Re: Clément Maynadier

léopold Jeu 14 Fév 2019 - 15:32

ça permet comme on dit à tout le monde "d'avoir le temps de se retourner" et puis avoir Clément à l'effectif n'est pas une sinécure, perso je le trouve toujours aussi bon qu'un Guirado.

**Scalp** Jeu 14 Mar 2019 - 16:55

SUD_OUEST : https://www.sudouest.fr/2019/03/14/ubb-j-ai-essaye-de-survivre-dit-clement-maynadier-5897535-773.php

UBB : "J’ai essayé de survivre", dit Clément Maynadier

par Yoan Leshauriès.

Un an après sa mise au ban par Rory Teague, le talonneur est de retour au premier plan à l’Union Bordeaux-Bègles. Il a même prolongé pour une saison avec le club girondin. Interview.

La saison dernière, Clément Maynadier (30 ans), le talonneur de l’Union Bordeaux-Bègles, avait été mis au banc par l’ancien manager Rory Teague. Poussé vers la sortie, l’international français (8 sélections) est tout de même resté en Gironde, a continué à travailler, sans broncher, tout en sachant qu’il ne jouerait pas. Un an plus tard, Teague a été remercié et Maynadier a retrouvé le terrain. Sollicité par d’autres clubs en vue de la saison prochaine, à l’image du Stade Français, le talonneur a choisi de prolonger pour une saison avec l’UBB. Son profil plaît à Christophe Urios, le futur manager.

« Sud Ouest ». Il y a un an, vous faisiez partie des bannis de l’UBB et il y a quelques semaines, vous venez de prolonger pour une saison avec le club girondin. Comment avez-vous vécu cette année ?

Clément Maynadier. Ça a été une période compliquée. Dans la carrière d’un sportif de haut niveau, il y en a toujours. C’est comme ça, il fallait peut-être passer par là pour rebondir. Je suis très heureux d’avoir prolongé, de poursuivre l’aventure… Je suis vraiment content de pouvoir rester une année supplémentaire à Bordeaux.

"Ca m’a appris que le rugby, il faut que ça reste un jeu. Parce que si on se prend la tête avec, on peut vite devenir fou"

Qu’avez-vous appris durant cette période difficile ?

Ça m’a appris que le rugby, il faut que ça reste un jeu. Parce que si on se prend la tête avec, on peut vite devenir fou. Ce n’est jamais facile d’être dans une situation comme celle-là. Après, il faut l’accepter. Je ne faisais pas partie des plans de ce manager (Rory Teague), il y en a un nouveau qui arrive (Christophe Urios) qui me convient peut-être mieux aussi, donc c’est pour ça qu’on est arrivé à trouver un accord. Individuellement, je pense que ça a été la saison la plus dure à vivre depuis que je suis sportif.

Est-elle derrière vous ou y pensez-vous encore ?

C’est derrière moi. Je ne veux même plus y penser, c’est fini… Je ne suis pas loin d’être revenu à mon niveau, ça montre quand même ma force de caractère. Je pense que beaucoup auraient lâché, se seraient enlisés… Moi, j’ai essayé de survivre, tout simplement.

Êtes-vous désormais animé par l’envie de prouver ?

Oui, on a toujours l’envie de prouver. On a toujours envie de montrer que le coach se trompe. Après, soit on y arrive, soit on n’y arrive pas. Le changement de manager m’a aussi permis de prouver… C’est très bien pour moi. Mais sur le dernier mois de Rory (Teague), je lui avais quand même fait changer son fusil d’épaule car sur les 5 matchs, j’en avais débuté 3. Ma remise en question a aussi pu faire que, je ne vais pas dire il m’appréciait, mais il a changé son avis sur moi rugbystiquement.

À quel niveau vous êtes-vous remis en question ?

Il ne voulait plus que je sois un leader donc à partir de là, vous faites ce qu’on vous dit : vous restez à votre place. J’étais un joueur de l’équipe de l’Union Bordeaux-Bègles qui, quand il ne jouait pas, se donnait à fond pour que les autres puissent s’entraîner bien et gagner le week-end… Et quand il avait l’opportunité de jouer, il saisissait sa chance à fond en n’étant pas sûr qu’elle arrive derrière, et puis voilà…

"Je ferai peut-être moins dans le frontal… Parce qu’apparemment, passer de la pommade, c’est de rigueur de plus en plus"

Aujourd’hui, vous restez toujours en retrait ?

Je suis bien là où je suis. Si je dois parler, je parlerai, je remettrai des gens à leur place si je dois le faire. Ce n’est pas un souci, je suis comme ça, que ça plaise ou pas. Mais je le ferai peut-être moins dans le frontal… Parce qu’apparemment, passer de la pommade, c’est de rigueur de plus en plus. Donc je le ferai avec un peu plus de tact, tout simplement.

L’UBB entame le sprint final dans la course à la qualification. Le compte-à-rebours est lancé ?

