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Rugby et Coronavirus
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Re: Rugby et Coronavirus
Scalp a écrit:krahknardz a écrit:Scalp a écrit:Switch a écrit:Et bah je dois avouer que je me retrouve pas mal dans cet article, sur les décisions prises, les constats faits et les situations vécues. Sans m'étendre, disons que si les débuts de la pandémie ont été très respectueux des consignes et des conseils, les dernières semaines (depuis fin novembre/début décembre) ne le sont plus autant, ou en tout cas de moins en moins Et je constate cela au quotidien chez la majorité des gens que je vois ou avec qui je discute.
C'était largement prévisible, en tout cas, et personne ou presque ne s'en étonnera. La courbe de respectabilité et de résistance de la population est une décroissante dans le temps. Et encore, je suis étonné que ce genre d'attitudes ne se soit pas multiplié plus tôt ! Surtout après la relâche de l'été 2020...
Idem !
Ça se voit bien que les gens commencent à ne plus respecter les consignes:
https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/01/28/dans-les-hopitaux-une-troisieme-vague-parait-ineluctable_6067860_3244.html
Et ensuite ils hurleront que c'est la faute du gouvernement, de l'Europe, etc...
Personnellement je respecte les consignes, mais j'ai la cinquantaine passée, un métier qui se prête au télétravail. Mais pour les plus jeunes, cette situation est extrêmement dure, je comprends que certains fasse des "compromis" pour trouver un peu d'oxygène. Évidemment je ne parle pas de ceux qui font des soirées de plusieurs centaines de personnes, là c'est juste irresponsable et d'un égoïsme crasse.
Je t'avoue que faire 8h00-18h30 solo dans 50m2 au 3ème étage en plein centre de Lyon n'est pas le pied. Même chose pour mon frangin dans son 30m2 à Paris. Evidemment, pour mes parents qui vivent sur le Bassin dans une grande barraque avec piscine et un grand jardin en bord de forêt, le confinement a été un peu moins compliqué. Et pourtant c'est un sujet d'embrouille entre eux d'un côté et mon frère et moi de l'autre.
Sans compter que le télé-travail, s'il a des avantages certains (moins de pollution, moins de dépenses, pas de fatigue liée aux transports...), a aussi pour inconvénient de dériver en te poussant à bosser plus et à finir la journée encore plus claqué. Entre le trajet domicile/travail matin et soir (2 x 30/45 min), la pause déjeuner (1h/1h30 au bureau avec les collègues contre 15-20 min devant le PC ou la TV à la maison) et l'absence des pauses pratiquées au bureau (café, clope, papote, aller en réunions...), le différentiel est vite de +/- 2 heures (voire plus) entre une journée travaillée au bureau et une journée travaillée à la maison. Ca fait 10 heures en plus par semaine et 40 par mois.
Dans ma boîte on a par moment fait de meilleurs résultats sur les 3ème et 4ème trimestres 2020 qu'à la même époque en 2019. Ca ne sort pas de nulle part, c'est juste qu'on bosse (beaucoup) plus. A 7 ou 8 chefs de projets x 40h/mois en plus = 300h environ à la louche, tu m'étonnes que ca avance plus vite !
Donc oui, quand ta semaine se résume à 50h de boulot dans ton salon de 20m² sans voir personne d'autre que ton/ta conjoint(e) le soir, le WE venu t'as envie d'autre chose que rester dans ce même salon à regarder Netflix, BFM TV ou jouer aux cartes Et tu peux être aussi consciencieux, réfléchi et respectueux des consignes que tu veux (je pense l'être), viens un moment où tu ne peux plus encadrer ton quotidien et ton appart, et tout ce que tu as envie, c'est de sortir de cette routine de merde pour voir des gens et prendre l'air. Surtout quand comme à Bordeaux ou Lyon, tu as l'océan ou la montagne à 1h de route ! Donc oui, le WE on invite des amis, on va chez eux ou on part randonner avec. On est pas 50 (6 à 8 tout au plus), on se tape pas la bise et on se passe pas nos verres, mais on lâche un peu la bride, c'est vrai. Et je pense que plus le temps va passer, plus les gens vont y venir.
On voit déjà aux Pays-Bas des rébellions et des manifestations apparaitre à droite à gauche, quand en France des pétitions et des collectifs commencent à circuler de plus en plus pour s'opposer au Gouvernement et ses décisions. Je ne crains que la situation ne dégénère dans les prochains mois. Surtout que les aides de l'Etat ne sont pas éternelles, et quand les gens n'auront plus de boulot donc plus de fric pour se nourrir et se loger, attention
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Re: Rugby et Coronavirus
Switch a écrit:Scalp a écrit:krahknardz a écrit:Scalp a écrit:Switch a écrit:Et bah je dois avouer que je me retrouve pas mal dans cet article, sur les décisions prises, les constats faits et les situations vécues. Sans m'étendre, disons que si les débuts de la pandémie ont été très respectueux des consignes et des conseils, les dernières semaines (depuis fin novembre/début décembre) ne le sont plus autant, ou en tout cas de moins en moins Et je constate cela au quotidien chez la majorité des gens que je vois ou avec qui je discute.
C'était largement prévisible, en tout cas, et personne ou presque ne s'en étonnera. La courbe de respectabilité et de résistance de la population est une décroissante dans le temps. Et encore, je suis étonné que ce genre d'attitudes ne se soit pas multiplié plus tôt ! Surtout après la relâche de l'été 2020...
Idem !
Ça se voit bien que les gens commencent à ne plus respecter les consignes:
https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/01/28/dans-les-hopitaux-une-troisieme-vague-parait-ineluctable_6067860_3244.html
Et ensuite ils hurleront que c'est la faute du gouvernement, de l'Europe, etc...
Personnellement je respecte les consignes, mais j'ai la cinquantaine passée, un métier qui se prête au télétravail. Mais pour les plus jeunes, cette situation est extrêmement dure, je comprends que certains fasse des "compromis" pour trouver un peu d'oxygène. Évidemment je ne parle pas de ceux qui font des soirées de plusieurs centaines de personnes, là c'est juste irresponsable et d'un égoïsme crasse.
Je t'avoue que faire 8h00-18h30 solo dans 50m2 au 3ème étage en plein centre de Lyon n'est pas le pied. Même chose pour mon frangin dans son 30m2 à Paris. Evidemment, pour mes parents qui vivent sur le Bassin dans une grande barraque avec piscine et un grand jardin en bord de forêt, le confinement a été un peu moins compliqué. Et pourtant c'est un sujet d'embrouille entre eux d'un côté et mon frère et moi de l'autre.
Sans compter que le télé-travail, s'il a des avantages certains (moins de pollution, moins de dépenses, pas de fatigue liée aux transports...), a aussi pour inconvénient de dériver en te poussant à bosser plus et à finir la journée encore plus claqué. Entre le trajet domicile/travail matin et soir (2 x 30/45 min), la pause déjeuner (1h/1h30 au bureau avec les collègues contre 15-20 min devant le PC ou la TV à la maison) et l'absence des pauses pratiquées au bureau (café, clope, papote, aller en réunions...), le différentiel est vite de +/- 2 heures (voire plus) entre une journée travaillée au bureau et une journée travaillée à la maison. Ca fait 10 heures en plus par semaine et 40 par mois.
Dans ma boîte on a par moment fait de meilleurs résultats sur les 3ème et 4ème trimestres 2020 qu'à la même époque en 2019. Ca ne sort pas de nulle part, c'est juste qu'on bosse (beaucoup) plus. A 7 ou 8 chefs de projets x 40h/mois en plus = 300h environ à la louche, tu m'étonnes que ca avance plus vite !
Donc oui, quand ta semaine se résume à 50h de boulot dans ton salon de 20m² sans voir personne d'autre que ton/ta conjoint(e) le soir, le WE venu t'as envie d'autre chose que rester dans ce même salon à regarder Netflix, BFM TV ou jouer aux cartes Et tu peux être aussi consciencieux, réfléchi et respectueux des consignes que tu veux (je pense l'être), viens un moment où tu ne peux plus encadrer ton quotidien et ton appart, et tout ce que tu as envie, c'est de sortir de cette routine de merde pour voir des gens et prendre l'air. Surtout quand comme à Bordeaux ou Lyon, tu as l'océan ou la montagne à 1h de route ! Donc oui, le WE on invite des amis, on va chez eux ou on part randonner avec. On se tape pas la bise, on se colle pas et on échange pas nos verres, mais on lâche un peu la bride, c'est vrai. Et je pense que plus le temps va passer, plus les gens vont y venir.
On voit déjà aux Pays-Bas des rébellions et des manifestations apparaitre à droite à gauche, quand en France des pétitions et des collectifs commencent à circuler de plus en plus pour s'opposer au Gouvernement et ses décisions. Je ne crains que la situation ne dégénère dans les prochains mois. Surtout que les aides de l'Etat ne sont pas éternelles, et quand les gens n'auront plus de boulot donc plus de fric pour se nourrir et se loger, attention
Je suis un peu dans le cas de ton père, je n'ai pas de piscine, mais une baraque sympa, assez grande, en centre-ville, et j'y travaille depuis 20 ans, cette situation est assez facile à gérer pour moi, je me considère comme privilégié dans cette situation. Je vois mon fils en dernière de master, fait principalement en distanciel, sa vie sociale qui avant était riche et maintenant étriqué, ses potes seuls dans leur 20 m2..., ils pètent tous un câble. Alors ils se font des petites soiré à quelque uns, ils font gaffe pour ne pas le chopper et nous le refiler, mais ils doivent vivre un minimum, le risque zéro n'existe pas, mais pour l'instant lui et ses amis ne l'ont pas chopé. Personnellement j'accepte ce risque...
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Re: Rugby et Coronavirus
Désolé, mais moi j'ai un père qui cumule les facteurs de risque, et qui s'il l'attrape y passera certainement, donc mon empathie avec les transgresseurs est réduite à zéro. Il était tranquillement à l'abri au Portugal, là où justement les gens se sont lâchés pendant les fêtes, et maintenant les hôpitaux sont au bord du gouffre, avec une situation pire qu'ici au printemps dernier. Et eux aussi ils voulaient juste "relâcher un peu la pression". Le résultat est catastrophique, et on n'est en train de l'éviter ici que par miracle, parce qu'une majorité de personnes a accepté de sacrifier les fêtes de fin d'année par solidarité avec les plus fragiles.
On a déjà beaucoup sacrifié, si on balance tout par la fenêtre juste pour faire la teuf on serait vraiment collectivement les pires cons qui soient....
On a déjà beaucoup sacrifié, si on balance tout par la fenêtre juste pour faire la teuf on serait vraiment collectivement les pires cons qui soient....
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Re: Rugby et Coronavirus
krahknardz a écrit:Désolé, mais moi j'ai un père qui cumule les facteurs de risque, et qui s'il l'attrape y passera certainement, donc mon empathie avec les transgresseurs est réduite à zéro. Il était tranquillement à l'abri au Portugal, là où justement les gens se sont lâchés pendant les fêtes, et maintenant les hôpitaux sont au bord du gouffre, avec une situation pire qu'ici au printemps dernier. Et eux aussi ils voulaient juste "relâcher un peu la pression". Le résultat est catastrophique, et on n'est en train de l'éviter ici que par miracle, parce qu'une majorité de personnes a accepté de sacrifier les fêtes de fin d'année par solidarité avec les plus fragiles.
On a déjà beaucoup sacrifié, si on balance tout par la fenêtre juste pour faire la teuf on serait vraiment collectivement les pires cons qui soient....
Je ne l'ai pas précisé mais mon père fait partie des personnes à risques, de par son âge (64 ans) et surtout sa maladie (SLA). Mais je fais une différence très nette entre d'un côté "sortir le WE pour aller randonner avec un couple d'amis" ou "inviter 3-4 potes à venir manger 2 fois par mois pendant 2h" en respectant les gestes barrière (pas de bise, un minimum de distanciation, lavage des mains en arrivant et en partant...), et d'un autre "se regrouper avec 50, 100 ou 500 personnes dans un sous-sol de resto ou une salle des fêtes pour faire la teuf jusqu'au bout de la nuit".
Si je verse volontiers, je le reconnais, dans les 2 premiers exemples, je ne me risquerai jamais à la troisième. Déjà parce que je pense à mes proches plus fragiles, et ensuite parce que dans la mesure du possible je respecte les consignes et les décisions gouvernementales (port du masque systématique quand je sors, lavage des mains réguliers, distanciation sociale, tests PCR avant de rentrer en famille...). Je suis même le premier à dénoncer les attitudes irresponsables du type rave party en Bretagne ou soirée à 200 dans un resto. A ce titre, je m'étonne d'ailleurs que la préfecture de Rhône continue à m'autoriser à pratiquer le rugby en club (entraînements uniquement et sans contact) et à passer 1h avec 30 mecs 2 fois par semaine, alors qu'on nous demande de ne pas voir un pote après 18h
Cependant je pense aussi qu'on vis tous des situations différentes qui nous rendent plus ou moins sensibles à tels ou tels arguments et positions. C'est pas pour rien que quand on fait des sondages, les retours sont très différents entre les 18-25 ans, les 30-40 ans et les + de 60 ans. Les jeunes doivent penser à leurs anciens et leur vulnérabilité, mais les anciens doivent aussi se rappeler ce que c'est d'être jeune, qu'ils l'ont été un jour et comment eux auraient réagi à cette situation quand ils avaient 20 ans Vivre h24 7j/7 dans un 20m² à Paris avec 600 ou 800€ par mois quand on a 20 ans, ce n'est pas plus une vie qu'être confiné dans son EHPAD quand on en a 80
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Re: Rugby et Coronavirus
Switch a écrit:krahknardz a écrit:Désolé, mais moi j'ai un père qui cumule les facteurs de risque, et qui s'il l'attrape y passera certainement, donc mon empathie avec les transgresseurs est réduite à zéro. Il était tranquillement à l'abri au Portugal, là où justement les gens se sont lâchés pendant les fêtes, et maintenant les hôpitaux sont au bord du gouffre, avec une situation pire qu'ici au printemps dernier. Et eux aussi ils voulaient juste "relâcher un peu la pression". Le résultat est catastrophique, et on n'est en train de l'éviter ici que par miracle, parce qu'une majorité de personnes a accepté de sacrifier les fêtes de fin d'année par solidarité avec les plus fragiles.
On a déjà beaucoup sacrifié, si on balance tout par la fenêtre juste pour faire la teuf on serait vraiment collectivement les pires cons qui soient....
Je ne l'ai pas précisé mais mon père fait partie des personnes à risques, de par son âge (64 ans) et surtout sa maladie (SLA). Mais je fais une différence très nette entre d'un côté "sortir le WE pour aller randonner avec un couple d'amis" ou "inviter 3-4 potes à venir manger 2 fois par mois pendant 2h" en respectant les gestes barrière (pas de bise, un minimum de distanciation, lavage des mains en arrivant et en partant...), et d'un autre "se regrouper avec 50, 100 ou 500 personnes dans un sous-sol de resto ou une salle des fêtes pour faire la teuf jusqu'au bout de la nuit".
Si je verse volontiers, je le reconnais, dans les 2 premiers exemples, je ne me risquerai jamais à la troisième. Déjà parce que je pense à mes proches plus fragiles, et ensuite parce que dans la mesure du possible je respecte les consignes et les décisions gouvernementales (port du masque systématique quand je sors, lavage des mains réguliers, distanciation sociale, tests PCR avant de rentrer en famille...). Je suis même le premier à dénoncer les attitudes irresponsables du type rave party en Bretagne ou soirée à 200 dans un resto. A ce titre, je m'étonne d'ailleurs que la préfecture de Rhône continue à m'autoriser à pratiquer le rugby en club (entraînements uniquement et sans contact) et à passer 1h avec 30 mecs 2 fois par semaine, alors qu'on nous demande de ne pas voir un pote après 18h
Cependant je pense aussi qu'on vis tous des situations différentes qui nous rendent plus ou moins sensibles à tels ou tels arguments et positions. C'est pas pour rien que quand on fait des sondages, les retours sont très différents entre les 18-25 ans, les 30-40 ans et les + de 60 ans. Les jeunes doivent penser à leurs anciens et leur vulnérabilité, mais les anciens doivent aussi se rappeler ce que c'est d'être jeune, qu'ils l'ont été un jour et comment eux auraient réagi à cette situation quand ils avaient 20 ans Vivre h24 7j/7 dans un 20m² à Paris avec 600 ou 800€ par mois quand on a 20 ans, ce n'est pas plus une vie qu'être confiné dans son EHPAD quand on en a 80
Le débat sur la façon de gérer cette crise sanitaire est extrêmement compliqué, il n'y a pas une bonne solution, aucun gouvernement n'a réussi à bien gérer la pandémie. Le confinement, la meilleure arme que l'on a actuellement pour freiner la diffusion du Covid, comporte une kyrielle d'inconvénients majeurs, mais il est surtout destructeur économiquement et socialement. Je trouve fantastique qu'on fasse des sacrifices pour les gens les plus fragiles, dans une société totalitaire on les laisserait crever. Il faut néanmoins penser aussi aux plus précaires, et aux jeunes, qui ont de plus en plus de mal à subir ces restrictions de libertés, pour ces derniers, en plus ce sera à eux dans le futur, de rembourser le prix astronomique de ces mesures, et d'en supporter toutes les conséquences.
Alors franchement, je n'ai pas de solution miracle, personnellement je respecte les mesures, mais de temps en temps je fais comme Switch, mon fil aussi, et globalement tous les gens que je connais. On fait hyper attention à nos contacts avec les personnes fragiles, a ne pas se faire contaminer, a ne surtout pas le propager, mais aussi à vivre, on essaye juste de trouver un équilibre...
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Re: Rugby et Coronavirus
Mise en place du prochain protocole pour le tournoi sur le modèle chinois
https://www.ladepeche.fr/2021/01/29/covid-19-le-test-anal-desormais-obligatoire-en-chine-pour-les-voyageurs-arrivant-de-letranger-9341058.php
Covid-19 : le test anal désormais obligatoire en Chine pour les voyageurs arrivant de l'étranger
Considéré comme plus fiable, le test de dépistage rectal est désormais obligatoire pour tous les voyageurs qui souhaiteraient se rendre en Chine.
Après le désagréable frottis nasal pour détecter le Covid-19, la Chine impose désormais une nouvelle déclinaison de test aux voyageurs arrivant de l'étranger : le test anal.
Selon le magazine d'actualité américain Newsweek, plus d’un million d’habitants de Pékin ont déjà reçu un test Covid anal. La méthode est considérée comme étant plus précise et augmenterait les chances de détection du virus. Cela concerne notamment les patients à risque mais aussi des voyageurs arrivant de l’étranger.
Le dépistage rectal “permet d’augmenter le taux de détection des personnes infectées”, car le coronavirus reste présent plus longtemps dans l’anus que dans les voies respiratoires, a indiqué à la télévision centrale de Chine (CCTV) le médecin Li Tongzeng, de l’hôpital You’an de Pékin.
"Très humiliant"
Ce dépistage fait polémique, étant notamment considéré comme "très humiliant" même si ce n’est pas "douloureux" précisent des internautes.
Suite aux vives réactions, CCTV a indiqué que ces tests rectaux n’avaient toutefois pas vocation à être généralisés dans le pays, car ils ne sont “pas assez pratiques”, contrairement aux tests PCR classiques, dont la fiabilité n’est pas remise en cause.
https://www.ladepeche.fr/2021/01/29/covid-19-le-test-anal-desormais-obligatoire-en-chine-pour-les-voyageurs-arrivant-de-letranger-9341058.php
Covid-19 : le test anal désormais obligatoire en Chine pour les voyageurs arrivant de l'étranger
Considéré comme plus fiable, le test de dépistage rectal est désormais obligatoire pour tous les voyageurs qui souhaiteraient se rendre en Chine.
Après le désagréable frottis nasal pour détecter le Covid-19, la Chine impose désormais une nouvelle déclinaison de test aux voyageurs arrivant de l'étranger : le test anal.
Selon le magazine d'actualité américain Newsweek, plus d’un million d’habitants de Pékin ont déjà reçu un test Covid anal. La méthode est considérée comme étant plus précise et augmenterait les chances de détection du virus. Cela concerne notamment les patients à risque mais aussi des voyageurs arrivant de l’étranger.
Le dépistage rectal “permet d’augmenter le taux de détection des personnes infectées”, car le coronavirus reste présent plus longtemps dans l’anus que dans les voies respiratoires, a indiqué à la télévision centrale de Chine (CCTV) le médecin Li Tongzeng, de l’hôpital You’an de Pékin.
"Très humiliant"
Ce dépistage fait polémique, étant notamment considéré comme "très humiliant" même si ce n’est pas "douloureux" précisent des internautes.
Suite aux vives réactions, CCTV a indiqué que ces tests rectaux n’avaient toutefois pas vocation à être généralisés dans le pays, car ils ne sont “pas assez pratiques”, contrairement aux tests PCR classiques, dont la fiabilité n’est pas remise en cause.
grospaquet31- J'aime l'Union à la folie
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Re: Rugby et Coronavirus
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Re: Rugby et Coronavirus
Scalp a écrit:
Un résumé de la situation :
Nous sommes en train d'assister à une extermination de masse à petit feu.
Tout cela non pas à cause d'un virus, qui n'est qu'une grippe de plus (ça ne veut pas dire que je sous-estime le virus, pas plus que je sous-estime la grippe dont je connais les risques), mais à cause de nos gvts, de la corruption systémique, des intérêts délirants d'une minorité, etc.
On peut être sidéré, consterné, affligé, etc. par cette politique de la peur, cette sur-exploitation frénétique de la peur, cette sur-focalisation qui détourne complètement le réel (ce qui rappelle les procédés utilisés dans toutes les dictatures et les sectes), l’absence totale de pédagogie et d’informations de santé essentielles, la bêtise, l’incompétence, la médiocrité et la malhonnêteté de la majorité de nos représentants qui un jour devront comparaître pour le sang qu'ils ont sur les mains.
Et pour couronner le tout, la sur-stimulation du syst. nerveux central générée par les médias et la politique de la peur altère la faculté de penser.
Non seulement on peut s’interroger sur la logique consistant à sacrifier (à coup sûr) des millions de personnes pour en sauver (peut-être) qqs milliers, mais en plus même dans cette logique on ne fait pas le nécessaire pour ces dernières et on compromet plus encore la survie des plus fragiles puisqu’elles sont elles aussi soumises à ce climat anxiogène et délétère à plus d'un titre, et leur entourage affaibli est moins apte à s’occuper d’elles (moi-même je m’occupais d’un ami âgé et malade 1 fois / semaine, mais je ne peux plus, je n’ai plus le choix).
C'est bien les 99% qui sont touchés, sans distinction, il n'y a pas à opposer les en bonne santé et les fragiles, car là la majorité est en mauvaise santé ou va l'être.
Quand on connaît les chiffres des ALD dont la mortalité augmente et va exploser dans les mois à venir, c’est à devenir fou (mais on dira que c’est la Covid… il n’y a plus qu’une seule maladie ! – nombreux soignants dénoncent la manipulation des chiffres, même un mec qui a sauté dans le vide a été comptabilisé Covid, dans certains Ehpad, tous les morts ont été Covid, sans vérifier… témoignages directs de soignants).
(je n’aime pas m’étendre sur ma vie mais ce sera plus parlant comme ça : à cause de ces mesures, je ne peux plus faire ce qu'il faut pour ne pas être malade, mais je m’en sors à peu près parce que j’ai qqs notions, mais pour bcp c’est la dégringolade, prise de poids ou dénutrition, suicides, dépressions par millions rien qu’en France, etc.).
« Ainsi, la réduction de l'activité physique observée au cours des premiers mois de la pandémie pourrait entraîner une augmentation annuelle de plus de 11 millions de cas de diabète de type 2 et 1,7 million de décès. » (https://www.santelog.com/actualites/covid-19-lexercice-physique-une-reponse-urgente-et-vitale-la-pandemie). Et ce seulement pour le diabète…
On sait ce qu’il faut faire (et ne pas faire) pour éviter ou réduire les ALD dans leur immense majorité, on sait ce qu’il faut faire pour, selon les cas, les guérir, les atténuer ou éviter qu’elles ne s’aggravent, on sait ce qu’il faut faire pour éviter la plupart des maladies hivernales ou leurs formes graves ainsi que la Covid, on sait soigner la Covid.
"Nous n'avons pas de politique de santé, nous avons une industrie de la maladie..." J-D. Michel
https://www.alternativesante.fr/.../bernard-dalbergue-l...
« Ce supervisiteur médical, entraîné à la manipulation des pontes des CHU, prend la pleine mesure de la corruption au cœur de notre système de santé et comment l’intérêt des malades est couramment sacrifié sur l’autel de la rentabilité. »
« 18 000 à 30 000 morts en France liés à la prise de médicaments », « 200 000 reconnus par la Commission européenne ».
