La préparation physique

L'Equipe :

Loustau attaque la face Sud Le préparateur physique de l'UBB est parti en mission à Christchurch, chez les Crusaders. Rare, en plein Top 14.

DE NOTRE ENVOYé SPéCIAL PERMANENT HAMID IMAKHOUKHENE

BèGLES (GIRONDE) - La liste est longue des entraîneurs ou autres préparateurs physiques français à s'être rendus en observation dans les nations de l'hémisphère Sud. Souvent lors de périodes d'inactivité ou de chômage, voire pendant que le Championnat était en sommeil. Mais il est rare qu'un technicien du Top 14 lâche son club pendant trois mois, en pleine compétition. L'Union Bordeaux-Bègles a pourtant opté pour ce choix puisque dimanche dernier, au lendemain de Bordeaux-Brive, Ludovic Loustau s'est envolé avec épouse et enfants en Nouvelle-Zélande. Mardi, ils se sont posés à Christchurch, où celui qui dirige la préparation physique à l'Union depuis 2009 va plonger en immersion au sein des Crusaders, vainqueurs du Super Rugby 2017. Le retour en Gironde est programmé pour le 22 février, juste avant le début du Super Rugby 2018 pour la poule néo-zélandaise, qui verra le tenant du titre accueillir les Chiefs, le 24 février.

« J'ai un visa de quatre-vingt-dix jours, je pars en mission pour le club, comme si je partais en formation, explique Loustau . C'est un projet qui me tenait à coeur depuis longtemps, et que l'on a élaboré avec Laurent Mart i (président de l'UBB). Il a été immédiatement séduit, il n'a pas hésité une seconde. Et Jacques Brunel non plus. Il faut toujours aller voir ce qui se passe ailleurs. »

Dès l'accord de son club, le Landais a contacté l'ex numéro 8 all black, Scott Robertson, l'entraîneur en chef de la province néo-zélandaise. Le deal fut immédiat. Les deux hommes ont joué ensemble à Perpignan entre 2003 et 2005, et, pour Loustau, la Nouvelle-Zélande sonnait comme une évidence. « J'ai tout de suite pensé à ce qui se faisait de mieux, le dernier vainqueur du Super Rugby. Ça me paraissait logique. Les Néo-Zélandais sont les maîtres du rugby mondial. »

En contact permanent avec l'UBB

Hier, le « prépa » physique de l'Union était donc présent à la reprise de l'entraînement. Le début d'une période cruciale, une présaison longue de dix semaines : entraînement du 30 novembre au 23 décembre, vacances du 23 décembre au 8 janvier, retour des internationaux et entraînement avec matches de préparation du 8 janvier au début de la compétition. « Y aller quand nous on est "off" en France, et eux en pleine saison, ce n'est pas le plus intéressant en termes de préparation physique. Je voulais vraiment voir le premier jour, le deuxième jour, la première semaine, la deuxième semaine, comment ils évoluent, comment ils allient préparation physique et rugby. C'est un outil au service du rugby et non l'inverse. Puis il y a la question de l'intensité, je veux vraiment voir l'enchaînement des séances, comment s'agence tout cela. »

Le 10 novembre dernier, lors de Barbarians - Maoris all black à Bordeaux , Loustau a même rencontré son homologue des Crusaders, Simon Thomas. « Ils comptent sur moi, pour m'utiliser, me faire intervenir, car ils ne sont pas nombreux en prépa physique et il y a toujours besoin de quelqu'un qui dirige un atelier. Je vais vraiment être immergé au quotidien. » Et l'UBB pendant ce temps-là ? « Je ne pars pas là-bas en coupant tout et sans donner de nouvelles, rigole-t-il. J e serai en contact permanent pour le suivi de l'Union. Mais en préparation physique, le gros du travail est sur l'intersaison. Maintenant ça roule, et le quotidien, c'est de gérer les différents blessés. Mes assistants, Cyril Gomes, Fred Marcerou et Quentin Prunier, vont prendre le relais, ce n'est pas un souci. Ils sont autonomes. »


Ca risque piquer lors de l'été prochain du côté de Moga Attention tout de même à ce que le choc culturel ne soit pas trop brutal pour nos marathoniens

Très très intéressant... j'attends avec impatience le retour de Biscouette

Interview de France bleu Gironde sur les premières impressions de L Loustau en NZ.