Il reste 8 matchs, on n’a pas un calendrier facile. Ca va être une fin de saison compliquée à gérer. On va jouer deux matchs avant un week-end de repos, rejouer deux matchs avant un autre week-end de repos, et finir sur un bloc de 4 matchs. Toutes les équipes vont vouloir jouer ces matchs à fond : à chaque fois, ça sera des finales. Il ne faut pas tirer de plan sur la comète. Oui, à l’intérieur du groupe, on a tous envie d’y être. Après, il faut être réalistes, il y a des équipes qui ont beaucoup plus d’avantages que nous, qui reçoivent plus, comme Castres. Par contre, on a du caractère, on ne va rien lâcher et on va tout faire pour que cette saison ne soit pas blanche.

"Le droit à l’erreur à la maison nous est complètement interdit"

C’est excitant à vivre ?

Oui, c’est excitant. L’année dernière, ça faisait bien longtemps qu’on était éliminés, l’année d’avant, ça avait tenu jusqu’à l’avant-dernier match. Là, on va essayer de faire que ça dure jusqu’au dernier match. Ca se jouera peut-être à un ou deux points, peut-être à une pénalité… Et cette fois-ci, il faudra peut-être essayer de la passer.

Face au Stade Français, un adversaire direct, qui plus est à domicile, l’UBB n’a pas le droit à l’erreur…

Les deux prochains week-ends, on joue deux équipes avec qui nous sommes au coude à coude. On a la chance de recevoir le Stade Français, avant d’aller au Racing. La moindre faute à la maison compromettra grandement les chances de pouvoir rêver d’une bonne fin de saison. Le droit à l’erreur à la maison nous est complètement interdit, notamment à cause du calendrier qu’on a derrière.

Celui qui perd ce week-end peut dire adieu au top 6 ?

Non, car il reste quand même 7 matchs. On a du caractère, on est capables d’aller chercher des points à l’extérieur. Même si ça ne s’est pas vu sur les dernières prestations… Mais si on perd ce match, on se rendra la tâche d’autant plus difficile.

Le match. Bordeaux-Bègles – Stade Français, ce samedi à 20h45 à Chaban-Delmas.

**marchal** Mer 22 Avr 2020 - 19:19

un article sur clément
https://le-mag-sport.com/2020/04/22/sportstory-rugby-c-maynadier-ubb-au-sca-tu-joues-pas-pour-ta-gueule-tu-joues-pour-lautre/

**Scalp** Lun 14 Fév 2022 - 12:55

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Un peu comme Picamoles, il a été beaucoup critiqué, parfois à juste titre, mais Clément est un véritable cadre de l'UBB, comme l'a toujours considéré Urios, ses dernières prestations sont excellentes, bravo Clément :clap:

**Scalp** Sam 19 Mar 2022 - 17:16

#Rugby – Top14 / Clément Maynadier (UBB) : «Urios, Broncan, Béchu, les 3 sont exactement de la même trempe!»

https://le-mag-sport.com/2022/03/18/rugby-top14-clement-maynadier-ubb/

léopold Lun 21 Mar 2022 - 18:17

Oui Clément aura eu la chance d'être piloté par 3 très bons entraineurs et de débuter dans un club où il a pu concilier Rugby et études.Son avenir est bien assuré.

**kaze33** Lun 21 Mar 2022 - 18:38

Y a pire qu'avoir eu ces 3 références comme entraineurs.

J'avoue que Clément a quand même été gâté. Certains parlent avec amusement de rugby "terroir" alors que se sont de fins tacticiens qui connaîssent sur le bout des doigts ce sport...

**Scalp** Mar 11 Oct 2022 - 10:10

https://twitter.com/UBBrugby/status/1579744108444536832

https://twitter.com/UBBrugby/status/1579744108444536832

Bon anniversaire Clément vin

**Scalp** Sam 10 Déc 2022 - 15:20

https://twitter.com/UBBrugby/status/1601572534063091714?s=20&t=rYD3VowcqrNR5S9WR_7Jqw

**le radis** Sam 10 Déc 2022 - 18:54

**Scalp** Sam 10 Déc 2022 - 19:25

le radis a écrit:

Je me joins à toi Radis Wink

on peut critiquer Clément, c'est même un peu facile..., mais si tous les joueurs avaient son état d'esprit et mettaient son engagement sur le terrain, on serait au top, bravo Clément :priere:

**Scalp** Dim 18 Déc 2022 - 10:32

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:clap:

**Scalp** Mer 11 Oct 2023 - 17:38

https://x.com/UBBrugby/status/1712015178563223982?s=20

**Scalp** Mar 7 Nov 2023 - 10:41

https://x.com/catourneovale/status/1721786070075928798?s=20

**marchal** Ven 16 Fév 2024 - 14:43

https://www.sudouest.fr/gironde/langon/croyez-que-vous-pouvez-quand-l-international-de-rugby-clement-maynadier-motive-les-lyceens-de-langon-18589609.php

**Scalp** Ven 8 Mar 2024 - 7:25

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**Scalp** Ven 29 Mar 2024 - 13:55

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https://twitter.com/yoanleshauries/status/1773675701348020572

**Scalp** Sam 30 Mar 2024 - 11:31

https://www.sudouest.fr/sport/rugby/bordeaux-begles/top-14-avant-lyon-ubb-finir-ma-carriere-sur-un-titre-c-est-une-obsession-permanente-dit-clement-maynadier-19138995.php

Top 14. Avant Lyon – UBB : « Finir ma carrière sur un titre, c’est une obsession permanente », dit Clément Maynadier

Par Yoan Leshauriès

Titulaire à Lyon ce samedi (17 heures), le talonneur de l’Union Bordeaux-Bègles entame la dernière ligne droite de sa carrière de rugbyman, avant de se porter candidat à la présidence de Provale et de se lancer dans l’ostréiculture

Entre la victoire face à Toulouse (31-28) et un 8e de finale de Champions Cup face aux Saracens, comment abordez-vous ce déplacement à Lyon ?