(ITW de 2015)
L’UE a commandé pour 1,2 milliards d’€ de Remdésivir (à 2.000€ la dose), ce avant d’avoir pris connaissance du rapport de l’Agence européenne des médicaments et alors que l’OMS recommande de ne pas l'utiliser !
Je ne reviens pas sur le sketch affligeant au sujet des divers anti-viraux (moins dangereux que le paracétamol) qu'on utilise depuis des décennies et qui ont été discrédités, des médecins de terrain qui ont été conspués alors qu'ils ne faisaient que leur devoir en toute conscience, etc.
Je vous invite à consulter le rapport de la cour des comptes sur l'Ordre des médecins. Le sommaire édifiant (!) ou la conclusion suffiront à se faire une idée…
« La gravité et la fréquence des dysfonctionnements relevés tant dans la gestion de l’ordre que dans l’exercice des missions essentielles que la loi lui confère, ou encore les manquements nombreux en matière de déontologie et de probité de ses représentants tant au niveau national que territorial, sont de nature à mettre au contraire en cause la confiance des médecins et des citoyens à son égard.
La tenue approximative des comptes, source d’opacité et terreau propice aux fraudes relevées par la Cour, les abus de gestion, rendus possibles par les lacunes dans le contrôle interne, les négligences dans la gestion des cotisations des médecins, l’absence de procédures formalisées pour les marchés ou la gestion immobilière, appellent à une remise en ordre. »
Et aussi :
« Comment cette question des bienfaits de l'activité physique est considérée par le corps médical ?
F.C : "La première phrase que j'explique quand je parle à mes collègues en formation, c'est que pour être convaincant, il faut être convaincu. Et beaucoup ne le sont pas. 100 personnes vont voir un médecin généraliste en France, 80 sortent avec un médicament. Au Danemark, il n'y en a que 44. Vous avez la réponse. On a un peu de mal à dormir ? On prend un somnifère. On a un souci au travail ou avec notre enfant ? On prend un anti-dépresseur. Alors que l'activité physique prévient ces petits maux de la vie de tous les jours. Je ne jette pas la pierre aux médecins, on ne leur a pas appris, mais c'est pour cela que ça va être long." »
Il y a des milliers d'études qui le confirment, les premiers enseignements (en France) à ce sujet remontent à plus d'un siècle (et certains en étaient convaincus bien avant), et il faut encore se battre pour le faire comprendre…
https://sport.francetvinfo.fr/omnisport/bouger-est-vital-pour-notre-sante-lalerte-du-professeur-carre-sur-les-degats-lies-au-manque
La mortalité (toute cause, sachant qu’aussi on n’a pas distingué morts de / avec / à cause de la Covid) augmente pour diverses raisons (qui se combinent) :
- Les baby-boomers sont rentrés récemment dans l’âge où la mortalité augmente fortement (suffit de regarder la pyramide des âges pour comprendre https://stms.ac-versailles.fr/spip.php?article782 : sur ce graphique de 2019, on voit qu’il y a plus de gens de 45-50 ans que de 40, et un gros décrochage après 73 ans, 75 ans aujourd'hui). Les génies du haut plutôt que de prendre en compte cette augmentation de patients âgés à l’approche des 2020s ont préféré réduire les moyens hospitaliers.
Selon un statisticien, la grippe de 2017 aurait fait plus de morts que la Covid si elle s'était produite en 2020 (n'étant pas statisticien je n'ai pas le mot de la fin sur ce sujet, mais on peut trouver la démonstration en ligne et au-delà de la statistique, le propos à la fin est on ne peut plus juste sur l'automatisation et la déshumanisation de notre société en cours).
- Le démantèlement de l’hôpital public, divers dysfonctionnements et conflits d’intérêts du système de santé, etc.
Je pourrais aussi m'étendre sur la réforme des études de médecine, l'influence de l'industrie pharma en leur sein, la médecine curative vs la médecine préventive, globale et intégrative, etc.
C'est comme si en matière de voiture on opposait apprendre à conduire et avoir des secours, et globalement ce qu'il se passe c'est qu'on a fait disparaître l'idée même d'apprendre à conduire.
- Mais aussi, tout étant fait pour que la population soit en mauvaise santé, les gens ne sont donc pas en bonne santé :
ça risquerait d'être trop long de tout énumérer : manque d'activité ph., malbouffe, carences en vit. C et D, zinc, etc. manque de sommeil, pauvreté, stress, tabac, etc.
Dès le début de l'épidémie des médecins, puis l'Académie de médecine (officiellement en mai) ont appelé à supplémenter la population en vit. D (mais les médias autorisés n'en parlent que maintenant). La population est en général le plus carencée en mars et début avril, et les besoins augmentent avec l'âge et la corpulence. Normalement on refait le plein l'été, ce qui n'aura pas été le cas l'an dernier pour beaucoup de monde. Il faut se supplémenter à partir de mi-octobre (si on a eu une exposition suffisante l'été), mais dans certains cas tout le temps.
On pourrait parler aussi de la dégradation des facultés cognitives par l'excès de CO2, etc.
L'espérance de vie en bonne santé diminue. On sait que les jeunes actuels seront en plus mauvaise santé que nous quand ils auront notre âge. Les mesures débiles que nous subissons depuis 1 an auront aggravé le phénomène.
à écouter, vraiment :
https://www.franceculture.fr/emissions/grand-reportage/trop-decrans-pas-assez-dactivite-physique-les-adolescents-en-danger
Et ce serait encore trop long d'aborder la question des masques (et leurs conséquences sur la santé dans l'usage qui en est fait), des gestes barrières, des tests qui fabriquent de faux malades, de l'environnement de milliards de micro-organismes dans lequel nous baignons (les mêmes peuvent nous aider à vivre comme nous rendre malades), etc. Mais s'il le faut je le ferai, avec qqs explications physiologiques à l'appui. Le pb n'est pas le virus, c'est nous !
Il faudrait parler aussi de la forme psychosomatique de la Covid qui a touché des milliers de personnes (qu'elles aient eu ou non le virus d'ailleurs, on peut très bien avoir eu une forme mineure et avoir enchaîné sur la psychosomatique).
Au fait, jouer des matchs dans des stades de 30.000 places vides !!!!!! On est complètement tarés !!!
Et le sketch des entraîneurs qui touchent leur masque 150 fois pendant le match…
Que ferait-on en cas d'agent pathogène vraiment mortel ou d'un accident nucléaire ????
Une synthèse avec Louis Fouché qui fait honneur à la profession de soignants :
https://qg.media/?fbclid=IwAR08PIbV_AUyIIFfxBT2lUlNUbb-GZQ4legs7UpcA2eEss4cXvyehIKmvOQ
En mars j'avais proposé en ces pages un topo pour renforcer ses défenses immunitaires, il est toujours disponible sur demande.
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Re: Rugby et Coronavirus
J'avoue être très partagé sur cette question clairement épineuse et délicate.
Chacun a son opinion, en fonction de son âge, sa situation personnelle, sociale et professionnelle, de son quotidien, de son entourage...etc. Un étudiant de 20 ans vivant seul dans un studio de 20m² à Paris n'aura pas du tout le même avis et le même ressenti qu'un couple de cadres quarantenaires avec 2 jeunes enfants vivant dans un pavillon de banlieue avec jardin, ou qu'un couple d'ouvriers retraités qui à 75 ans vit dans une modeste maison médicalisée. Et ca c'est uniquement en prenant compte la situation directe, mais on peut rajouter que certain(s) ont des proches malades, hospitalisés, décédées, ou faisant partie des personnes dites "à risque". D'autres ont perdus leurs boulots ou sont impactés par la crise dans leur job...etc.
Sur ce sujet des "jeunes", je pense connaître un peu le sujet. J'ai 30 ans et étais encore étudiant il y a 6 ou 7 ans, mais je vis avec quelqu'un de 23 ans qui était étudiante il y a encore 1 an (avant justement d'arrêter en raison de la crise épidémique, pour entrer sur le marché de l'emploi) et je compte encore pas mal d'étudiants dans mes amis.
D'un côté, je ne reconnais pas dans ces témoignages de détresse extrême le quotidien que vivent mes proches encore étudiants. Evidemment, pour eux la situation est difficile (comme pour beaucoup de monde !) mais à ma connaissance, aucun d'entre eux n'est actuellement dans un tel état de détresse, entre pensées suicidaires, plongée dans l'alcoolisme/les drogues et déprime profonde. Et pourtant nous échangeons souvent, notamment pour éviter aux personnes isolées physiquement de l'être davantage. Je me demande donc dans quelle mesure est représentative cette part des jeunes en situation critique, et si la population jeune est vraiment dans un tel état de détresse. Ce n'est pas ce que je constate, personnellement. Et encore une fois, je fréquente encore pas mal le milieu étudiant, à Lyon comme à Bordeaux ou Paris. Ces déclarations sont-elles donc la voix d'une petite minorité qui nous ferait dramatiser quand la majorité va certes mal mais n'est pas en détresse absolue ? Ou est-ce vraiment le reflet de la majorité des jeunes qui doit nous amener à réagir d'urgence ? J'ai des doutes.
Et d'un autre côté, je reconnais volontiers que nos dirigeants et une part non-négligeable de nos "aînés" minimisent grandement cette souffrance, au motif qu'elle n'est généralement pas physique et moins visible, contrairement aux personnes hospitalisées ou malheureusement décédées, qui dans l'immense majorité figuraient dans cette catégorie des plus âgés. Suivant ce raisonnement, il serait plus important de penser à la santé physique des personnes dites fragiles (âgées ou présentant des facteurs de vulnérabilité) que de penser à la santé mentale du reste, et notamment des jeunes, parce que "après tout, mieux vaut confiner chez eux 100% des français et les priver de toute vie sociale, quitte à mettre en péril l'économie et l'avenir du pays, que de risquer la morts des 20% de français ayant plus de 65 ans (et qui représentent environ 90 à 92% des victimes)". Je mets des guillemets car c'est grosso modo une phrase que j'entends souvent, notamment de la part des "défenseurs" de ce camps, mes parents (futurs retraités de 64 ans) en tête.
Finalement, après avoir bien analysé la situation, écouter les différentes positions et considéré les "arguments" de chaque "camp", j'aurais tendance à dire que l'idéal serait de prendre en compte les deux et d'appliquer le "en même temps", quand à l'heure actuelle je trouve, et ca n'engage que moi, que nos dirigeants se range encore trop derrière l'argument du "la vie d'abord" et "tout sauf des morts". Loin de moi l'idée de dire qu'il faut accepter des pertes et arrêter de vouloir à tout prix sauver des vies. Mais je trouve qu'on néglige beaucoup trop les dégâts mentaux, sociaux et économiques de cette crise au profit des dégâts physiques.
Personne n'a envie de voir les morts s'accumuler, et encore moins de perdre un proche, moi le premier. Mais je pense qu'on pense trop à "l'aujourd'hui" et pas assez au "demain". Car si nous avons des personnes qui meurent aujourd'hui de cette crise, les dégâts mentaux, sociétaux et économiques qu'elle commence à générer en feront bien plus dans les mois et les années à venir. L'intérêt collectif doit primer, et aujourd'hui, on se focalise encore trop sur une part de la population, en plus minoritaire, au détriment de l'autre, plus nombreuse, qui si elle risque moins sa vie aujourd'hui la risquera beaucoup plus demain.
Encore une fois, je le redis, ceci n'est que mon petit avis et n'engage que moi. Chacun aura son avis, certains seront d'accord, d'autres non, voire carrément choqués et agacés, et je respecte cela.
J'en profite pour dire que ce forum était pour moi bien plus qu'un lieu d'échanges purement rugbystiques, tout le monde est le bienvenu pour venir discuter d'autres sujets et entretenir un minimum de relations et d'interactions sociales
Chacun a son opinion, en fonction de son âge, sa situation personnelle, sociale et professionnelle, de son quotidien, de son entourage...etc. Un étudiant de 20 ans vivant seul dans un studio de 20m² à Paris n'aura pas du tout le même avis et le même ressenti qu'un couple de cadres quarantenaires avec 2 jeunes enfants vivant dans un pavillon de banlieue avec jardin, ou qu'un couple d'ouvriers retraités qui à 75 ans vit dans une modeste maison médicalisée. Et ca c'est uniquement en prenant compte la situation directe, mais on peut rajouter que certain(s) ont des proches malades, hospitalisés, décédées, ou faisant partie des personnes dites "à risque". D'autres ont perdus leurs boulots ou sont impactés par la crise dans leur job...etc.
Sur ce sujet des "jeunes", je pense connaître un peu le sujet. J'ai 30 ans et étais encore étudiant il y a 6 ou 7 ans, mais je vis avec quelqu'un de 23 ans qui était étudiante il y a encore 1 an (avant justement d'arrêter en raison de la crise épidémique, pour entrer sur le marché de l'emploi) et je compte encore pas mal d'étudiants dans mes amis.
D'un côté, je ne reconnais pas dans ces témoignages de détresse extrême le quotidien que vivent mes proches encore étudiants. Evidemment, pour eux la situation est difficile (comme pour beaucoup de monde !) mais à ma connaissance, aucun d'entre eux n'est actuellement dans un tel état de détresse, entre pensées suicidaires, plongée dans l'alcoolisme/les drogues et déprime profonde. Et pourtant nous échangeons souvent, notamment pour éviter aux personnes isolées physiquement de l'être davantage. Je me demande donc dans quelle mesure est représentative cette part des jeunes en situation critique, et si la population jeune est vraiment dans un tel état de détresse. Ce n'est pas ce que je constate, personnellement. Et encore une fois, je fréquente encore pas mal le milieu étudiant, à Lyon comme à Bordeaux ou Paris. Ces déclarations sont-elles donc la voix d'une petite minorité qui nous ferait dramatiser quand la majorité va certes mal mais n'est pas en détresse absolue ? Ou est-ce vraiment le reflet de la majorité des jeunes qui doit nous amener à réagir d'urgence ? J'ai des doutes.
Et d'un autre côté, je reconnais volontiers que nos dirigeants et une part non-négligeable de nos "aînés" minimisent grandement cette souffrance, au motif qu'elle n'est généralement pas physique et moins visible, contrairement aux personnes hospitalisées ou malheureusement décédées, qui dans l'immense majorité figuraient dans cette catégorie des plus âgés. Suivant ce raisonnement, il serait plus important de penser à la santé physique des personnes dites fragiles (âgées ou présentant des facteurs de vulnérabilité) que de penser à la santé mentale du reste, et notamment des jeunes, parce que "après tout, mieux vaut confiner chez eux 100% des français et les priver de toute vie sociale, quitte à mettre en péril l'économie et l'avenir du pays, que de risquer la morts des 20% de français ayant plus de 65 ans (et qui représentent environ 90 à 92% des victimes)". Je mets des guillemets car c'est grosso modo une phrase que j'entends souvent, notamment de la part des "défenseurs" de ce camps, mes parents (futurs retraités de 64 ans) en tête.
Finalement, après avoir bien analysé la situation, écouter les différentes positions et considéré les "arguments" de chaque "camp", j'aurais tendance à dire que l'idéal serait de prendre en compte les deux et d'appliquer le "en même temps", quand à l'heure actuelle je trouve, et ca n'engage que moi, que nos dirigeants se range encore trop derrière l'argument du "la vie d'abord" et "tout sauf des morts". Loin de moi l'idée de dire qu'il faut accepter des pertes et arrêter de vouloir à tout prix sauver des vies. Mais je trouve qu'on néglige beaucoup trop les dégâts mentaux, sociaux et économiques de cette crise au profit des dégâts physiques.
Personne n'a envie de voir les morts s'accumuler, et encore moins de perdre un proche, moi le premier. Mais je pense qu'on pense trop à "l'aujourd'hui" et pas assez au "demain". Car si nous avons des personnes qui meurent aujourd'hui de cette crise, les dégâts mentaux, sociétaux et économiques qu'elle commence à générer en feront bien plus dans les mois et les années à venir. L'intérêt collectif doit primer, et aujourd'hui, on se focalise encore trop sur une part de la population, en plus minoritaire, au détriment de l'autre, plus nombreuse, qui si elle risque moins sa vie aujourd'hui la risquera beaucoup plus demain.
Encore une fois, je le redis, ceci n'est que mon petit avis et n'engage que moi. Chacun aura son avis, certains seront d'accord, d'autres non, voire carrément choqués et agacés, et je respecte cela.
J'en profite pour dire que ce forum était pour moi bien plus qu'un lieu d'échanges purement rugbystiques, tout le monde est le bienvenu pour venir discuter d'autres sujets et entretenir un minimum de relations et d'interactions sociales
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Le rugby c'est comme la dinde : sans les marrons, c'est vulgaire.
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/covid-19-des-effets-deleteres-chez-les-jeunes-1275762
Covid-19 : « des effets délétères » chez les jeunes
Un rapport parlementaire s'alarme des conséquences de la crise sanitaire sur la santé mentale des jeunes. La réponse en matière de santé scolaire et universitaire n'est pas à la hauteur des besoins, déplore-t-il.
Par Marie-Christine Corbier
« Décompensations, tentatives de suicide, désespoirs en tous genres » : les effets de la crise du Covid-19 sur les jeunes, tels que décrits par les députées Sandrine Mörch (LREM) et Marie-George Buffet (PCF), sont alarmants. Le rapport de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale qu'elles ont piloté sera publié ce mardi. « Les effets délétères du Covid et du confinement sur un grand nombre de jeunes sont bien là », souligne ce document que « Les Echos » se sont procuré.
Les députées ont mené quatre mois d'auditions et interrogé des jeunes de tous milieux. Leur rapport pose des chiffres sur le mal-être des jeunes : un jeune sur six a arrêté ses études, 30 % ont renoncé à l'accès aux soins, plus de 50 % sont inquiets pour leur santé mentale. Le rapport insiste sur ce dernier point. Des « signaux de détresse et de souffrance psychologique » sont apparus après la levée du premier confinement, même si les statistiques disponibles n'en rendent pas toujours compte.
Un jeune sur six a arrêté ses études
Le document cite les déclarations publiques de Guillaume Vaiva, chef de service en psychiatrie adulte au CHU de Lille et vice-président du Groupement d'études et de prévention du suicide, relatives à « des propos et des conduites suicidaires exprimés de manière inédite par des jeunes de 10 à 25 ans et des soignants ». Ou encore un tableau de bord de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) de novembre dernier, selon lequel « les hospitalisations en pédiatrie pour raisons psychiatriques augmentent depuis août ». « Elles se situaient fin octobre à 3.600, contre 2.400 un an plus tôt, soit une hausse de 50 %. »
Du côté des étudiants, d'autres signaux sont alarmants . L'association Nightline, qui leur propose une permanence d'écoute de nuit gérée par des étudiants, a reçu 40 % d'appels en plus. Selon une enquête du Centre national de ressources et de résilience auprès des universités françaises 27,5 % des étudiants ont déclaré un haut niveau d'anxiété après le premier confinement, 24,7 % un stress intense, 22,4 % une détresse importante, 16,1 % une dépression sévère et 11,4 % ont fait part d'idées suicidaires. En septembre dernier, l'Observatoire de la vie étudiante avait aussi comptabilisé 31 % des étudiants ayant « présenté les signes d'une détresse psychologique ».
40 % d'appels en plus
Médecins, infirmières et psychologues scolaires « n'ont pas été associés et employés à la hauteur de ce qu'ils auraient pu apporter lors de la crise sanitaire », déplorent les auteurs du rapport parlementaire. Certains médecins auditionnés - il y avait en 2018 un médecin scolaire pour 12.572 élèves et la situation s'est aggravée depuis - ont évoqué « un sentiment d'abandon et d'inutilité ». Ils « n'ont pas été sollicités par leur institution ».
Un psychologue pour 30.000 étudiants
Les services de santé universitaire ont, eux, connu la « saturation ». Ils « ne sont pas dimensionnés pour faire face aux besoins des étudiants, particulièrement en matière de santé mentale », affirme le rapport qui déplore qu'il n'y ait qu'un psychologue universitaire pour 29.882 étudiants ou un médecin de santé universitaire pour 15.813 étudiants.
Les parlementaires font 80 propositions, qui vont de l'adaptation des rythmes scolaires pour les jeunes adolescents au renforcement de l'attractivité des professions de santé scolaire et universitaire en passant par la création d'un observatoire national du décrochage scolaire ou encore l'intégration d'un pédopsychiatre et du Défenseur des enfants au Conseil scientifique pour « garantir la prise en compte des enjeux propres aux enfants et aux jeunes ».
Marie-Christine Corbier
Covid-19 : « des effets délétères » chez les jeunes
Un rapport parlementaire s'alarme des conséquences de la crise sanitaire sur la santé mentale des jeunes. La réponse en matière de santé scolaire et universitaire n'est pas à la hauteur des besoins, déplore-t-il.
Par Marie-Christine Corbier
« Décompensations, tentatives de suicide, désespoirs en tous genres » : les effets de la crise du Covid-19 sur les jeunes, tels que décrits par les députées Sandrine Mörch (LREM) et Marie-George Buffet (PCF), sont alarmants. Le rapport de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale qu'elles ont piloté sera publié ce mardi. « Les effets délétères du Covid et du confinement sur un grand nombre de jeunes sont bien là », souligne ce document que « Les Echos » se sont procuré.
Les députées ont mené quatre mois d'auditions et interrogé des jeunes de tous milieux. Leur rapport pose des chiffres sur le mal-être des jeunes : un jeune sur six a arrêté ses études, 30 % ont renoncé à l'accès aux soins, plus de 50 % sont inquiets pour leur santé mentale. Le rapport insiste sur ce dernier point. Des « signaux de détresse et de souffrance psychologique » sont apparus après la levée du premier confinement, même si les statistiques disponibles n'en rendent pas toujours compte.
Un jeune sur six a arrêté ses études
Le document cite les déclarations publiques de Guillaume Vaiva, chef de service en psychiatrie adulte au CHU de Lille et vice-président du Groupement d'études et de prévention du suicide, relatives à « des propos et des conduites suicidaires exprimés de manière inédite par des jeunes de 10 à 25 ans et des soignants ». Ou encore un tableau de bord de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) de novembre dernier, selon lequel « les hospitalisations en pédiatrie pour raisons psychiatriques augmentent depuis août ». « Elles se situaient fin octobre à 3.600, contre 2.400 un an plus tôt, soit une hausse de 50 %. »
Du côté des étudiants, d'autres signaux sont alarmants . L'association Nightline, qui leur propose une permanence d'écoute de nuit gérée par des étudiants, a reçu 40 % d'appels en plus. Selon une enquête du Centre national de ressources et de résilience auprès des universités françaises 27,5 % des étudiants ont déclaré un haut niveau d'anxiété après le premier confinement, 24,7 % un stress intense, 22,4 % une détresse importante, 16,1 % une dépression sévère et 11,4 % ont fait part d'idées suicidaires. En septembre dernier, l'Observatoire de la vie étudiante avait aussi comptabilisé 31 % des étudiants ayant « présenté les signes d'une détresse psychologique ».
40 % d'appels en plus
Médecins, infirmières et psychologues scolaires « n'ont pas été associés et employés à la hauteur de ce qu'ils auraient pu apporter lors de la crise sanitaire », déplorent les auteurs du rapport parlementaire. Certains médecins auditionnés - il y avait en 2018 un médecin scolaire pour 12.572 élèves et la situation s'est aggravée depuis - ont évoqué « un sentiment d'abandon et d'inutilité ». Ils « n'ont pas été sollicités par leur institution ».
Un psychologue pour 30.000 étudiants
Les services de santé universitaire ont, eux, connu la « saturation ». Ils « ne sont pas dimensionnés pour faire face aux besoins des étudiants, particulièrement en matière de santé mentale », affirme le rapport qui déplore qu'il n'y ait qu'un psychologue universitaire pour 29.882 étudiants ou un médecin de santé universitaire pour 15.813 étudiants.
Les parlementaires font 80 propositions, qui vont de l'adaptation des rythmes scolaires pour les jeunes adolescents au renforcement de l'attractivité des professions de santé scolaire et universitaire en passant par la création d'un observatoire national du décrochage scolaire ou encore l'intégration d'un pédopsychiatre et du Défenseur des enfants au Conseil scientifique pour « garantir la prise en compte des enjeux propres aux enfants et aux jeunes ».
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cecovidj/l15b3703_rapport-enquete#
Le rapport de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse,
Le rapport de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse,
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Re: Rugby et Coronavirus
Switch a écrit:J'avoue être très partagé sur cette question clairement épineuse et délicate.
Chacun a son opinion, en fonction de son âge, sa situation personnelle, sociale et professionnelle, de son quotidien, de son entourage...etc. Un étudiant de 20 ans vivant seul dans un studio de 20m² à Paris n'aura pas du tout le même avis et le même ressenti qu'un couple de cadres quarantenaires avec 2 jeunes enfants vivant dans un pavillon de banlieue avec jardin, ou qu'un couple d'ouvriers retraités qui à 75 ans vit dans une modeste maison médicalisée. Et ca c'est uniquement en prenant compte la situation directe, mais on peut rajouter que certain(s) ont des proches malades, hospitalisés, décédées, ou faisant partie des personnes dites "à risque". D'autres ont perdus leurs boulots ou sont impactés par la crise dans leur job...etc.