France Bleu Gironde : Cette expérience aux Crusaders, cela correspond à ce à quoi vous vous attendiez ?

Ludovic Loustau : Je m’attendais à découvrir autre chose. Et je découvre quelque chose d’étonnant, où tout est tourné vers le rugby, et où le rugby est premier. On revient aux valeurs essentielles, la technique, la technique individuelle… Ils sont très tournés là-dessus. Et ça c’est impressionnant.

Comment ça se manifeste, ils touchent tout le temps le ballon à l’entraînement ?

Oui, le ballon est très présent. Par exemple, ils répètent beaucoup des micro-phases de jeu, avant de les faire ensuite avec de la vitesse. Nous, en Europe, on a mis le physique en avant. On a essayé de faire croire que quelqu’un de bien préparé physiquement arriverait à bien jouer au rugby. Moi je n’en n’étais pas persuadé, et j’en ai la confirmation ici en Nouvelle-Zélande.

Ce que je voulais voir, c’était le mélange entre le rugby et la préparation physique. Et c’est le rugby qui prime. Ils sont partis du principe que quelqu’un de bien préparé physiquement, s’il n’est pas capable de jouer une action intelligemment, de faire une bonne passe à un moment précis, ben, ça ne sert à rien. Voilà, ils ont tout compris
C’est possible de transposer ces méthodes de travail en France ?

On ne peut pas tout transposer. Ici, la mentalité des joueurs est impressionnante. On n’a pas besoin de les cadrer de les suivre, ils sont autonomes. Quand ils font une séance physique, ils la font à fond. En France, on est toujours en train de leur dire quoi faire, de leur donner des temps de référence, pour être sûrs qu’ils le font à fond.

En musculation c’est pareil, ils sont autonomes. En France, il faut que l’on soit un préparateur pour 4-5 mecs, qu’on les suive, qu’on note les poids de chaque mec, sinon ils ne travaillent pas au poids où ils devraient travailler. Et cette mentalité n’est pas transposable.

Chez nous, ça donne parfois des bouillies d'entraînement et de match

Parce que le rugby, c’est sacré chez eux ?

Oui c’est ça… Ils baignent dedans depuis qu’ils sont petits. Sur les échauffements, ils travaillent la technique de passe, et c’est hallucinant, ils ont tous la même ! On voit qu’ils ont appris ça depuis jeune.

Et tout ce qui est autour du rugby, la préparation physique, la préparation mentale, ce sont des outils au service du rugby. Nous, on a tendance à faire le contraire, parce que quand on voit jouer les All Blacks on se dit… « Ils mettent beaucoup de vitesse, ils vont très vite ». Mais en fait, c’est tout un petit travail qui est fait à petite vitesse, avec beaucoup de précision… Et ensuite, ils mettent de la vitesse. Et nous, en Europe, quand on observe ça, on se dit : « il faut qu’on aille vite, que l’on mette des changements de rythme ». Sauf que comme on plaque ça sur une base technique qui n’est pas très bien définie, ça donne parfois des bouillies d’entraînement et des bouillies de match.

Tout ce que vous nous décrivez, cela ne rend pas confiant sur la capacité du rugby français à rattraper son retard.

Je ne suis pas inquiet, parce que l’on est en train de corriger ça. Et ça fait du bien d’aller voir ce que font les Blacks aussi. Après il faudra l’adapter. Ici, ils travaillent dans une atmosphère qui n’est pas du tout pesante. En France, il y a toujours une pression, pour la relégation, la 6e place. Ici, c’est une ligue fermée, sans montée, ni descente. Donc ils sont plus cools, plus sereins.

Vous allez retrouver une UBB changée en revenant en France, cela a beaucoup changé ces derniers jours.

C’est un peu compliqué, je me demande ce qu’il va se passer, où on va aller, comment ça va se finir. C’est un peu hallucinant de voir tout ça en fin de saison, des départs comme ça… Toute la sérénité qu’il y a ici, c’est à comparer toute l’instabilité qu’il y a en Europe.