On est dans une course infernale, comme tous les clubs, donc tous les matchs seront importants jusqu’à la fin de saison. Toutes les équipes ont lancé un sprint, nous aussi. On n’a jamais été dans un championnat aussi dur que cette année. On est vite dans le top 6 comme on peut vite en sortir. Tout va compter jusqu’au 8 juin. Nos deux dernières sorties (à Castres, à Montpellier) n’ont pas été à la hauteur des efforts qu’il fallait fournir. Il faut rectifier le tir à ce niveau pour se donner des opportunités.

Que vous a apporté la victoire face au Stade Toulousain ?

On était attendus, on a montré qu’on était présent et qu’il faudra compter sur nous.

Vous allez refaire un discours d’avant-match à Gerland ?

(Rires) Non. Il y a certains leviers à utiliser de temps en temps. Là, c’était le bon. Maxime Lamothe m’a proposé de le faire. Ce n’est pas parce qu’on ne joue pas (il était 24e) qu’on n’est pas important dans une équipe. Même si tu n’es pas sur le terrain, tu es là pour aider l’équipe. Je vis ma dernière saison, je veux en profiter à fond.

Comment vivez-vous la dernière ligne droite de votre carrière ?

Passionnément ! Dans trois mois, c’est fini. Ça sera bizarre, il y aura beaucoup d’émotions mais pour l’instant, je profite de chaque jour avec des hommes incroyables. Je pense que le rugby ne me manquera pas à la fin : prendre des pètes, se lever le dimanche matin et prendre un quart d’heure pour sortir du lit parce que tu es haché… Ce qui me manquera, c’est le vestiaire. Je sais que ça va s’arrêter, c’est un choix. J’ai plein de projets derrière. Je vais devenir ostréiculteur, le syndicat des joueurs me porte à cœur.

Serez-vous candidat à la présidence de Provale ?

Oui, je serai candidat. Je communiquerai plus tard à ce sujet.

Pourquoi avoir choisi de vous lancer dans l’ostréiculture ?

En arrivant ici, j’ai pu rencontrer des gens du milieu, ça m’a passionné. Ça fait dix ans que je vais à la marée avec Matthieu Perucho sur le Bassin. Il me fait découvrir son métier : écailler, trier, secouer les poches. C’est devenu une passion. Je suis dans ce challenge-là avec toute l’envie et la disponibilité que j’aurai.

« Si j’avais déjà été champion, ça fait peut-être bien longtemps que j’aurais arrêté »

Entre vos études d’ingénieur et l’ostréiculture, il y a deux mondes…

J’ai eu de la chance de pouvoir faire des études et d’avoir ce diplôme d’ingénieur sur lequel j’ai spéculé pendant longtemps chez Safran et dans un groupe immobilier en tant que directeur général. Cette expérience va me servir dans ma nouvelle activité. S’il arrive quelque chose, j’aurai toujours mon diplôme pour repartir sur mon métier de base. Mais je vais tout faire pour réussir.

Finir votre carrière sur un titre, c’est une obsession ?

Oui, c’est une obsession permanente. Certains ont eu la chance d’en gagner plusieurs, on sait tous la difficulté que c’est d’en avoir un. Si j’avais déjà été champion, ça fait peut-être bien longtemps que j’aurais arrêté. C’est ce qui me pousse encore tous les matins. Mais là, clairement, je ne peux pas aller plus loin que juin, aussi bien physiquement que mentalement. Je vais essayer d’emmerder les jeunes pour qu’ils aillent chercher ce titre avec moi. J’ai connu beaucoup de premières avec l’UBB : première en Champions Cup, les premières demies… Ça serait bien de connaître d’autres premières d’ici la fin de la saison.

**Scalp** Jeu 6 Juin 2024 - 19:19

https://x.com/catourneovale/status/1798765419446284335?s=61&t=rsjujGWE_4Tp-YLu87EwkQ

**Dr. Gregory Bouse** Jeu 6 Juin 2024 - 23:23

Scalp a écrit:
https://x.com/catourneovale/status/1798765419446284335?s=61&t=rsjujGWE_4Tp-YLu87EwkQ

230 matches, c'est énorme !

Avec un peu de malice, j'ajouterai que ça fait au bas mot et a minima, 460 à 690 pizzas... :chambreur:

ok

léopold Sam 8 Juin 2024 - 7:31

Dans le temps à travers une discussion il voulait fabriquer des couteaux, une passion, là il s'occupe d'abord des huitres et après de quoi les ouvrir. :clap:

Un bon gars,bonne fin de carrière. :priere:

**Scalp** Mar 11 Juin 2024 - 15:38

**marchal** Ven 16 Aoû 2024 - 12:34

Scalp si tu pouvais mettre l'interview de clement sur le midol du jour, il est très intéressant

Txalaparte Ven 16 Aoû 2024 - 12:50

marchal a écrit:Scalp si tu pouvais mettre l'interview de clement sur le midol du jour, il est très intéressant

Retraité depuis la finale de Top 14 perdue contre Toulouse, Clément Maynadier est devenu ostréiculteur sur le Cap Ferret. Pour Midi Olympique, il revient sur les moments forts de sa carrière et se livre complètement. Le tout, sans langue de bois.