Sur ce sujet des "jeunes", je pense connaître un peu le sujet. J'ai 30 ans et étais encore étudiant il y a 6 ou 7 ans, mais je vis avec quelqu'un de 23 ans qui était étudiante il y a encore 1 an (avant justement d'arrêter en raison de la crise épidémique, pour entrer sur le marché de l'emploi) et je compte encore pas mal d'étudiants dans mes amis.
D'un côté, je ne reconnais pas dans ces témoignages de détresse extrême le quotidien que vivent mes proches encore étudiants. Evidemment, pour eux la situation est difficile (comme pour beaucoup de monde !) mais à ma connaissance, aucun d'entre eux n'est actuellement dans un tel état de détresse, entre pensées suicidaires, plongée dans l'alcoolisme/les drogues et déprime profonde. Et pourtant nous échangeons souvent, notamment pour éviter aux personnes isolées physiquement de l'être davantage. Je me demande donc dans quelle mesure est représentative cette part des jeunes en situation critique, et si la population jeune est vraiment dans un tel état de détresse. Ce n'est pas ce que je constate, personnellement. Et encore une fois, je fréquente encore pas mal le milieu étudiant, à Lyon comme à Bordeaux ou Paris. Ces déclarations sont-elles donc la voix d'une petite minorité qui nous ferait dramatiser quand la majorité va certes mal mais n'est pas en détresse absolue ? Ou est-ce vraiment le reflet de la majorité des jeunes qui doit nous amener à réagir d'urgence ? J'ai des doutes.
Et d'un autre côté, je reconnais volontiers que nos dirigeants et une part non-négligeable de nos "aînés" minimisent grandement cette souffrance, au motif qu'elle n'est généralement pas physique et moins visible, contrairement aux personnes hospitalisées ou malheureusement décédées, qui dans l'immense majorité figuraient dans cette catégorie des plus âgés. Suivant ce raisonnement, il serait plus important de penser à la santé physique des personnes dites fragiles (âgées ou présentant des facteurs de vulnérabilité) que de penser à la santé mentale du reste, et notamment des jeunes, parce que "après tout, mieux vaut confiner chez eux 100% des français et les priver de toute vie sociale, quitte à mettre en péril l'économie et l'avenir du pays, que de risquer la morts des 20% de français ayant plus de 65 ans (et qui représentent environ 90 à 92% des victimes)". Je mets des guillemets car c'est grosso modo une phrase que j'entends souvent, notamment de la part des "défenseurs" de ce camps, mes parents (futurs retraités de 64 ans) en tête.
Finalement, après avoir bien analysé la situation, écouter les différentes positions et considéré les "arguments" de chaque "camp", j'aurais tendance à dire que l'idéal serait de prendre en compte les deux et d'appliquer le "en même temps", quand à l'heure actuelle je trouve, et ca n'engage que moi, que nos dirigeants se range encore trop derrière l'argument du "la vie d'abord" et "tout sauf des morts". Loin de moi l'idée de dire qu'il faut accepter des pertes et arrêter de vouloir à tout prix sauver des vies. Mais je trouve qu'on néglige beaucoup trop les dégâts mentaux, sociaux et économiques de cette crise au profit des dégâts physiques.
Personne n'a envie de voir les morts s'accumuler, et encore moins de perdre un proche, moi le premier. Mais je pense qu'on pense trop à "l'aujourd'hui" et pas assez au "demain". Car si nous avons des personnes qui meurent aujourd'hui de cette crise, les dégâts mentaux, sociétaux et économiques qu'elle commence à générer en feront bien plus dans les mois et les années à venir. L'intérêt collectif doit primer, et aujourd'hui, on se focalise encore trop sur une part de la population, en plus minoritaire, au détriment de l'autre, plus nombreuse, qui si elle risque moins sa vie aujourd'hui la risquera beaucoup plus demain.
Encore une fois, je le redis, ceci n'est que mon petit avis et n'engage que moi. Chacun aura son avis, certains seront d'accord, d'autres non, voire carrément choqués et agacés, et je respecte cela.
J'en profite pour dire que ce forum était pour moi bien plus qu'un lieu d'échanges purement rugbystiques, tout le monde est le bienvenu pour venir discuter d'autres sujets et entretenir un minimum de relations et d'interactions sociales
Je suis totalement d'accord avec vous. J'ai 19 ans, je suis étudiant, et les chiffres comme quoi 30% des étudiants auraient déjà tenté de se suicider et autres, c'est n'importe quoi. Ils font tout pour dramatiser, exagérer. Certes, j'éprouve parfois un certain manque d'interactions sociales alors que je suis moi-même introverti ; j'ai envie de sortir avec mes potes boire un verre à la terrasse d'un café après les cours comme à l'ancienne, aller faire des soirées, etc. Néanmoins, j'arrive à relativiser, j'essaye d'être tant bien que mal optimiste, etc. J'imagine que beaucoup d'étudiants dépriment, mais en tout cas dans mon entourage, à part une certaine frustration, lassitude chez certains, je ne connais personne étant dans un état de détresse totale. Il ne faut pas confondre déprime et dépression.
Par contre, si les restrictions continuent à être aussi fortes pendant encore 4-5 mois, c'est clair que je vais faire partie de ceux qui vont péter les plombs. J'essaye de me rassurer en me disant qu'on va commencer à reprendre une vie plus ou moins normale à partir d'avril-mai. Comme vous l'avez bien dit, dans le Gouvernement, on est dans un trop fort "sanitarisme", on se dit qu'il faut avoir le minimum de morts ; sauf que les pays qui ne confinent pas ne sont pas non plus dans une situation 1000 fois plus préoccupante que ceux qui confinent.
Il faut faire preuve de plus de proportionnalité, et admettre que les confinements, la fermeture de cafés/restaurants et autres ont un impact sur la santé physique, mentale de la population, et que d'opter sans cesse pour ce choix n'est pas forcément la meilleure des solutions. Je pense qu'il vaut mieux confiner et mettre à l'abri seulement les personnes à risque, fragiles, les plus vulnérables face à ce virus.
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Re: Rugby et Coronavirus
Un rapport parlementaire s'alarme des conséquences de la crise sanitaire sur la santé mentale des jeunes. La réponse en matière de santé scolaire et universitaire n'est pas à la hauteur des besoins, déplore-t-il.[/b]
Par Marie-Christine Corbier
« Décompensations, tentatives de suicide, désespoirs en tous genres » : les effets de la crise du Covid-19 sur les jeunes, tels que décrits par les députées Sandrine Mörch (LREM) et Marie-George Buffet (PCF), sont alarmants. Le rapport de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale qu'elles ont piloté sera publié ce mardi. « Les effets délétères du Covid et du confinement sur un grand nombre de jeunes sont bien là », souligne ce document que « Les Echos » se sont procuré.
Les députées ont mené quatre mois d'auditions et interrogé des jeunes de tous milieux. Leur rapport pose des chiffres sur le mal-être des jeunes : un jeune sur six a arrêté ses études, 30 % ont renoncé à l'accès aux soins, plus de 50 % sont inquiets pour leur santé mentale. Le rapport insiste sur ce dernier point. Des « signaux de détresse et de souffrance psychologique » sont apparus après la levée du premier confinement, même si les statistiques disponibles n'en rendent pas toujours compte.
Un jeune sur six a arrêté ses études
Le document cite les déclarations publiques de Guillaume Vaiva, chef de service en psychiatrie adulte au CHU de Lille et vice-président du Groupement d'études et de prévention du suicide, relatives à « des propos et des conduites suicidaires exprimés de manière inédite par des jeunes de 10 à 25 ans et des soignants ». Ou encore un tableau de bord de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) de novembre dernier, selon lequel « les hospitalisations en pédiatrie pour raisons psychiatriques augmentent depuis août ». « Elles se situaient fin octobre à 3.600, contre 2.400 un an plus tôt, soit une hausse de 50 %. »
Du côté des étudiants, d'autres signaux sont alarmants . L'association Nightline, qui leur propose une permanence d'écoute de nuit gérée par des étudiants, a reçu 40 % d'appels en plus. Selon une enquête du Centre national de ressources et de résilience auprès des universités françaises 27,5 % des étudiants ont déclaré un haut niveau d'anxiété après le premier confinement, 24,7 % un stress intense, 22,4 % une détresse importante, 16,1 % une dépression sévère et 11,4 % ont fait part d'idées suicidaires. En septembre dernier, l'Observatoire de la vie étudiante avait aussi comptabilisé 31 % des étudiants ayant « présenté les signes d'une détresse psychologique ».
40 % d'appels en plus
Médecins, infirmières et psychologues scolaires « n'ont pas été associés et employés à la hauteur de ce qu'ils auraient pu apporter lors de la crise sanitaire », déplorent les auteurs du rapport parlementaire. Certains médecins auditionnés - il y avait en 2018 un médecin scolaire pour 12.572 élèves et la situation s'est aggravée depuis - ont évoqué « un sentiment d'abandon et d'inutilité ». Ils « n'ont pas été sollicités par leur institution ».
Un psychologue pour 30.000 étudiants
Les services de santé universitaire ont, eux, connu la « saturation ». Ils « ne sont pas dimensionnés pour faire face aux besoins des étudiants, particulièrement en matière de santé mentale », affirme le rapport qui déplore qu'il n'y ait qu'un psychologue universitaire pour 29.882 étudiants ou un médecin de santé universitaire pour 15.813 étudiants.
Les parlementaires font 80 propositions, qui vont de l'adaptation des rythmes scolaires pour les jeunes adolescents au renforcement de l'attractivité des professions de santé scolaire et universitaire en passant par la création d'un observatoire national du décrochage scolaire ou encore l'intégration d'un pédopsychiatre et du Défenseur des enfants au Conseil scientifique pour « garantir la prise en compte des enjeux propres aux enfants et aux jeunes ».
Marie-Christine Corbier
Je déteste cette manie qui consiste à créer sans cesse des administrations inutiles aux frais du contribuable, croyant sans cesse que les gens demandent de l'aide à l'État, alors qu'on a juste envie qu'ils arrêtent de nous emmerder. J'ai horreur de l'État-nounou.
Les gens veulent de moins en moins être dépendants de l'État, mais ces abrutis en guise de réponse veulent accroître notre dépendance.
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Re: Rugby et Coronavirus
MrScots a écrit:Switch a écrit:J'avoue être très partagé sur cette question clairement épineuse et délicate.
Chacun a son opinion, en fonction de son âge, sa situation personnelle, sociale et professionnelle, de son quotidien, de son entourage...etc. Un étudiant de 20 ans vivant seul dans un studio de 20m² à Paris n'aura pas du tout le même avis et le même ressenti qu'un couple de cadres quarantenaires avec 2 jeunes enfants vivant dans un pavillon de banlieue avec jardin, ou qu'un couple d'ouvriers retraités qui à 75 ans vit dans une modeste maison médicalisée. Et ca c'est uniquement en prenant compte la situation directe, mais on peut rajouter que certain(s) ont des proches malades, hospitalisés, décédées, ou faisant partie des personnes dites "à risque". D'autres ont perdus leurs boulots ou sont impactés par la crise dans leur job...etc.
Sur ce sujet des "jeunes", je pense connaître un peu le sujet. J'ai 30 ans et étais encore étudiant il y a 6 ou 7 ans, mais je vis avec quelqu'un de 23 ans qui était étudiante il y a encore 1 an (avant justement d'arrêter en raison de la crise épidémique, pour entrer sur le marché de l'emploi) et je compte encore pas mal d'étudiants dans mes amis.
D'un côté, je ne reconnais pas dans ces témoignages de détresse extrême le quotidien que vivent mes proches encore étudiants. Evidemment, pour eux la situation est difficile (comme pour beaucoup de monde !) mais à ma connaissance, aucun d'entre eux n'est actuellement dans un tel état de détresse, entre pensées suicidaires, plongée dans l'alcoolisme/les drogues et déprime profonde. Et pourtant nous échangeons souvent, notamment pour éviter aux personnes isolées physiquement de l'être davantage. Je me demande donc dans quelle mesure est représentative cette part des jeunes en situation critique, et si la population jeune est vraiment dans un tel état de détresse. Ce n'est pas ce que je constate, personnellement. Et encore une fois, je fréquente encore pas mal le milieu étudiant, à Lyon comme à Bordeaux ou Paris. Ces déclarations sont-elles donc la voix d'une petite minorité qui nous ferait dramatiser quand la majorité va certes mal mais n'est pas en détresse absolue ? Ou est-ce vraiment le reflet de la majorité des jeunes qui doit nous amener à réagir d'urgence ? J'ai des doutes.
Et d'un autre côté, je reconnais volontiers que nos dirigeants et une part non-négligeable de nos "aînés" minimisent grandement cette souffrance, au motif qu'elle n'est généralement pas physique et moins visible, contrairement aux personnes hospitalisées ou malheureusement décédées, qui dans l'immense majorité figuraient dans cette catégorie des plus âgés. Suivant ce raisonnement, il serait plus important de penser à la santé physique des personnes dites fragiles (âgées ou présentant des facteurs de vulnérabilité) que de penser à la santé mentale du reste, et notamment des jeunes, parce que "après tout, mieux vaut confiner chez eux 100% des français et les priver de toute vie sociale, quitte à mettre en péril l'économie et l'avenir du pays, que de risquer la morts des 20% de français ayant plus de 65 ans (et qui représentent environ 90 à 92% des victimes)". Je mets des guillemets car c'est grosso modo une phrase que j'entends souvent, notamment de la part des "défenseurs" de ce camps, mes parents (futurs retraités de 64 ans) en tête.
Finalement, après avoir bien analysé la situation, écouter les différentes positions et considéré les "arguments" de chaque "camp", j'aurais tendance à dire que l'idéal serait de prendre en compte les deux et d'appliquer le "en même temps", quand à l'heure actuelle je trouve, et ca n'engage que moi, que nos dirigeants se range encore trop derrière l'argument du "la vie d'abord" et "tout sauf des morts". Loin de moi l'idée de dire qu'il faut accepter des pertes et arrêter de vouloir à tout prix sauver des vies. Mais je trouve qu'on néglige beaucoup trop les dégâts mentaux, sociaux et économiques de cette crise au profit des dégâts physiques.
Personne n'a envie de voir les morts s'accumuler, et encore moins de perdre un proche, moi le premier. Mais je pense qu'on pense trop à "l'aujourd'hui" et pas assez au "demain". Car si nous avons des personnes qui meurent aujourd'hui de cette crise, les dégâts mentaux, sociétaux et économiques qu'elle commence à générer en feront bien plus dans les mois et les années à venir. L'intérêt collectif doit primer, et aujourd'hui, on se focalise encore trop sur une part de la population, en plus minoritaire, au détriment de l'autre, plus nombreuse, qui si elle risque moins sa vie aujourd'hui la risquera beaucoup plus demain.
Encore une fois, je le redis, ceci n'est que mon petit avis et n'engage que moi. Chacun aura son avis, certains seront d'accord, d'autres non, voire carrément choqués et agacés, et je respecte cela.
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Je suis totalement d'accord avec vous. J'ai 19 ans, je suis étudiant, et les chiffres comme quoi 30% des étudiants auraient déjà tenté de se suicider et autres, c'est n'importe quoi. Ils font tout pour dramatiser, exagérer. Certes, j'éprouve parfois un certain manque d'interactions sociales alors que je suis moi-même introverti ; j'ai envie de sortir avec mes potes boire un verre à la terrasse d'un café après les cours comme à l'ancienne, aller faire des soirées, etc. Néanmoins, j'arrive à relativiser, j'essaye d'être tant bien que mal optimiste, etc. J'imagine que beaucoup d'étudiants dépriment, mais en tout cas dans mon entourage, à part une certaine frustration, lassitude chez certains, je ne connais personne étant dans un état de détresse totale. Il ne faut pas confondre déprime et dépression.
Par contre, si les restrictions continuent à être aussi fortes pendant encore 4-5 mois, c'est clair que je vais faire partie de ceux qui vont péter les plombs. J'essaye de me rassurer en me disant qu'on va commencer à reprendre une vie plus ou moins normale à partir d'avril-mai. Comme vous l'avez bien dit, dans le Gouvernement, on est dans un trop fort "sanitarisme", on se dit qu'il faut avoir le minimum de morts ; sauf que les pays qui ne confinent pas ne sont pas non plus dans une situation 1000 fois plus préoccupante que ceux qui confinent.
Il faut faire preuve de plus de proportionnalité, et admettre que les confinements, la fermeture de cafés/restaurants et autres ont un impact sur la santé physique, mentale de la population, et que d'opter sans cesse pour ce choix n'est pas forcément la meilleure des solutions. Je pense qu'il vaut mieux confiner et mettre à l'abri seulement les personnes à risque, fragiles, les plus vulnérables face à ce virus.
MrScot, tu ne peux pas tirer de ton cas et du périmètre que tu connais, une généralité. Tu peux lire l'article ci-dessous par exemple pour te faire une idée plus large. En ce qui concerne les pays qui n'ont pas confiné, comme la Suède, elle est dans une situation bien pire que son voisin Norvégien, par exemple et commence à revenir sur sa politique face au Coronavirus...
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Re: Rugby et Coronavirus
MrScots a écrit:Un rapport parlementaire s'alarme des conséquences de la crise sanitaire sur la santé mentale des jeunes. La réponse en matière de santé scolaire et universitaire n'est pas à la hauteur des besoins, déplore-t-il.[/b]
Par Marie-Christine Corbier
« Décompensations, tentatives de suicide, désespoirs en tous genres » : les effets de la crise du Covid-19 sur les jeunes, tels que décrits par les députées Sandrine Mörch (LREM) et Marie-George Buffet (PCF), sont alarmants. Le rapport de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale qu'elles ont piloté sera publié ce mardi. « Les effets délétères du Covid et du confinement sur un grand nombre de jeunes sont bien là », souligne ce document que « Les Echos » se sont procuré.
Les députées ont mené quatre mois d'auditions et interrogé des jeunes de tous milieux. Leur rapport pose des chiffres sur le mal-être des jeunes : un jeune sur six a arrêté ses études, 30 % ont renoncé à l'accès aux soins, plus de 50 % sont inquiets pour leur santé mentale. Le rapport insiste sur ce dernier point. Des « signaux de détresse et de souffrance psychologique » sont apparus après la levée du premier confinement, même si les statistiques disponibles n'en rendent pas toujours compte.
Un jeune sur six a arrêté ses études
Le document cite les déclarations publiques de Guillaume Vaiva, chef de service en psychiatrie adulte au CHU de Lille et vice-président du Groupement d'études et de prévention du suicide, relatives à « des propos et des conduites suicidaires exprimés de manière inédite par des jeunes de 10 à 25 ans et des soignants ». Ou encore un tableau de bord de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) de novembre dernier, selon lequel « les hospitalisations en pédiatrie pour raisons psychiatriques augmentent depuis août ». « Elles se situaient fin octobre à 3.600, contre 2.400 un an plus tôt, soit une hausse de 50 %. »
Du côté des étudiants, d'autres signaux sont alarmants . L'association Nightline, qui leur propose une permanence d'écoute de nuit gérée par des étudiants, a reçu 40 % d'appels en plus. Selon une enquête du Centre national de ressources et de résilience auprès des universités françaises 27,5 % des étudiants ont déclaré un haut niveau d'anxiété après le premier confinement, 24,7 % un stress intense, 22,4 % une détresse importante, 16,1 % une dépression sévère et 11,4 % ont fait part d'idées suicidaires. En septembre dernier, l'Observatoire de la vie étudiante avait aussi comptabilisé 31 % des étudiants ayant « présenté les signes d'une détresse psychologique ».
40 % d'appels en plus
Médecins, infirmières et psychologues scolaires « n'ont pas été associés et employés à la hauteur de ce qu'ils auraient pu apporter lors de la crise sanitaire », déplorent les auteurs du rapport parlementaire. Certains médecins auditionnés - il y avait en 2018 un médecin scolaire pour 12.572 élèves et la situation s'est aggravée depuis - ont évoqué « un sentiment d'abandon et d'inutilité ». Ils « n'ont pas été sollicités par leur institution ».
Un psychologue pour 30.000 étudiants
Les services de santé universitaire ont, eux, connu la « saturation ». Ils « ne sont pas dimensionnés pour faire face aux besoins des étudiants, particulièrement en matière de santé mentale », affirme le rapport qui déplore qu'il n'y ait qu'un psychologue universitaire pour 29.882 étudiants ou un médecin de santé universitaire pour 15.813 étudiants.
Les parlementaires font 80 propositions, qui vont de l'adaptation des rythmes scolaires pour les jeunes adolescents au renforcement de l'attractivité des professions de santé scolaire et universitaire en passant par la création d'un observatoire national du décrochage scolaire ou encore l'intégration d'un pédopsychiatre et du Défenseur des enfants au Conseil scientifique pour « garantir la prise en compte des enjeux propres aux enfants et aux jeunes ».
Marie-Christine Corbier[/color]
Je déteste cette manie qui consiste à créer sans cesse des administrations inutiles aux frais du contribuable, croyant sans cesse que les gens demandent de l'aide à l'État, alors qu'on a juste envie qu'ils arrêtent de nous emmerder. J'ai horreur de l'État-nounou.
Les gens veulent de moins en moins être dépendants de l'État, mais ces abrutis en guise de réponse veulent accroître notre dépendance.
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MrScots, je trouve le ton que tu emploies assez péremptoire, tu gagnerais à le nuancer quelque peu, d'abord encore une fois, ton opinion n'est certainement pas partagée par tout le monde. Sans les aides de l'état on serait en ce moment dans une crise catastrophique et même dans une période normale, il y a des personnes dans cette société qui ont besoin de l'assistance de l'état pour survivre.
Ensuite traiter d'abrutis ceux qui doivent prendre des décisions face à cette grave crise, c'est au bas mot un peu facile, on est confronté à un problème sans bonne solution, confiner ou pas provoquera immanquablement des inconvénients, pour une partie ou une autre de la population.
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.midi-olympique.fr/2021/01/31/un-protocole-sanitaire-lourd-9345221.php
Un protocole sanitaire lourd
Si l’épidémie est pour le moment moins inquiétante qu’elle ne le fut en Italie, le protocole sanitaire accompagnant les pas des Bleus s’annonce néanmoins des plus stricts, à Rome. Ce n’est plus ce que c’était, la "dolce vita"…
Malgré les efforts déployés par les organisateurs romains, la pandémie aura bel et bien le rôle principal dans cette édition 2021 du Tournoi des 6 Nations. Cette fois, le parc sportif du Foro Italico, qui accueillait les milliers de supporters français, irlandais et britanniques dans son village en fête et ses senteurs gourmandes, ne sera plus qu’un sentier silencieux amenant vers le Stade Olimpico, les 400 personnes recensées et tracées par le protocole sanitaire national afin de faire disputer ces matchs à huis clos : joueurs, staff, personnel et journalistes…
Au bout d’un mois de confinement très serré en ville, les autorités italiennes viennent néanmoins d’assouplir les restrictions sanitaires dans la région de Rome au "niveau jaune", une réglementation qui est entrée en vigueur le 1er février, les autorités ayant constaté une baisse sensible des contaminations. Les restaurants et les bars pourront à nouveau accueillir une jauge restreinte de clients de 5 heures du matin à 18 heures et poursuivre les livraisons à domicile jusqu’à 22 heures, puisque le couvre-feu sera à nouveau opérationnel en ville. Au milieu de cette ambiance sombre, le groupe transalpin de 32 joueurs retenus par Franco Smith a démarré vendredi dernier son stage de préparation. L’entraîneur sud-africain s’apprête à débuter sa deuxième campagne à la tête d’un groupe rajeuni et privé d’éléments essentiels tels Braam Steyn et Jake Polledri, blessés, ou bien le feu follet Matteo Minozzi, mêlé à une étrange polémique. Il y a une semaine, l’arrière des Wasps s’est en effet déclaré "physiquement et mentalement incapable de vivre deux mois confiné dans une bulle sanitaire", déclaration qui a fait beaucoup de bruit parmi les supporters transalpins.