On avait déjà eu nous une mauvaise expérience avec Raphael Ibanez qui était pressenti pour rejoindre l’équipe de France, ce qui avait déstabilisé l’équipe pendant pas mal de temps. Au moins là, ça a été très rapide, on sait où on en est. Le président connaît aussi bien le sujet pour bien gérer tout cela.  J’ai suivi l’affaire, je suis en contact avec tout le monde… J’ai les préparateurs physiques quasiment tous les jours… Maintenant on est dans l’expectative de voir ce qu’il va se passer la semaine prochaine. Mais on n’a pas plus d’infos que les journalistes.

Devoir aller à l'autre bout de la terre pour se (re)rendre compte que le rugby est a avant tout un jeu de passes m'étonne quand même un peu. Le politique du physico-physique très largement instillée par les techniciens fédéraux français a été une aberration et dans quasiment tous les sports. Quand les autres nations proposaient de la technique accompagnée de physique, nos savants spécialistes nourris au lait de l'éducation nationale ont vu du physique pur et ont donc abandonné la technique que les jeunes ne travaillaient pas non plus par eux-mêmes dans la cours de l'école ou le près du voisin. Le retour au jeu va prendre un peu de temps mais très vite il faut favoriser les profils de joueurs qui en ont les capacités. Arrêtons de glorifier les joueurs boum-boum, vive les manieurs de ballon.

patrick a écrit:Devoir aller à l'autre bout de la terre pour se (re)rendre compte que le rugby est a avant tout un jeu de passes m'étonne quand même un peu. Le politique du physico-physique très largement instillée par les techniciens fédéraux français a été une aberration et dans quasiment tous les sports. Quand les autres nations proposaient de la technique accompagnée de physique, nos savants spécialistes nourris au lait de l'éducation nationale ont vu du physique pur et ont donc abandonné la technique que les jeunes ne travaillaient pas non plus par eux-mêmes dans la cours de l'école ou le près du voisin. Le retour au jeu va prendre un peu de temps mais très vite il faut favoriser les profils de joueurs qui en ont les capacités. Arrêtons de glorifier les joueurs boum-boum, vive les manieurs de ballon.

Il faut d'abord souligner l'initiative ; aller là où est le savoir.      
En tirer les conséquences et se poser la Question ; un JIFF est-il bien formé pour demain ?    
Inciter les meilleurs    - s'ils ont le niveau - à rejoindre des clubs anglosaxons en espérant qu'ils reviennent

Quant aux comotions, il serait sans doute bon de regarder ce qu'à fait le foot américains il y a déjà presque 15 ans,

Que ce soit le foot ou le hockey, je ne suis pas sûr que mis à part constater le problème, ils aient trouvé beaucoup de solutions. Tant qu'on ne changera pas les règles de ces sports de contact et d'impact, il y a peu de chance qu'on évolue.
Pour le rugby, peut-être faudrait il introduire une faute pour passage en force, par exemple en interdisant l'impact volontaire d'un attaquant sur un défenseur après quelques appuis.

On se gargarisait en France d'avoir des Bastareaud, des Atonio, des Pelo, des Vakatawa...mais au final on a vite vu que face aux meilleures nations mondiales ca prenait la leçon de la même façon.
Le plus triste c'est qu'on fait pareil chez les jeunes, à se palucher devant la vidéo d'un gosse de 1m90 et 100kg qui, à 14 ans, dégomme ses petits adversaires comme des quilles en traçant tout droit... A côté on voit des vidéos de jeunes néozed qui à 10 ans slaloment déjà dans les défenses avant de faire une chistera ou un offload pour leurs copains.

Très content que Ludo profite d'une telle expérience ! Petite question : y aurait-il un lien entre sa visite chez les Crusaders et la signature probable de Tamanivalu, joueur des...Crusaders ?

Espérons en tout cas que Ludo ramène dans ses bagages une nouvelle vision et une nouvelle façon de travailler qui porte ses fruits et redonne un peu de panache à l'UBB

S'il veut rapporter Whitelock, Francks, Romano, Todd, Crotty ou Barrett en prime, y a pas de probleme
Bon le probleme c'est qu'ils sont tous encore en selection

je met cette vidéo içi sur l'analyse vidéo
https://rugby-scapulaire.com/breves/57224-decouvrez-le-travail-des-analystes-videos-de-lubb