Quelques semaines seulement après votre retraite, nous vous retrouvons en plein travail en tant qu’ostréiculteur au Cap Ferret. Comment tout cela est-il arrivé ?
Quand je suis arrivé à Bègles, je me suis fait embrigader par Laurent Delboulbès, Louis-Benoît Madaule et Julien Rey pour venir manger des huîtres chez "un copain". Je me suis retrouvé ici, au Canon (lieu-dit du Cap Ferret, N.D.L.R.). L’endroit était tellement sympa et me faisait tellement penser à l’arrière campagne albigeoise, parce qu’il n’y avait personne en arrière-saison, que j’y suis revenu tous les dimanches pendant quatre mois. De fil en aiguille, tu crées des affinités. Un jour j’ai demandé si je pouvais venir sur l’eau. Tu fais une sortie, t’en fais deux, t’en fais dix… et tu te retrouves à adorer cela.

Vous avez donc commencé en apprenant sur le tas ?
J’ai plusieurs formations à faire encore mais ça ne m’empêche pas de déjà travailler la semaine sur les parcs à huîtres en tant qu’employé. Le week-end, je travaille pour moi puisque j’ai une société de prestation. Je bosse par exemple avec Rémi Lamerat, qui a créé une guinguette sur Yvrac (rive droite de Bordeaux, N.D.L.R.). Je fais aussi des séminaires.

Êtes-vous un enfant de l’agriculture ?
Mes grands-parents étaient agriculteurs. Mon beau-père a aussi une ferme et a fait des laitières pendant soixante ans. Il a arrêté la traite pour faire des vaches à viande. Du côté de mon père, nous avons aussi la ferme familiale, que nous aimerions bien rénover avec mon frère. Il faut que j’en discute avec lui et ma tante !

Encore un projet donc ? Vous aimez le travail !
J’ai peur de m’ennuyer. J’essaie de faire les choses qui me plaisent par passion. C’est cela qui me tire vers le haut. Je n’ai jamais eu de talent et c’est le travail qui m’a fait avancer dans ma carrière. Tous mes entraîneurs me l’ont dit, ce n’est pas péjoratif ! J’avais une appétence mais j’ai surtout mis énormément de choses en place dans ma carrière pour réussir.

Lesquelles ?
En ce moment, on parle de préparation mentale avec les JO. Ça fait dix-sept ans que j’en fais ! Quand on m’a changé de poste à 18 ans et que je suis passé talonneur, j’avais vite compris que quand je ratais le premier lancer, le match pouvait être brouillon après. Comme le lancer est primordial pour le poste, j’ai tenté plein de choses comme voir des magnétiseurs, des ostéopathes, des ergothérapeutes… J’ai aussi fait de l’hypnose.

Avec tout cela, le rugby et le travail à côté, comment organisiez-vous votre planning ?
J’ai été un fantôme pendant trois ans à l’École des Mines à Albi. J’avais récupéré un super copain qui me faisait des photocopies. C’est d’ailleurs devenu le parrain de ma fille. En arrivant à Bordeaux, j’ai simplement été clair avec mon employeur. J’avais dit que mon premier employeur était le rugby.

Et pour l’organisation ?
Je suis arrivé sous l’ère Ibanez et c’était la méthode à l’anglaise : à 15 heures grand max, nous avions fini la journée. Je n’avais pas pris l’habitude d’aller au cinéma ou de jouer aux jeux vidéo donc je tournais en rond. Du coup, je parlais tout le temps de rugby et je sentais que ça commençait à peser dans ma vie rugbystique et familiale. À partir du moment où j’ai travaillé chez Safran (ingénieur aéronautique, N.D.L.R.), je me suis remis à faire de belles performances. Au niveau de l’organisation, c’était deux demi-journées dans la semaine. Quand je ne pouvais pas y aller, je rattrapais mes horaires quand j’avais des congés.

Avez-vous songé à basculer à 100 % dans votre métier en laissant votre carrière de côté ?
Le rugby, c’était ma passion ! Je m’éclatais. Je ne voulais pas faire du sport mon métier à la base, ça m’est tombé dessus. Quand j’étais petit, je voulais faire agriculteur puis finalement j’ai joué au rugby. J’y ai pris goût parce que c’est bonnard. Même si j’avais mes diplômes, je savais que je voulais faire ça. Ça n’a jamais été pécuniaire comme choix, à Albi en Pro D2, j’ai commencé à 477 euros par mois en contrat espoir à mi-temps.

Il y a aussi la question de l’hygiène de vie dans le sport…
Le rugby est quand même le sport où tu peux avoir une vie à côté. Ça fait partie du rugby de boire un coup. Quand je vois les cyclistes au Tour de France qui ne boivent rien, qui pèsent tout, je trouve ça fou. Nous, s’il y a une tranche de saucisson qui traîne, on va la manger ! Ça fait partie de notre culture.