Passée la leçon d’apaisement politique prônée par le sélectionneur Franco Smith lors de la présentation de l’équipe – "On peut comprendre Matteo Minozzi, chacun réagit différemment au sujet du confinement"-, l’ancien coach des Cheetahs a compris que l’absence de Minozzi allait aussi donner des "opportunités pour finalement augmenter la concurrence parmi les trois-quarts" où Marco Zanon est de retour et où Ignacio Brex comme Monty Ioane iront chercher leur première cape. Au bout d’une première année douloureuse, s’impose aujourd’hui pour Smth la nécessité d’une réussite arrêtant une série noire de 27 défaites d’affilée dans le Tournoi (la dernière victoire 22-19, à Édimbourg, remonte au 15 février 2015). Un bilan sportif impossible à faire digérer aux supporters, compliqué à expliquer aux médias mais surtout très difficile à défendre pour le président sortant, Alfredo Gavazzi, en vue d’élections fédérales (14 mars) s’annonçant très incertaines…
Diego ANTENOZIO
Un protocole sanitaire lourd
Si l’épidémie est pour le moment moins inquiétante qu’elle ne le fut en Italie, le protocole sanitaire accompagnant les pas des Bleus s’annonce néanmoins des plus stricts, à Rome. Ce n’est plus ce que c’était, la "dolce vita"…
Malgré les efforts déployés par les organisateurs romains, la pandémie aura bel et bien le rôle principal dans cette édition 2021 du Tournoi des 6 Nations. Cette fois, le parc sportif du Foro Italico, qui accueillait les milliers de supporters français, irlandais et britanniques dans son village en fête et ses senteurs gourmandes, ne sera plus qu’un sentier silencieux amenant vers le Stade Olimpico, les 400 personnes recensées et tracées par le protocole sanitaire national afin de faire disputer ces matchs à huis clos : joueurs, staff, personnel et journalistes…
Au bout d’un mois de confinement très serré en ville, les autorités italiennes viennent néanmoins d’assouplir les restrictions sanitaires dans la région de Rome au "niveau jaune", une réglementation qui est entrée en vigueur le 1er février, les autorités ayant constaté une baisse sensible des contaminations. Les restaurants et les bars pourront à nouveau accueillir une jauge restreinte de clients de 5 heures du matin à 18 heures et poursuivre les livraisons à domicile jusqu’à 22 heures, puisque le couvre-feu sera à nouveau opérationnel en ville. Au milieu de cette ambiance sombre, le groupe transalpin de 32 joueurs retenus par Franco Smith a démarré vendredi dernier son stage de préparation. L’entraîneur sud-africain s’apprête à débuter sa deuxième campagne à la tête d’un groupe rajeuni et privé d’éléments essentiels tels Braam Steyn et Jake Polledri, blessés, ou bien le feu follet Matteo Minozzi, mêlé à une étrange polémique. Il y a une semaine, l’arrière des Wasps s’est en effet déclaré "physiquement et mentalement incapable de vivre deux mois confiné dans une bulle sanitaire", déclaration qui a fait beaucoup de bruit parmi les supporters transalpins.
Passée la leçon d’apaisement politique prônée par le sélectionneur Franco Smith lors de la présentation de l’équipe – "On peut comprendre Matteo Minozzi, chacun réagit différemment au sujet du confinement"-, l’ancien coach des Cheetahs a compris que l’absence de Minozzi allait aussi donner des "opportunités pour finalement augmenter la concurrence parmi les trois-quarts" où Marco Zanon est de retour et où Ignacio Brex comme Monty Ioane iront chercher leur première cape. Au bout d’une première année douloureuse, s’impose aujourd’hui pour Smth la nécessité d’une réussite arrêtant une série noire de 27 défaites d’affilée dans le Tournoi (la dernière victoire 22-19, à Édimbourg, remonte au 15 février 2015). Un bilan sportif impossible à faire digérer aux supporters, compliqué à expliquer aux médias mais surtout très difficile à défendre pour le président sortant, Alfredo Gavazzi, en vue d’élections fédérales (14 mars) s’annonçant très incertaines…
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/02/02/covid-19-le-variant-anglais-poursuit-ses-inquietantes-mutations_6068526_3244.html
Covid-19 : le variant anglais poursuit ses inquiétantes mutations
Selon l’agence sanitaire Public Health England, ce variant commencerait à acquérir des mutations présentes sur les variants sud-africain et brésilien, qui permettent d’échapper en partie à certains vaccins.
Par Nathaniel Herzberg
Le variant anglais continue de muter et ce n’est pas une bonne nouvelle. Dans une discrète mise à jour datée du 26 janvier, de son rapport du 14 janvier, l’agence Public Health England vient d’annoncer que des changements sur le 484e acide aminé de la protéine spike avaient été relevés sur onze prélèvements de virus séquencés par ses services.
Ces mutations correspondent exactement à celles présentes sur les variants sud-africain (B.1.351) et brésilien (P1). Elles sont suspectées de favoriser la résistance du virus aux anticorps développés par des sujets déjà contaminés ou des personnes vaccinées. « Une très mauvaise nouvelle », insiste même Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS et spécialiste des coronavirus.
Jusqu’ici, parmi les dix-neuf mutations accumulées par le variant B.1.1.7, apparu en Grande-Bretagne en décembre 2020, l’attention s’était focalisée sur N501Y. A ce changement était attribuée l’augmentation de contagiosité de 50 % environ acquise outre-Manche par le virus. D’autres variations du génome étaient soupçonnées de soutenir cette nouvelle compétence. Mais l’inquiétude autour de cette version du pathogène se limitait, si l’on peut dire, à sa capacité à mieux infecter ses cibles.
Virus dopés
La plupart des travaux effectués sur cette mutation semblaient attester que le virus restait à la merci des anticorps. Une équipe de Seattle (Etat de Washington) conduite par Jesse Bloom l’avait constaté sur du plasma de convalescents. Puis, plusieurs travaux de Pfizer et Moderna avaient assuré que leurs vaccins restaient parfaitement efficaces sur le variant anglais. Dans les premiers résultats de son essai de phase 3, la start-up Novavax notait bien une légère baisse d’efficacité de son candidat-vaccin entre les Etats-Unis (96 %) et la Grande-Bretagne (86 %). Mais cette différence était jugée minime, peu de chose en comparaison de la chute de l’efficacité enregistrée dans le panel sud-africain (48 %).
Ce mutant de l’hémisphère Sud et sa variation E484K provoquaient l’inquiétude. Les mêmes travaux de Jesse Bloom avaient montré que cette mutation était la plus susceptible de permettre au pathogène d’échapper aux anticorps. Deux équipes sud-africaines avaient abouti à la même conclusion. Pfizer-BioNTech et Moderna assuraient que leurs vaccins restaient efficaces mais admettaient qu’il fallait sensiblement augmenter la quantité d’anticorps pour neutraliser ces virus dopés. Enfin, Johnson & Johnson, dans son essai, faisait la même observation, bien que moins alarmiste que ses concurrents de Novavax : B.1.351 émoussait l’efficacité de son vaccin qui passait de 72 % aux Etats-Unis, où la présence des variants reste encore minime, à 57 % en Afrique du Sud.
Pour achever cette série d’études, on peut encore citer celle réalisée à Cambridge dans le laboratoire du professeur Ravindra Gupta. Les chercheurs ont généré un pseudovirus reprenant les huit mutations sur la protéine spike du variant anglais et y ont ajouté E484K. Ils l’ont ensuite exposé à du plasma de personnes vaccinées par le produit de Pfizer-BioNTech. Ils ont constaté qu’il fallait près de dix fois plus d’anticorps pour neutraliser le nouveau virus que l’ancien.
Chez Pfizer-BioNTech, on estime qu’une telle baisse n’affectera que marginalement l’efficacité du vaccin, tant la quantité d’anticorps partait de haut. Le laboratoire insiste également sur l’importance de l’autre immunité, dite « cellulaire », qui ne serait pas nécessairement affectée. Mais chacun retient son souffle en attendant des résultats vraiment rassurants.
« Convergence évolutive »
Plusieurs questions se posent désormais. La première est évolutive : comment cette mutation est-elle survenue ? L’apparition simultanée de mutants différents partageant des variations communes « pourrait correspondre à une convergence évolutive », affirme Etienne Simon-Lorière, de l’Institut Pasteur. Un grand classique de la théorie darwinienne : les mêmes causes en différents points du globe produiraient les mêmes effets. Mais quelles seraient ces causes ? « Il est trop tôt pour dire quelles sont les forces de sélection qui amènent à cela », estime le virologue.
L’apparition du variant en Afrique du Sud et au Brésil, où la prévalence atteint 70 % dans certaines villes ou quartiers, pourrait fournir un indice : les habits neufs du virus lui permettraient d’échapper à la reconnaissance des anticorps. En Grande-Bretagne, la conjonction d’une très forte circulation du virus et d’une campagne de vaccination intensive orienterait dans la même direction.
Björn Meyer, également virologue à l’Institut Pasteur, privilégie une autre explication : cette mutation permettrait de doper N501Y et d’améliorer encore la liaison entre le virus et son récepteur sur les cellules humaines. « Une mutation compensatoire, précise-t-il. Comme si, après avoir modifié un petit rouage dans une horloge, il fallait en modifier un second pour vraiment améliorer l’ensemble. » Le duo gagnant pour le virus. Et perdant pour nous.
D’autant que l’agence Public Health England a apporté une dernière précision : selon ses « informations préliminaires », l’acquisition de la mutation aurait eu lieu plusieurs fois. Pas un mauvais coup de dés, donc. Plutôt des dés pipés pour afficher successivement ces deux mutations. Pour éviter que cela ne se reproduise trop souvent, une seule solution : réduire au maximum le nombre de lancers. Empêcher les transmissions et immuniser rapidement. Car la mutation galope : mardi 2 février, la base de données Gisaid affichait encore dix séquences supplémentaires portant cette modification.
Covid-19 : le variant anglais poursuit ses inquiétantes mutations
Selon l’agence sanitaire Public Health England, ce variant commencerait à acquérir des mutations présentes sur les variants sud-africain et brésilien, qui permettent d’échapper en partie à certains vaccins.
Par Nathaniel Herzberg
Le variant anglais continue de muter et ce n’est pas une bonne nouvelle. Dans une discrète mise à jour datée du 26 janvier, de son rapport du 14 janvier, l’agence Public Health England vient d’annoncer que des changements sur le 484e acide aminé de la protéine spike avaient été relevés sur onze prélèvements de virus séquencés par ses services.
Ces mutations correspondent exactement à celles présentes sur les variants sud-africain (B.1.351) et brésilien (P1). Elles sont suspectées de favoriser la résistance du virus aux anticorps développés par des sujets déjà contaminés ou des personnes vaccinées. « Une très mauvaise nouvelle », insiste même Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS et spécialiste des coronavirus.
Jusqu’ici, parmi les dix-neuf mutations accumulées par le variant B.1.1.7, apparu en Grande-Bretagne en décembre 2020, l’attention s’était focalisée sur N501Y. A ce changement était attribuée l’augmentation de contagiosité de 50 % environ acquise outre-Manche par le virus. D’autres variations du génome étaient soupçonnées de soutenir cette nouvelle compétence. Mais l’inquiétude autour de cette version du pathogène se limitait, si l’on peut dire, à sa capacité à mieux infecter ses cibles.
Virus dopés
La plupart des travaux effectués sur cette mutation semblaient attester que le virus restait à la merci des anticorps. Une équipe de Seattle (Etat de Washington) conduite par Jesse Bloom l’avait constaté sur du plasma de convalescents. Puis, plusieurs travaux de Pfizer et Moderna avaient assuré que leurs vaccins restaient parfaitement efficaces sur le variant anglais. Dans les premiers résultats de son essai de phase 3, la start-up Novavax notait bien une légère baisse d’efficacité de son candidat-vaccin entre les Etats-Unis (96 %) et la Grande-Bretagne (86 %). Mais cette différence était jugée minime, peu de chose en comparaison de la chute de l’efficacité enregistrée dans le panel sud-africain (48 %).
Ce mutant de l’hémisphère Sud et sa variation E484K provoquaient l’inquiétude. Les mêmes travaux de Jesse Bloom avaient montré que cette mutation était la plus susceptible de permettre au pathogène d’échapper aux anticorps. Deux équipes sud-africaines avaient abouti à la même conclusion. Pfizer-BioNTech et Moderna assuraient que leurs vaccins restaient efficaces mais admettaient qu’il fallait sensiblement augmenter la quantité d’anticorps pour neutraliser ces virus dopés. Enfin, Johnson & Johnson, dans son essai, faisait la même observation, bien que moins alarmiste que ses concurrents de Novavax : B.1.351 émoussait l’efficacité de son vaccin qui passait de 72 % aux Etats-Unis, où la présence des variants reste encore minime, à 57 % en Afrique du Sud.
Pour achever cette série d’études, on peut encore citer celle réalisée à Cambridge dans le laboratoire du professeur Ravindra Gupta. Les chercheurs ont généré un pseudovirus reprenant les huit mutations sur la protéine spike du variant anglais et y ont ajouté E484K. Ils l’ont ensuite exposé à du plasma de personnes vaccinées par le produit de Pfizer-BioNTech. Ils ont constaté qu’il fallait près de dix fois plus d’anticorps pour neutraliser le nouveau virus que l’ancien.
Chez Pfizer-BioNTech, on estime qu’une telle baisse n’affectera que marginalement l’efficacité du vaccin, tant la quantité d’anticorps partait de haut. Le laboratoire insiste également sur l’importance de l’autre immunité, dite « cellulaire », qui ne serait pas nécessairement affectée. Mais chacun retient son souffle en attendant des résultats vraiment rassurants.
« Convergence évolutive »
Plusieurs questions se posent désormais. La première est évolutive : comment cette mutation est-elle survenue ? L’apparition simultanée de mutants différents partageant des variations communes « pourrait correspondre à une convergence évolutive », affirme Etienne Simon-Lorière, de l’Institut Pasteur. Un grand classique de la théorie darwinienne : les mêmes causes en différents points du globe produiraient les mêmes effets. Mais quelles seraient ces causes ? « Il est trop tôt pour dire quelles sont les forces de sélection qui amènent à cela », estime le virologue.
L’apparition du variant en Afrique du Sud et au Brésil, où la prévalence atteint 70 % dans certaines villes ou quartiers, pourrait fournir un indice : les habits neufs du virus lui permettraient d’échapper à la reconnaissance des anticorps. En Grande-Bretagne, la conjonction d’une très forte circulation du virus et d’une campagne de vaccination intensive orienterait dans la même direction.
Björn Meyer, également virologue à l’Institut Pasteur, privilégie une autre explication : cette mutation permettrait de doper N501Y et d’améliorer encore la liaison entre le virus et son récepteur sur les cellules humaines. « Une mutation compensatoire, précise-t-il. Comme si, après avoir modifié un petit rouage dans une horloge, il fallait en modifier un second pour vraiment améliorer l’ensemble. » Le duo gagnant pour le virus. Et perdant pour nous.
D’autant que l’agence Public Health England a apporté une dernière précision : selon ses « informations préliminaires », l’acquisition de la mutation aurait eu lieu plusieurs fois. Pas un mauvais coup de dés, donc. Plutôt des dés pipés pour afficher successivement ces deux mutations. Pour éviter que cela ne se reproduise trop souvent, une seule solution : réduire au maximum le nombre de lancers. Empêcher les transmissions et immuniser rapidement. Car la mutation galope : mardi 2 février, la base de données Gisaid affichait encore dix séquences supplémentaires portant cette modification.
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Re: Rugby et Coronavirus
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La « génération Covid », stoppée dans son envol, entre angoisse et résilience
Par Eric Nunès , Mattea Battaglia , Richard Schittly , Gilles Rof , Laurie Moniez , Léa Iribarnegaray , Claire Mayer , Alice Raybaud , Jordan Pouille , Romane Bonnemé et Romane Pellen
Récit « Une génération à l’arrêt » 1|3. « Le Monde » consacre une série à l’impact de la crise due au Covid-19 sur la jeunesse. Aujourd’hui, des témoignages recueillis de Paris à Saint-Brieuc, de Lyon à Wambrechies, expriment des inquiétudes mais surtout du volontarisme.
Il a attendu la fin de la rencontre pour confier son mal-être : « En fait, cette période, je la vis très mal. » D’autant plus mal qu’il se sait « chanceux » : Boran Yildiz, 20 ans, ne fait pas partie de la cohorte d’étudiants privés de cours, enfermés entre quatre murs devant leur écran d’ordinateur, croisant les doigts à chaque prise de parole politique en espérant que soient annoncés sinon un retour à la « vie d’avant » du moins une reprise de la « vie d’étudiant ».
Etudiant, il l’est, en deuxième année de BTS informatique, mais, à la différence de ses camarades à l’université qui ont « basculé » dans l’enseignement à distance, lui, qui suit ses cours dans un lycée de Champigny (Val-de-Marne), continue de venir en classe chaque jour. Son rythme s’est même accéléré : « A cause de la crise sanitaire, on a beaucoup de retard sur le programme, explique-t-il. On n’a pas le temps de respirer. »
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Boran Yildiz, au lycée Langevin-Wallon, à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), le 3 février. BRUNO LEVY POUR "LE MONDE"
Il ne s’en plaint pas : les cours sont devenus la « dernière chose » à laquelle il peut « [se] raccrocher ». Sa vie sociale est à l’image de sa pratique sportive, « à l’arrêt ». En guise d’échappatoire, ce fils d’un câbleur de fibre optique et d’une coiffeuse se contente du trajet en bus qui sépare le lycée de son appartement. Une heure de transport, de la musique dans les oreilles et le regard rivé à la fenêtre, il peut être « dans sa bulle ».
« Vivoter »
Pour Lola et Tom, 19 et 20 ans, la « bulle » qu’ils espéraient former en s’installant ensemble, à Floirac (Gironde), près de Bordeaux, a viré au « huis clos ». « On a l’impression d’avoir 45 ans », glissent-ils à l’unisson. Les deux amoureux ont fait une croix sur leurs projets de séjours à l’étranger – ils rêvaient de pays anglophones – pour une « vie d’adulte », en autarcie. « Travailler, rentrer, manger, regarder la télé : ça sera notre vie peut-être dans quinze ou vingt ans. Mais aujourd’hui ? Etre ensemble, c’est ce qu’on souhaitait, mais H24… », souffle Lola.
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Tom, 19 ans, dans son appartement à Floirac (Gironde), le 4 février. UGO AMEZ POUR "LE MONDE"
Et c’est presque moins dur pour elle, inscrite en BTS de commerce international, que pour lui, qui a quitté Lyon cet été, diplômé du bac, pour la rejoindre dans cette petite ville de 17 000 habitants. Sans amis. Peu de perspectives, sinon celle de passer, à un moment ou à un autre, le concours de surveillant pénitentiaire. Et même plus de petit boulot : celui de vendeur dans un magasin de baskets qu’il avait décroché a tourné court, avec la fermeture du centre commercial où l’enseigne est implantée. Depuis, le jeune couple vivote, du chômage partiel de Tom et des bourses de Lola.
« Toutes les étapes initiatiques qui accompagnent l’entrée dans l’âge adulte sont brouillées », explique Monique Dagnaud
« Vivoter » : le mot revient dans les témoignages des jeunes adultes à qui nous avons donné la parole, de Paris à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), de Lyon à Wambrechies (Nord), et qui n’ont pas d’autre point commun que d’appartenir à cette « génération Covid ». Une génération « mise à l’arrêt en plein envol », résume la sociologue Monique Dagnaud.
Baccalauréat, permis de conduire, stages, rentrée à l’université, soirées d’intégration, premier emploi, vacances entre amis… « Toutes les étapes initiatiques qui accompagnent, d’ordinaire, l’entrée dans l’âge adulte sont aujourd’hui brouillées », explique la directrice de recherche au CNRS. Comme si l’éventail des possibles s’était refermé.
« C’est dur d’avoir 20 ans en 2020 », a reconnu Emmanuel Macron le 14 octobre. L’antienne d’une « génération sacrifiée » sur l’autel de la crise n’est pas nouvelle : au XIXe siècle déjà, ou après les guerres mondiales, des politiques l’ont reprise, des jeunes l’ont intériorisée. « J’avais 20 ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie », écrivait Paul Nizan (1905-1940) dans les années 1930 ; un constat repris en Mai 68.
« Déscolarisé »
Le 14 octobre 2020, les mots d’Emmanuel Macron ont fait mouche auprès d’une jeunesse qui se sent, depuis le début de la crise, soupçonnée de ne pas toujours respecter les gestes barrières – ce que contestent, pourtant, les médecins – et d’être un vecteur de l’épidémie de Covid-19. « Je ne donnerai jamais de leçon à nos jeunes », a martelé le chef de l’Etat sur TF1 et France 2. « Ce sont ceux qui, honnêtement, vivent un sacrifice terrible : des examens annulés, de l’angoisse pour les formations, pour trouver le premier job », a-t-il énuméré, juste après l’annonce du premier couvre-feu.
A l’époque, et pour peu de temps encore (le reconfinement universitaire sera annoncé le 28 octobre 2020), les amphithéâtres sont bondés, et pour 2,7 millions d’étudiants déjà passablement secoués par les crises contemporaines (économique, sociale, environnementale), les conditions de l’année universitaire qui s’ouvre semblent pour le moins incertaines.
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Athéis Guégan dans sa chambre, à Pont-Melvez (Côtes-d’Armor), le 4 février. FABRICE PICARD POUR « LE MONDE »
Un trimestre plus tard, même avec la promesse présidentielle d’un retour en cours un jour par semaine, le flou à l’université ne s’est pas dissipé. Athéis Guégan, 18 ans, fait partie de ces « premières années » à qui le gouvernement vient de promettre la reprise des TD en demi-groupe, mais il se demande, certains jours, s’il n’est pas tout simplement « déscolarisé ». Après l’obtention du « bac Covid » – un examen passé en contrôle continu –, Athéis imaginait la fac comme un « lieu de liberté et d’autonomie ».
Il a tout juste eu le temps de faire sa rentrée au campus de Saint-Brieuc, une antenne de l’université de Rennes-I. Quelques cours en présentiel, en demi-groupe et une semaine sur deux, « masqué évidemment ». L’occasion de croiser – rapidement – quelques nouvelles têtes, avant d’être reconfiné et de n’échanger avec sa promo que sur Messenger.
Comment, dans ces conditions, se projeter ? Faute d’y voir clair, le jeune homme a choisi de rester vivre avec sa mère, dans le village de Pont-Melvez (Côtes-d’Armor) – 600 âmes. « Cet été, tout était tellement incertain… On a préféré ne pas payer un appartement pour rien, dit-il. Je ne pensais pas que mon début de fac ressemblerait tant à ma fin de lycée. »
« Stress permanent »
Payer un appartement pour rien : c’est ce que fait Ayoub El Khaoulani, 20 ans, quand il parvient à rassembler la somme nécessaire pour s’acquitter du « petit » loyer de sa « petite » chambre de 9 mètres carrés au Crous. Après l’« euphorie » de son intégration dans une école de commerce, à Grenoble en septembre 2020, ce boursier a dû se frotter à un autre défi : trouver de quoi financer ses frais d’inscription : « 14 000 euros par an, c’est une somme importante. » Deux banques l’ont éconduit ; la troisième, partenaire de son école, Grenoble Ecole de management, lui a accordé un prêt sans garant. « Un immense soulagement. »
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Ayoub El Khaoulani, 20 ans, à Bourg-Saint-Andéol (Ardèche), devant le domicile de ses parents, le 4 février. PABLO CHIGNARD POUR « LE MONDE »
Mais un soulagement de courte durée : « Financièrement, je suis dans un état de stress permanent, témoigne Ayoub. Avec le confinement et les couvre-feux successifs, les quelques heures d’aide aux devoirs que j’avais réussi à décrocher pour rembourser le prêt se sont réduites comme peau de chagrin. Je dois jongler entre toutes mes dépenses… »
C’est le lot commun d’une partie de la jeunesse, que l’on voit venir gonfler les files d’attente des distributions alimentaires. Les résultats de l’enquête de l’Observatoire de la vie étudiante publiée le 28 janvier en attestent : le confinement a bousculé le « modèle économique » de cette génération, dont 40 % environ avaient organisé leur budget autour d’une activité rémunérée, y apprend-on. Avec la mise à l’arrêt d’une partie du pays, entre mars et mai 2020, plus d’un tiers (36 %) de ceux qui travaillaient ont subi une baisse de revenus estimée, en moyenne, à 274 euros par mois.
Premiers touchés : les étudiants étrangers et les plus âgés. Sharon Barragan coche les deux cases : à 24 ans, la jeune Vénézuélienne, inscrite en troisième année de licence de danse à l’université Paris-VIII, cherche ses marques. « Le cliché que j’avais de Paris, c’était celui d’une capitale de culture, débordante de touristes asiatiques et de Parisiens pressés, sourit-elle. Depuis six mois que je suis ici, le Paris des musées, des spectacles, je ne l’ai pas vu. »
Mais elle n’a pas de regret : « Dans mon pays, pour exercer un art, il faut adhérer au parti du gouvernement. » En France, avec son inscription à l’université, Sharon a obtenu le statut d’étudiante et la protection sociale qui va avec. Et même si étudier la danse à distance est un « défi », elle refuse de se plaindre : « Ici, il y a la liberté, la sécurité, l’accès à une éducation publique et des opportunités, souligne-t-elle. Il faut juste les chercher. »
« Désœuvrement »
Certains baissent les bras. Suicide, mal-être, repli sur soi : les médecins ont donné l’alerte. Cette jeunesse aux mille visages, qu’elle se cherche une place dans l’enseignement supérieur ou sur le marché du travail (où le taux de chômage des 20-24 ans a bondi de 2,6 points en un an), paie cher les confinements à répétition. Le second plus que le premier, semble-t-il : au printemps 2020, rester chez soi relevait presque d’une « expérience » ; une « parenthèse », disait-on. Mais remettre ça à l’automne ? Nombre de jeunes qui regrettaient de faire du « surplace » sont, cette fois, revenus à la case départ – au domicile parental.
