes
Ces courbes se basent sur les données déjà enregistrées et une hypothèse d'évolution que les données italiennes semblent confirmer. C'est un modèle de comportement, pas un modèle de connaissance totalement paramétrable. L'Italie et la France n'étant malgré tout pas si différentes (géographie, services publics, politiques, etc.), le modèle italien doit pouvoir s'appliquer à la France et on ne serait donc pas loin du pic de l'épidémie avec une quasi-fin (tant que le confinement est activé) mi-Avril.
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2 hypothèses pour la France : 5000 ou 10.000 victimes
Ces courbes se basent sur les données déjà enregistrées et une hypothèse d'évolution que les données italiennes semblent confirmer. C'est un modèle de comportement, pas un modèle de connaissance totalement paramétrable. L'Italie et la France n'étant malgré tout pas si différentes (géographie, services publics, politiques, etc.), le modèle italien doit pouvoir s'appliquer à la France et on ne serait donc pas loin du pic de l'épidémie avec une quasi-fin (tant que le confinement est activé) mi-Avril.
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Re: Rugby et Coronavirus
Pour compléter : https://www.eficiens.com/coronavirus-statistics/
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Re: Rugby et Coronavirus
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Re: Rugby et Coronavirus
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https://www.lemonde.fr/planete/live/2020/04/02/coronavirus-suivez-les-transferts-de-patients-vers-les-hopitaux-de-region-en-direct_6035246_3244.html
Le chiffre est abyssal : 6,6 millions d’Américains se sont inscrits au chômage lors de la semaine qui s'est achevée le 28 mars. C’est deux fois plus que les 3,3 millions enregistrés la semaine précédente, et deux fois plus que les attentes, selon les données révélées jeudi par le département du travail.
L’économie américaine tombe comme une pierre. La dégradation est généralisée. L’Etat de New York, qui avait bien résisté avec 80 000 inscriptions la semaine précédente, est pris dans la tourmente, avec 366 000 nouvelles inscriptions. La situation est catastrophique en Californie où les demandes ont quadruplé en une semaine (879 000 contre 186 000). La Pennsylvanie, Etat désindustrialisé, reste sur une pente épouvantable avec 406 000 demandeurs d’emplois.
"Dix millions de chômeurs de plus en deux semaines, c’est 20 fois le taux normal, et ce chiffre est sous-évalué. En comparaison, 9 millions d’emplois avaient été perdus lors de la Grande Récession", écrit, sur Twitter, le "Prix Nobel d’économie" Paul Krugman.
https://www.lemonde.fr/planete/live/2020/04/02/coronavirus-suivez-les-transferts-de-patients-vers-les-hopitaux-de-region-en-direct_6035246_3244.html
Le chiffre est abyssal : 6,6 millions d’Américains se sont inscrits au chômage lors de la semaine qui s'est achevée le 28 mars. C’est deux fois plus que les 3,3 millions enregistrés la semaine précédente, et deux fois plus que les attentes, selon les données révélées jeudi par le département du travail.
L’économie américaine tombe comme une pierre. La dégradation est généralisée. L’Etat de New York, qui avait bien résisté avec 80 000 inscriptions la semaine précédente, est pris dans la tourmente, avec 366 000 nouvelles inscriptions. La situation est catastrophique en Californie où les demandes ont quadruplé en une semaine (879 000 contre 186 000). La Pennsylvanie, Etat désindustrialisé, reste sur une pente épouvantable avec 406 000 demandeurs d’emplois.
"Dix millions de chômeurs de plus en deux semaines, c’est 20 fois le taux normal, et ce chiffre est sous-évalué. En comparaison, 9 millions d’emplois avaient été perdus lors de la Grande Récession", écrit, sur Twitter, le "Prix Nobel d’économie" Paul Krugman.
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Re: Rugby et Coronavirus
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.liberation.fr/france/2020/04/01/covid-19-si-nous-sortons-d-une-premiere-vague-avant-l-ete_1783816
Covid-19 : «Si nous sortons d’une première vague avant l’été...»
Par Christian Losson
Antoine Flahault, épidémiologiste, tire les premières leçons de la pandémie qui frappe la planète et esquisse des perspectives sur la possibilité d’en sortir au mieux.
Professeur de santé publique à l’Université de Genève, l’épidémiologiste Antoine Flahault pilote l’Institut de santé globale. Il a notamment coordonné la lutte contre l’épidémie de chikungunya qui avait frappé 40% de l’île de la Réunion entre 2005 et 2006 et dirigé, en France, l’Ecole nationale de santé publique. Il est également le coordinateur de l’ouvrage Des épidémies et des hommes (1).
Que nous dit la pandémie du Covid-19 sur notre planète ?