Il ne faut donc pas interdire la fameuse troisième mi-temps pour les professionnels ?
Au rugby, nous sommes des excessifs. Excessifs quand nous faisons la fête, quand on joue, quand on mange, quand on boit. Il faut le contrôler peut-être mais je trouve que ça fait partie du paysage et ce sera dur de s’en détacher. Il faudra certainement une éducation sur cela à l’avenir.

Vous êtes d’ailleurs quelqu’un d’attaché à la liberté du joueur de rugby. Vous avez tenté de pousser votre engagement avec Provale en présentant une liste pour les dernières élections. Cette dernière a finalement été jugée inéligible. L’avez-vous compris ?
Les statuts prévoyaient qu’il fallait fournir une liste de six noms, président compris, avec quatre ans d’adhésions consécutives avant l’élection et ne pas avoir arrêté pendant plus de deux ans le rugby. Il se trouvait que sur notre liste, nous avions un joueur qui avait six ans d’adhésion mais pas en continu. Du coup, ma liste n’a pas été recevable et je l’ai su assez tard. Le seul truc que je trouve dommage, c’est qu’il n’y a pas eu de débat d’idées. C’est nul et ce n’est pas normal.

Cette inéligibilité pour si peu vous a frustré ?
Ça m’a fait chier. Ce sont des conneries. Ça veut dire qu’avec les statuts actuels, le syndicat n’appartient pas aux joueurs. Ça veut dire que certaines personnes ne peuvent pas être élues. Un jeune qui a 19 ans et qui joue en première, ne peut pas être au comité directeur. Pourtant, il joue tous les week-ends.

Pourquoi vouliez-vous devenir président ?
J’ai toujours aimé Provale. Je suis adhérent depuis que j’ai commencé le rugby pro. C’est très important parce qu’il y a de plus en plus de dérives pour les joueurs. Je voulais changer Provale parce que ça faisait quelque temps que tout le monde se plaignait que le syndicat ne se bougeait plus trop. Plein de gens m’ont sollicité pour le faire. Mais que ce soit Malik (Hamadache) ou moi je m’en moque. Le tout, c’est que ça change. Malik sait qu’il peut compter sur moi mais d’abord, il doit faire du ménage à l’intérieur. S’il ne fait pas évoluer Provale, ça sera amené à disparaître ou un autre syndicat sera créé à côté.

Maintenant que vous êtes retraité, aurez-vous une voix plus libérée qu’avant sur ces sujets ?
La dernière fois que j’ai eu une voix libérée, c’était pour mon coup de gueule sur les journalistes. Juste parce que je leur ai demandé, à ceux qui viennent tous les week-ends, d’être des journalistes de club, j’ai reçu des mails de la direction de France 3 pour savoir pour qui je me prenais.

Cet épisode vous a marqué ?
Ça m’a fait beaucoup rigoler. Il y a ceux qui ont fait les niais en invoquant la liberté d’expression et ceux qui ont très bien compris ce que je voulais dire. Je parlais juste à ceux qui viennent boire le café au club tous les jours. Je sais que les clubs vous ont fermé un peu les portes mais quand tu viens tous les jours dans un club, c’est que ce club, tu l’aimes !

N’est-ce pas juste notre travail ?
C’est un métier passion. Quand tu es là tous les jours, tu commences à avoir une affinité avec certains joueurs. Si tu les fracasses, les joueurs vont te dire de ne plus venir boire le café ! Je dis ce que je pense à tort ou à raison. Des fois, ça m’a joué des tours mais au moins je suis droit. Et je vous le dis : nous, les vieux joueurs, nous allons vous manquer. Les histoires comme celle-là vont faire que tout le monde fera du Guy Roux !

Cela vous touche ce qui s’écrit parfois ?
Ça touche, oui. Parfois la famille aussi. Au-delà des journaux, j’ai coupé un peu les réseaux sociaux. Car ce qui fait mal, ce sont les commentaires des gens à côté et la haine qu’il peut y avoir. Quand c’est que vers toi, ça peut aller, mais quand ça commence à toucher à ta famille, c’est un peu plus compliqué.

On vous suit.
Cette année, nous perdons à La Rochelle sur un dernier ballon en touche. L’annonce était devant, je lance devant mais il y a un contre. Il n’y a pas d’erreur de lancer mais on tombe sur le talonneur. Ça, à la rigueur, je m’en fiche mais quand ma fille rentre et que ça s’est mal passé à l’école parce que des élèves lui ont dit "ton père, il est nul à chier", ce ne sont pas des mots d’enfant. Quand j’ai entendu ça, je suis allé voir la directrice et la maîtresse pour leur dire que les parents peuvent être supporters mais qu’ils devaient garder leurs paroles pour eux. Sinon, vu qu’il s’agit d’une petite école, je peux vite savoir qui sont les parents pour leur expliquer le respect. Il ne faut pas toucher la famille.