« Dans une période-clé de projection vers l’avenir, les situations d’attente s’éternisent, observe la sociologue Monique Dagnaud. Si ce n’est bon pour personne, c’est particulièrement rude à l’âge où l’on est censé poser des jalons pour la vie. »
Isabelle, 23 ans, le reconnaît : « Le niveau d’angoisse commence à monter. » Janvier 2021 aurait dû être le mois de « tous les possibles ». Celui où la jeune femme, en fin de master de relations internationales, allait enfin se frotter au monde professionnel – comme les 700 000 jeunes qui arrivent sur le marché du travail. A condition de trouver, au préalable, son « stage sésame ». « Je ne saurais pas dire combien de lettres de motivation j’ai envoyées, peut-être une centaine », soupire la Bretonne de naissance, recluse dans son studio parisien.
La « réclusion » pèse plus à certains. Selon un sondage Ipsos publié fin janvier, près d’un tiers des 18-25 ans évoquent des pensées suicidaires. Le gouvernement a promis d’en tenir compte : quitte à reconfiner, murmure-t-on ces jours-ci dans les arcanes du pouvoir, alors que les variants du virus se propagent, l’Elysée entend faire bouger le « curseur » et préserver davantage les jeunes, pour rééquilibrer une stratégie qui, ces dix derniers mois, a valorisé la protection des plus âgés.
En attendant, les premières mesures annoncées – deux repas par jour à 1 euro le repas dans les restos U, un « chèque psy », le plan « 1 jeune 1 solution », l’assouplissement du service civique – commencent tout juste à bénéficier aux intéressés.
Ces jeunes qui se sont confiés le disent : la solitude, l’isolement sont lourds à porter, surtout quand ils vous « tombent dessus » de manière imprévue. « J’ai l’impression d’être privé de tout ce que l’école devrait m’offrir », soupire Ayoub, l’étudiant de Grenoble. Athéis éprouve, lui, la sensation d’« être seul et infantilisé », de « n’appartenir à rien ». Et encore, être en études permet de compter – même à distance – sur l’« effet de groupe », sur un « réseau ». Avec ses camarades de promo, Isabelle s’appuie sur un groupe de parole lancé sur Facebook. « Une parade au désœuvrement », dit-elle.
« Vide professionnel »
Mais quand on n’est plus – ou qu’on n’a jamais été – étudiant ? Ophélie Minier, 19 ans, « niveau bac pro mécanique » (elle a quitté son lycée après avoir été harcelée, mais avant de décrocher l’examen), renoue tout doucement avec l’espoir. Les ongles rongés par une année de doutes, la jeune fille, qui vit chez son père à Saint-Ouen (Loir-et-Cher), village dortoir sur les coteaux du Loir, parle de « vide professionnel ». Elle a pourtant multiplié les ballons d’essai.
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Ophélie Minier, à Saint-Ouen (Loir-et-Cher), le 4 février. OLIVIER COULANGE POUR « LE MONDE »
« Au printemps, j’ai été prise dans un abattoir à volailles où les ouvriers étaient collés les uns aux autres. Je n’ai pas tenu longtemps. Puis j’ai fait les vendanges à Naveil. Là, je suis partie quand la patronne m’a jeté un sécateur parce que je n’avais pas entendu une consigne, rapporte-t-elle. Faut croire que tout le monde est à bout en ce moment. »
Ophélie postule comme équipière au McDo, en face de l’usine où son père travaille comme intérimaire, mais le restaurant sature de candidatures. Elle ronge son frein en décrochant son permis, grâce au soutien financier de sa mission locale. « Ensuite, ma conseillère m’a pris un rendez-vous avec un gendarme. » La rencontre se passe bien. Ophélie s’offre un manuel de préparation aux épreuves de gendarme adjoint volontaire et s’apprête à passer un test psychotechnique. Sur sa lettre de motivation, elle a écrit : « Je souhaite mettre ma détermination et mes qualités pour défendre et représenter mon pays. »
Autre profil, même volontarisme. Si Léa Ducoin, 22 ans, a le sentiment que sa « vie est sur pause », elle ne lâche rien : cette Lilloise n’a pas décroché de bourse pour sa dernière année d’études, alors ses grands-parents l’ont laissée poser ses affaires chez eux, à Wambrechies (Nord), il y a plus d’un an. C’était, au départ, pour quelques mois. Puis le Covid-19 est arrivé, et elle est restée. Sans conflit de génération, rapporte-t-elle. Mais avec une concession : pour protéger ses grands-parents du virus, Léa ne sort plus.
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Léa Ducoin, chez ses grands-parents, à Wambrechies (Nord), le 3 février. AIMÉE THIRION POUR "LE MONDE"
Elle met toute son énergie dans sa recherche d’emploi : après un stage de six mois, achevé mi-décembre 2020, la jeune femme, diplômée d’un MBA dans la communication et d’un bachelor de l’Edhec, a passé cinq jours à refaire son CV. « Je savais que bosser dans l’événementiel, c’était foutu avec le Covid. » Et puis, finalement, La Fabrique du changement, où elle avait fait son stage, l’a rappelée pour son prochain festival. Mi-janvier, Léa a signé un CDD de six mois. Son premier emploi… à distance. « J’ai déjà beaucoup de chance d’avoir un job et mes grands-parents à mes côtés », confie-t-elle.
« Quête de sens »
Résiliente, la jeunesse ? Pleine de questions : « A quand un retour à la normale ? » « Que valent des diplômes décrochés dans ces conditions ? » « Comment sera la vie d’après ? » « Quel sera le prix à payer pour notre génération ? » Mais une jeunesse disposée, aussi, à se remettre en jeu, à l’introspection.
Marseillaise depuis juillet 2020 après six années d’études qui l’ont amenée à voyager, Valentine Pradier, 24 ans, titulaire de deux masters, pensait être sur des rails en intégrant le service communication du festival Fiesta des Suds. C’était avant l’annulation de l’édition d’octobre 2020. Son stage a été prolongé de six mois. « Par rapport à beaucoup de mes amis, c’est déjà énorme », souligne-t-elle.
En attendant, elle déniche des missions en autoentrepreneuse et, surtout, s’active bénévolement sur les projets d’artistes amis. « Cela me tient, même si ça ne paye pas, je me lève le matin. » Les plus jeunes sont nombreux, avec la crise sanitaire, à avoir répondu aux sirènes de l’engagement, disent aussi les associations, pointant le besoin de « se sentir utile ».
Une « quête de sens », alors que le temps semble s’allonger : c’est ce que raconte Ambroise Vulin. Pas facile pour ce Lyonnais de 23 ans, en deuxième année de contrat d’alternance, de mener ses études à terme. Il lui reste six mois d’alternance à tenir, en passant, chaque semaine, deux jours en cours, dans son école du quartier de Vaise, dans le 9e arrondissement de Lyon, et trois jours dans la société artisanale qui l’emploie. « Je n’arrive plus tellement à me projeter dans une filière commerciale, dit-il. J’ai envie de revenir à quelque chose de plus technique, de plus concret. »
Et pourquoi pas à une formation de paysagiste, qui l’avait initialement intéressé ? « Le travail sur la nature me parle beaucoup plus, je gagnerai peut-être moins d’argent, mais je préfère cela à une vie artificielle. » La fragilité de l’existence révélée par la pandémie l’a sans doute incité à voir la vie autrement. Et cela ne lui semble pas une mauvaise chose.
La « génération Covid », stoppée dans son envol, entre angoisse et résilience
Par Eric Nunès , Mattea Battaglia , Richard Schittly , Gilles Rof , Laurie Moniez , Léa Iribarnegaray , Claire Mayer , Alice Raybaud , Jordan Pouille , Romane Bonnemé et Romane Pellen
Récit « Une génération à l’arrêt » 1|3. « Le Monde » consacre une série à l’impact de la crise due au Covid-19 sur la jeunesse. Aujourd’hui, des témoignages recueillis de Paris à Saint-Brieuc, de Lyon à Wambrechies, expriment des inquiétudes mais surtout du volontarisme.
Il a attendu la fin de la rencontre pour confier son mal-être : « En fait, cette période, je la vis très mal. » D’autant plus mal qu’il se sait « chanceux » : Boran Yildiz, 20 ans, ne fait pas partie de la cohorte d’étudiants privés de cours, enfermés entre quatre murs devant leur écran d’ordinateur, croisant les doigts à chaque prise de parole politique en espérant que soient annoncés sinon un retour à la « vie d’avant » du moins une reprise de la « vie d’étudiant ».
Etudiant, il l’est, en deuxième année de BTS informatique, mais, à la différence de ses camarades à l’université qui ont « basculé » dans l’enseignement à distance, lui, qui suit ses cours dans un lycée de Champigny (Val-de-Marne), continue de venir en classe chaque jour. Son rythme s’est même accéléré : « A cause de la crise sanitaire, on a beaucoup de retard sur le programme, explique-t-il. On n’a pas le temps de respirer. »
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Boran Yildiz, au lycée Langevin-Wallon, à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), le 3 février. BRUNO LEVY POUR "LE MONDE"
Il ne s’en plaint pas : les cours sont devenus la « dernière chose » à laquelle il peut « [se] raccrocher ». Sa vie sociale est à l’image de sa pratique sportive, « à l’arrêt ». En guise d’échappatoire, ce fils d’un câbleur de fibre optique et d’une coiffeuse se contente du trajet en bus qui sépare le lycée de son appartement. Une heure de transport, de la musique dans les oreilles et le regard rivé à la fenêtre, il peut être « dans sa bulle ».
« Vivoter »
Pour Lola et Tom, 19 et 20 ans, la « bulle » qu’ils espéraient former en s’installant ensemble, à Floirac (Gironde), près de Bordeaux, a viré au « huis clos ». « On a l’impression d’avoir 45 ans », glissent-ils à l’unisson. Les deux amoureux ont fait une croix sur leurs projets de séjours à l’étranger – ils rêvaient de pays anglophones – pour une « vie d’adulte », en autarcie. « Travailler, rentrer, manger, regarder la télé : ça sera notre vie peut-être dans quinze ou vingt ans. Mais aujourd’hui ? Etre ensemble, c’est ce qu’on souhaitait, mais H24… », souffle Lola.
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Tom, 19 ans, dans son appartement à Floirac (Gironde), le 4 février. UGO AMEZ POUR "LE MONDE"
Et c’est presque moins dur pour elle, inscrite en BTS de commerce international, que pour lui, qui a quitté Lyon cet été, diplômé du bac, pour la rejoindre dans cette petite ville de 17 000 habitants. Sans amis. Peu de perspectives, sinon celle de passer, à un moment ou à un autre, le concours de surveillant pénitentiaire. Et même plus de petit boulot : celui de vendeur dans un magasin de baskets qu’il avait décroché a tourné court, avec la fermeture du centre commercial où l’enseigne est implantée. Depuis, le jeune couple vivote, du chômage partiel de Tom et des bourses de Lola.
« Toutes les étapes initiatiques qui accompagnent l’entrée dans l’âge adulte sont brouillées », explique Monique Dagnaud
« Vivoter » : le mot revient dans les témoignages des jeunes adultes à qui nous avons donné la parole, de Paris à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), de Lyon à Wambrechies (Nord), et qui n’ont pas d’autre point commun que d’appartenir à cette « génération Covid ». Une génération « mise à l’arrêt en plein envol », résume la sociologue Monique Dagnaud.
Baccalauréat, permis de conduire, stages, rentrée à l’université, soirées d’intégration, premier emploi, vacances entre amis… « Toutes les étapes initiatiques qui accompagnent, d’ordinaire, l’entrée dans l’âge adulte sont aujourd’hui brouillées », explique la directrice de recherche au CNRS. Comme si l’éventail des possibles s’était refermé.
« C’est dur d’avoir 20 ans en 2020 », a reconnu Emmanuel Macron le 14 octobre. L’antienne d’une « génération sacrifiée » sur l’autel de la crise n’est pas nouvelle : au XIXe siècle déjà, ou après les guerres mondiales, des politiques l’ont reprise, des jeunes l’ont intériorisée. « J’avais 20 ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie », écrivait Paul Nizan (1905-1940) dans les années 1930 ; un constat repris en Mai 68.
« Déscolarisé »
Le 14 octobre 2020, les mots d’Emmanuel Macron ont fait mouche auprès d’une jeunesse qui se sent, depuis le début de la crise, soupçonnée de ne pas toujours respecter les gestes barrières – ce que contestent, pourtant, les médecins – et d’être un vecteur de l’épidémie de Covid-19. « Je ne donnerai jamais de leçon à nos jeunes », a martelé le chef de l’Etat sur TF1 et France 2. « Ce sont ceux qui, honnêtement, vivent un sacrifice terrible : des examens annulés, de l’angoisse pour les formations, pour trouver le premier job », a-t-il énuméré, juste après l’annonce du premier couvre-feu.
A l’époque, et pour peu de temps encore (le reconfinement universitaire sera annoncé le 28 octobre 2020), les amphithéâtres sont bondés, et pour 2,7 millions d’étudiants déjà passablement secoués par les crises contemporaines (économique, sociale, environnementale), les conditions de l’année universitaire qui s’ouvre semblent pour le moins incertaines.
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Athéis Guégan dans sa chambre, à Pont-Melvez (Côtes-d’Armor), le 4 février. FABRICE PICARD POUR « LE MONDE »
Un trimestre plus tard, même avec la promesse présidentielle d’un retour en cours un jour par semaine, le flou à l’université ne s’est pas dissipé. Athéis Guégan, 18 ans, fait partie de ces « premières années » à qui le gouvernement vient de promettre la reprise des TD en demi-groupe, mais il se demande, certains jours, s’il n’est pas tout simplement « déscolarisé ». Après l’obtention du « bac Covid » – un examen passé en contrôle continu –, Athéis imaginait la fac comme un « lieu de liberté et d’autonomie ».
Il a tout juste eu le temps de faire sa rentrée au campus de Saint-Brieuc, une antenne de l’université de Rennes-I. Quelques cours en présentiel, en demi-groupe et une semaine sur deux, « masqué évidemment ». L’occasion de croiser – rapidement – quelques nouvelles têtes, avant d’être reconfiné et de n’échanger avec sa promo que sur Messenger.
Comment, dans ces conditions, se projeter ? Faute d’y voir clair, le jeune homme a choisi de rester vivre avec sa mère, dans le village de Pont-Melvez (Côtes-d’Armor) – 600 âmes. « Cet été, tout était tellement incertain… On a préféré ne pas payer un appartement pour rien, dit-il. Je ne pensais pas que mon début de fac ressemblerait tant à ma fin de lycée. »
« Stress permanent »
Payer un appartement pour rien : c’est ce que fait Ayoub El Khaoulani, 20 ans, quand il parvient à rassembler la somme nécessaire pour s’acquitter du « petit » loyer de sa « petite » chambre de 9 mètres carrés au Crous. Après l’« euphorie » de son intégration dans une école de commerce, à Grenoble en septembre 2020, ce boursier a dû se frotter à un autre défi : trouver de quoi financer ses frais d’inscription : « 14 000 euros par an, c’est une somme importante. » Deux banques l’ont éconduit ; la troisième, partenaire de son école, Grenoble Ecole de management, lui a accordé un prêt sans garant. « Un immense soulagement. »
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Ayoub El Khaoulani, 20 ans, à Bourg-Saint-Andéol (Ardèche), devant le domicile de ses parents, le 4 février. PABLO CHIGNARD POUR « LE MONDE »
Mais un soulagement de courte durée : « Financièrement, je suis dans un état de stress permanent, témoigne Ayoub. Avec le confinement et les couvre-feux successifs, les quelques heures d’aide aux devoirs que j’avais réussi à décrocher pour rembourser le prêt se sont réduites comme peau de chagrin. Je dois jongler entre toutes mes dépenses… »
C’est le lot commun d’une partie de la jeunesse, que l’on voit venir gonfler les files d’attente des distributions alimentaires. Les résultats de l’enquête de l’Observatoire de la vie étudiante publiée le 28 janvier en attestent : le confinement a bousculé le « modèle économique » de cette génération, dont 40 % environ avaient organisé leur budget autour d’une activité rémunérée, y apprend-on. Avec la mise à l’arrêt d’une partie du pays, entre mars et mai 2020, plus d’un tiers (36 %) de ceux qui travaillaient ont subi une baisse de revenus estimée, en moyenne, à 274 euros par mois.
Premiers touchés : les étudiants étrangers et les plus âgés. Sharon Barragan coche les deux cases : à 24 ans, la jeune Vénézuélienne, inscrite en troisième année de licence de danse à l’université Paris-VIII, cherche ses marques. « Le cliché que j’avais de Paris, c’était celui d’une capitale de culture, débordante de touristes asiatiques et de Parisiens pressés, sourit-elle. Depuis six mois que je suis ici, le Paris des musées, des spectacles, je ne l’ai pas vu. »
Mais elle n’a pas de regret : « Dans mon pays, pour exercer un art, il faut adhérer au parti du gouvernement. » En France, avec son inscription à l’université, Sharon a obtenu le statut d’étudiante et la protection sociale qui va avec. Et même si étudier la danse à distance est un « défi », elle refuse de se plaindre : « Ici, il y a la liberté, la sécurité, l’accès à une éducation publique et des opportunités, souligne-t-elle. Il faut juste les chercher. »
« Désœuvrement »
Certains baissent les bras. Suicide, mal-être, repli sur soi : les médecins ont donné l’alerte. Cette jeunesse aux mille visages, qu’elle se cherche une place dans l’enseignement supérieur ou sur le marché du travail (où le taux de chômage des 20-24 ans a bondi de 2,6 points en un an), paie cher les confinements à répétition. Le second plus que le premier, semble-t-il : au printemps 2020, rester chez soi relevait presque d’une « expérience » ; une « parenthèse », disait-on. Mais remettre ça à l’automne ? Nombre de jeunes qui regrettaient de faire du « surplace » sont, cette fois, revenus à la case départ – au domicile parental.
« Dans une période-clé de projection vers l’avenir, les situations d’attente s’éternisent, observe la sociologue Monique Dagnaud. Si ce n’est bon pour personne, c’est particulièrement rude à l’âge où l’on est censé poser des jalons pour la vie. »
Isabelle, 23 ans, le reconnaît : « Le niveau d’angoisse commence à monter. » Janvier 2021 aurait dû être le mois de « tous les possibles ». Celui où la jeune femme, en fin de master de relations internationales, allait enfin se frotter au monde professionnel – comme les 700 000 jeunes qui arrivent sur le marché du travail. A condition de trouver, au préalable, son « stage sésame ». « Je ne saurais pas dire combien de lettres de motivation j’ai envoyées, peut-être une centaine », soupire la Bretonne de naissance, recluse dans son studio parisien.
La « réclusion » pèse plus à certains. Selon un sondage Ipsos publié fin janvier, près d’un tiers des 18-25 ans évoquent des pensées suicidaires. Le gouvernement a promis d’en tenir compte : quitte à reconfiner, murmure-t-on ces jours-ci dans les arcanes du pouvoir, alors que les variants du virus se propagent, l’Elysée entend faire bouger le « curseur » et préserver davantage les jeunes, pour rééquilibrer une stratégie qui, ces dix derniers mois, a valorisé la protection des plus âgés.
En attendant, les premières mesures annoncées – deux repas par jour à 1 euro le repas dans les restos U, un « chèque psy », le plan « 1 jeune 1 solution », l’assouplissement du service civique – commencent tout juste à bénéficier aux intéressés.
Ces jeunes qui se sont confiés le disent : la solitude, l’isolement sont lourds à porter, surtout quand ils vous « tombent dessus » de manière imprévue. « J’ai l’impression d’être privé de tout ce que l’école devrait m’offrir », soupire Ayoub, l’étudiant de Grenoble. Athéis éprouve, lui, la sensation d’« être seul et infantilisé », de « n’appartenir à rien ». Et encore, être en études permet de compter – même à distance – sur l’« effet de groupe », sur un « réseau ». Avec ses camarades de promo, Isabelle s’appuie sur un groupe de parole lancé sur Facebook. « Une parade au désœuvrement », dit-elle.
« Vide professionnel »
Mais quand on n’est plus – ou qu’on n’a jamais été – étudiant ? Ophélie Minier, 19 ans, « niveau bac pro mécanique » (elle a quitté son lycée après avoir été harcelée, mais avant de décrocher l’examen), renoue tout doucement avec l’espoir. Les ongles rongés par une année de doutes, la jeune fille, qui vit chez son père à Saint-Ouen (Loir-et-Cher), village dortoir sur les coteaux du Loir, parle de « vide professionnel ». Elle a pourtant multiplié les ballons d’essai.
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Ophélie Minier, à Saint-Ouen (Loir-et-Cher), le 4 février. OLIVIER COULANGE POUR « LE MONDE »
« Au printemps, j’ai été prise dans un abattoir à volailles où les ouvriers étaient collés les uns aux autres. Je n’ai pas tenu longtemps. Puis j’ai fait les vendanges à Naveil. Là, je suis partie quand la patronne m’a jeté un sécateur parce que je n’avais pas entendu une consigne, rapporte-t-elle. Faut croire que tout le monde est à bout en ce moment. »
Ophélie postule comme équipière au McDo, en face de l’usine où son père travaille comme intérimaire, mais le restaurant sature de candidatures. Elle ronge son frein en décrochant son permis, grâce au soutien financier de sa mission locale. « Ensuite, ma conseillère m’a pris un rendez-vous avec un gendarme. » La rencontre se passe bien. Ophélie s’offre un manuel de préparation aux épreuves de gendarme adjoint volontaire et s’apprête à passer un test psychotechnique. Sur sa lettre de motivation, elle a écrit : « Je souhaite mettre ma détermination et mes qualités pour défendre et représenter mon pays. »
Autre profil, même volontarisme. Si Léa Ducoin, 22 ans, a le sentiment que sa « vie est sur pause », elle ne lâche rien : cette Lilloise n’a pas décroché de bourse pour sa dernière année d’études, alors ses grands-parents l’ont laissée poser ses affaires chez eux, à Wambrechies (Nord), il y a plus d’un an. C’était, au départ, pour quelques mois. Puis le Covid-19 est arrivé, et elle est restée. Sans conflit de génération, rapporte-t-elle. Mais avec une concession : pour protéger ses grands-parents du virus, Léa ne sort plus.
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Léa Ducoin, chez ses grands-parents, à Wambrechies (Nord), le 3 février. AIMÉE THIRION POUR "LE MONDE"
Elle met toute son énergie dans sa recherche d’emploi : après un stage de six mois, achevé mi-décembre 2020, la jeune femme, diplômée d’un MBA dans la communication et d’un bachelor de l’Edhec, a passé cinq jours à refaire son CV. « Je savais que bosser dans l’événementiel, c’était foutu avec le Covid. » Et puis, finalement, La Fabrique du changement, où elle avait fait son stage, l’a rappelée pour son prochain festival. Mi-janvier, Léa a signé un CDD de six mois. Son premier emploi… à distance. « J’ai déjà beaucoup de chance d’avoir un job et mes grands-parents à mes côtés », confie-t-elle.
« Quête de sens »
Résiliente, la jeunesse ? Pleine de questions : « A quand un retour à la normale ? » « Que valent des diplômes décrochés dans ces conditions ? » « Comment sera la vie d’après ? » « Quel sera le prix à payer pour notre génération ? » Mais une jeunesse disposée, aussi, à se remettre en jeu, à l’introspection.
Marseillaise depuis juillet 2020 après six années d’études qui l’ont amenée à voyager, Valentine Pradier, 24 ans, titulaire de deux masters, pensait être sur des rails en intégrant le service communication du festival Fiesta des Suds. C’était avant l’annulation de l’édition d’octobre 2020. Son stage a été prolongé de six mois. « Par rapport à beaucoup de mes amis, c’est déjà énorme », souligne-t-elle.
En attendant, elle déniche des missions en autoentrepreneuse et, surtout, s’active bénévolement sur les projets d’artistes amis. « Cela me tient, même si ça ne paye pas, je me lève le matin. » Les plus jeunes sont nombreux, avec la crise sanitaire, à avoir répondu aux sirènes de l’engagement, disent aussi les associations, pointant le besoin de « se sentir utile ».