Elle démontre la vulnérabilité mais aussi l’interconnectivité des habitants de la Terre. Le nouveau virus a été disséminé sur tous les pays en moins de trois mois. Il a entraîné en certains endroits des épidémies dévastatrices, mettant à mal l’ensemble du système de santé des pays parmi les plus riches de la planète. Et au-delà, il menace la stabilité sociale, politique et économique des Etats, localement et internationalement. Plus que jamais, la solidarité des peuples est mise à l’épreuve. Mais l’entraide et l’empathie vis-à-vis de ceux qui souffrent dans leur corps ou pour leurs proches sont essentielles dans ces moments singulièrement difficiles.
En quoi cette pandémie est-elle exceptionnelle, ou pas, dans l’histoire de l’humanité ?
La dernière pandémie qui a marqué profondément la mémoire collective remonte à un siècle. La grippe espagnole, même si ce terme n’est pas exact car elle venait des Etats-Unis et non d’Europe. Depuis, nous avons connu d’autres pandémies de grippe, en particulier en 1957 et en 1968. Mais personne ne s’en souvient vraiment. La pandémie du sida a, elle, secoué le monde à partir des années 1980, et continue à faire des ravages (32 millions de victimes, 770 000 morts en 2018, ndlr), mais elle est de nature différente. Le virus s’avère transmissible mais pas contagieux, sans contamination par voie respiratoire, comme l’est ce nouveau coronavirus. On se retrouve donc aujourd’hui confronté à un virus respiratoire qui se comporte un peu comme le virus de la grippe espagnole, qui entraîne en grande partie des symptômes bénins. Sauf que chez 15% ou 20% des personnes infectées, la maladie entraîne des insuffisances respiratoires nécessitant l’hospitalisation. Et chez 5% à 10% des cas, un placement en soins intensifs, parfois suivi d’un décès. Nous voilà face à un virus qui a le potentiel de rapidement saturer l’ensemble du système de santé, et risque d’engorger nos urgences et nos sas de réanimation équipés de ventilateurs.
Quelles sont les erreurs les plus manifestes à vos yeux commises dans les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ?
Il faudrait déjà que l’OMS ait fait des recommandations! Il n’y a pas «des recommandations» promulguées par l’OMS à ma connaissance, mais seulement une seule, édictée le 29 février, non remise à jour et qui a été depuis foulée aux pieds régulièrement par de nombreux Etats, à commencer par les Etats-Unis, l’Allemagne et l’Europe tout entière, lorsqu’ils ont décidé, unilatéralement de boucler leurs frontières. L’OMS en effet a recommandé de ne pas les fermer. L’OMS avait raison parce que le virus étant désormais établi de façon autonome dans tous les recoins de la planète, il est devenu inutile de fermer les frontières. Cela n’a aucun sens, si ce n’est ralentir les (rares) contrôles qui s’y déroulent et faire se rassembler des personnes aux postes-frontières pour lesquels il peut être difficile de faire respecter la distance sociale nécessaire. Mais l’OMS ne s’est jamais manifestée lorsque cette recommandation a été outrepassée par les Etats qui savaient qu’ils violaient ouvertement le Règlement sanitaire international qu’ils avaient pourtant unanimement signé en 2005. Pour le reste, l’OMS n’ayant pas émis d’autres recommandations, nous n’avons pas de référentiel nous permettant de juger si les Etats ont commis des erreurs ou non.
L’Europe est l’épicentre actuel de la crise sanitaire. Quelle perspective tracez-vous pour une éventuelle inversion de la courbe ?
Le centre de gravité de l’épidémie se déplace à grande vitesse. Les Etats-Unis sont désormais très fortement affectés par un démarrage très rapide et très violent de l’épidémie, en particulier à New York, ville d’une densité de population très élevée. La dynamique d’une épidémie suit toujours une courbe exponentielle lors de son démarrage. Pour casser cette dynamique, et infléchir la courbe, il y a un seul moyen définitif : que la population atteigne ce que l’on appelle le niveau d’immunité grégaire contre le virus. Il semble être, pour ce coronavirus, de l’ordre de 50% à 70%.
Comment atteindre un tel niveau d’immunité ?
Par l’infection naturelle, ce qui se produit actuellement sous nos yeux, et aussi grâce à la vaccination lorsqu’on en disposera, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui. Tant que l’on n’aura pas atteint un tel niveau d’immunité, on ne sera pas débarrassé du problème. Maintenant, pour y arriver, on peut prendre le chemin le plus simple, en une seule et unique vague, immense, effrayante. Un véritable tsunami qui, en déferlant, viendrait faucher de nombreuses vies humaines. Saper nos infrastructures sanitaires. Et probablement au-delà : les fondements mêmes de notre société, de nos démocraties. On peut cependant, alternative, chercher à fragmenter la vague, en plusieurs vagues d’ampleur et de force plus faibles qu’une vague unique. Si le choc peut rester violent, il devient alors plus facile de l’absorber que dans le scénario précédent.
Oui, mais comment est-il possible de fragmenter cette vague ?