Êtes-vous davantage exposés au cyberharcèlement ?
Oui et je pense que ça vient des paris. Les mecs mettent vingt balles sur La Rochelle - UBB et perdent à la fin du match donc ils insultent sur les réseaux sociaux en anonyme. Le problème des réseaux sociaux, c’est que ça n’a jamais fait pousser de couilles (sic). Je pense que le cyberharcèlement fera partie des sujets des prochaines années, notamment à Provale. Quand je vois tout ce qu’a subi Maxime Lucu sur les réseaux sociaux après le Tournoi des 6 Nations… Les gens n’ont pas autre chose à foutre que de balancer leur haine sur les réseaux sociaux ? C’est l’éducation qui veut cela j’imagine.

Parlons sportif désormais. Vous avez achevé votre carrière sur cette finale de Top 14 terrible contre Toulouse. Est-ce le pire sentiment avant un départ à la retraite ?
Ce qui est dur, c’est qu’on a presque lâché. Le score est très lourd, on a explosé en plein vol. Ce n’est pas le reflet de la saison qu’on a vécue. Je rêvais d’être champion, je ne le serai jamais. Il y a aussi eu le malheur du trajet du retour avec ce problème d’avion…

L’UBB sera-t-elle championne bientôt ?
Oui. Et je serai le premier supporter. J’aurais peut-être un petit pincement au cœur mais il s’estompera vite. Avec la qualité qu’il y a, ils le seront dans les quatre ans.

Vincent Etcheto nous confiait que vous faisiez partie des joueurs qui représentent l’UBB. Il vous a aussi appelé "Bigoudi"…
(Il se marre) C’est pour les cheveux ! J’ai deux surnoms : tout Albi m’appelle "Mouton" et tout Bègles "Bigoudi". Tout ça à cause de Toulon. Avec Albi, j’avais été à Mayol, j’étais remplaçant et j’avais envie de pisser. C’était embêtant parce qu’il y a du monde partout alors j’ai fait la feinte de l’étirement pour me soulager contre le poteau. Et il y a un mec dans les gradins qui me fait : "Sale mouton, t’es pas dans un pré ici !" Quelques années plus tard, avec l’UBB, j’étais avec Cameron Treloar à l’échauffement. Un supporter toulonnais l’insulte de "poil de carotte". Nous, on se fout de sa gueule et là il me regarde et il me dit : "Et toi Bigoudi, t’en es content de tes cheveux ?" Tout ça est resté.

En parlant de vos coachs, c’est Christophe Urios qui a été le premier à porter le club en phase finale. Pourtant sa fin d’aventure à Bordeaux semble gâchée, par ce clash après le match face à Perpignan en 2022.
Le passage de Christophe à l’UBB est vraiment top. Il nous a qualifiés et il a structuré le club. Il a apporté un cadre à nos jeunes à fort potentiel. Nous n’avions jamais eu un management aussi carré. Le passage de Christophe a même peut-être permis à Yannick (Bru) de mettre en place son système plus facilement. L’histoire de Perpignan, ce sont des conneries. Nous n’étions pas du tout en autogestion avant le barrage face au Racing 92. Christophe avait la main et les cadres ont toujours pris les devants lors des phases finales.

Rien ne s’est donc brisé à Perpignan ?
Je pense qu’on a été vexés de perdre là-bas, de devoir passer par un barrage. Nous étions sûrs de gagner et nous n’étions pas habitués à ce que Christophe fasse des sorties dans la presse en ciblant des joueurs. Il a aussi fait un discours avec lequel je n’ai pas été d’accord. S’il a dit qu’on était en autogestion, c’est qu’il savait au fond que ça allait mal se passer l’année suivante.

Perdez-vous le titre en partie là-dessus ?
Oui, peut-être.

Et pour ce qui est du départ d’Urios ?
Il y a un choix qui a été fait. Certains d’entre nous ont beaucoup été pris à partie alors que le choix, ce n’est pas nous qui l’avons fait.

En clair, ce ne sont pas les joueurs qui ont évincé Urios ?
Non. Mais quand Christophe dit dans ses interviews qu’il a eu de gros problèmes avec les vieux et que tu prends la liste, nous ne sommes pas pléthore à être nés en dessous de 1995. Tu as vite fait le tour des mecs qu’il cible. Je peux aussi dire qu’il ne recroisera peut-être plus jamais un Clement Maynadier à manager. Par contre des plus jeunes, il risque d’en recroiser. Donc les afficher, c’est un peu plus con. C’est bête que le rugby soit devenu politique. J’ai vu des joueurs le dégonder par-derrière et dire à la télé que c’était leur mentor. Moi, Christophe je lui ai toujours tout dit en face.

D’ailleurs, vous considérez-vous comme facile à manager ?
Non. Je discutais de tout, je gueulais, je râlais. Je ne supportais pas l’injustice donc quand je trouvais que c’était injuste, j’allais voir le coach avec des stats à la main. Je ne lâchais pas le morceau. Quand tu n’as pas le talent, tu cravaches. La dernière année, je ne voulais pas faire chier le staff mais ce n’était pas pour autant que j’allais me laisser faire. Pour être champion, il faut que tout le groupe reste soudé même si tu ne joues pas. J’ai mis du temps à le comprendre.

Avez-vous souffert de votre image de besogneux dans votre carrière ?
Si tu ne connais pas le rugby, tu ne sais pas à quoi je sers sur un terrain. J’ai tendance à dire que c’est plus facile d’être jaloux d’un mec qui n’a pas de talent que d’un mec qui a du talent comme un Matthieu Jalibert. Il y a des gens qui ne comprennent pas pourquoi j’ai réussi. Pourquoi ils ne sont pas à ma place alors ? Je l’avais dit à Maxime Lucu : les mecs sont jaloux des besogneux parce qu’ils ne le sont pas.