Une « quête de sens », alors que le temps semble s’allonger : c’est ce que raconte Ambroise Vulin. Pas facile pour ce Lyonnais de 23 ans, en deuxième année de contrat d’alternance, de mener ses études à terme. Il lui reste six mois d’alternance à tenir, en passant, chaque semaine, deux jours en cours, dans son école du quartier de Vaise, dans le 9e arrondissement de Lyon, et trois jours dans la société artisanale qui l’emploie. « Je n’arrive plus tellement à me projeter dans une filière commerciale, dit-il. J’ai envie de revenir à quelque chose de plus technique, de plus concret. »
Et pourquoi pas à une formation de paysagiste, qui l’avait initialement intéressé ? « Le travail sur la nature me parle beaucoup plus, je gagnerai peut-être moins d’argent, mais je préfère cela à une vie artificielle. » La fragilité de l’existence révélée par la pandémie l’a sans doute incité à voir la vie autrement. Et cela ne lui semble pas une mauvaise chose.
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/09/l-effet-cicatrice-ou-les-carrieres-abimees-des-jeunes-diplomes-de-la-generation-covid_6069315_3234.html
L’« effet cicatrice » ou les carrières abîmées des jeunes diplômés de la « génération Covid »
« Une génération à l’arrêt » 2|3. L’entrée sur le marché du travail en pleine crise liée à la pandémie se fait dans des conditions dégradées, qui devraient laisser des traces pendant plusieurs années.
Par Béatrice Madeline
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Xavier Lissillour
Moins d’entretiens de recrutement décrochés, un recul des embauches, un salaire d’entrée plus faible qu’anticipé et, finalement, un grand sentiment de frustration. L’étude menée, fin décembre 2020, par Syntec Conseil, l’organisation professionnelle représentant les métiers du conseil, laisse peu de place au doute sur les difficultés que rencontrent les jeunes diplômés qui font leur entrée sur le marché du travail.
Sur 750 jeunes ayant décroché leur diplôme en 2020, 55 % avaient trouvé un emploi à la fin de l’année. Un ratio qui, sans être catastrophique, est nettement inférieur à celui d’avant la crise. Le taux d’insertion se situait alors à 74 %, six mois après l’obtention du diplôme. Surtout, ces jeunes ont dû faire des « compromis à tous les niveaux », souligne l’organisation, qui représente 120 000 salariés en France.
Ces concessions portent d’abord sur le type de contrat : seulement la moitié des diplômés ayant trouvé un emploi ont été embauchés en CDI, contre 69 % en temps normal. Ensuite, sur la rémunération : une part « significative » d’entre eux ont dû accepter un salaire inférieur à leurs attentes. Enfin, bien des jeunes ont dû réviser leurs aspirations en termes de fonction, de secteur d’activité ou de localisation. C’est particulièrement le cas de ceux qui visaient un début de carrière à l’étranger : plus des deux tiers de ces derniers ont renoncé. Selon le cabinet Syntec Conseil, le risque est de voir émerger une « génération coronavirus » sur le marché du travail : autrement dit, des jeunes actifs durablement marqués par cette crise et les efforts consentis pour décrocher leur premier emploi.
« Après quatre ans, les différences s’estompent »
Combien de temps faudra-t-il pour surmonter ces difficultés rencontrées lors des premiers pas dans la vie active ? Le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) a mené des travaux sur la génération arrivée sur le marché du travail en 2010, juste à la sortie de la crise de 2008-2009. Ces études démontrent qu’entrer dans la vie active dans un contexte de crise a bien une incidence négative sur les parcours professionnels.
Selon le cabinet Syntec Conseil, le risque est de voir émerger une « génération coronavirus » sur le marché du travail
Au bout de sept ans de vie active, ces jeunes avaient passé 73 % de leur temps en emploi, contre 80 % pour les jeunes sortis de formation en 1998. Pour 13 % d’entre eux, le Céreq évoque même une trajectoire professionnelle « dominée par le chômage », contre 7 % seulement pour les jeunes de 1998.
L’Insee a, de son côté, travaillé sur les jeunes sortis du système scolaire entre 1982 et 2010, où les périodes de crise ont alterné avec les périodes de reprise. La conclusion de cette étude publiée en 2014 – et qui n’a pas été réactualisée depuis – souligne qu’il y a bien un « effet cicatrice », comme le nomme l’Insee, mais sur une période assez courte. « La pénalisation des cohortes malchanceuses se manifeste surtout en termes de taux d’emploi, davantage que de salaire perçu par ceux qui trouvent un [travail], soulignent les auteurs de ces travaux. Après quatre ans, l’ensemble de ces différences s’estompent et les trajectoires convergent. »
Inégalité de genre
A noter, toutefois, que les jeunes femmes sont davantage pénalisées que leurs camarades masculins en termes de salaires. Elles mettent environ six ans de plus pour rattraper ce retard. L’inégalité de genre face à la crise est d’ailleurs confirmée par l’étude plus parcellaire de Syntec Conseil, qui indique que 60 % des jeunes hommes avaient trouvé un emploi fin 2020, contre 50 % des jeunes femmes.
Sur le long terme, poursuit l’Insee, si ces jeunes « malchanceux » ont plus de mal que d’autres à décrocher un emploi, ils ne sont, en revanche, pas stigmatisés. « Avoir subi davantage de chômage en début de carrière ne serait pas perçu comme un signe de moindre employabilité par les employeurs, car ils savent que le taux de chômage des jeunes est de toute manière élevé en France », affirment les auteurs. Autre spécificité hexagonale : « l’effet cicatrice » est bien moindre dans l’Hexagone que dans la plupart des autres pays. Cela s’explique par la forte part de jeunes embauchés au salaire minimum. Par temps de crise, la marge de pression à la baisse est donc limitée, voire nulle.
Frédéric Lorey, 45 ans, entré sur le marché du travail en 1998, après des études de communication, a connu un début de carrière chaotique, mais il estime aujourd’hui avoir surmonté cette période. « J’ai démarré dans une agence sur le secteur du high-tech et des start-up, quand la bulle Internet a éclaté. J’ai connu un premier licenciement en 2002. Après quoi, j’ai pu intégrer une autre agence, où je travaillais plutôt sur des secteurs moins affectés par la crise. Mais la crise financière est alors arrivée, avec des conséquences négatives sur le volume d’activité de l’agence. »
Finalement, Frédéric Lorey a fait le choix de se lancer à son compte. Loin d’avoir eu le sentiment de « traîner un boulet », il estime que ces « éclipses » dans sa carrière lui ont permis de ne pas rester « enfermé dans un domaine ».
« Plus résilient »
Les experts réfutent eux aussi l’idée d’une « peine » qu’il faudrait traîner avec soi toute sa carrière. « Le marché du travail est tendu, il y a moins d’options pour les jeunes », analyse Antoine Morgaut, directeur général pour les zones Europe, Moyen-Orient, Afique et Amériques du cabinet Robert Walters, l’un des leaders mondiaux du recrutement. « Si l’on observe ce qui s’est passé lors des crises antérieures, les nouvelles recrues peuvent subir un petit écart de rémunération à l’embauche. Mais ce retard est rattrapé par la suite et, assez étonnamment, on retrouve souvent ces personnes dix à quinze ans plus tard à des postes de direction. Comme si le fait d’avoir traversé une crise durant les trois premières années de sa carrière permettait de développer une forme de combativité, rendait plus résilient. »
Une expérience dont témoigne Olivier Jourdran, 36 ans, entré dans une entreprise de financement automobile en 2007. « J’étais commercial, chargé des moyennes et grandes entreprises. Autant dire que quand la crise financière est arrivée, les clients ont tous commencé par réduire leurs coûts, et donc leur flotte automobile. Quand on travaille sur un marché extrêmement tendu, on apprend tout de suite les bonnes méthodes. Pour moi, c’est un élément déterminant de la suite de ma carrière. »
« Trois ou quatre ans après leur début de carrière, ces jeunes, qui ont appris à travailler en période de crise, auront un excellent rapport qualité/prix sur le marché du travail », selon Antoine Morgaut, du cabinet Robert Walters
Une étude menée par des chercheurs de Cornell University (Etat de New York), auprès de deux sociétés de services en ingénierie informatique européennes, et dont les résultats ont été publiés en 2014, atteste de ce phénomène empiriquement vécu par M. Jourdran. Elle montre que cette capacité de résilience développée à l’entrée dans la vie active joue favorablement pour la suite, à condition que l’environnement économique ne change pas radicalement.
« Les manageurs qui sont embauchés en période de récession développent des compétences différentes de celles des manageurs qui sont embauchés lorsque l’économie se porte bien, résume Jérôme Barthélémy, professeur de stratégie et de management à l’école de commerce Essec. Ces compétences, telles que leur façon d’interagir avec leurs collègues et leurs clients, sont particulièrement utiles lorsque la conjoncture qui prévalait au moment de l’embauche reste la même. Elles le sont beaucoup moins lorsque la conjoncture change. »
Une trajectoire plus difficile pour les non-diplômés
Quant aux écarts de rémunération, « le marché du travail joue son rôle » pour les combler, souligne Antoine Morgaut. « Trois ou quatre ans après leur début de carrière, ces jeunes, qui ont appris à travailler en période de crise, auront un excellent rapport qualité/prix sur le marché du travail. »
Qu’en est-il pour les jeunes qui ne sont pas diplômés de l’enseignement supérieur, ou ceux qui se dirigent vers des carrières atypiques, et souvent plus précaires ? Les données sur leurs parcours en période de crise font cruellement défaut. Mais les statistiques issues des entreprises de travail temporaire suggèrent qu’ils consentent eux aussi des sacrifices, afin de pouvoir s’intégrer dans le monde du travail.
Selon une enquête publiée en novembre 2020 par Prism’emploi, qui regroupe plus de 600 entreprises de travail temporaire, plus d’un jeune sur deux s’est vu contraint de revoir ses ambitions à la baisse du fait de la crise sanitaire. Quatre sur dix disent avoir vu leurs revenus baisser. Le temps qu’ils mettront à effacer ce manque à gagner en début de carrière dépend largement du secteur d’activité dans lequel ils exercent : les perspectives dans l’industrie sont aujourd’hui favorables, contrairement aux métiers du tourisme, par exemple.
Mais une chose est certaine. Les « recalés » de l’enseignement supérieur connaissent une trajectoire professionnelle plus difficile que les diplômés. Selon une enquête du Céreq publiée en décembre 2020, seuls 37 % des jeunes qui n’ont pas fait d’études supérieures ont connu une trajectoire d’insertion marquée par un accès rapide et durable à l’emploi. De même, 15 % des « recalés » sont restés aux marges de l’emploi pendant ces trois premières années de vie active. Il y a peu de chances que la crise liée au Covid-19 ait changé la donne.
L’« effet cicatrice » ou les carrières abîmées des jeunes diplômés de la « génération Covid »
« Une génération à l’arrêt » 2|3. L’entrée sur le marché du travail en pleine crise liée à la pandémie se fait dans des conditions dégradées, qui devraient laisser des traces pendant plusieurs années.
Par Béatrice Madeline
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Xavier Lissillour
Moins d’entretiens de recrutement décrochés, un recul des embauches, un salaire d’entrée plus faible qu’anticipé et, finalement, un grand sentiment de frustration. L’étude menée, fin décembre 2020, par Syntec Conseil, l’organisation professionnelle représentant les métiers du conseil, laisse peu de place au doute sur les difficultés que rencontrent les jeunes diplômés qui font leur entrée sur le marché du travail.
Sur 750 jeunes ayant décroché leur diplôme en 2020, 55 % avaient trouvé un emploi à la fin de l’année. Un ratio qui, sans être catastrophique, est nettement inférieur à celui d’avant la crise. Le taux d’insertion se situait alors à 74 %, six mois après l’obtention du diplôme. Surtout, ces jeunes ont dû faire des « compromis à tous les niveaux », souligne l’organisation, qui représente 120 000 salariés en France.
Ces concessions portent d’abord sur le type de contrat : seulement la moitié des diplômés ayant trouvé un emploi ont été embauchés en CDI, contre 69 % en temps normal. Ensuite, sur la rémunération : une part « significative » d’entre eux ont dû accepter un salaire inférieur à leurs attentes. Enfin, bien des jeunes ont dû réviser leurs aspirations en termes de fonction, de secteur d’activité ou de localisation. C’est particulièrement le cas de ceux qui visaient un début de carrière à l’étranger : plus des deux tiers de ces derniers ont renoncé. Selon le cabinet Syntec Conseil, le risque est de voir émerger une « génération coronavirus » sur le marché du travail : autrement dit, des jeunes actifs durablement marqués par cette crise et les efforts consentis pour décrocher leur premier emploi.
« Après quatre ans, les différences s’estompent »
Combien de temps faudra-t-il pour surmonter ces difficultés rencontrées lors des premiers pas dans la vie active ? Le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) a mené des travaux sur la génération arrivée sur le marché du travail en 2010, juste à la sortie de la crise de 2008-2009. Ces études démontrent qu’entrer dans la vie active dans un contexte de crise a bien une incidence négative sur les parcours professionnels.
Selon le cabinet Syntec Conseil, le risque est de voir émerger une « génération coronavirus » sur le marché du travail
Au bout de sept ans de vie active, ces jeunes avaient passé 73 % de leur temps en emploi, contre 80 % pour les jeunes sortis de formation en 1998. Pour 13 % d’entre eux, le Céreq évoque même une trajectoire professionnelle « dominée par le chômage », contre 7 % seulement pour les jeunes de 1998.
L’Insee a, de son côté, travaillé sur les jeunes sortis du système scolaire entre 1982 et 2010, où les périodes de crise ont alterné avec les périodes de reprise. La conclusion de cette étude publiée en 2014 – et qui n’a pas été réactualisée depuis – souligne qu’il y a bien un « effet cicatrice », comme le nomme l’Insee, mais sur une période assez courte. « La pénalisation des cohortes malchanceuses se manifeste surtout en termes de taux d’emploi, davantage que de salaire perçu par ceux qui trouvent un [travail], soulignent les auteurs de ces travaux. Après quatre ans, l’ensemble de ces différences s’estompent et les trajectoires convergent. »
Inégalité de genre
A noter, toutefois, que les jeunes femmes sont davantage pénalisées que leurs camarades masculins en termes de salaires. Elles mettent environ six ans de plus pour rattraper ce retard. L’inégalité de genre face à la crise est d’ailleurs confirmée par l’étude plus parcellaire de Syntec Conseil, qui indique que 60 % des jeunes hommes avaient trouvé un emploi fin 2020, contre 50 % des jeunes femmes.
Sur le long terme, poursuit l’Insee, si ces jeunes « malchanceux » ont plus de mal que d’autres à décrocher un emploi, ils ne sont, en revanche, pas stigmatisés. « Avoir subi davantage de chômage en début de carrière ne serait pas perçu comme un signe de moindre employabilité par les employeurs, car ils savent que le taux de chômage des jeunes est de toute manière élevé en France », affirment les auteurs. Autre spécificité hexagonale : « l’effet cicatrice » est bien moindre dans l’Hexagone que dans la plupart des autres pays. Cela s’explique par la forte part de jeunes embauchés au salaire minimum. Par temps de crise, la marge de pression à la baisse est donc limitée, voire nulle.
Frédéric Lorey, 45 ans, entré sur le marché du travail en 1998, après des études de communication, a connu un début de carrière chaotique, mais il estime aujourd’hui avoir surmonté cette période. « J’ai démarré dans une agence sur le secteur du high-tech et des start-up, quand la bulle Internet a éclaté. J’ai connu un premier licenciement en 2002. Après quoi, j’ai pu intégrer une autre agence, où je travaillais plutôt sur des secteurs moins affectés par la crise. Mais la crise financière est alors arrivée, avec des conséquences négatives sur le volume d’activité de l’agence. »
Finalement, Frédéric Lorey a fait le choix de se lancer à son compte. Loin d’avoir eu le sentiment de « traîner un boulet », il estime que ces « éclipses » dans sa carrière lui ont permis de ne pas rester « enfermé dans un domaine ».
« Plus résilient »
Les experts réfutent eux aussi l’idée d’une « peine » qu’il faudrait traîner avec soi toute sa carrière. « Le marché du travail est tendu, il y a moins d’options pour les jeunes », analyse Antoine Morgaut, directeur général pour les zones Europe, Moyen-Orient, Afique et Amériques du cabinet Robert Walters, l’un des leaders mondiaux du recrutement. « Si l’on observe ce qui s’est passé lors des crises antérieures, les nouvelles recrues peuvent subir un petit écart de rémunération à l’embauche. Mais ce retard est rattrapé par la suite et, assez étonnamment, on retrouve souvent ces personnes dix à quinze ans plus tard à des postes de direction. Comme si le fait d’avoir traversé une crise durant les trois premières années de sa carrière permettait de développer une forme de combativité, rendait plus résilient. »
Une expérience dont témoigne Olivier Jourdran, 36 ans, entré dans une entreprise de financement automobile en 2007. « J’étais commercial, chargé des moyennes et grandes entreprises. Autant dire que quand la crise financière est arrivée, les clients ont tous commencé par réduire leurs coûts, et donc leur flotte automobile. Quand on travaille sur un marché extrêmement tendu, on apprend tout de suite les bonnes méthodes. Pour moi, c’est un élément déterminant de la suite de ma carrière. »
« Trois ou quatre ans après leur début de carrière, ces jeunes, qui ont appris à travailler en période de crise, auront un excellent rapport qualité/prix sur le marché du travail », selon Antoine Morgaut, du cabinet Robert Walters
Une étude menée par des chercheurs de Cornell University (Etat de New York), auprès de deux sociétés de services en ingénierie informatique européennes, et dont les résultats ont été publiés en 2014, atteste de ce phénomène empiriquement vécu par M. Jourdran. Elle montre que cette capacité de résilience développée à l’entrée dans la vie active joue favorablement pour la suite, à condition que l’environnement économique ne change pas radicalement.
« Les manageurs qui sont embauchés en période de récession développent des compétences différentes de celles des manageurs qui sont embauchés lorsque l’économie se porte bien, résume Jérôme Barthélémy, professeur de stratégie et de management à l’école de commerce Essec. Ces compétences, telles que leur façon d’interagir avec leurs collègues et leurs clients, sont particulièrement utiles lorsque la conjoncture qui prévalait au moment de l’embauche reste la même. Elles le sont beaucoup moins lorsque la conjoncture change. »
Une trajectoire plus difficile pour les non-diplômés
Quant aux écarts de rémunération, « le marché du travail joue son rôle » pour les combler, souligne Antoine Morgaut. « Trois ou quatre ans après leur début de carrière, ces jeunes, qui ont appris à travailler en période de crise, auront un excellent rapport qualité/prix sur le marché du travail. »
Qu’en est-il pour les jeunes qui ne sont pas diplômés de l’enseignement supérieur, ou ceux qui se dirigent vers des carrières atypiques, et souvent plus précaires ? Les données sur leurs parcours en période de crise font cruellement défaut. Mais les statistiques issues des entreprises de travail temporaire suggèrent qu’ils consentent eux aussi des sacrifices, afin de pouvoir s’intégrer dans le monde du travail.
Selon une enquête publiée en novembre 2020 par Prism’emploi, qui regroupe plus de 600 entreprises de travail temporaire, plus d’un jeune sur deux s’est vu contraint de revoir ses ambitions à la baisse du fait de la crise sanitaire. Quatre sur dix disent avoir vu leurs revenus baisser. Le temps qu’ils mettront à effacer ce manque à gagner en début de carrière dépend largement du secteur d’activité dans lequel ils exercent : les perspectives dans l’industrie sont aujourd’hui favorables, contrairement aux métiers du tourisme, par exemple.
Mais une chose est certaine. Les « recalés » de l’enseignement supérieur connaissent une trajectoire professionnelle plus difficile que les diplômés. Selon une enquête du Céreq publiée en décembre 2020, seuls 37 % des jeunes qui n’ont pas fait d’études supérieures ont connu une trajectoire d’insertion marquée par un accès rapide et durable à l’emploi. De même, 15 % des « recalés » sont restés aux marges de l’emploi pendant ces trois premières années de vie active. Il y a peu de chances que la crise liée au Covid-19 ait changé la donne.
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.midi-olympique.fr/2021/02/11/clermont-touche-par-le-virus-9367148.php
Clermont touché par le virus
Alors que les Agenais sortaient tout juste d’un épisode de Covid-19, c’est du côté de Clermont qu’a sévi le virus cette semaine, obligeant à reporter la rencontre au 27 février.
Alors que les joueurs agenais venaient tout juste d’en terminer de leur épisode Covid-19 qui les a obligés à reporter leur dernier match contre Bayonne, c’est au tour des Clermontois d’être de nouveau frappés par le virus cette semaine. Si l’ouvreur Camille Lopez (cas contact la semaine dernière) est sorti de l’isolement après avoir été testé négatif, une nouvelle suspicion de Covid au sein du club a obligé les joueurs auvergnats à passer de nouveaux tests mercredi, l’obligeant à reporter son traditionnel point presse. Si les résultats officiels n’étaient pas disponibles à l’instant d’imprimer ces lignes, le quotidien La Montagne annonçait jeudi matin qu’au moins trois des tests PCR s’étaient avérés positifs, imposant l’arrêt immédiat des entraînements mais aussi le report du déplacement à Agen ce week-end. En attendant, l’intégralité de l’effectif a été prévenue et priée de rester à leur domicile. Pendant que les cas positifs seront sommés de rester à l’isolement, tous les autres joueurs désormais considérés comme cas contacts devraient être à nouveau testés en tout début de semaine prochaine, afin de déterminer si une reprise de l’entraînement et la réception de Bayonne le 20 février seront possibles.
Les joueurs de nouveau testés en début de semaine prochaine
Si l’ASM avait jusque-là connu plusieurs cas positifs, elle n’avait encore jamais été impactée par la Covid-19 au point de devoir reporter un match. Un nouveau coup dur pour les Jaunards qui espéraient bénéficier une dernière fois de leur deuxième ligne Sitaleki Timani, dont le départ prévu dimanche en Australie pour rentrer auprès de sa famille devra lui aussi être repoussé. « On n’est vraiment pas épargné cette saison, nous soufflait l’entraîneur de la mêlée Didier Bès dans le courant de la semaine, lorsqu’il n’était encore en aucun cas question de report. On a eu beaucoup de deuxième ligne blessés cette saison, et quand tout le monde semble enfin revenu, Sita s’en va… Il s’agira de nous y adapter rapidement en intégrant Joel Everson qui bosse pour l’instant avec nous en opposition, et sera bientôt lancé dans le grand bain. » Las, cette intégration s’en trouvera d’autant plus retardée. Un facteur d’inquiétude de supplémentaire pour une équipe auvergnate qui, à la (dé)faveur de ce report, pourrait bien voir sa situation au classement se compliquer quelque peu. De quoi faire peser une pression supplémentaire à sa reprise sur les épaules d’une équipe qui n’a pas encore chassé tous ses doutes cette saison, à l’image de sa dernière sortie contre Lyon qui s’était pourtant soldée par une jolie opération comptable. Quant à ce déplacement à Agen, il sera reporté au 27 février.
Nicolas Zanardi
Clermont touché par le virus
Alors que les Agenais sortaient tout juste d’un épisode de Covid-19, c’est du côté de Clermont qu’a sévi le virus cette semaine, obligeant à reporter la rencontre au 27 février.
Alors que les joueurs agenais venaient tout juste d’en terminer de leur épisode Covid-19 qui les a obligés à reporter leur dernier match contre Bayonne, c’est au tour des Clermontois d’être de nouveau frappés par le virus cette semaine. Si l’ouvreur Camille Lopez (cas contact la semaine dernière) est sorti de l’isolement après avoir été testé négatif, une nouvelle suspicion de Covid au sein du club a obligé les joueurs auvergnats à passer de nouveaux tests mercredi, l’obligeant à reporter son traditionnel point presse. Si les résultats officiels n’étaient pas disponibles à l’instant d’imprimer ces lignes, le quotidien La Montagne annonçait jeudi matin qu’au moins trois des tests PCR s’étaient avérés positifs, imposant l’arrêt immédiat des entraînements mais aussi le report du déplacement à Agen ce week-end. En attendant, l’intégralité de l’effectif a été prévenue et priée de rester à leur domicile. Pendant que les cas positifs seront sommés de rester à l’isolement, tous les autres joueurs désormais considérés comme cas contacts devraient être à nouveau testés en tout début de semaine prochaine, afin de déterminer si une reprise de l’entraînement et la réception de Bayonne le 20 février seront possibles.