Pour y parvenir, il y a plusieurs moyens. Naturels ou artificiels. Naturels d’abord : c’est ce que l’on appelle le «freinage saisonnier». En clair, c’est l’arrivée des beaux jours. Avec le printemps, et bientôt l’été, la plupart des virus respiratoires se retirent des zones tempérées de l’hémisphère nord pour aller faucher d’autres victimes, soit dans les zones intertropicales, soit dans l’hémisphère sud qui entre alors en période hivernale. Mais il n’est pas encore certain que ce nouveau coronavirus sera sujet à un tel freinage saisonnier. Les freins «artificiels», ce sont les mesures non pharmaceutiques (puisqu’on a ni vaccin ni traitement) qui visent aujourd’hui à augmenter la distance sociale, c’est-à-dire réduire le nombre de contacts entre les individus infectés et non infectés.
Y parvenir passe forcément par le confinement ?
Il y a plusieurs méthodes éprouvées que l’on peut actionner : la fermeture des écoles, l’interdiction des rassemblements, la limitation des mouvements de population, les cordons sanitaires autour des foyers les plus actifs. Il est apparu avec cette pandémie de Covid-19 une nouvelle méthode ayant le même objectif d’augmentation de la distance sociale, mais associant la pratique de masse de tests de détection du virus, couplée à un traçage très «agressif» des personnes au contact des personnes détectées positives. On opte ici pour identifier précocement et isoler temporairement, au besoin par la force et la loi, des personnes à risque pour la collectivité. Il est apparu aussi une nouvelle stratégie qui connaît aujourd’hui un succès considérable, mise au point et développée en Chine, berceau de la pandémie : le «confinement strict» ou en anglais lockdown. Une méthode imposant par l’autorité le confinement strict à son domicile de toute la population.
Les Etats qui, comme les Pays-Bas, la Suède, le Royaume-Uni ou les Etats-Unis, ont tablé sur l’immunité collective, font en grande partie marche arrière. Pourquoi, et avec quelles conséquences ?
L’inconvénient de toutes ces interventions non pharmaceutiques visant à augmenter la distance sociale, c’est leur effet toujours temporaire. Sitôt le frein levé, l’épidémie risque de redémarrer. Que ces freins soient naturels (saisonnier) ou artificiels (confinement ou traçage intensif). Donc certains se sont dits «puisque la maladie n’a pas l’air très grave chez les jeunes, laissons-les s’infecter, protégeons les séniors et les gens à risque, et on gagnera plus rapidement cette fameuse immunité grégaire des 50-70% qui réglera définitivement le problème.» Boris Johnson, le Premier ministre britannique, a été le premier à reculer sur cette stratégie un temps envisagée, devant la hauteur de la vague qu’il a redouté de voir déferler sur le Royaume-Uni. Et pour cause. Les Pays-Bas ont, eux, proposé un modèle un peu mixte, comme en Suisse d’ailleurs. Les mesures de distance sociale (fermeture des écoles, interdiction des rassemblements) sont toutes mises en place, mais sans confinement forcé de la population, faisant appel à son sens de responsabilité. La Suède semble, quant à elle, encore être en open bar. Mais attendons de voir la réaction de ses dirigeants au moment où l’épidémie arrivera chez elle, car elle n’a pas de raison de la contourner.
Quelle est, du coup, la stratégie la plus efficace ?
Comme c’est un phénomène inconnu depuis un siècle, on dispose de peu d’expériences pour guider les politiques publiques. Les pays que l’on vient de mentionner ont d’excellents experts des épidémies et une forte culture de santé publique. Résultat : les options envisagées un moment n’étaient en rien farfelues. Mais l’expérience de la Chine, qui semble sortir la tête de l’eau aujourd’hui, puis les décisions similaires prises par les Italiens, les Français et les Espagnols ont donné le «la» à tous les autres pays, même si aucune organisation internationale n’a recommandé la démarche à suivre. Ce lockdown chinois n’avait jamais été mis en œuvre auparavant. Il s’est déroulé avec une violence inouïe (on a muré des gens confinés à leur domicile) et son impact économique se révélera peut-être dévastateur dans tous les pays qui l’auront mis en œuvre, cela nous ne le savons pas.
Des voix persistent à dire que le coût social d’une crise économique sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale peut-être supérieure au bilan sanitaire qui s’annonce déjà terrible… Qu’en pensez-vous ?
S’il est trop tôt pour faire le bilan sanitaire, social et économique de cette crise sans précédent, force est de constater que les options retenues par les Chinois d’abord, puis par presque tout le reste du monde dans la foulée, auront un coût exorbitant. Il semble capital, dans ce contexte, d’envisager des solutions alternatives, tout en gardant comme priorité l’objectif sanitaire. A l’instar de la solution préconisée par Singapour : une île-Etat de 5,6 millions d’habitants, située à proximité de la Chine, qui n’avait le 28 mars recensé que 732 cas confirmés de Covid-19 et enregistre le taux de mortalité le plus bas du monde avec deux décès (0,3%). Son système de santé n’a pas connu de tension particulière. Le pays tourne à peu près normalement : les écoles y sont restées ouvertes, les entreprises et les transports aussi. Il n’y a pas eu de confinement de sa population. Les gens vont au travail, s’alimentent, sortent le soir et le week-end à peu près normalement, même si les rassemblements de plus de 1 000 personnes y ont été interdits. Pourtant, les échanges avec la Chine étaient considérables avant la crise et donc les risques que la vague vienne y déferler avec grande violence.