Oui ?
Maxime Lucu, c’est tous les jours le dernier à partir de l’entraînement. J’avais aussi eu cette discussion sur Alexandre Roumat. Je suis souvent le premier arrivé au club parce que je dois déposer mes enfants à l’école. Je suis aussi un des derniers à partir pour les récupérer. J’ai le temps de tout voir. Et s’il y en a bien un qui restait faire des exercices en plus, c’est Alex. Pourtant, un manager a dit qu’il le trouvait un peu feignant…

Vous avez huit sélections avec l’équipe de France. Ce sera aussi un souvenir marquant ?
C’est une fierté. Je l’ai connue huit fois. On m’en aurait donné cinquante de plus ou quatre de moins je les aurais prises aussi. Je ne remercierai jamais assez Guy Novès de m’avoir sélectionné. Je pense d’ailleurs que Guy aurait pu réussir.

Vous avez même été capitaine lors d’une entrée en jeu contre la Nouvelle-Zélande…
C’était rigolo parce que je l’ai appris au moment de rentrer. C’est ce brave Jeff Dubois qui m’appelle pour rentrer pour le dernier quart d’heure et il me dit : "Tu es capitaine". Moi je le regarde et je lui demande s’il rigole. Il répond : "Non, Guy me dit que tu es capitaine". Il y a des Louis Picamoles sur le terrain et c’est moi le capitaine ? Je rentre et à la première pénalité, on se regroupe en se demandant ce qu’on faisait. Louis dit : "Qui est le capitaine ?", ce à quoi je réponds timidement : "Je crois que Guy a dit que c’était moi". C’est là où c’était incroyable parce que tous m’ont demandé ce qu’on faisait. Novice au possible, je fais le choix de la touche. Derrière, nous perdons la balle et j’ai Yoann Huget qui vient me voir et qui me dit : "Fais gaffe, il y a Guy qui va te demander pourquoi tu n’as pas pris les points". Et ça n’a pas loupé, je me suis retrouvé dans l’ascenseur en tête à tête avec lui après le match !

Avez-vous l’impression d’avoir fait partie d’une génération sacrifiée ?
Pas du tout. Je pense que Guy aurait pu réussir. Ça se joue sur le match de novembre 2016 contre l’Australie, perdu à la dernière seconde. Si ce match est gagné, tout est différent.

Plus tard dans votre carrière, vous avez joué des matchs avec les Barbarians. Sont-ils ceux qui représentent le mieux l’esprit rugby ?
Complètement. Ça aurait été un regret de finir ma carrière sans avoir été Baa-baas. C’est ce qui reste encore de ce rugby bohème qu’on a. Ce sont des semaines qui sont inoubliables. La magie du rugby fait que finalement tu arrives à jouer un match sérieux malgré tout ce qui s’est passé dans la semaine.

Qu’est-ce qui va vous manquer dans les années à venir ?
Le vestiaire. J’ai commencé à Albi et j’ai vu Stéphane Delpuech enlever le maillot à l’entraînement, l’envoyer à la gueule d’Éric Béchu, l’insulter de gros con et se barrer. Quelques instants plus tard, les deux étaient sur le parking à se faire des bisous en s’excusant. À 18 ans, quand tu vois ça, c’est incroyable.

**marchal** Ven 16 Aoû 2024 - 12:58

Merci beaucoup

Txalaparte Ven 16 Aoû 2024 - 13:21

Reportage. Huîtres, travail et plaisir : la nouvelle vie de Clément Maynadier, devenu ostréiculteur

Devenu ostréiculteur, Clément Maynadier (ancien talonneur) mène un train de vie déchaîné. Nous l’avons accompagné au Cap Ferret, pour suivre son nouveau quotidien.

S’il y a une chose à admirer à 6h30 au Cap Ferret, c’est bien le lever du soleil en regardant le Bassin d’Arcachon. En ce début août, il fait tellement bon qu’il est obligatoire d’enlever la petite laine, pour garder sur soi simplement un t-shirt et un short. C’est dans cette tenue que deux hommes sont déjà au travail. Clope au bec, les gonzes ne prennent même pas le temps de profiter de la vue et fument leur tige sans utiliser leurs mains. "L’ostréiculture, ça fait cloper", prévient "Guitou", la quarantaine, entouré d’une dizaine de poches à huîtres derrière sa table en bois. Lui comme son collègue sont en plein tri. Trois cageots doivent être remplis d’huîtres selon les tailles, alors qu’une simple petite collision entre deux coquilles permet de savoir si elles sont vides ou non. "C’est sympa, hein ?, lance "Guitou" en regardant vers l’Est. "Bigoudi" ne devrait pas tarder, il n’est jamais en retard."