Les joueurs de nouveau testés en début de semaine prochaine
Si l’ASM avait jusque-là connu plusieurs cas positifs, elle n’avait encore jamais été impactée par la Covid-19 au point de devoir reporter un match. Un nouveau coup dur pour les Jaunards qui espéraient bénéficier une dernière fois de leur deuxième ligne Sitaleki Timani, dont le départ prévu dimanche en Australie pour rentrer auprès de sa famille devra lui aussi être repoussé. « On n’est vraiment pas épargné cette saison, nous soufflait l’entraîneur de la mêlée Didier Bès dans le courant de la semaine, lorsqu’il n’était encore en aucun cas question de report. On a eu beaucoup de deuxième ligne blessés cette saison, et quand tout le monde semble enfin revenu, Sita s’en va… Il s’agira de nous y adapter rapidement en intégrant Joel Everson qui bosse pour l’instant avec nous en opposition, et sera bientôt lancé dans le grand bain. » Las, cette intégration s’en trouvera d’autant plus retardée. Un facteur d’inquiétude de supplémentaire pour une équipe auvergnate qui, à la (dé)faveur de ce report, pourrait bien voir sa situation au classement se compliquer quelque peu. De quoi faire peser une pression supplémentaire à sa reprise sur les épaules d’une équipe qui n’a pas encore chassé tous ses doutes cette saison, à l’image de sa dernière sortie contre Lyon qui s’était pourtant soldée par une jolie opération comptable. Quant à ce déplacement à Agen, il sera reporté au 27 février.
Nicolas Zanardi
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Re: Rugby et Coronavirus
@SCALP: merci à toi pour ces articles postés au sujet du "sacrifice générationnel" de nos jeunes, qu'ils soient ou non diplômés...
Dr. Gregory Bouse- J'aime l'Union à la folie
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Re: Rugby et Coronavirus
Dr. Gregory Bouse a écrit:@SCALP: merci à toi pour ces articles postés au sujet du "sacrifice générationnel" de nos jeunes, qu'ils soient ou non diplômés...
J'attends le 3ᵉ chapitre.
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/02/10/covid-19-l-executif-insuffle-une-dose-d-optimisme_6069428_823448.html
Covid-19 : le sommet de l’Etat se veut optimiste et mise sur une amélioration de la situation sanitaire en France
Contre l’avis du conseil scientifique, qui le pressait de reconfiner, Emmanuel Macron a « pris son risque », selon la formule qu’il affectionne. Pour le moment, l’évolution de l’épidémie ne lui donne pas tort.
Par Alexandre Lemarié
Des critiques en rafale de l’opposition sur la lenteur de la campagne de vaccination, des pressions du monde médical pour placer une nouvelle fois la France sous cloche… Alors que la gestion de l’épidémie de Covid-19 obligeait l’exécutif à jouer le plus souvent en défense ces dernières semaines, les macronistes semblent retrouver le sourire. Dix jours après la décision surprise d’Emmanuel Macron de ne pas reconfiner le pays, ses partisans saluent cet arbitrage, non dénué de risques. « Le président de la République a eu raison de ne pas décider du confinement généralisé » car « chaque semaine que nous gagnons sur le confinement, c’est une semaine de liberté supplémentaire pour les Français », a applaudi le ministre de la santé, Olivier Véran, mardi 9 février, sur Franceinfo.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Confinons vite, fort, mais le moins de temps possible » : l’appel du directeur médical de crise de l’AP-HP
Le choix de M. Macron, considéré par beaucoup comme un pari périlleux, est aujourd’hui présenté à l’Elysée comme « une victoire du politique sur le scientifique ». Contre l’avis du conseil scientifique, qui le pressait de reconfiner, et contre les spécialistes qui se relayaient sur les plateaux de télévision pour présenter cette option comme la seule option possible, le chef de l’Etat a finalement « pris son risque », selon la formule qu’il affectionne. Pour le moment, l’évolution de la situation sanitaire ne lui donne pas tort. « Le président a repris la main », se félicite son conseiller à l’Elysée, Stéphane Séjourné. Autour du chef de l’Etat, des membres du premier cercle rappellent qu’Emmanuel Macron avait déjà fait « un choix politique audacieux » après le premier confinement, lorsqu’il avait décrété − contre l’avis des scientifiques − une réouverture anticipée des écoles, le 11 mai.
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Pas de raison de s’affoler
De quoi insuffler une dose d’optimisme au sommet de l’Etat. Après une année de gestion de crise éreintante, le gouvernement semble s’être converti à la « positive attitude », si l’on en croit le ton optimiste du ministre de la santé. Alors que des scientifiques estiment que le pouvoir ne fait que gagner du temps, tant un reconfinement va s’imposer tôt ou tard, M. Véran, lui, tient un tout autre discours. « La situation aujourd’hui ne justifie pas de mesure de confinement généralisée », a-t-il assuré, mardi, en jugeant même « possible » que la France ne soit « jamais reconfinée ». « Le confinement n’est pas un choix de facilité et de sécurité mais un choix de nécessité », a-t-il insisté, soulignant que « la santé est définie par l’OMS comme un état de bien-être général ».
Lire aussi : Face aux variants, l’exécutif fait le pari de ne pas recourir à nouveau au confinement
Un diagnostic, qui découle directement des chiffres. Car pour l’heure, la flambée épidémique tant redoutée ne s’est pas produite. Certes, le gouvernement « reste dans un état de vigilance très important », selon le ministre de la santé, et suit de près l’évolution des variants, qui se répandent vite et représentent désormais « un nouveau malade sur sept ». Mais pas de raison, pour autant, de s’affoler. S’il est « élevé », le niveau de l’épidémie en France reste « stable », a-t-il résumé. A ses yeux, avec près de « 20 000 nouveaux cas par jour », la situation sanitaire est finalement « la même qu’il y a deux semaines », lorsque M. Macron a choisi de se contenter de durcir certaines mesures. Même ton rassurant du ministre de la santé sur le vaccin AstraZeneca, dont l’efficacité est mise en doute face au variant sud-africain. « ll n’y a pas lieu de changer notre stratégie vaccinale », a-t-il assuré.
Bien que le pays reste sous la menace des variants, l’exécutif veut croire que la situation va s’améliorer progressivement, jusqu’à une sortie de crise, envisagée à l’été. Mardi, alors qu’une vague de froid s’abattait sur le nord de la France, Olivier Véran a évoqué « des jours meilleurs, printaniers », avec une hausse de la température susceptible de faire reculer le virus, tout en tablant sur de premiers effets de la campagne de vaccination. Une campagne, fortement critiquée pour sa lenteur, mais qui pourrait finalement avancer plus vite que prévu. D’après le ministre de la santé, entre 3,5 et 4 millions de Français devraient avoir reçu une première dose d’ici à la fin février, contre un précédent objectif de 2,4 à 4 millions.
« Naviguer à vue »
L’exécutif mise sur l’arrivée de nouveaux vaccins pour amplifier cette montée en puissance dans les mois à venir. Et ainsi tenir la promesse du chef de l’Etat, qui s’est engagé à « proposer un vaccin à tous les Français » d’ici à la fin de l’été. D’après son entourage, Emmanuel Macron n’a qu’une obsession : tourner la page du Covid-19 le plus vite possible. Et ainsi pouvoir reprendre le fil de son quinquennat, avant l’élection présidentielle de 2022.
« Le président essaie de dessiner un chemin positif pour donner une perspective aux Français, explique Stéphane Séjourné. Alors que Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon promettent une sortie de crise en forme de printemps de la colère, Emmanuel Macron préfère un printemps de la reconstruction et de la liberté, avec des entreprises qui repartent, des citoyens qui retrouvent leur vie d’avant… » Comme si « le retour des jours heureux », évoqué par le chef de l’Etat dès avril 2020, était devenu sa seule boussole. « Il faut continuer à se projeter vers un horizon plus positif quand nous aurons réussi à surmonter le pic de cette crise inédite. En 2017, le président a été élu sur un souffle positif », rappelle le délégué général de La République en marche (LRM), Stanislas Guerini.
Reste à voir si le contexte sera le même en 2022. Loin des projections optimistes de ses collègues, un responsable de la majorité rappelle que le pouvoir ne fait que « naviguer à vue », en essayant d’adapter le dispositif à une situation pouvant brusquement évoluer. « Comme on analyse les chiffres au jour le jour, il ne faut pas dire que l’on ne va pas confiner, alors que ça peut être le cas demain », s’agace-t-il. De quoi doucher l’enthousiasme ambiant.
Covid-19 : le sommet de l’Etat se veut optimiste et mise sur une amélioration de la situation sanitaire en France
Contre l’avis du conseil scientifique, qui le pressait de reconfiner, Emmanuel Macron a « pris son risque », selon la formule qu’il affectionne. Pour le moment, l’évolution de l’épidémie ne lui donne pas tort.
Par Alexandre Lemarié
Des critiques en rafale de l’opposition sur la lenteur de la campagne de vaccination, des pressions du monde médical pour placer une nouvelle fois la France sous cloche… Alors que la gestion de l’épidémie de Covid-19 obligeait l’exécutif à jouer le plus souvent en défense ces dernières semaines, les macronistes semblent retrouver le sourire. Dix jours après la décision surprise d’Emmanuel Macron de ne pas reconfiner le pays, ses partisans saluent cet arbitrage, non dénué de risques. « Le président de la République a eu raison de ne pas décider du confinement généralisé » car « chaque semaine que nous gagnons sur le confinement, c’est une semaine de liberté supplémentaire pour les Français », a applaudi le ministre de la santé, Olivier Véran, mardi 9 février, sur Franceinfo.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Confinons vite, fort, mais le moins de temps possible » : l’appel du directeur médical de crise de l’AP-HP
Le choix de M. Macron, considéré par beaucoup comme un pari périlleux, est aujourd’hui présenté à l’Elysée comme « une victoire du politique sur le scientifique ». Contre l’avis du conseil scientifique, qui le pressait de reconfiner, et contre les spécialistes qui se relayaient sur les plateaux de télévision pour présenter cette option comme la seule option possible, le chef de l’Etat a finalement « pris son risque », selon la formule qu’il affectionne. Pour le moment, l’évolution de la situation sanitaire ne lui donne pas tort. « Le président a repris la main », se félicite son conseiller à l’Elysée, Stéphane Séjourné. Autour du chef de l’Etat, des membres du premier cercle rappellent qu’Emmanuel Macron avait déjà fait « un choix politique audacieux » après le premier confinement, lorsqu’il avait décrété − contre l’avis des scientifiques − une réouverture anticipée des écoles, le 11 mai.
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Pas de raison de s’affoler
De quoi insuffler une dose d’optimisme au sommet de l’Etat. Après une année de gestion de crise éreintante, le gouvernement semble s’être converti à la « positive attitude », si l’on en croit le ton optimiste du ministre de la santé. Alors que des scientifiques estiment que le pouvoir ne fait que gagner du temps, tant un reconfinement va s’imposer tôt ou tard, M. Véran, lui, tient un tout autre discours. « La situation aujourd’hui ne justifie pas de mesure de confinement généralisée », a-t-il assuré, mardi, en jugeant même « possible » que la France ne soit « jamais reconfinée ». « Le confinement n’est pas un choix de facilité et de sécurité mais un choix de nécessité », a-t-il insisté, soulignant que « la santé est définie par l’OMS comme un état de bien-être général ».
Lire aussi : Face aux variants, l’exécutif fait le pari de ne pas recourir à nouveau au confinement
Un diagnostic, qui découle directement des chiffres. Car pour l’heure, la flambée épidémique tant redoutée ne s’est pas produite. Certes, le gouvernement « reste dans un état de vigilance très important », selon le ministre de la santé, et suit de près l’évolution des variants, qui se répandent vite et représentent désormais « un nouveau malade sur sept ». Mais pas de raison, pour autant, de s’affoler. S’il est « élevé », le niveau de l’épidémie en France reste « stable », a-t-il résumé. A ses yeux, avec près de « 20 000 nouveaux cas par jour », la situation sanitaire est finalement « la même qu’il y a deux semaines », lorsque M. Macron a choisi de se contenter de durcir certaines mesures. Même ton rassurant du ministre de la santé sur le vaccin AstraZeneca, dont l’efficacité est mise en doute face au variant sud-africain. « ll n’y a pas lieu de changer notre stratégie vaccinale », a-t-il assuré.
Bien que le pays reste sous la menace des variants, l’exécutif veut croire que la situation va s’améliorer progressivement, jusqu’à une sortie de crise, envisagée à l’été. Mardi, alors qu’une vague de froid s’abattait sur le nord de la France, Olivier Véran a évoqué « des jours meilleurs, printaniers », avec une hausse de la température susceptible de faire reculer le virus, tout en tablant sur de premiers effets de la campagne de vaccination. Une campagne, fortement critiquée pour sa lenteur, mais qui pourrait finalement avancer plus vite que prévu. D’après le ministre de la santé, entre 3,5 et 4 millions de Français devraient avoir reçu une première dose d’ici à la fin février, contre un précédent objectif de 2,4 à 4 millions.
« Naviguer à vue »
L’exécutif mise sur l’arrivée de nouveaux vaccins pour amplifier cette montée en puissance dans les mois à venir. Et ainsi tenir la promesse du chef de l’Etat, qui s’est engagé à « proposer un vaccin à tous les Français » d’ici à la fin de l’été. D’après son entourage, Emmanuel Macron n’a qu’une obsession : tourner la page du Covid-19 le plus vite possible. Et ainsi pouvoir reprendre le fil de son quinquennat, avant l’élection présidentielle de 2022.
« Le président essaie de dessiner un chemin positif pour donner une perspective aux Français, explique Stéphane Séjourné. Alors que Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon promettent une sortie de crise en forme de printemps de la colère, Emmanuel Macron préfère un printemps de la reconstruction et de la liberté, avec des entreprises qui repartent, des citoyens qui retrouvent leur vie d’avant… » Comme si « le retour des jours heureux », évoqué par le chef de l’Etat dès avril 2020, était devenu sa seule boussole. « Il faut continuer à se projeter vers un horizon plus positif quand nous aurons réussi à surmonter le pic de cette crise inédite. En 2017, le président a été élu sur un souffle positif », rappelle le délégué général de La République en marche (LRM), Stanislas Guerini.
Reste à voir si le contexte sera le même en 2022. Loin des projections optimistes de ses collègues, un responsable de la majorité rappelle que le pouvoir ne fait que « naviguer à vue », en essayant d’adapter le dispositif à une situation pouvant brusquement évoluer. « Comme on analyse les chiffres au jour le jour, il ne faut pas dire que l’on ne va pas confiner, alors que ça peut être le cas demain », s’agace-t-il. De quoi doucher l’enthousiasme ambiant.
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Re: Rugby et Coronavirus
https://rmcsport.bfmtv.com/rugby/top-14/top-14-les-aides-de-l-etat-enfin-versees-d-ici-la-fin-du-mois_AN-202102130183.html
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/02/15/des-mesures-tres-strictes-avec-l-espoir-de-reprendre-vite-une-vie-normale-la-strategie-zero-covid-est-elle-possible-en-france_6069963_3244.html
Des mesures très strictes, avec l’espoir de reprendre vite une vie normale : la stratégie « zéro Covid » est-elle possible en France ?
Alors que de nombreux pays d’Asie et du Pacifique maîtrisent la circulation du virus, l’Europe et les Amériques peinent à la juguler, regrettent des experts pour qui « vivre avec le Covid-19 » n’est pas la solution.
Par Hervé Morin(avec Pascale Santi) et David Larousserie
« Vivre avec le virus », en espérant que le vaccin nous en délivrera tôt ou tard. Telle semble être la stratégie à laquelle la France et nombre de ses voisins se sont résignés, tentant vaille que vaille de contenir la circulation du SARS-CoV-2 sous un seuil « acceptable » – ce qui se traduit toujours par quelques centaines de morts chaque jour, alors que le pays reste au bord de la rupture sanitaire et économique.
L’objectif fixé par l’exécutif, « la fin de l’été », pour vacciner tous les Français adultes qui le souhaitent, sera-il tenu ? Les aléas de production de l’industrie pharmaceutique et l’arrivée de nouveaux variants affaiblissant l’immunisation suggèrent que cet horizon pourrait reculer. Face à cette incertitude lancinante, n’y a-t-il aucune alternative ?
« Vivre avec le virus ? Dès que vous dites cela, vous faites des compromis, vous tombez dans le fatalisme. La conséquence, c’est que vous ne choisissez pas d’agir », tranche Yaneer Bar-Yam. Ce physicien, président de l’Institut des systèmes complexes de Nouvelle-Angleterre (Necsi) à Cambridge (Massachusetts), un centre de recherche privé, travaille depuis une quinzaine d’années sur les épidémies, après un article dans lequel il pointait l’importance des voyages dans la propagation des maladies. Il est à l’origine du site Endcoronavirus.org et est l’une des figures de proue d’une mouvance d’experts qui refusent donc en bloc de « vivre avec le virus ». Leur stratégie, dite « zéro Covid », sonne comme un truisme : qui ne souhaite pas être débarrassé du coronavirus ?
Eux proposent d’y parvenir en quatre à six semaines d’un confinement strict, suivies d’un contrôle implacable des nouveaux foyers par l’application du triptyque « tester, tracer, isoler » (TTI), et d’une ouverture conditionnelle des zones exemptes de virus.
Des principes simples, et surtout éprouvés, puisqu’ils résonnent avec des succès exemplaires dans la gestion de la pandémie, essentiellement en Asie et dans le Pacifique. Autant de territoires, plaide Yaneer Bar-Yam, qui, une fois le virus sous contrôle, ont renoué avec cette « vie ordinaire dont nous avons oublié ce qu’elle était, tellement notre esprit est concentré sur les défis du présent ».
« Changement vital de stratégie »
Quelle est donc cette internationale montante du zéro Covid ? Plusieurs pôles ont émergé çà et là. Des variantes ont été formulées, entre l’éradication du virus et son simple maintien dans les cordes – un flottement doctrinaire qui est parfois reproché à ses promoteurs.
En Allemagne, cette stratégie a été mise en avant par Die Zeit, qui le 20 janvier a publié le fruit d’une réflexion commune de virologues, de sociologues, de spécialistes de santé publique et de politistes. Le débat, auquel même la chancelière Angela Merkel a participé, a été nourri.
Au Japon, qui jouit pourtant d’un statut épidémiologique enviable, des spécialistes de santé publique expliquent dans le British Medical Journal du 8 février qu’il faut aller encore plus loin : « Le Japon devrait viser l’élimination du Covid-19 », avancent-ils, appelant à un « changement vital de stratégie qui requiert du leadership, de la transparence, et une science robuste ».
Au Royaume-Uni, cette approche revêt les atours d’un « shadow cabinet », ce gouvernement en miroir que les partis d’opposition tentent de faire vivre. En l’occurrence, c’est l’Independent Sage qui se substitue au conseil scientifique officiel du gouvernement britannique pour les situations d’urgence (SAGE), depuis l’été 2020, pour plaider le zéro Covid. Cette structure informelle, impitoyable dans sa critique du gouvernement Johnson, est présidée par Sir David King, l’ancien conseiller scientifique en chef du gouvernement.
En Irlande aussi, les échanges sont vifs, prenant parfois un tour politique, le Parti socialiste appelant à faire passer par cette voie « la santé avant le profit ». Au Canada, signale Yaneer Bar-Yam, des entrepreneurs du tourisme d’Edmonton (Alberta) pensent que les deux ne sont pas incompatibles. Citant le Fonds monétaire international (FMI), ils appellent au zéro Covid « pour aller de l’avant de façon sensée pour le business, l’économie et la santé publique ».
La constellation du zéro Covid n’a pas encore rédigé l’équivalent unifié d’une « Déclaration du Grand Barrington », dans laquelle des épidémiologistes appelaient à laisser la pandémie courir pour parvenir rapidement à une immunité de groupe. Une idée largement dénoncée pour les graves conséquences sanitaires qui s’ensuivraient. Le mouvement zéro Covid en prend le contre-pied complet, mais il cherche à avoir le même impact sur le débat public et la décision politique.
« Ecraser » plutôt qu’« aplatir »
Et puisque, en temps de pandémie, le distanciel est de rigueur, c’est par écran interposé que le Necsi de Yaneer Bar-Yam a organisé du 26 au 28 janvier un « sommet » pour discuter des meilleurs leviers à actionner pour « mettre fin au Covid ». Parmi les intervenants, tous n’étaient pas des experts de la pandémie. Y figurait ainsi Tomas Pueyo, un centralien franco-espagnol expatrié dans la Silicon Valley dans une entreprise de cours en ligne (Course Hero). Au printemps 2020, il s’est rendu célèbre (plus de 60 millions de lecteurs) grâce à des textes traduits en plusieurs langues vulgarisant très tôt les dynamiques de l’épidémie. Il reconnaît lui-même que son expérience en la matière se résume à l’étude de la diffusion virale d’un logiciel – lacune compensée par un talent certain pour le storytelling.
Mais la figure la plus marquante et respectée du mouvement est sans doute l’épidémiologiste néo-zélandais Michael Baker (université d’Otago), l’un des pères de la stratégie implacable qui permet aujourd’hui à son pays de vivre presque normalement. Fraîchement admis dans l’ordre du mérite néo-zélandais, il a cosigné le 28 janvier dans le Guardian un article déclinant « les seize raisons pour lesquelles tous les pays devraient poursuivre une stratégie d’élimination du Covid-19 ». La première étant qu’elle sauve des vies : selon la base de données Our World in Data, le taux de mortalité cumulée imputable au virus est 240 fois moindre en Nouvelle-Zélande (5,18 décès par million d’habitants) qu’en France (1 240 décès par million d’habitants).
Quelle est donc cette stratégie si désirable ? Elle est assez simple à énoncer. D’abord, « écraser » plutôt « qu’aplatir » la courbe des contaminations, par un confinement strict, du type du premier confinement qu’a vécu la France au printemps 2020. Ensuite, une fois atteinte une incidence faible de l’ordre de 10 cas pour 100 000 habitants, contrôler la circulation du virus par une palette de leviers, à actionner selon les cas, les circonstances et les cultures : contrôle des frontières, limitation des rassemblements, masques, « tester, tracer, isoler »… « Aucune mesure n’est suffisante à elle seule, mais en combinaison cela fonctionne à la manière de plusieurs couches trouées de fromage suisse que l’on superpose et qui ne laissent rien passer », explique Tomas Pueyo.
Troisième étape, faire passer peu à peu des régions de « rouge » à « vert », indiquant que ces dernières peuvent retrouver une activité normale. Enfin, être prêt à de nouvelles mesures fortes locales et de courte durée pour éteindre des foyers rapidement. En quatre à six semaines, donc, les résultats pourraient être là. « Cette estimation se base sur le cas de Wuhan, épicentre de l’épidémie, qui avait sans doute dix fois plus de cas réels que détectés et qui a éliminé le virus durant ce laps de temps », décrit Tomas Pueyo.
Contre-exemple cruel
Si le régime chinois et ses mesures autoritaires peuvent sembler des repoussoirs, les tenants du zéro Covid peuvent citer la vingtaine de pays qui sont en train de « battre » le virus : Australie, Cambodge, Islande, Nouvelle-Zélande, Taïwan, Vietnam… Et donner le contre-exemple cruel des pays, notamment européens, qui ont raté une occasion au printemps après les confinements sévères de mars à mai et qui ont vu une seconde vague arriver. « On a rouvert les frontières à l’été et le dispositif “tester, tracer, isoler” n’a pas fonctionné », regrette Tomas Pueyo.
Chaque objection a sa réponse. Le fait que les succès concernent souvent des petits pays, isolés ? Il renverse l’argument : « L’Irlande et la Grande-Bretagne, qui sont des îles, n’ont aucune excuse ! » Le respect des zones rouges et vertes ? Idem, les confinements printaniers ont déjà empêché les mouvements. Le côté autoritaire de cette stratégie ? Les tenants du zéro Covid ne nient pas qu’il faille plus de fermeté dans l’application et le respect des mesures comme l’isolement ou les quarantaines. « Les gouvernements ont déjà contraint les gens à rester chez eux plusieurs semaines. Cela sera acceptable si on dit qu’après ce sera fini », plaide Tomas Pueyo, qui ne fait pas du recours aux technologies de traçage une condition sine qua non, même si « réduire localement et temporairement les protections de la vie privée est mieux que perdre des vies et bloquer l’économie ».
Le coût d’un nouveau « lockdown » ? « Des confinements locaux et de courte durée valent mieux que la situation actuelle », assène Yaneer Bar-Yam, que ce soit aux plans économique ou mental. C’est aussi sa réponse à l’objection d’Angela Merkel, qui juge psychologiquement difficile de maintenir des mesures contraignantes alors même que la circulation virale semblera déjà suffisamment basse. Dès juillet 2020, il expliquait que le système des zones vertes permettrait d’apporter des réponses localisées, et un encouragement à y accéder pour les citoyens.
Finalement, ces judokas rhétoriques retournent la question : pourquoi une partie de l’Occident n’envisage-t-elle pas le zéro Covid ? « C’est plus une question psychologique que technique », pense Tomas Pueyo. « Une question de volonté politique », ajoute Yaneer Bar-Yam. Il considère pourtant que « c’est une stratégie motivante car tout le monde souhaitera être dans une zone sans virus et donc agira dans ce sens. Aujourd’hui, la vie n’est pas revenue à la normale. » A l’inverse, la confiance des citoyens est dilapidée « avec ces yoyos permanents ».