Quelle est la recette ?
Singapour avait, de longue date, compris la menace d’une maladie émergente venant de Chine ou d’Asie du Sud-Est. Le Sras, puis les grippes aviaires, les avait suffisamment échaudés pour que la population se révèle très inquiète lorsque en janvier, elle a appris avec la communauté internationale, l’apparition du foyer de Wuhan en Chine. Singapour a été confronté très tôt à l’épidémie, qu’on ne qualifiait pas encore de pandémie. L’identification d’un nouveau coronavirus causal n’était pas faite pour les rassurer. Elle a immédiatement su réagir en déployant un plan préétabli et millimétré. Il consistait à tester massivement la présence du virus (par RT-PCR) chez les résidents et les touristes sur tout le territoire. Plus de 200 000 tests ont déjà été pratiqués (autant qu’en Corée du Sud qui compte dix fois plus d’habitants). Une fois testées positives, les personnes étaient isolées et ne retournaient pas se confiner chez elle pour aller risquer d’infecter leurs proches.
Pourquoi ?
Parce qu’elles étaient mises à l’isolement dans des hôpitaux réquisitionnés pour la cause. Les personnes étaient testées systématiquement, à l’entrée des salles de spectacle, dans la rue, sur les lieux de travail, puis tous les contacts des personnes identifiées positives, dans les quatorze jours précédents ont été recherchés systématiquement. Par des algorithmes d’intelligence artificielle, avec l’aide des opérateurs téléphoniques, de la police, des services de renseignement et d’une armée d’enquêteurs formés entièrement pour cette tâche. Cela continue toujours aussi activement aujourd’hui. Grâce à cela, ils ont su endiguer toute arrivée de vague épidémique sans mettre à l’arrêt leur économie. Et sont les seuls au monde à y être parvenus.
Mais impossible de transposer une telle tactique en Europe ?
On ne pouvait certainement pas investir à ce point en amont en Europe, faute de conscience aussi aiguë d’une menace qui planait comme l’avaient les Singapouriens : les experts, les journalistes, les politiques et… l’ensemble de la population! En Europe, jusqu’en mars, on entendait encore de nombreux experts, journalistes et politiques, reflets de la population, clamer que tout cela n’était qu’une petite grippette. Et que, vraiment, on en faisait trop.
Que faut-il escompter, du coup ?
Si nous sortons d’une première vague avant l’été (grâce au freinage saisonnier qui pourrait nous y aider en plus des mesures de confinement), et si les enquêtes de séroprévalence (je ne peux pas croire que les Européens ne le feront pas rapidement désormais) montrent que moins de 30% de la population générale a été contaminée par le coronavirus, le risque restera très grand d’une résurgence de l’épidémie à l’automne, à la levée du freinage saisonnier. Une nouvelle vague, peut-être plus haute, et plus longue que la première, viendra peut-être déferler à nouveau sur l’Europe.
Que ferons-nous alors ?
Pris à nouveau «au dépourvu», confinerons-nous à nouveau tous les habitants et l’économie entière de nos pays ? Pour six ou neuf mois ? Ou bien nous serons-nous préparés pendant tout l’été et saurons-nous déployer cette fois-ci un plan millimétré à la singapourienne? Ce qui semblait un investissement disproportionné à Singapour en janvier 2020 apparaîtra peut-être bien moins coûteux, en comparaison d’un confinement strict de la population et de son économie. Si l’on pouvait dire «franchement, on n’y croyait pas» lors de l’arrivée de la première vague, pourra-t-on encore le soutenir pour la seconde?
Ce qui se passe dans les grands pays de l’hémisphère nord est-il la bande-annonce qui peut se produire dans les pays en développement, en Inde ou en Afrique ?
Déjà, les pays tempérés de l’hémisphère Sud doivent avoir l’impression de voir avec nous la bande-annonce de ce qui va se produire ces prochains mois. Mais vous avez raison, et c’était d’ailleurs le mobile essentiel de la déclaration du Covid-19 comme urgence de santé publique de portée internationale par le directeur général de l’OMS le 30 janvier : la vulnérabilité des pays les plus pauvres de la planète face à cette crise sanitaire s’avère particulièrement préoccupante. Ces pays, souvent avec une population très jeune, risquent de ne pas pouvoir sauver leurs jeunes comme les pays les plus riches auront pu le faire dans l’immense majorité des cas.
Pourquoi ?
Parce que même débordées, les réanimations dans les pays du Nord ont pu fonctionner à plein régime et sauver les plus jeunes pour la plupart. Si la mortalité un peu partout est restée très faible chez les jeunes avec ce nouveau coronavirus, c’est parce que ceux qui ont dû passer par la case réanimation s’en sont sortis sans encombres. Il ne faut pas oublier que la moitié des personnes hospitalisées en réanimation en France pour Covid-19 a moins de 60 ans. Elles ont survécu, pour l’immense majorité, lorsqu’on leur a prodigué des soins aux standards de qualité de nos systèmes de santé. Qu’en sera-t-il dans les pays d’Afrique subsaharienne où l’on ne dispose souvent ni de ventilateurs ni de réanimateurs pour les faire fonctionner?