Actif tôt le matin

Sept heures pile, voilà que ledit "Bigoudi" arrive à la Canfouine, petit bar à huîtres situé au Canon. Short, t-shirt, sandales, Clément Maynadier, tout jeune retraité du rugby, dit bonjour à tout le monde puis part saluer Mathieu dans le restaurant, le propriétaire des lieux. Il revient quelques instants plus tard avec six cageots remplis d’huîtres. "Je vais les rincer, lance l’ancien talonneur, elles doivent être chez Rémi ce soir." Le néo-ostréiculteur parle de Rémi Lamerat, lui aussi ancien joueur de rugby, qui s’est reconverti dans la viticulture en récupérant un domaine près d’Yvrac. Ce vendredi soir, il organise une guinguette où sont attendues près de 250 personnes. Un événement important pour Clément Maynadier, qui commence à vendre ses produits depuis seulement quelques semaines.

Après dix-sept ans de carrière dans le rugby professionnel, le bonhomme s’est reconverti dans l’ostréiculture, en profitant d’une aide à la réinsertion proposée par Provale (le syndicat des joueurs). Malgré un diplôme d’ingénieur en aéronautique, celui qui ne peut pas vivre sans le travail a décidé de se lancer dans ce qui s’apparente comme un nouveau métier passion. "J’ai plusieurs formations à faire mais ça ne m’empêche pas de déjà travailler la semaine sur les parcs à huîtres en tant qu’employé, clarifie l’Albigeois d’origine, tuyau d’arrosage dans les mains. Le week-end, je travaille pour moi puisque j’ai une société de prestation qui fonctionne avec les entreprises qui m’appellent." Vient ensuite le comptage des douzaines, puis l’empaquetage. Tout se fait dans une cabane où, entre les paquets de cigarettes, un vélo de plage, des posters de mannequins et les bacs à huîtres, se trouvent sur les murs le drapeau de l’UBB et une photo affichant l’effectif de la saison 2013-2014.

Le rugby jamais très loin

Car oui, même si le voisin s’amuse à chambrer en hissant un drapeau du Stade toulousain, c’est bien Bordeaux-Bègles qu’on supporte ici. Ce n’est pas un hasard si Alain Moga, fils d’André, a été croisé dans le même endroit la veille. Une fois sa marchandise du soir prête, Clément Maynadier peut se concentrer sur le travail de la matinée. Avec "Guitou", direction le Bassin pour monter sur la barge ostréicole. Les chaussures adaptées sont enfilées, la crème solaire mise, et les gants tiennent trois bouteilles d’eau : cap vers le parc à huîtres tant que la marée est basse. Cinq minutes de bateau suffisent à rallier les fameux piquets de bois, qui servent à délimiter le parc. L’ancien rugbyman n’ayant pas encore le permis spécial pour piloter, c’est "Guitou", en fumant, qui s’occupe des manœuvres. Arrivé sur place, le passage est tellement exigu que Clément Maynadier saute dans l’eau pour guider la barge. L’eau lui monte jusqu’aux cuisses malgré la distance avec la plage.

L’objectif du jour est simple : il faut passer les poches à huîtres dans de l’eau brûlante à 60 degrés. "Nous faisons ça deux fois par an, indique celui qui compte plus de deux cents matchs avec l’UBB. L’objectif est de tuer les petites moules qui s’accrochent à la poche, sans pour autant abîmer les huîtres." Dans l’eau salée, avoir un passé de rugbyman professionnel aide. Car après avoir détaché les poches accrochées à des barres dans l’eau, Clément Maynadier soulève des poches qui pèsent entre 10 et 20 kg, pour les transmettre à "Guitou" sur le bateau. Ce dernier dont le physique sec et très bronzé traduit la dureté du métier, passe les poches dans l’eau, avant de les rendre à son solide partenaire.

"J’apprends tous les jours"

Ces gestes, il faut les répéter plusieurs dizaines de fois, afin de débarrasser les huîtres de leurs parasites. "De toute façon, j’avais prévu de perdre 10 kg", relativise l’ancien rugbyman. Et comme on ne fait jamais une seule chose à la fois, les barres en fer doivent aussi être nettoyées. Un vrai sport ! L’âpreté du labeur n’empêche pour autant pas l’amusement. "Guitou" rit en lançant les poches dans l’eau, afin d’éclabousser "Bigoudi", qui se tient tout près. Ce dernier est quelqu’un de très concentré dans le travail. "J’apprends tous les jours", avoue l’ancien international, n’hésitant pas à poser des questions à son collègue.

Pendant cinq heures, les deux acolytes s’occupent de leurs huîtres, freinés parfois par la montée de la marée et les vagues créés par les bateaux des plaisanciers. À côté, le voisin à bord de son "Eden Park II" fait la même chose. Il est déjà 13 heures, la marée monte, il faut rentrer. En bon employé, Clément Maynadier nettoie la cuve sur le bateau et rejoint ses collègues après un rinçage obligatoire. Petit verre de blanc rapide et le voilà parti chez lui pour s’occuper de sa marchandise avant de filer chez Rémi Lamerat en fin d’après-midi. Bien aidé par sa femme, il termine sa journée en vendant ses produits et en ouvrant des centaines d’huîtres. "Je me mets du strap parce que l’autre jour, ma main n’en pouvait plus après plus de 200 huîtres ouvertes en 30 minutes." Éprouvante mais passionnante, la journée s’achève dans la bonne humeur au coucher du soleil, au milieu de bonnes bouteilles et de bonne nourriture. C’est ça, la nouvelle essence de Maynadier.

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