Freinage viral nécessaire
Et en France ? Le débat sur cette stratégie zéro Covid reste embryonnaire. Notre pays, que l’on dit jaloux de ses exceptionnalismes, serait-il prêt à s’aligner sur la lointaine Asie ? Les épidémiologistes et les cliniciens sont partagés, plus sur la faisabilité que sur la pertinence de la proposition sur le fond.
« Aujourd’hui, le zéro Covid est inatteignable à cause de l’intensité de la circulation virale, note William Dab, ancien directeur général de la santé. La condition, c’est un isolement très strict pendant quelques semaines, j’essaierais quatre semaines. » Un freinage viral d’autant plus nécessaire qu’« avec la montée en charge de la vaccination, on va exercer une pression de sélection sur le virus, on va sélectionner des souches qui échappent au vaccin ». Le même phénomène est encouragé par la circulation virale : plus sa population est grande, plus il y a de risques qu’un mutant plus agressif surgisse. Après ce confinement, le « tester, tracer, isoler » prendrait le relais pour juguler les nouveaux clusters et foyers.
Pour l’épidémiologiste Mahmoud Zureik (université de Versailles - Saint-Quentin-en-Yvelines), « théoriquement, cette stratégie est la bonne. C’est un modèle très séduisant : tant que vous maîtrisez 1 000 cas, vous maîtrisez l’épidémie ». Mais il nourrit « de gros doutes » sur l’opportunité de sa transposition rapide en France. « Si on se lançait maintenant, on irait à l’échec, car on n’a pas tiré les leçons de notre incapacité à tester, tracer, isoler efficacement, pour vraiment réussir la sortie du confinement. Si on ne s’y prépare pas dès maintenant, on n’aura qu’une accalmie de courte à moyenne durée, estime-t-il. Le timing est essentiel : il faudrait aussi avoir vacciné suffisamment de gens vulnérables pour y aller, soit plutôt en avril qu’en mars. »
Il s’interroge en outre sur l’état de préparation des pays frontaliers, doutant aussi de leur capacité à tester, tracer, isoler. « Cela demande un état d’esprit, des outils… » Le déploiement de tests salivaires à grande échelle lui semble un préalable, mais aussi une pédagogie sur les moyens de traçage par téléphonie mobile et un effort massif pour l’isolement des cas positifs (indemnisation, hébergement, livraison des repas…).
Antoine Flahaut (Institut de santé globale, université de Genève), qui est favorable au zéro Covid, note lui aussi un certain scepticisme chez ses collègues sur sa transposition en France. Il a ainsi été opposé sur ce sujet, sur l’antenne de France Culture le 10 février, à la professeure de santé publique Anne-Claude Crémieux (hôpital Saint-Louis, Paris), pour qui « on ferait mieux de mettre nos efforts dans une vaccination qui porte ses fruits ». Il explique ces réticences par « le sentiment que les Français n’accepteraient pas de nouvelles mesures plus dures et par une forme de défaitisme – les intéressés parleraient de pragmatisme –, car on aurait raté une occasion au printemps et ce serait trop tard. Il ne resterait plus que la stratégie douce qui parie sur l’accélération de la vaccination ». Mais il se demande si « on n’exagère pas l’opposition des Français au confinement, comme on avait exagéré leur crainte des vaccins ».
En outre, il rappelle que cette stratégie « douce » s’accompagne d’une décrue assez lente du nombre de cas, repoussant la levée des mesures restrictives actuelles à plusieurs semaines : « Avec un taux de reproduction de 1, comme en ce moment, le nombre de cas restera stable et haut. Avec 0,9, il diminue de moitié en un mois, avec 0,7, ce nombre est divisé par deux en une semaine. » A ce rythme, on tomberait à environ 1 000 cas recensés par jour, seulement en un mois… Mais au-delà, lui aussi nourrit des doutes sur le TTI à la française. Il suggère de remonter aux sources de contaminations, comme le fait le Japon, pour identifier les événements et individus superpropagateurs, plutôt que de dépenser trop d’énergie dans l’identification des contacts subséquents.
Risque d’une planète « coupée en deux »
Pour l’épidémiologiste Renaud Piarroux (AP-HP), l’objectif zéro Covid nécessite une « révolution conceptuelle » plus marquée encore dans le traçage et l’isolement des cas. « La haute administration répond à ces enjeux par le contrôle et le normatif, met les acteurs autour de la table pour négocier la tarification des actes, mais peine à se concentrer sur l’opérationnel, déplore-t-il. Rendre le patient acteur de la lutte en lui expliquant l’intérêt d’avertir ses contacts et de s’isoler passe par des visites d’équipes mobiles constituées de personnes formées, expérimentées », plaide-t-il, fort de son expérience du choléra en Haïti et en Afrique. La vaccination et d’éventuels traitements font bien évidemment partie de la solution, mais les variants compliquent l’équation. « Sans “tester, tracer, isoler” efficace, dit-il, on reste à la merci du virus et contraint à des mesures qui gênent toute la population. »
Cette situation risque de perdurer au-delà de l’automne et de la première campagne vaccinale, forcément incomplète, qui n’empêchera pas une circulation résiduelle du virus. Elle dessinerait une planète « coupée en deux », s’inquiète Renaud Piarroux. Aujourd’hui, « une partie importante du globe tend vers le zéro Covid. On ne peut plus s’y rendre quand on vient d’un pays où le virus circule, et, inversement, de la même manière qu’on hésite à se rendre dans les zones impaludées, l’Europe et les Amériques pourraient faire figure de tiers-monde en matière de Covid ».
« Le zéro Covid ne peut marcher s’il est déployé dans un seul pays. Ce serait bien d’avoir une stratégie commune dans les régions frontalières, note pour sa part William Dab. Or je ne vois pas de discussion là-dessus en Europe. Il est vrai que la santé n’est pas une compétence communautaire. » Antoine Flahaut abonde : à l’échelle européenne, des découplages pourraient s’opérer entre les pays qui tolèrent le virus et ceux capables de viser le zéro Covid « qui auront envie d’étanchéifier leurs frontières ». Le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas…, qui voient leur incidence baisser fortement, pourraient être tentés par « l’écrasement ». Peut-être y aura-t-il là un ressort pour la stratégie no-Covid : quelle nation pourrait-elle tolérer longtemps de passer pour le « lépreux » du SARS-CoV-2 ?
En tout cas, tous les spécialistes s’accordent sur un point : « Cette période est idéale pour en débattre, car nous ne sommes pas en situation de crise aiguë, exponentielle. Le Parlement devrait se saisir de la question et ouvrir une discussion sur les scénarios possibles », plaide Antoine Flahault. Oubliant l’objectif des 5 000 cas positifs par jour de l’automne 2020, « le gouvernement donne le sentiment d’avoir changé de stratégie sans le dire, note William Dab. On peut estimer que les vieux vont mourir, que l’important est la scolarité des jeunes et la reprise économique, mais qu’il n’y ait aucun débat là-dessus me choque. C’est important d’expliquer les tenants et les aboutissants. Pour beaucoup d’acteurs, quelque chose n’est pas lisible, et ce n’est pas bon ».
Que pense du zéro Covid le conseil scientifique, dont les avis n’hésitaient pas naguère à détailler les options sur la table pour contrer la pandémie ? Ayant vu certaines de ses préconisations ignorées par l’exécutif, il semble sur la réserve. La réponse laconique d’Arnaud Fontanet (Institut Pasteur) fait un parfait modèle de câble diplomatique : « Un peu trop éloigné des arbitrages en cours. Sujet intéressant au demeurant. »
Des mesures très strictes, avec l’espoir de reprendre vite une vie normale : la stratégie « zéro Covid » est-elle possible en France ?
Alors que de nombreux pays d’Asie et du Pacifique maîtrisent la circulation du virus, l’Europe et les Amériques peinent à la juguler, regrettent des experts pour qui « vivre avec le Covid-19 » n’est pas la solution.
Par Hervé Morin(avec Pascale Santi) et David Larousserie
« Vivre avec le virus », en espérant que le vaccin nous en délivrera tôt ou tard. Telle semble être la stratégie à laquelle la France et nombre de ses voisins se sont résignés, tentant vaille que vaille de contenir la circulation du SARS-CoV-2 sous un seuil « acceptable » – ce qui se traduit toujours par quelques centaines de morts chaque jour, alors que le pays reste au bord de la rupture sanitaire et économique.
L’objectif fixé par l’exécutif, « la fin de l’été », pour vacciner tous les Français adultes qui le souhaitent, sera-il tenu ? Les aléas de production de l’industrie pharmaceutique et l’arrivée de nouveaux variants affaiblissant l’immunisation suggèrent que cet horizon pourrait reculer. Face à cette incertitude lancinante, n’y a-t-il aucune alternative ?
« Vivre avec le virus ? Dès que vous dites cela, vous faites des compromis, vous tombez dans le fatalisme. La conséquence, c’est que vous ne choisissez pas d’agir », tranche Yaneer Bar-Yam. Ce physicien, président de l’Institut des systèmes complexes de Nouvelle-Angleterre (Necsi) à Cambridge (Massachusetts), un centre de recherche privé, travaille depuis une quinzaine d’années sur les épidémies, après un article dans lequel il pointait l’importance des voyages dans la propagation des maladies. Il est à l’origine du site Endcoronavirus.org et est l’une des figures de proue d’une mouvance d’experts qui refusent donc en bloc de « vivre avec le virus ». Leur stratégie, dite « zéro Covid », sonne comme un truisme : qui ne souhaite pas être débarrassé du coronavirus ?
Eux proposent d’y parvenir en quatre à six semaines d’un confinement strict, suivies d’un contrôle implacable des nouveaux foyers par l’application du triptyque « tester, tracer, isoler » (TTI), et d’une ouverture conditionnelle des zones exemptes de virus.
Des principes simples, et surtout éprouvés, puisqu’ils résonnent avec des succès exemplaires dans la gestion de la pandémie, essentiellement en Asie et dans le Pacifique. Autant de territoires, plaide Yaneer Bar-Yam, qui, une fois le virus sous contrôle, ont renoué avec cette « vie ordinaire dont nous avons oublié ce qu’elle était, tellement notre esprit est concentré sur les défis du présent ».
« Changement vital de stratégie »
Quelle est donc cette internationale montante du zéro Covid ? Plusieurs pôles ont émergé çà et là. Des variantes ont été formulées, entre l’éradication du virus et son simple maintien dans les cordes – un flottement doctrinaire qui est parfois reproché à ses promoteurs.
En Allemagne, cette stratégie a été mise en avant par Die Zeit, qui le 20 janvier a publié le fruit d’une réflexion commune de virologues, de sociologues, de spécialistes de santé publique et de politistes. Le débat, auquel même la chancelière Angela Merkel a participé, a été nourri.
Au Japon, qui jouit pourtant d’un statut épidémiologique enviable, des spécialistes de santé publique expliquent dans le British Medical Journal du 8 février qu’il faut aller encore plus loin : « Le Japon devrait viser l’élimination du Covid-19 », avancent-ils, appelant à un « changement vital de stratégie qui requiert du leadership, de la transparence, et une science robuste ».
Au Royaume-Uni, cette approche revêt les atours d’un « shadow cabinet », ce gouvernement en miroir que les partis d’opposition tentent de faire vivre. En l’occurrence, c’est l’Independent Sage qui se substitue au conseil scientifique officiel du gouvernement britannique pour les situations d’urgence (SAGE), depuis l’été 2020, pour plaider le zéro Covid. Cette structure informelle, impitoyable dans sa critique du gouvernement Johnson, est présidée par Sir David King, l’ancien conseiller scientifique en chef du gouvernement.
En Irlande aussi, les échanges sont vifs, prenant parfois un tour politique, le Parti socialiste appelant à faire passer par cette voie « la santé avant le profit ». Au Canada, signale Yaneer Bar-Yam, des entrepreneurs du tourisme d’Edmonton (Alberta) pensent que les deux ne sont pas incompatibles. Citant le Fonds monétaire international (FMI), ils appellent au zéro Covid « pour aller de l’avant de façon sensée pour le business, l’économie et la santé publique ».
La constellation du zéro Covid n’a pas encore rédigé l’équivalent unifié d’une « Déclaration du Grand Barrington », dans laquelle des épidémiologistes appelaient à laisser la pandémie courir pour parvenir rapidement à une immunité de groupe. Une idée largement dénoncée pour les graves conséquences sanitaires qui s’ensuivraient. Le mouvement zéro Covid en prend le contre-pied complet, mais il cherche à avoir le même impact sur le débat public et la décision politique.
« Ecraser » plutôt qu’« aplatir »
Et puisque, en temps de pandémie, le distanciel est de rigueur, c’est par écran interposé que le Necsi de Yaneer Bar-Yam a organisé du 26 au 28 janvier un « sommet » pour discuter des meilleurs leviers à actionner pour « mettre fin au Covid ». Parmi les intervenants, tous n’étaient pas des experts de la pandémie. Y figurait ainsi Tomas Pueyo, un centralien franco-espagnol expatrié dans la Silicon Valley dans une entreprise de cours en ligne (Course Hero). Au printemps 2020, il s’est rendu célèbre (plus de 60 millions de lecteurs) grâce à des textes traduits en plusieurs langues vulgarisant très tôt les dynamiques de l’épidémie. Il reconnaît lui-même que son expérience en la matière se résume à l’étude de la diffusion virale d’un logiciel – lacune compensée par un talent certain pour le storytelling.
Mais la figure la plus marquante et respectée du mouvement est sans doute l’épidémiologiste néo-zélandais Michael Baker (université d’Otago), l’un des pères de la stratégie implacable qui permet aujourd’hui à son pays de vivre presque normalement. Fraîchement admis dans l’ordre du mérite néo-zélandais, il a cosigné le 28 janvier dans le Guardian un article déclinant « les seize raisons pour lesquelles tous les pays devraient poursuivre une stratégie d’élimination du Covid-19 ». La première étant qu’elle sauve des vies : selon la base de données Our World in Data, le taux de mortalité cumulée imputable au virus est 240 fois moindre en Nouvelle-Zélande (5,18 décès par million d’habitants) qu’en France (1 240 décès par million d’habitants).
Quelle est donc cette stratégie si désirable ? Elle est assez simple à énoncer. D’abord, « écraser » plutôt « qu’aplatir » la courbe des contaminations, par un confinement strict, du type du premier confinement qu’a vécu la France au printemps 2020. Ensuite, une fois atteinte une incidence faible de l’ordre de 10 cas pour 100 000 habitants, contrôler la circulation du virus par une palette de leviers, à actionner selon les cas, les circonstances et les cultures : contrôle des frontières, limitation des rassemblements, masques, « tester, tracer, isoler »… « Aucune mesure n’est suffisante à elle seule, mais en combinaison cela fonctionne à la manière de plusieurs couches trouées de fromage suisse que l’on superpose et qui ne laissent rien passer », explique Tomas Pueyo.
Troisième étape, faire passer peu à peu des régions de « rouge » à « vert », indiquant que ces dernières peuvent retrouver une activité normale. Enfin, être prêt à de nouvelles mesures fortes locales et de courte durée pour éteindre des foyers rapidement. En quatre à six semaines, donc, les résultats pourraient être là. « Cette estimation se base sur le cas de Wuhan, épicentre de l’épidémie, qui avait sans doute dix fois plus de cas réels que détectés et qui a éliminé le virus durant ce laps de temps », décrit Tomas Pueyo.
Contre-exemple cruel
Si le régime chinois et ses mesures autoritaires peuvent sembler des repoussoirs, les tenants du zéro Covid peuvent citer la vingtaine de pays qui sont en train de « battre » le virus : Australie, Cambodge, Islande, Nouvelle-Zélande, Taïwan, Vietnam… Et donner le contre-exemple cruel des pays, notamment européens, qui ont raté une occasion au printemps après les confinements sévères de mars à mai et qui ont vu une seconde vague arriver. « On a rouvert les frontières à l’été et le dispositif “tester, tracer, isoler” n’a pas fonctionné », regrette Tomas Pueyo.
Chaque objection a sa réponse. Le fait que les succès concernent souvent des petits pays, isolés ? Il renverse l’argument : « L’Irlande et la Grande-Bretagne, qui sont des îles, n’ont aucune excuse ! » Le respect des zones rouges et vertes ? Idem, les confinements printaniers ont déjà empêché les mouvements. Le côté autoritaire de cette stratégie ? Les tenants du zéro Covid ne nient pas qu’il faille plus de fermeté dans l’application et le respect des mesures comme l’isolement ou les quarantaines. « Les gouvernements ont déjà contraint les gens à rester chez eux plusieurs semaines. Cela sera acceptable si on dit qu’après ce sera fini », plaide Tomas Pueyo, qui ne fait pas du recours aux technologies de traçage une condition sine qua non, même si « réduire localement et temporairement les protections de la vie privée est mieux que perdre des vies et bloquer l’économie ».
Le coût d’un nouveau « lockdown » ? « Des confinements locaux et de courte durée valent mieux que la situation actuelle », assène Yaneer Bar-Yam, que ce soit aux plans économique ou mental. C’est aussi sa réponse à l’objection d’Angela Merkel, qui juge psychologiquement difficile de maintenir des mesures contraignantes alors même que la circulation virale semblera déjà suffisamment basse. Dès juillet 2020, il expliquait que le système des zones vertes permettrait d’apporter des réponses localisées, et un encouragement à y accéder pour les citoyens.
Finalement, ces judokas rhétoriques retournent la question : pourquoi une partie de l’Occident n’envisage-t-elle pas le zéro Covid ? « C’est plus une question psychologique que technique », pense Tomas Pueyo. « Une question de volonté politique », ajoute Yaneer Bar-Yam. Il considère pourtant que « c’est une stratégie motivante car tout le monde souhaitera être dans une zone sans virus et donc agira dans ce sens. Aujourd’hui, la vie n’est pas revenue à la normale. » A l’inverse, la confiance des citoyens est dilapidée « avec ces yoyos permanents ».
Freinage viral nécessaire
Et en France ? Le débat sur cette stratégie zéro Covid reste embryonnaire. Notre pays, que l’on dit jaloux de ses exceptionnalismes, serait-il prêt à s’aligner sur la lointaine Asie ? Les épidémiologistes et les cliniciens sont partagés, plus sur la faisabilité que sur la pertinence de la proposition sur le fond.
« Aujourd’hui, le zéro Covid est inatteignable à cause de l’intensité de la circulation virale, note William Dab, ancien directeur général de la santé. La condition, c’est un isolement très strict pendant quelques semaines, j’essaierais quatre semaines. » Un freinage viral d’autant plus nécessaire qu’« avec la montée en charge de la vaccination, on va exercer une pression de sélection sur le virus, on va sélectionner des souches qui échappent au vaccin ». Le même phénomène est encouragé par la circulation virale : plus sa population est grande, plus il y a de risques qu’un mutant plus agressif surgisse. Après ce confinement, le « tester, tracer, isoler » prendrait le relais pour juguler les nouveaux clusters et foyers.
Pour l’épidémiologiste Mahmoud Zureik (université de Versailles - Saint-Quentin-en-Yvelines), « théoriquement, cette stratégie est la bonne. C’est un modèle très séduisant : tant que vous maîtrisez 1 000 cas, vous maîtrisez l’épidémie ». Mais il nourrit « de gros doutes » sur l’opportunité de sa transposition rapide en France. « Si on se lançait maintenant, on irait à l’échec, car on n’a pas tiré les leçons de notre incapacité à tester, tracer, isoler efficacement, pour vraiment réussir la sortie du confinement. Si on ne s’y prépare pas dès maintenant, on n’aura qu’une accalmie de courte à moyenne durée, estime-t-il. Le timing est essentiel : il faudrait aussi avoir vacciné suffisamment de gens vulnérables pour y aller, soit plutôt en avril qu’en mars. »
Il s’interroge en outre sur l’état de préparation des pays frontaliers, doutant aussi de leur capacité à tester, tracer, isoler. « Cela demande un état d’esprit, des outils… » Le déploiement de tests salivaires à grande échelle lui semble un préalable, mais aussi une pédagogie sur les moyens de traçage par téléphonie mobile et un effort massif pour l’isolement des cas positifs (indemnisation, hébergement, livraison des repas…).
Antoine Flahaut (Institut de santé globale, université de Genève), qui est favorable au zéro Covid, note lui aussi un certain scepticisme chez ses collègues sur sa transposition en France. Il a ainsi été opposé sur ce sujet, sur l’antenne de France Culture le 10 février, à la professeure de santé publique Anne-Claude Crémieux (hôpital Saint-Louis, Paris), pour qui « on ferait mieux de mettre nos efforts dans une vaccination qui porte ses fruits ». Il explique ces réticences par « le sentiment que les Français n’accepteraient pas de nouvelles mesures plus dures et par une forme de défaitisme – les intéressés parleraient de pragmatisme –, car on aurait raté une occasion au printemps et ce serait trop tard. Il ne resterait plus que la stratégie douce qui parie sur l’accélération de la vaccination ». Mais il se demande si « on n’exagère pas l’opposition des Français au confinement, comme on avait exagéré leur crainte des vaccins ».
En outre, il rappelle que cette stratégie « douce » s’accompagne d’une décrue assez lente du nombre de cas, repoussant la levée des mesures restrictives actuelles à plusieurs semaines : « Avec un taux de reproduction de 1, comme en ce moment, le nombre de cas restera stable et haut. Avec 0,9, il diminue de moitié en un mois, avec 0,7, ce nombre est divisé par deux en une semaine. » A ce rythme, on tomberait à environ 1 000 cas recensés par jour, seulement en un mois… Mais au-delà, lui aussi nourrit des doutes sur le TTI à la française. Il suggère de remonter aux sources de contaminations, comme le fait le Japon, pour identifier les événements et individus superpropagateurs, plutôt que de dépenser trop d’énergie dans l’identification des contacts subséquents.
Risque d’une planète « coupée en deux »
Pour l’épidémiologiste Renaud Piarroux (AP-HP), l’objectif zéro Covid nécessite une « révolution conceptuelle » plus marquée encore dans le traçage et l’isolement des cas. « La haute administration répond à ces enjeux par le contrôle et le normatif, met les acteurs autour de la table pour négocier la tarification des actes, mais peine à se concentrer sur l’opérationnel, déplore-t-il. Rendre le patient acteur de la lutte en lui expliquant l’intérêt d’avertir ses contacts et de s’isoler passe par des visites d’équipes mobiles constituées de personnes formées, expérimentées », plaide-t-il, fort de son expérience du choléra en Haïti et en Afrique. La vaccination et d’éventuels traitements font bien évidemment partie de la solution, mais les variants compliquent l’équation. « Sans “tester, tracer, isoler” efficace, dit-il, on reste à la merci du virus et contraint à des mesures qui gênent toute la population. »
Cette situation risque de perdurer au-delà de l’automne et de la première campagne vaccinale, forcément incomplète, qui n’empêchera pas une circulation résiduelle du virus. Elle dessinerait une planète « coupée en deux », s’inquiète Renaud Piarroux. Aujourd’hui, « une partie importante du globe tend vers le zéro Covid. On ne peut plus s’y rendre quand on vient d’un pays où le virus circule, et, inversement, de la même manière qu’on hésite à se rendre dans les zones impaludées, l’Europe et les Amériques pourraient faire figure de tiers-monde en matière de Covid ».
« Le zéro Covid ne peut marcher s’il est déployé dans un seul pays. Ce serait bien d’avoir une stratégie commune dans les régions frontalières, note pour sa part William Dab. Or je ne vois pas de discussion là-dessus en Europe. Il est vrai que la santé n’est pas une compétence communautaire. » Antoine Flahaut abonde : à l’échelle européenne, des découplages pourraient s’opérer entre les pays qui tolèrent le virus et ceux capables de viser le zéro Covid « qui auront envie d’étanchéifier leurs frontières ». Le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas…, qui voient leur incidence baisser fortement, pourraient être tentés par « l’écrasement ». Peut-être y aura-t-il là un ressort pour la stratégie no-Covid : quelle nation pourrait-elle tolérer longtemps de passer pour le « lépreux » du SARS-CoV-2 ?
En tout cas, tous les spécialistes s’accordent sur un point : « Cette période est idéale pour en débattre, car nous ne sommes pas en situation de crise aiguë, exponentielle. Le Parlement devrait se saisir de la question et ouvrir une discussion sur les scénarios possibles », plaide Antoine Flahault. Oubliant l’objectif des 5 000 cas positifs par jour de l’automne 2020, « le gouvernement donne le sentiment d’avoir changé de stratégie sans le dire, note William Dab. On peut estimer que les vieux vont mourir, que l’important est la scolarité des jeunes et la reprise économique, mais qu’il n’y ait aucun débat là-dessus me choque. C’est important d’expliquer les tenants et les aboutissants. Pour beaucoup d’acteurs, quelque chose n’est pas lisible, et ce n’est pas bon ».
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