La pandémie de Covid-19 «menace l’humanité entière», va jusqu’à alarmer le secrétaire général de l’ONU. Une façon d’appeler à la mobilisation générale ?
On entend des beaux discours dans les agences onusiennes, mais on n’observe toujours pas de convocation du Conseil de sécurité de l’ONU (ce qui avait pourtant été le cas lors de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest en 2015). L’ONU semble vouloir se tenir prudemment en dehors de cette crise planétaire et majeure. Ne menace-t-elle pas elle aussi la sécurité mondiale? Ne risque-t-on pas de voir émerger des conflits si des pays entiers n’arrivent pas à faire face ?
Ne risque-t-on pas de voir arriver à la tête de grandes démocraties des régimes autoritaires ?
Il y a toujours un risque de voir des pratiques autoritaires (le traçage des contacts, l’ordre de confinement, les restrictions de diverses libertés) prolongées plus durablement après la fin d’une telle épidémie, mais dans les démocraties c’est le peuple qui en décide. Il faut que l’on propose au peuple ou à ses représentants un choix, à l’automne, si une seconde vague devait survenir : le lockdown, c’est-à-dire le confinement que l’on a connu ces dernières semaines et l’économie au ralenti. Ou les tests en masse, et l’acceptation temporaire et bien cadrée d’un traçage quasi policier de tous nos contacts afin d’isoler le maximum de contaminations suspectes, sans arrêter l’économie ni fermer les écoles. Mais en restreignant peut-être les grands rassemblements. Et cela jusqu’à ce que 50% à 70% de la population soit immunisée contre ce coronavirus.
Covid-19 : «Si nous sortons d’une première vague avant l’été...»
Par Christian Losson
Antoine Flahault, épidémiologiste, tire les premières leçons de la pandémie qui frappe la planète et esquisse des perspectives sur la possibilité d’en sortir au mieux.
Professeur de santé publique à l’Université de Genève, l’épidémiologiste Antoine Flahault pilote l’Institut de santé globale. Il a notamment coordonné la lutte contre l’épidémie de chikungunya qui avait frappé 40% de l’île de la Réunion entre 2005 et 2006 et dirigé, en France, l’Ecole nationale de santé publique. Il est également le coordinateur de l’ouvrage Des épidémies et des hommes (1).
Que nous dit la pandémie du Covid-19 sur notre planète ?
Elle démontre la vulnérabilité mais aussi l’interconnectivité des habitants de la Terre. Le nouveau virus a été disséminé sur tous les pays en moins de trois mois. Il a entraîné en certains endroits des épidémies dévastatrices, mettant à mal l’ensemble du système de santé des pays parmi les plus riches de la planète. Et au-delà, il menace la stabilité sociale, politique et économique des Etats, localement et internationalement. Plus que jamais, la solidarité des peuples est mise à l’épreuve. Mais l’entraide et l’empathie vis-à-vis de ceux qui souffrent dans leur corps ou pour leurs proches sont essentielles dans ces moments singulièrement difficiles.
En quoi cette pandémie est-elle exceptionnelle, ou pas, dans l’histoire de l’humanité ?
La dernière pandémie qui a marqué profondément la mémoire collective remonte à un siècle. La grippe espagnole, même si ce terme n’est pas exact car elle venait des Etats-Unis et non d’Europe. Depuis, nous avons connu d’autres pandémies de grippe, en particulier en 1957 et en 1968. Mais personne ne s’en souvient vraiment. La pandémie du sida a, elle, secoué le monde à partir des années 1980, et continue à faire des ravages (32 millions de victimes, 770 000 morts en 2018, ndlr), mais elle est de nature différente. Le virus s’avère transmissible mais pas contagieux, sans contamination par voie respiratoire, comme l’est ce nouveau coronavirus. On se retrouve donc aujourd’hui confronté à un virus respiratoire qui se comporte un peu comme le virus de la grippe espagnole, qui entraîne en grande partie des symptômes bénins. Sauf que chez 15% ou 20% des personnes infectées, la maladie entraîne des insuffisances respiratoires nécessitant l’hospitalisation. Et chez 5% à 10% des cas, un placement en soins intensifs, parfois suivi d’un décès. Nous voilà face à un virus qui a le potentiel de rapidement saturer l’ensemble du système de santé, et risque d’engorger nos urgences et nos sas de réanimation équipés de ventilateurs.
Quelles sont les erreurs les plus manifestes à vos yeux commises dans les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ?
Il faudrait déjà que l’OMS ait fait des recommandations! Il n’y a pas «des recommandations» promulguées par l’OMS à ma connaissance, mais seulement une seule, édictée le 29 février, non remise à jour et qui a été depuis foulée aux pieds régulièrement par de nombreux Etats, à commencer par les Etats-Unis, l’Allemagne et l’Europe tout entière, lorsqu’ils ont décidé, unilatéralement de boucler leurs frontières. L’OMS en effet a recommandé de ne pas les fermer. L’OMS avait raison parce que le virus étant désormais établi de façon autonome dans tous les recoins de la planète, il est devenu inutile de fermer les frontières. Cela n’a aucun sens, si ce n’est ralentir les (rares) contrôles qui s’y déroulent et faire se rassembler des personnes aux postes-frontières pour lesquels il peut être difficile de faire respecter la distance sociale nécessaire. Mais l’OMS ne s’est jamais manifestée lorsque cette recommandation a été outrepassée par les Etats qui savaient qu’ils violaient ouvertement le Règlement sanitaire international qu’ils avaient pourtant unanimement signé en 2005. Pour le reste, l’OMS n’ayant pas émis d’autres recommandations, nous n’avons pas de référentiel nous permettant de juger si les Etats ont commis des erreurs ou non.
L’Europe est l’épicentre actuel de la crise sanitaire. Quelle perspective tracez-vous pour une éventuelle inversion de la courbe ?
Le centre de gravité de l’épidémie se déplace à grande vitesse. Les Etats-Unis sont désormais très fortement affectés par un démarrage très rapide et très violent de l’épidémie, en particulier à New York, ville d’une densité de population très élevée. La dynamique d’une épidémie suit toujours une courbe exponentielle lors de son démarrage. Pour casser cette dynamique, et infléchir la courbe, il y a un seul moyen définitif : que la population atteigne ce que l’on appelle le niveau d’immunité grégaire contre le virus. Il semble être, pour ce coronavirus, de l’ordre de 50% à 70%.
Comment atteindre un tel niveau d’immunité ?
Par l’infection naturelle, ce qui se produit actuellement sous nos yeux, et aussi grâce à la vaccination lorsqu’on en disposera, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui. Tant que l’on n’aura pas atteint un tel niveau d’immunité, on ne sera pas débarrassé du problème. Maintenant, pour y arriver, on peut prendre le chemin le plus simple, en une seule et unique vague, immense, effrayante. Un véritable tsunami qui, en déferlant, viendrait faucher de nombreuses vies humaines. Saper nos infrastructures sanitaires. Et probablement au-delà : les fondements mêmes de notre société, de nos démocraties. On peut cependant, alternative, chercher à fragmenter la vague, en plusieurs vagues d’ampleur et de force plus faibles qu’une vague unique. Si le choc peut rester violent, il devient alors plus facile de l’absorber que dans le scénario précédent.
Oui, mais comment est-il possible de fragmenter cette vague ?
Pour y parvenir, il y a plusieurs moyens. Naturels ou artificiels. Naturels d’abord : c’est ce que l’on appelle le «freinage saisonnier». En clair, c’est l’arrivée des beaux jours. Avec le printemps, et bientôt l’été, la plupart des virus respiratoires se retirent des zones tempérées de l’hémisphère nord pour aller faucher d’autres victimes, soit dans les zones intertropicales, soit dans l’hémisphère sud qui entre alors en période hivernale. Mais il n’est pas encore certain que ce nouveau coronavirus sera sujet à un tel freinage saisonnier. Les freins «artificiels», ce sont les mesures non pharmaceutiques (puisqu’on a ni vaccin ni traitement) qui visent aujourd’hui à augmenter la distance sociale, c’est-à-dire réduire le nombre de contacts entre les individus infectés et non infectés.
Y parvenir passe forcément par le confinement ?
Il y a plusieurs méthodes éprouvées que l’on peut actionner : la fermeture des écoles, l’interdiction des rassemblements, la limitation des mouvements de population, les cordons sanitaires autour des foyers les plus actifs. Il est apparu avec cette pandémie de Covid-19 une nouvelle méthode ayant le même objectif d’augmentation de la distance sociale, mais associant la pratique de masse de tests de détection du virus, couplée à un traçage très «agressif» des personnes au contact des personnes détectées positives. On opte ici pour identifier précocement et isoler temporairement, au besoin par la force et la loi, des personnes à risque pour la collectivité. Il est apparu aussi une nouvelle stratégie qui connaît aujourd’hui un succès considérable, mise au point et développée en Chine, berceau de la pandémie : le «confinement strict» ou en anglais lockdown. Une méthode imposant par l’autorité le confinement strict à son domicile de toute la population.
Les Etats qui, comme les Pays-Bas, la Suède, le Royaume-Uni ou les Etats-Unis, ont tablé sur l’immunité collective, font en grande partie marche arrière. Pourquoi, et avec quelles conséquences ?
L’inconvénient de toutes ces interventions non pharmaceutiques visant à augmenter la distance sociale, c’est leur effet toujours temporaire. Sitôt le frein levé, l’épidémie risque de redémarrer. Que ces freins soient naturels (saisonnier) ou artificiels (confinement ou traçage intensif). Donc certains se sont dits «puisque la maladie n’a pas l’air très grave chez les jeunes, laissons-les s’infecter, protégeons les séniors et les gens à risque, et on gagnera plus rapidement cette fameuse immunité grégaire des 50-70% qui réglera définitivement le problème.» Boris Johnson, le Premier ministre britannique, a été le premier à reculer sur cette stratégie un temps envisagée, devant la hauteur de la vague qu’il a redouté de voir déferler sur le Royaume-Uni. Et pour cause. Les Pays-Bas ont, eux, proposé un modèle un peu mixte, comme en Suisse d’ailleurs. Les mesures de distance sociale (fermeture des écoles, interdiction des rassemblements) sont toutes mises en place, mais sans confinement forcé de la population, faisant appel à son sens de responsabilité. La Suède semble, quant à elle, encore être en open bar. Mais attendons de voir la réaction de ses dirigeants au moment où l’épidémie arrivera chez elle, car elle n’a pas de raison de la contourner.
Quelle est, du coup, la stratégie la plus efficace ?
Comme c’est un phénomène inconnu depuis un siècle, on dispose de peu d’expériences pour guider les politiques publiques. Les pays que l’on vient de mentionner ont d’excellents experts des épidémies et une forte culture de santé publique. Résultat : les options envisagées un moment n’étaient en rien farfelues. Mais l’expérience de la Chine, qui semble sortir la tête de l’eau aujourd’hui, puis les décisions similaires prises par les Italiens, les Français et les Espagnols ont donné le «la» à tous les autres pays, même si aucune organisation internationale n’a recommandé la démarche à suivre. Ce lockdown chinois n’avait jamais été mis en œuvre auparavant. Il s’est déroulé avec une violence inouïe (on a muré des gens confinés à leur domicile) et son impact économique se révélera peut-être dévastateur dans tous les pays qui l’auront mis en œuvre, cela nous ne le savons pas.
Des voix persistent à dire que le coût social d’une crise économique sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale peut-être supérieure au bilan sanitaire qui s’annonce déjà terrible… Qu’en pensez-vous ?
S’il est trop tôt pour faire le bilan sanitaire, social et économique de cette crise sans précédent, force est de constater que les options retenues par les Chinois d’abord, puis par presque tout le reste du monde dans la foulée, auront un coût exorbitant. Il semble capital, dans ce contexte, d’envisager des solutions alternatives, tout en gardant comme priorité l’objectif sanitaire. A l’instar de la solution préconisée par Singapour : une île-Etat de 5,6 millions d’habitants, située à proximité de la Chine, qui n’avait le 28 mars recensé que 732 cas confirmés de Covid-19 et enregistre le taux de mortalité le plus bas du monde avec deux décès (0,3%). Son système de santé n’a pas connu de tension particulière. Le pays tourne à peu près normalement : les écoles y sont restées ouvertes, les entreprises et les transports aussi. Il n’y a pas eu de confinement de sa population. Les gens vont au travail, s’alimentent, sortent le soir et le week-end à peu près normalement, même si les rassemblements de plus de 1 000 personnes y ont été interdits. Pourtant, les échanges avec la Chine étaient considérables avant la crise et donc les risques que la vague vienne y déferler avec grande violence.
Quelle est la recette ?
Singapour avait, de longue date, compris la menace d’une maladie émergente venant de Chine ou d’Asie du Sud-Est. Le Sras, puis les grippes aviaires, les avait suffisamment échaudés pour que la population se révèle très inquiète lorsque en janvier, elle a appris avec la communauté internationale, l’apparition du foyer de Wuhan en Chine. Singapour a été confronté très tôt à l’épidémie, qu’on ne qualifiait pas encore de pandémie. L’identification d’un nouveau coronavirus causal n’était pas faite pour les rassurer. Elle a immédiatement su réagir en déployant un plan préétabli et millimétré. Il consistait à tester massivement la présence du virus (par RT-PCR) chez les résidents et les touristes sur tout le territoire. Plus de 200 000 tests ont déjà été pratiqués (autant qu’en Corée du Sud qui compte dix fois plus d’habitants). Une fois testées positives, les personnes étaient isolées et ne retournaient pas se confiner chez elle pour aller risquer d’infecter leurs proches.
Pourquoi ?
Parce qu’elles étaient mises à l’isolement dans des hôpitaux réquisitionnés pour la cause. Les personnes étaient testées systématiquement, à l’entrée des salles de spectacle, dans la rue, sur les lieux de travail, puis tous les contacts des personnes identifiées positives, dans les quatorze jours précédents ont été recherchés systématiquement. Par des algorithmes d’intelligence artificielle, avec l’aide des opérateurs téléphoniques, de la police, des services de renseignement et d’une armée d’enquêteurs formés entièrement pour cette tâche. Cela continue toujours aussi activement aujourd’hui. Grâce à cela, ils ont su endiguer toute arrivée de vague épidémique sans mettre à l’arrêt leur économie. Et sont les seuls au monde à y être parvenus.
Mais impossible de transposer une telle tactique en Europe ?
On ne pouvait certainement pas investir à ce point en amont en Europe, faute de conscience aussi aiguë d’une menace qui planait comme l’avaient les Singapouriens : les experts, les journalistes, les politiques et… l’ensemble de la population! En Europe, jusqu’en mars, on entendait encore de nombreux experts, journalistes et politiques, reflets de la population, clamer que tout cela n’était qu’une petite grippette. Et que, vraiment, on en faisait trop.
Que faut-il escompter, du coup ?
Si nous sortons d’une première vague avant l’été (grâce au freinage saisonnier qui pourrait nous y aider en plus des mesures de confinement), et si les enquêtes de séroprévalence (je ne peux pas croire que les Européens ne le feront pas rapidement désormais) montrent que moins de 30% de la population générale a été contaminée par le coronavirus, le risque restera très grand d’une résurgence de l’épidémie à l’automne, à la levée du freinage saisonnier. Une nouvelle vague, peut-être plus haute, et plus longue que la première, viendra peut-être déferler à nouveau sur l’Europe.
Que ferons-nous alors ?
Pris à nouveau «au dépourvu», confinerons-nous à nouveau tous les habitants et l’économie entière de nos pays ? Pour six ou neuf mois ? Ou bien nous serons-nous préparés pendant tout l’été et saurons-nous déployer cette fois-ci un plan millimétré à la singapourienne? Ce qui semblait un investissement disproportionné à Singapour en janvier 2020 apparaîtra peut-être bien moins coûteux, en comparaison d’un confinement strict de la population et de son économie. Si l’on pouvait dire «franchement, on n’y croyait pas» lors de l’arrivée de la première vague, pourra-t-on encore le soutenir pour la seconde?
Ce qui se passe dans les grands pays de l’hémisphère nord est-il la bande-annonce qui peut se produire dans les pays en développement, en Inde ou en Afrique ?
Déjà, les pays tempérés de l’hémisphère Sud doivent avoir l’impression de voir avec nous la bande-annonce de ce qui va se produire ces prochains mois. Mais vous avez raison, et c’était d’ailleurs le mobile essentiel de la déclaration du Covid-19 comme urgence de santé publique de portée internationale par le directeur général de l’OMS le 30 janvier : la vulnérabilité des pays les plus pauvres de la planète face à cette crise sanitaire s’avère particulièrement préoccupante. Ces pays, souvent avec une population très jeune, risquent de ne pas pouvoir sauver leurs jeunes comme les pays les plus riches auront pu le faire dans l’immense majorité des cas.
Pourquoi ?
Parce que même débordées, les réanimations dans les pays du Nord ont pu fonctionner à plein régime et sauver les plus jeunes pour la plupart. Si la mortalité un peu partout est restée très faible chez les jeunes avec ce nouveau coronavirus, c’est parce que ceux qui ont dû passer par la case réanimation s’en sont sortis sans encombres. Il ne faut pas oublier que la moitié des personnes hospitalisées en réanimation en France pour Covid-19 a moins de 60 ans. Elles ont survécu, pour l’immense majorité, lorsqu’on leur a prodigué des soins aux standards de qualité de nos systèmes de santé. Qu’en sera-t-il dans les pays d’Afrique subsaharienne où l’on ne dispose souvent ni de ventilateurs ni de réanimateurs pour les faire fonctionner?
La pandémie de Covid-19 «menace l’humanité entière», va jusqu’à alarmer le secrétaire général de l’ONU. Une façon d’appeler à la mobilisation générale ?
On entend des beaux discours dans les agences onusiennes, mais on n’observe toujours pas de convocation du Conseil de sécurité de l’ONU (ce qui avait pourtant été le cas lors de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest en 2015). L’ONU semble vouloir se tenir prudemment en dehors de cette crise planétaire et majeure. Ne menace-t-elle pas elle aussi la sécurité mondiale? Ne risque-t-on pas de voir émerger des conflits si des pays entiers n’arrivent pas à faire face ?
Ne risque-t-on pas de voir arriver à la tête de grandes démocraties des régimes autoritaires ?
Il y a toujours un risque de voir des pratiques autoritaires (le traçage des contacts, l’ordre de confinement, les restrictions de diverses libertés) prolongées plus durablement après la fin d’une telle épidémie, mais dans les démocraties c’est le peuple qui en décide. Il faut que l’on propose au peuple ou à ses représentants un choix, à l’automne, si une seconde vague devait survenir : le lockdown, c’est-à-dire le confinement que l’on a connu ces dernières semaines et l’économie au ralenti. Ou les tests en masse, et l’acceptation temporaire et bien cadrée d’un traçage quasi policier de tous nos contacts afin d’isoler le maximum de contaminations suspectes, sans arrêter l’économie ni fermer les écoles. Mais en restreignant peut-être les grands rassemblements. Et cela jusqu’à ce que 50% à 70% de la population soit immunisée contre ce coronavirus.
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